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lundi 28 septembre 2020

Le problème des déchets ultimes du nucléaire : un rapport très favorable de l’OCDE (Nuclear Energy Agency)

 Le contexte : la taxonomie verte européenne

 La Commission européenne travaille sur une taxonomie verte, c’est-à-dire une  labellisation destinée à guider les investissements financiers vers les secteurs et les activités les plus appropriés pour atteindre les objectifs climatiques de l’Europe.

 Pour l’instant, le nucléaire, qui est quand même l’énergie pilotable la plus décarbonée et la plus économique est exclu  de la taxonomie verte !

 La raison avancée est qu’à cause du problème des déchets, le nucléaire ne  remplirait pas l’un des critères de la taxonomie verte appelé DNSH (Do Not Significantly Harm). La raison officieuse est l’hostilité sans faille  d’un certain nombre de pays européens (Autriche, Allemagne, Luxembourg) et de certaines forces politiques du Parlement  (les Verts, le SPD allemand). Le premier rapport hostile au nucléaire laissait la porte ouverte à une expertise ad hoc dédiée au problème des déchets, les experts du Technical Expert Group avouant en fait leur incompétence en ce domaine. Cette expertise ad hoc est en cours, sans qu’on en ait de nouvelles, et de toutes façons elle ne pourra intervenir qu’après la signature par la Commission des premiers actes délégués sur la taxonomie. C’est donc de toute façon un signal défavorable au nucléaire qui sera envoyé aux investisseurs, un signal, qui même s’il n’est pas techniquement justifié, envoie un message malheureusement clair d’incertitude politique et même d’hostilité déterminée.

 Dans ce contexte, une étude internationale très poussée de l’OCDE ( via la Nuclear Energy Agency) sur la question des déchets nucléaire apporte au débat un éclairage technique très favorable !

 Sur la taxonomie verte et ses enjeux , qqs billets de ce blog :

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/urgence-nucleaire-et-climatique-alerte.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/taxonomie-verte-consultation-europeenne.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/06/les-institutions-europeennes-et-le.html

 Le rapport de l’OCDE :

https://www.oecd.org/publications/management-and-disposal-of-high-level-radioactive-waste-33f65af2-en.htm

Cf also  https://twitter.com/nikopol/status/1308901191431131138?s=09

 Le rapport de l’OCDE : Management and Disposal of High-Level Radioactive Waste: Global Progress and Solutions

Extraits:

 Introduction : une solution étudiée depuis plus de cinquante ans et mature pour les déchets de haute activité.

 « Pour certains pays, l’énergie nucléaire est un élément important de leurs stratégies de lutte contre le changement climatique tout en assurant l’accès à une énergie rentable et fiable pour soutenir la croissance économique et le développement humain. Toutefois, dans certaines parties du monde, il y a eu un débat sur la « durabilité » de l’énergie nucléaire, et la gestion à long terme du combustible nucléaire usé et des déchets de haut niveau (SNF/HLW) est d’une importance particulière dans ce contexte.

Depuis les débuts de l’énergie nucléaire commerciale il y a environ 70 ans, le secteur nucléaire a abordé de manière responsable l’ensemble du cycle de vie de ses matériaux et leurs impacts. Cela comprend l’utilisation de technologies de pointe pour la gestion des déchets, fonctionnant dans des cadres législatifs stricts. Certains pays ont appliqué, depuis plusieurs décennies, le principe d’une économie circulaire en recyclant le combustible nucléaire usé (SNF) et en minimisant les volumes de déchets ultimes. Mais dans tous les cas, l’élimination finale des déchets radioactifs de haut niveau (HLW) a nécessité une attention particulière.

Les décideurs et les scientifiques des niveaux national et international ont rempli leurs responsabilités envers les générations présentes et futures en proposant, en étudiant et en mettant en œuvre l’élimination sécurisée du SNF/HLW. La mise en œuvre efficace d’un stockage intermédiaire sûr a donné aux experts le temps nécessaire pour développer des solutions techniques solides dans le cadre d’un processus décisionnel démocratique et transparent pour la gestion finale de SNF/HLW(Combustible usé, Déchets de Haute Activité)

Le consensus scientifique d’aujourd’hui est que les dépôts géologiques profonds (DGR)-Deep Geolical Repository) sont une approche sûre et efficace pour éliminer définitivement les déchets SNF/HLW. Les organismes de réglementation nationaux indépendants, appliquant des normes de radioprotection acceptées à l’échelle mondiale, ont approuvé leur efficacité à isoler le SNF/HLW des humains et de l’environnement.

Les principes de sécurité et les solutions technologiques pour la gestion à long terme de SNF/HLW sont maintenant bien établis, et leurs exigences ont été examinées et déterminées de manière indépendante acceptables par des organisations internationales qualifiées. Cela a inclus l’examen d’une variété d’options et la faisabilité de leur mise en œuvre. Le consensus scientifique et technologique sur la sécurité de l’élimination géologique profonde du SNF/HLW a été développé sur plus d’un demi-siècle. Les technologies impliquées ont été soigneusement analysées grâce à l’une des plus grandes mobilisations de communautés scientifiques et d’ingénierie jamais entreprises dans le monde. Des laboratoires de recherche souterrains (URL) ont été construits, exploités et des expériences in situ réalisées et reproduites à de nombreux endroits. Par conséquent, il existe maintenant une base solide pour la conception et la constructibilité de DGR complètement sécurisés.

Les résultats scientifiques accumulés, les preuves technologiques et les démonstrations de sécurité ont été présentés ouvertement et de manière critique par des experts de renommée internationale pour atteindre le niveau actuel de maturité. »

Déclaration finale sur la stratégie de radioprotection et de sécurité

« Des recommandations et des approches pour la protection contre les radiations, approuvées par l’ICRP, ont été élaborées au cours de nombreuses décennies en faisant usage des connaissances scientifiques en évolution. Elles sont approuvées et appliquées par l’UE, l’AIEA, l’AEN et dans les programmes nucléaires nationaux. Au fur et à mesure que le concept de DGR et d’installations de stockage temporaire s’est développé, ces normes de radioprotection ont été utilisées pour leur conception, assurant la protection des travailleurs et des populations. La stratégie de sécurité des DGR a été élaborée au cours des dernières décennies, tant pour les activités opérationnelles (p. ex. le stockage et la manutention) que pour les milliers d’années qui ont eu lieu après la fermeture.

Un DGR (Deep Geological Repository)  isole et contient le SNF/HLW sur de très longues périodes grâce à la combinaison de barrières d’ingénierie robustes et des propriétés de la roche hôte qui offre un environnement stable et sûr. Les « caractéristiques de sécurité passive » du DGR permettent de protéger les humains et l’environnement à très long terme sans nécessiter d’entretien ou de mesures correctives de la génération future. Un DGR est composé de multiples fonctions ou barrières de sécurité qui augmentent la robustesse de l’installation de telle sorte que la sécurité ne dépend pas d’une seule barrière, ce qui est conforme à un principe de sécurité en profondeur de la défense, une pratique courante dans le domaine nucléaire pour assurer la sécurité. »

 Plusieurs types de sites appropriés disponibles pour une élimination sécurisée

 « Granit : L’organisation finlandaise de gestion des déchets radioactifs (Posiva) a mené pendant plus de 20 ans un vaste programme de caractérisation des sites pour le DGR d’Olkiluoto, qui comprenait une URL (Underground Research Laboratory) à Onkalo (Posiva 2012). Une autorisation de construction a été approuvée pour le DGR Olkiluoto en décembre 2015.

Les enquêtes sur le site sur l’adéquation du substratum rocheux en Suède pour un DGR ont commencé dans les années 1970 et la Société suédoise de gestion du combustible nucléaire et des déchets (SKB) a commencé des recherches sur les alternatives d’emplacement prioritaire en 2000. Les enquêtes à l’URL d’Äspö ont commencé en 1990. La recherche sur le site Forsmark a débuté en 2002 et SKB a présenté une demande de licence en 2011

 Argile : Depuis les années 1990, l’organisation Français de gestion des déchets (Andra) a mené des enquêtes approfondies sur les sites dans les départements de la Meuse-Haute-Marne. Dans un premier temps, une étude géologique a été effectuée à partir de la surface à l’aide de géophysiques et de forages profonds. Depuis 2000, l’Andra a construit et exploité une URL (Underground Research Laboratory). Une demande de licence pour le DGR devrait être soumise à l’autorité de réglementation en 2021.

En Belgique, le HADES est le plus ancien URL d’Europe construite dans une formation d’argile profonde dans le but de rechercher la possibilité d’élimination géologique dans l’argile. Situé dans l’argile de Boom à une profondeur de 225 mètres, le laboratoire  joue un rôle central dans la recherche sur la sécurité et la faisabilité de l’élimination géologique des déchets radioactifs. Les experts l’utilisent pour développer et tester des technologies industrielles pour la construction, l’exploitation et la fermeture d’un dépôt de déchets en argile profonde. Les scientifiques mènent des expériences à grande échelle dans des conditions sur une longue période de temps pour évaluer la sécurité de l’élimination géologique dans l’argile… »

Déclaration finale sur le consensus scientifique

« Le consensus scientifique n’est pas facile à obtenir. Depuis les années 1980, les recherches scientifiques sur la faisabilité des DGR pour l’élimination sécuritaire du SNF/HLW se sont déroulées à un rythme prudent et délibératif qui a considérablement augmenté le volume (et la qualité) des informations scientifiques et des données relatives à la sécurité de l’élimination géologique. Conformément à la stratégie de recherche à long terme sur la sécurité, des enquêtes ont été entreprises pour évaluer les obstacles à la sécurité du concept de DGR (p. ex. emballage des déchets, matériel de remblayage, caractéristiques du site). Des dizaines de laboratoires de recherche souterrains ont été construits pour étudier et optimiser l’ingénierie d’un DGR et recueillir des informations afin de mieux faire progresser la compréhension des caractéristiques spécifiques des roches afin d’isoler et de contenir les déchets et de gérer les incertitudes. Toutes les informations scientifiques ont été mises à la disposition de tous dans le cadre du dialogue scientifique ouvert qui prévoit une discussion constructive et un examen par les pairs afin de faire progresser continuellement la compréhension de la sécurité offerte par un DGR. Aujourd’hui, il existe un consensus scientifique sur le fait que les DGR fournissent la meilleure solution pour l’élimination de HLW et de SNF.

Les incertitudes sont associées à toute entreprise complexe. La possibilité de trouver des sites appropriés pour un DGR n’est plus une question – des sites appropriés ont été identifiés dans une variété de types de roches. La stabilité géologique d’un bon site fournit un environnement stable pour optimiser les performances d’un DGR et permet l’évaluation et la gestion responsable des incertitudes de telle sorte que la sécurité d’un DGR puisse être démontrée et assurée. Il existe un consensus scientifique sur le fait que, sur la base de la démonstration en URL, les DGR fournissent une solution d’élimination sûre.

Déclaration finale sur le cadre réglementaire et la politique nationale

« Bien qu’un solide soutien scientifique à la sécurité d’un DGR soit l’élément fondamental absolument nécessaire pour aller de l’avant dans un programme d’élimination, il n’est pas le seul élément nécessaire pour aller de l’avant.  Un programme DGR comporte des questions scientifiques, techniques, organisationnelles, sociétales et de gouvernance multidisciplinaires. Il faut  veiller à ce que l’élaboration et la mise en œuvre se déroulent de manière responsable et appropriée, et un cadre réglementaire clair et une politique nationale sont nécessaires. 

La longue période nécessaire au développement et à l’exploitation d’un DGR (de l’ordre de 100 ans) exige des rôles et des responsabilités claires pour toutes les organisations et organismes gouvernementaux concernés afin que les DGR puissent être achevés dans le cadre d’un programme de sécurité cohérent.  Des décennies d’études et de débats ouverts sur la sécurité des DGR ont permis de renforcer le consensus scientifique pour les DGR qui est transparent et disponible pour examen par toutes les parties prenantes.

Les différentes approches utilisées pour la mise en œuvre des programmes de DGR (par exemple, l’adoption de lois, d’exigences réglementaires et d’orientations, de recommandations), les principes et les approches à utiliser dans le cadre d’un programme de DGR sûr et responsable sont essentiellement les mêmes dans tous les contextes nationaux. Le cadre réglementaire et les politiques nationales, en place aujourd’hui, sont essentiels pour co-construire des projets DGR en améliorant parallèlement sa conception technique et son acceptation sociale au milieu d’un fort consensus scientifique qui renforce encore l’accomplissement de la sécurité d’un DGR. »

Déclaration finale sur l’état de la mise en œuvre

« L’information scientifique s’est considérablement développée au cours des dernières décennies, tout comme l’adoption et la mise en œuvre de cadres réglementaires et de politiques nationales visant à assurer le développement de DGR sécuritaires. Les phases de démonstration des URL apportent la confiance nécessaire que les DGR protègent les personnes et l’environnement.  Le DGR est aujourd’hui un concept mature bien approuvé par les communautés scientifiques, institutionnelles et industrielles. Fait important, le processus de DGR est ouvert et transparent à toutes les parties prenantes avec des ressources pour l’achèvement du programme assurées par les politiques gouvernementales par le biais de paiements par ceux qui génèrent les déchets.

Ainsi, il est maintenant prévu que plusieurs pays, principalement en Europe, mettent en œuvre les DGR avant la fin de cette décennie... La Finlande devrait construire le premier DGR.  Au fur et à mesure que les progrès se poursuivent avec la mise en œuvre réussie des DGR dans le monde entier, on peut s’attendre à ce que l’expérience et les connaissances augmentent permettant le développement de DGR dans d’autres pays potentiellement à un rythme plus rapide que celui que l’on a connu pour ces installations initiales »

 Conclusions finales :

« L’industrie nucléaire s’attaque à l’ensemble du cycle de vie des matières nucléaires utilisées et les gouvernements ont établi des cadres législatifs précis. Cela comprend l’utilisation de la technologie de pointe pour le traitement des déchets et l’emballage, et la minimisation de la quantité de déchets générés, qui dans certains pays comprend une économie circulaire par le recyclage du combustible usé. Des considérations de sécurité et d’éthique pour l’élimination des déchets de haut niveau d’activité (HLW) dans un dépôt géologique profond (DGR) ont été débattues dans les assemblées législatives nationales ainsi que dans les cadres internationaux (UE, AIEA, NEA); aux niveaux étatique, provincial et local; par des individus; dans la littérature évaluée par des pairs; et par les organismes scientifiques qui ont fait du DGR l’approche largement acceptée pour assurer la protection à long terme de la société à l’avenir (NEA, 2007).

Cette large acceptation n’a pas été facile – elle a évolué au fil de décennies de recherches prudentes et axées sur la science,  qui ont fait l’objet d’un débat ouvert dans le cadre d’un processus qui adhère à un cadre réglementaire et à une politique nationale visant à assurer le respect des normes de radioprotection pour les sociétés actuelles et futures.

 En particulier,

 -Le consensus scientifique repose sur des décennies d’enquêtes approfondies et approfondies, y compris des enquêtes et des démonstrations importantes en URL (Underground Research Laboratory). Tout au long de cette période, la communauté scientifique engagée dans l’étude des DGR a participé à des discussions continues, ouvertes et constructives et à des examens par les pairs qui remettent en question le statu quo dans le but de faire progresser continuellement les connaissances et la compréhension de la collectivité dans son ensemble.

- Les propriétés de la roche hôte qui fournit un environnement stable et suit une évolution entraînée par des lois naturelles bien connues assurent la « sécurité passive » du DGR. Elles seront préservées sur de très longues périodes de sorte que l’entretien ou des mesures correctives des générations futures ne seront pas nécessaires. Des analogues naturels ont été étudiés pour aider à comprendre le comportement à long terme, à des échelles de temps géologiques comme un million d’années.

- La stratégie de sécurité d’un DGR comprend de multiples fonctions ou barrières de sécurité (c.-à-d.  défense en profondeur) pour l’isolement et le confinement.. L’évaluation d’événements hypothétiques d’intrusion dans le cas de la sécurité fournit des renseignements qui sont utilisés pour évaluer la résilience du DGR à de tels événements et permettre l’examen d’options visant à réduire davantage la probabilité d’intrusion ou à limiter les conséquences potentielles d’une intrusion hypothétique.

- L’apprentissage continu dans le cadre d’un processus étape par étape permet au processus d’élimination de s’adapter au cours de ses étapes de mise en œuvre et la flexibilité nécessaire pour envisager une gamme complète d’options qui optimisent la sécurité dans le cadre d’un programme de gestion de l’incertitude. Toutes les décisions peuvent être revues dans le cadre d’une approche progressive qui inclut la capacité de récupérer les déchets. L’approche progressivea été adoptée dans tous les programmes de DGR.   

- La transparence du programme DGR prévoit un processus robuste, tant du point de vue technique que sociétal, qui a inclus des commissions, des débats publics, des conférences citoyennes, des consultations, des cadres législatifs et des sessions parlementaires. Tous ces cadres sont essentiels pour co-construire le projet à la fois en améliorant en parallèle sa conception et son acceptation parallèlement au fort consensus scientifique.

- Des cadres réglementaires clairs et sans ambiguïté et des politiques nationales, en place aujourd’hui, sont essentiels à la co-construction de projets DGR. Cela inclut les ressources nécessaires pour l’achèvement du programme sont assurés par les politiques gouvernementales par le biais des paiements par les producteurs de déchets.

- Les pays qui ont participé à cette recherche ont consacré de nombreuses décennies à l’enquête, à la collecte et à l’évaluation critique des informations à l’appui avant la présentation d’une demande de planification visant à construire un DGR. Ces pays ont utilisé les laboratoires de recherche souterrains dans le cadre de la démonstration scientifique soutenant la sécurité du DGR

- La longue et prudente voie vers la présentation d’une demande de construction d’un dépôt s’avère être une approche efficace pour l’élimination en toute sécurité des déchets SNF/HLW. Plusieurs pays mettent actuellement en œuvre ce concept à travers des projets matures où il est possible de démontrer la haute performance des DGR en matière de protection de l’environnement et de l’humanité. En outre, il convient de souligner que les DGR prennent toutes les mesures appropriées à l’aide d’une technologie de pointe bien établie, telle que définie par la coopération internationale, et parce que l’évaluation des projets par rapport à l’état de la technique est minutieusement effectuée par les autorités réglementaires responsables.  

- Plusieurs pays, principalement en Europe, prévoient maintenant de mettre en œuvre des DGR avant la fin de cette décennie et on s’attend à ce que ces plans soient mis en œuvre. Au fur et à mesure que les progrès se poursuivent avec la mise en œuvre réussie des DGR dans le monde entier, on peut s’attendre à ce que l’expérience et les connaissances augmentent permettant le développement de DGR dans d’autres pays potentiellement à un rythme plus rapide que celui que l’on a connu pour ces installations initiales.

samedi 26 septembre 2020

L’éolien flottant : un sacré défi qui n’en vaut pas la peine ?

 La France est-elle en retard pour le développement de l’éolien off shore :?

Sur le sujet plus général de l’éolien offshore, cf. Les plans délirants d’une l’Union Européenne sous influence pour l’éolien off shore

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/les-plans-delirants-dune-lunion.html

Remarque ; on nous dit que la France est extraordinairement en retard pour le développement de l’éoline off-shore. En retard par rapport à qui ? Cela s’explique parfaitement en ce qui concerne l’éolien posé, car la France dispose  de peu de rivages aussi favorables que les fonds sablanneux, peu profonds et étendus de la mer du Nord ; en France, le fonds marins plongent rapidement et ne sont guère favorables à l’éolien posé.

Cela a d’ailleurs été reconnue par la Commission Européenne qui a validé les tarifs extrêmement gééreux accordés aux parcs Française d’éolien posé : La Commission européenne a accepté des tarifs d’achats entre 131 et 155 euros par mégawattheure (MWh) les justifiant aisni :

« Ce soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises, explique la Commission : des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux) ».

Alors l’éolien off shore peut-il constituer une solution ?

L’exemple Equinor, Hywind,Tampen : ça coûte très très cher et les investisseurs se précipitent pas

 En 2016, il n’existait que quelques démonstrateurs de l’éolien flottant dans le monde et déjà, les prometteurs éoliens, qui commencent à être un peu bloqués sur terre et sur mer proche des côtes, annoncent un nouvel eldorado. Pour eux, aucun doute !

Le seul retour d’expérience signi­ficatif dont nous disposons actuellement sur l’éolien flottant est celui de la ferme pilote Hywind, qui fonctionne depuis octobre 2017 à 25 kilo­mètres au large de la côte nord-est de l’Écosse. Cette première ferme éolienne flottante de taille commerciale, a été développée par la branche New Energy Solutions du groupe pétrolier norvégien Statoil- maintenant Equinor. Ses cinq éoliennes ont des rotors de 154 mètres et des mâts de 253 mètres (dont 175 sous le niveau de l'eau-flotteur vertical). Ils ont été convoyés lors de l'été 2017 depuis la Norvège jusqu'au site de Buchan Deep, à 25 kilomètres au large des côtes nord-est de l'Écosse, où la vitesse moyenne du vent est de 10 mètres par seconde, soit 36 km/h.

La production a démarré le 18 octobre 2017. Une batterie au lithium de grande capacité (1 MWh) produite par Masdar stockera l’énergie produite. Durant son premier hiver, le facteur de charge du parc s'est élevé à 65% soit 10 points de plus qu'un parc offshore classique.

Ce premier parc éolien flottant de taille commerciale, en cours d'installation par Statoil en Écosse, a obtenu une subvention publique de près de 160 livres (177 €) par MWh produit pendant 20 ans, qui s'ajoutera aux prix de marché britannique.

Hywind a survécu à une période orageuse de trois mois de novembre 2018 à janvier 2019, alors qu'un ouragan de l'Atlantique Nord a envoyé des houles atteignant 27 pieds…

Commentaire  ; ça marche bien, dans un environnement particulièrement favorable, mais ça coûte cher. 65% de facteur de charge, c’est impressionnant, mais ça laisse tout de même 35% à suppléer par des énergies pilotables. Il faudrait savoir comment ces 65% sont réparties : de longues périodes de calmes plats, ou des variations erratiques et brutales ?

Un an de fonctionnement so far, so good. Il reste à voir la tenue dans le temps des éoliennes d’Equinor

Rebondissant sur son succès pour l’instant de Hywind, Equinor se lance dans Hywind Tampen,  un projet d'énergie éolienne flottante de 88 MW destiné à fournir de l'électricité aux opérations sur le terrain offshore de Snorre et Gullfaks en mer du Nord norvégienne. Ce sera le premier parc éolien flottant au monde à alimenter des plates-formes pétrolières et gazières offshore. Hywind Tampen sera également un banc d'essai pour le développement ultérieur de l'éolien flottant, explorant l'utilisation de turbines nouvelles et plus grandes, des méthodes d'installation, des amarres simplifiées, des sous-structures en béton et l'intégration entre les systèmes de production d'énergie à gaz et éolienne.

Le problème est que Equinor n’a pas réussi à convaincre des partenaires financiers, et a du coup, dû faire appel à l’Etat norvégien ; lequel détient et contrôle toujours 67% des actions d'Equinor. En qu'en plus d'obtenir la subvention de 2,9 milliards de NOK,( la pmus élevée accordée par l’Etat norvégie dans le domaine énergétique),  Equinor et ses partenaires peuvent également annuler 90% du reste des coûts du projet sur six ans, ce qui signifie que l'État norvégien et les contribuables assument la responsabilité et les risques financiers. Equinor avait clairement indiqué dès le départ qu'elle ne souhaitait pas risquer ses propres profits et capitaux sur le projet, et qu'elle ne pouvait aller de l'avant que si l'État investissait de l'argent.

Commentaire : Cette  décision du gouvernement norvégien de financer la totalité d'un énorme projet éolien offshore pour la compagnie pétrolière publique Equinor a suscité des critiques et des interrogations. Le moins qu’on puisse dire est que la démonstration de la rentabilité financière n’est pas acquise…

Un seul autre parc d’éoliennes flottantes vient d’être mis en service : WindFloat Atlantic (Portugal à  20 km des côtes de Viana do Castelo). trois structures flottantes de 30 mètres dont les colonnes sont distantes de 50 mètres les unes des autres seront installées pour former le premier parc éolien flottant d'Europe continentale : puissance unitaire : 8.3MW. Le parc a été raccordé en jullet 2020. Le projet Windfloat a été hautement subventionné par un apport de 29.9 millions d’euros du programme européen NER300 , 6 M € du Portugal, 60M€ de la BEI

Et c’est tout pour le moment !

Les difficultés spécifiques de l’éolien flottant

Si l’éolien offshore a mis du temps à se développer, c’est que les analyses de rentabilité avaient jusqu'à présent dissuadé la plupart des entreprises. «Le temps nécessaire pour atteindre la rentabilité est long et les sommes d'argent nécessaires sont importantes, compte tenu de l'incertitude sur le marché éventuel» (Agence internationale pour les énergies renouvelables)

Selon l’Ademe, le coût de production de l’électricité éolienne en mer est estimé entre 123 € et 227 € le MWh pour des machines posées et entre 165 € et 364 € le MWh pour l’éolien flottant(2016). Il est attendu que les couts baisseront, mais ce sont des projections !

Le coût élevé de l’éolien flottant s’explique par plusieurs facteurs.

- Pour les banques et investisseurs, ces projets apparaissent comme nouveaux et ils demandent de fortes primes de risque

- Cette technologie ne bénéficie pas encore de la fabrication en série qui diminue le coût de l’éolien posé.

-Plus grave, la technologie de référence n’est pas fixée et il existe plusieurs modèles sur lesquels on manque de recul

Hywind le plus avancé, utilise un  flotteur vertical, mais bien d'autres solutions sont encore à l'étude (voir ci après pour les parcs français)

-Les dispositifs de suivi sur sites restent expérimentaux (camera, jauges de contraintes) A ce stade, il est impossible de mutualiser les moyens de surveillance et de diminuer le coût

Pour illustrer l’absence de maturité de la technologie, sur 4 projets prévus en France, ce seront 4 technologies différentes qui seront employées !

Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion (EFGL) prévoit la construction et l’exploitation, début 2022, de 3 éoliennes flottantes à plus de 16 kilomètres au large des communes de Leucate et du Barcarès, pour une puissance totale de 30 MW. Les  3 flotteurs conçus par la société Principle Power et construits par Eiffage sont les mêmes que pour le le projet portugais Windfloat. Le flotteur est constitué de 3 colonnes

Situé en mer Méditerranée au large de Gruissan (Aude), le projet EolMed consiste en l’implantation de quatre éoliennes d’une puissance unitaire de 6,2 MW, installées sur des fondations flottantes en béton d’environ 15000T à plus de 18 km des côtes. Les éoliennes seront sur la bathymétrie des 60m de fond et raccordées à des ancres charrues au travers de 8 lignes d’ancrage maximum.


Provence Grand Large : piloté par EDF Renouvelables, à 17 km au large de la plage Napoléon située sur la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône. 3 éoliennes de 8.4 MW,  SBM Offshore pour la conception, la fabrication et l’installation des flotteurs. L’électricité produite sera ensuite transportée grâce à un ensemble innovant de câbles dynamiques capable de suivre le mouvement des éoliennes, lui-même connecté à un câble d’export sous-marin puis souterrain, jusqu’au Poste de raccordement électrique

Eoliennes flottantes de Groix : 3 éoliennes de 9,5 MW, porté par l’opérateur français EOLFI associé au groupe chinois CGN. Le flotteur sur lequel repose l’éolienne a été développé par Naval Energies, il est constitué de 4 colonnes cylindriques en acier assurant la flottabilité et d’une embase ballastée assurant la stabilité. Ce flotteur semi-submersible est ancré au fond de la mer par 5 lignes de mouillage pour maintenir l’éolienne sur sa position et éviter qu’elle ne dérive.


Or le choix technologique est loin d’être indifférent ! Flotteur en bèton ( moins cher) ou en acier, vertical, horizontal, plusieurs colonnes,  semi immergé ou non, les choix techniques ne sont pas indifférents : le coût du flotteur compte pour près de 60%.

Pas plus qu’ailleurs, les projets éoliens offshore ne sont viables économiquement. Les quatre projets en cours en France recevront une aide à l’investissement s’élevant au total à 330 million € et le courant produit sera acheté au tarif de 240€MWh pendant 20 ans ! Le soutien financier au fonctionnement devrait même se situer dans une fourchette 260-280 €/MWh, de sorte que, toutes aides cumulées, les Français devront payer le MWh produit par les éoliennes flottantes entre 323 et 343 € soit au total sur 20 ans de 660 à 700 millions.

Le parc de Groix & Belle-Île bénéficiera d’un ­tarif d’achat de 240 €/MWh de la totalité de sa production (même quand on n’en aura pas besoin) sur vingt ans. En comparaison, le prix de marché se situe aux alentours de 50 €/MWh, et EDF est contrainte de vendre 25 % de sa production nucléaire et hydraulique 42 €/MWh à ses concurrents. Le surcoût sera payé par les familles.

Pour plus de données, on pourra se référer à

https://www.books.fr/cout-exorbitant-eoliennes-flottantes/#:~:text=Selon%20la%20Commission%20de%20Bruxelles,la%20plus%20on%C3%A9reuse%20d%C3%A9ploy%C3%A9e%20actuellement%20%C2%BB

Selon la Commission de Bruxelles, qui s’appuie sur les chiffres avancés par l’Ademe, les coûts d’investissement de l’éolien flottant représentent « de 5 à 6 fois les coûts de l’investissement terrestre et près de 2 fois les coûts de l’offshore posé", qui est la ­filière la plus onéreuse déployée actuellement

Quelques remarques et questions concernant plus spécifiqument le projet de Groix :

https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/JEANDRON/Analyse_du_projet_EolMed_v1.pdf

- Pour une puissance installée de 24,8 MW les promoteurs annoncent une production électrique annuelle se situant entre 95 et 100 GWh correspondant à un facteur de charge de 46%. Il serait du même niveau que les meilleurs sites de la Mer du Nord, ce qui est très improbable et demandera à être vérifié.

- Il nous est indiqué que les 100 GWh produits correspondront à l’énergie consommée par 50 000 habitants, affirmation fantaisiste : rapporté à une consommation nationale de 474 000 GWh (en 2018) ce type de calcul supposerait une population de 237 millions de français !

- Le chiffre avancé, de plus de 30.000 tonnes de CO2 évitées annuellement, suppose que chaque KWh d’électricité éolienne remplacera la production d’une centrale au fuel. Or les centrales au fuel ne représentent que 0,5% de notre production en 2018 et servent surtout à gérer les à-coups de consommation, et éventuellement de production, de l’électricité intermittente en particulier. Un chiffre plus réaliste serait de 7 fois inférieur au mieux . De plus le site EolMed annonce la fabrication de barges de 15 000 tonnes de béton armé. De cette fabrication résultera une émission de 159 kgCO2e/ tonne de béton armé, soit 2 400 tonnes de CO2e pour la seule barge.

- Enfin une éolienne flottante, au-delà de la phase d’implantation,  impose des restrictions de pêche supérieures à celles d’une éolienne sur fondations, en raison des très grands cables et chaines d’ancrages susceptibles d’être déplacés par des chaluts. Un e zone de sécurité d’environ 1 km de diamètre s’applique, interdisant aussi le mouillage et les activités sous-marines. Seul le transit des petits navires reste autorisé, jusqu’à 200 m des flotteurs.

-  La société de projet dénommée «Ferme Éolienne Flottante de Groix et Belle Île SAS (EFGBI) est contrôlée à 51% par EOLFI, elle-même détenue à 90% par CGNEE, filiale de l’énergéticien chinois CGN. Ce dossier spécifie que « La société de projet est la structure qui sera la bénéficiaire des aides d’état ». On peut raisonnablement se demander pourquoi des groupes internationaux aussi puissants ont besoin d’être aussi fortement aidés par le citoyen français pour le développement d’une technologie pour laquelle la France vise 6 GW en 2030.

Ca fait cher, et, en plus, on subventionne grassement des puissants groupes étrangers !

Commentaire : rappelons la phrase de Jean-Marc Jancovici devant le Commission Aubert :

« L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel, »

Et cette remarque de l’excellente association Sauvons Le Climat :

« Il convient enfin de rappeler que la France n’émet que 1% des gaz à effet de serre de la planète et que l’électricité y est déjà décarbonée à 97%.

Il serait beaucoup plus efficace de développer les énergies renouvelables thermiques, de développer le transport électrique, de substituer des énergies non carbonées aux chauffages fioul et gaz, mais tout ceci suppose par ailleurs, la mise à disposition d’une énergie électrique de qualité, en quantité et à un prix supportable par nos concitoyens »

lundi 21 septembre 2020

Non à l’implantation des 60 éoliennes géantes flottantes au large de Groix et Belle-Ile (3) ! Un débat refusé !

NB :Suite des billets :

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/non-limplantation-des-60-eoliennes_22.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/non-limplantation-des-60-eoliennes.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/les-plans-delirants-dune-lunion.html

 Un débat biaisé pour un projet hors normes

 Dans lesquels je rappelais le scandale écologique, climatique et économique de ce projet géant dans l’un des plus beaux sites maritimes bretons ente Belle-Île et Groix ! Nous parlons d’une soixantaine d’éoliennes flottantes de plus de 200 mètres de hauteur entre Belle-Ile-en-Mer et Groix !

L’installation éolienne occupera une large ( !!!) zone s’étendant sur 1 330 m2, au sud de l’île de Groix et à l’ouest de Belle-Ile-en-Mer !

 « Il ne resterait rien de ce pays et de ses littoraux » commente Vent Libre » (@Fragren36) en parlant du programme éolien off shore en général.

 Un débat est actuellement ouvert sous l’égide de la CNDP auquel il est possible de particuper sur un site internet dédié

 https://participons.debatpublic.fr/processes/eolbretsud/f/98/

 Les conditions particulières du débat ont été énoncées (dénoncées ?) par M. Laurent Pavard, président de la commission particulière de débat public Bretagne sud :

 « Quelles sont les principales différences entre le débat public de Courseulles en Manche et celui sur l’éolien flottant en Bretagne sud que vous présidez ?

 Laurent Pavard – Le débat est placé sous l’égide de la loi « ESSOC » : le débat public se déroule désormais avant l’attribution du projet. Le maître de l’ouvrage n’est donc pas un opérateur industriel mais l’État et RTE, et l’on ne dispose donc pour le débat ni d’un projet étudié ni d’études d’impact comme c’était le cas pour Courseulles.

 Le dossier du projet AO5 se résume à une enveloppe de puissance pour les deux tranches (250 MW et 250 à 500 MW) et une « macrozone » de 1330 km2 à l’intérieur de laquelle le ministère attend la localisation d’une zone de 600 kmpour l’implantation des deux tranches projetées.

 De ce fait les choix du public sont beaucoup plus ouverts, mais les éléments portés à sa connaissance sont en revanche beaucoup plus généraux et fragmentaires, en particulier s’agissant de l’état initial des milieux. !!!

 Et c’est à peu près tout ce qu’on a, donc on a un débat où on a assez peu d’éléments concrets à donner au public ! »

 Donc, les nouvelles règles du débat pour l’éolien sont les suivantes placé sous l’égide de la nouvelle loi « ESSOC »: on débat avant l’attribution du projet, pour lequel on ne dispose ni d’un projet étudié, ni d’études d’impacts, avec des éléments avec des éléments généraux et fragmentaires »

 Alors de quoi au juste peut-on débattre ? De l’économie générale de l’éolien ? Eh bien, même pas !

 Du débat biaisé au débat refusé ! Sauvons Le Climat interdit de débat !

 Ainsi, le 17 septembre, à Lorient avait lieu un débat au cours de laquelle l’association Sauvons Le Climat devait intervenir.

Eh bien intervention refusée !

Compte rendu du Télégramme :« Lorient : Déprogrammée, « Sauvons le climat » dénonce la « mascarade » du débat éolien

 Deux membres de Sauvons le climat devaient intervenir lors du débat public sur le projet d’éoliennes flottantes au large de Groix et Belle-Ile-en-Mer. Ils ont été décommandés. L’association s’en offusque.

Fin juin, Sauvons le climat était invitée, par la Commission particulière du débat public sur les « éoliennes flottantes au Sud Bretagne », à intervenir lors de réunions du débat public. Une demande dont se réjouissait l’association. Deux interventions de ses membres étaient programmées. Mais l’organisateur du débat a fait volte-face, annulant tour à tour leur prise de parole. Une tribune d’un des intervenants portant un point de vue contraire à celui du gouvernement sur les conditions d’arrêt de la centrale de Fessenheim est notamment mal passée.

 « Nos positions ne sont pas considérées comme souhaitables »

 L’association dénonce « la mascarade des débats publics qui ne sont donc que de grands barnums manipulés et sans valeur ». « Officiellement, on nous explique que les deux réunions ont été réorientées. La réalité, c’est que les positions de notre association ne sont pas considérées comme souhaitables », pense Éric Maucort, président de Sauvons le climat.

Son association se montre, en effet, très critique sur le déploiement de l’éolien offshore. « Nous ne sommes pas des anti-éolien primaires. Nous avons des positions critiques sur le sujet de la sécurité et du rôle des énergies intermittentes ainsi que sur le modèle économique de l’éolien offshore. Tout cela est parfaitement argumenté. Ce ne sont pas des slogans militants mais des convictions démontrées avec des études extrêmement fouillées et ouvertes à contradiction », développe Éric Maucort.

Leurs écrits montrent notamment « les limites » du système électrique avec des modes de production intermittent. « Aujourd’hui, l’électricité ne se stocke pas dans des volumes et dimensions importantes. Or, quand le vent s’arrête, il faut compenser cette source d’énergie intermittente. C’est faisable dans certaines proportions mais quand on nous parle de volume de 20 à 40 % de l’énergie produite, cela ne fonctionne pas. On a un problème technique ». Pour l’association, le coût de production présenté de cette électricité est « biaisé » et reste « très onéreux »

 A cela, l’organisateur du débat a répondu : «La commission n’a subi aucune pression. Nous restons neutres. Il n’y a aucune censure. Un débat n’est pas un débat sans contradictoire. Je compte bien assurer la diversité des échanges. »

 Ben voyons, c’est beaucoup mieux lorsque l’organisateur « neutre » du débat assure lui-même sa propre contradiction plutôt que de laisser la parole aux vrais contradicteurs !

 L’un des représentants de Sauvons Le Climat qui devait intervenir est Jean-Pierre Perves, Ancien Directeur du Centre d’Etudes de Saclay du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, Membre du Conseil Scientifique de Sauvons le Climat .

C’est dire qu’il aurait pu apporter des éléments très intéressants et importants sur l’économie de l’éolien off shore !

Eh bien, privé de débat !

Surtout que des éléments nouveaux dont le moins qu"on puisse dire est que le gouvernement français et et la Commission européenne lui font une publicité réduite ont été  publiés en plein été 2019 par la remarquable association Gardez les caps !

https://www.actu-environnement.com/ae/news/montant-tarif-achat-eolien-francais-33988.php4

http://gardezlescaps.org/baie-de-st-brieuc-lelectricite-la-plus-chere-deurope/

 Il s’agit de rien moins que le détail  des tarifs d'achat des futurs parcs éoliens  français off shore :

 Le 23 août 2019 , la Commission européenne a publié une décision prise le 26 juillet par laquelle elle valide les tarifs d'achat de l'électricité produite par les futurs parcs éoliens français en mer. Le document, signalé par l'association opposée à l'éolien offshore Gardez les caps, fait apparaître des tarifs d'achat compris entre 131 et 155 euros par mégawattheure (MWh). Pour comparaison, le dernier parc attribué à Dunkerque vendra son électricité au tarif de 44 euros par MWh.

 

Plus précisément, le parc de Dieppe-Le Tréport bénéficiera d'un tarif de 131 euros par MWh, celui de Fécamp d'un tarif de 135,2 euros, celui des Iles d'Yeu et de Noirmoutier d'un tarif de 137 euros, celui de Courseulles-sur-Mer d'un tarif de 138,7 euros, celui de Saint-Nazaire d'un tarif de 143,6 et celui de Saint-Brieuc d'un tarif de 155 euros. A titre de comparaison, les pouvoirs publics estiment à 51 euros par MWh le prix de marché de l'électricité sur la durée du contrat d'achat (20 ans). Au total, les opérateurs de parcs, dont la mise en service n'est pas attendue avant 2022 (selon le document de la Commission), toucheront une aide pouvant atteindre entre 3,03 milliards d'euros (pour le parc de Courseulles-sur-Mer) et 4,69 milliards d'euros (pour Saint-Brieuc) »

 

C’est proprement ahurissant !

 « Ce soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises, explique la Commission : des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux). »

 Eh ben, si les côtes françaises ne sont pas adaptées à l’éolien off shore, ce que nous ne cessons de dire, eh ben, il ne faut pas en faire !!


Gardez les caps critique tout particulièrement le soutien accordé au futur parc de la baie de Saint-Brieuc. "ce montant extravagant interroge sur les coulisses d'une stratégie illisible",  de fait la Baie de St-Brieuc délivrera  l’électricité la plus chère d’Europe ! pour 4,7 milliards d’euros en 20 ans ! 4 fois plus coûteux que le prix du marché (40€ /MWh). A ce montant extravagant, qui interroge sur les coulisses d’une stratégie illisible, il faut ajouter : 300 millions d’euros pour le raccordement électrique à terre désormais pris en charge par RTE, ainsi que les surcoûts imposés au réseau, 50 millions d’euros pour l’exonération de la taxe d’occupation de 103 km2 du domaine public maritime pendant 40 ans,

Des clauses d’indemnisation outrageusement favorables au promoteur

 Une addition particulièrement salée pour une efficacité du projet qui reste à démontrer tant sur le plan énergétique que sur sa contribution à réduire les gaz à effet de serre (GES). Aucune réduction des émissions de GES n’est même à attendre avec la nécessité de disposer de centrales au gaz émettrices de GES pour se substituer aux 25% de diminution du parc nucléaire qui se substitue actuellement à l’irrégularité de la production éolienne intermittente !

On comprend mieux désormais pourquoi les Ministères de l’Écologie successifs ont caché ce tarif à la société civile pendant 7 ans, pourquoi la France a mis 5 ans à le déclarer à la Commission européenne (sous la contrainte de la plainte déposée par le collectif PULSE), pourquoi la Commission européenne a mis plus de 2 ans à l’approuver….

Toutes ces aides aux promoteurs, illégalement octroyées avant leur notification à la Commission européenne (sauf Dunkerque), sont financées par le budget de l’État. Plus précisément, elles seront financées à partir du compte d’affectation spéciale « Transition Énergétique », qui est alimenté par une partie des recettes des taxes intérieures de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). »

 Arrêter et indemniser la seule solution raisonnable !

 « Aujourd’hui, le bon sens, comme la raison d’État, voudraient que les projets des appels d’offres de 2012 (Fécamp, Courseulles, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire) et 2014 (Le Tréport, Yeu-Noirmoutier) soient abandonnés le plus rapidement possible en indemnisant les promoteurs. L’addition serait plus légère pour les Français qui vont tous devoir payer alors que pouvoir d’achat et chômage sont en tête de leurs priorités.

Le 3 juillet dernier, à l’audience du Conseil d’État examinant le projet de Saint-Brieuc, l’avocat du promoteur Ailes Marines (Iberdrola-RES) a spontanément cité la somme de 100 millions d’euros d’investissements et de dépenses depuis 2012.

Il est donc toujours possible  (et très rentable !!!)d’abandonner ces projets qui vont coûter plus de 25 milliards d’euros d’argent public en contrepartie d’une maigre production électrique intermittente, et dans le même temps, qui vont dévaster la biodiversité marine, chasser les pêcheurs artisans de leur zone de pêche, ruiner une filière économique vitale gérée de manière responsable par les Comités des Pêches depuis 40 ans. »

Rappelons les commentaires de Jean-Marc Jancovici ( Fondation Nicolas Hulot, X-environnement, Shift Project, Haut Conseil pour le Climat…). sur l’éolien off shore  devant la Commission Aubert :

 :« L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel, qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de Shadock…il faut arrêter tout cela !

En nous ne parlons là que d’éolien off shore classique. L’éolien flottant, en termes de coûts, ce sera encore bien pire !

L’éolien, off shore, flottant ou pas est donc en France une aberration  écologique, climatique, économique qui pénalise les populations littorales et coûte un pognon de dingue pour une production ridicule ! Il faut arrêter tout cela d’urgence !