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jeudi 6 août 2020

Les plans délirants d’une l’Union Européenne sous influence pour l’éolien off shore

Multiplier par 20 la production éolienne offshore !

Le 22 juillet, la Commission européenne a lancé une consultation publique sur le développement de l’énergie offshore. L’enjeu est de taille : l’UE et l’Agence Européenne de l’Energie sont convaincues de l’énorme potentiel de l’énergie offshore.

Le président de la Commission Européenne, Kadri Simson, a été très clair : “Pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, nous devons multiplier par vingt la production d’énergie offshore de l’Union Européenne. Cela signifie qu’il  sera plus facile de construire des parcs éoliens offshore à grande échelle d’une manière écologiquement durable.”

L’Union Européenne compte donc développer l’énergie offshore à grande échelle. L’Agence Européenne de l’Energie estime que l’énergie offshore pourrait devenir la première source de production électrique à l’horizon 2040.

Une conviction qui se retrouve dans les objectifs annoncés par la Commission européenne dans son Green Deal. La Commission ambitionne d’atteindre en 2050 une production d’au moins 230 GW dans la tranche basse des estimations. Au mieux, la production pourrait atteindre 450 GW. Une étude réalisée par WindEurope propose un scénario de développement en deux phases : d’abord installer 7 GW chaque année entre 2020 et 2030. Puis, augmenter la puissance de 18 GW chaque année.

Commentaire :

a)  pour atteindre la neutralité climatique- Oh le vilain mensonge ! Pas plus que l’éolien terrestre, l’éolien off shore n’est pilotable, et pas plus que pour l’éolien terrestre, il n’y a pas de foisonnement en Europe. Par conséquent, l’éolien off shore doit être adossé à une énergie pilotable, probablement du gaz.

Donc l’éolien off shore c’est en réalité au mieux 40% de vent et 60% d’autre chose. Si cet autre chose c’est du gaz, eh bien, par rapport au nucléaire, on ne décarbonne pas, au contraire, on recarbonne ! et la neutralité climatique, on l’oublie !

b) comme d’hab, on parle là de la puissance nominale, pas de la production réelle.

c) A aucun moment, le coût n’est abordé dans l’article… sans doute parce qu’il est faramineux ! (cf ci après)

L’Allemagne et Wind Europe à la manoeuvre

Cette année, l’Allemagne, grand défenseur de l’énergie offshore, a les coudées franches pour donner un coup d’accélérateur sur le sujet puisqu’elle assure la présidence de l’Union Européenne pendant le deuxième semestre 2020. Dans le même temps, elle préside cette année la Coopération énergétique des mers du Nord qui sont déjà tombés d’accord sur un programme de développement de l’énergie éolienne offshore. L’Allemagne affiche des objectifs très ambitieux. En 2020, le pays compte déjà 1 469 éoliennes offshore, pour une production de 7,5 GW. D’ici 2030, l’Allemagne compte atteindre entre 15 à 20 GW en développant de nouveaux parcs éoliens offshore. Sur le long terme, pour compenser la fin du charbon, l’Allemagne ambitionne même d’atteindre 50 GW. Alors, c’est clair, l’Allemagne veut piloter le projet européen d’énergie offshore.

Les éoliennes offshore ne sont pas la seule source d’énergie qui intéresse l’UE. Kadri Simson: “Nous devons également utiliser le potentiel d’autres sources renouvelables telles que l’énergie solaire offshore ainsi que les nouvelles opportunités d’énergie marémotrice et océanique.” D’abord développés dans les Maldives pour répondre aux besoins énergétiques générés par le tourisme, le solaire offshore connaît depuis un succès croissant. L’Union Européenne est bien décidée à prendre la vague du solaire offshore le plus tôt possible.

Commentaire : le solaire est déjà l’une des énergies les plus chères et ultrasubventionnées je vous laisse imaginer le solaire off shore…Décidément, les Allemands et la Commission Européenne en veulent à nos paysages côtiers.

Le casse-tête des zones maritimes : faire sauter toutes les protections, l’énergie d’abord, les autres usagers ensuite.

Pour développer l’énergie offshore en Europe, il va d’abord falloir trancher la question du découpage des zones maritimes. L’espace maritime fait l’objet d’un découpage par zones. Chaque zone est dévolue à un usage précis : réserves de pêche, zones de protection de la nature, espaces militaires avec accès restreint. Les zones maritimes qui peuvent accueillir des parcs éoliens ou solaires offshore sont donc limitées.

Dans son étude de novembre 2019, le lobby des industriels de l’éolien, WindEurope précisait que l’espace maritime capable d’accueillir des éoliennes offshore était trop petit. On ne pourrait installer que 112 GW quand il faudrait 450 GW. Giles Dickson, le président de WindEurope, précisait alors : “Nous allons devoir approcher différemment la planification de l’espace maritime. Les zones aquatiques doivent pouvoir faire l’objet d’usages multiples.” Pour faciliter le développement des parcs offshore, la Commission Européenne va donc devoir résoudre ce problème en priorité.

Commentaire : l’éolien off shore, sponsorisée par le lobby gazier aura priorité et on enverra valdinguer protection des paysages, conservatoires du littoral et les autres activités, telles la pêche, le tourisme, la plaisance, les nécessités militaires.
Décidément Wind Europe aura bien travaillé !  Wind Europe n’est pas une « gentille » ONG écologiste, mais le très puissant et influent lobby des industriels de l'éolien.

https://lenergeek.com/2020/07/23/lue-accelere-sur-lenergie-offshore/



 Les plans de Wind Europe pour la France. » Il ne resterait rien de ce pays et de ses littoraux »

Wind Europe, association des industriels de l'éolien, veut 57 GW d'éolien offshore le long des côtes françaises. Il ne resterait rien de ce pays et de ses littoraux commente Vent Libre (@Fragren36)

Selon Wind Europe, la France possède l’un des plus forts potentiels de production d’énergie d’origine éolienne marine en Europe. Ce serait l’un des pays les plus sollicités de l’Union européenne, après le Royaume-Uni (80 GW) et les Pays-Bas (60 GW). Dans le schéma présenté par Wind Europe, les cotes françaises fourniraient 57 GW, : 40 GW, soit près de la moitié de la capacité envisagée dans l’océan Atlantique et la Manche et 17 GW au large des côtes méditerranéennes. L’Allemagne, les pays scandinaves et nordiques, mais aussi la Pologne ou les pays baltes, seraient, quant à eux, mobilisés sur la Mer du Nord pour 212 GW et la Mer Baltique pour 83 GW.

Cela représenterait 115 parcs de la taille de celui de la baie de Saint-Brieuc

Faut-il se lancer dans l’eolien off shore ? La réponse claire et nette de Jean-Marc Jancovici : Non !

Jean Marc Jancovici, on ne le présente plus ( Fondation Nicolas Hulot, X-environnement, Shift Project, Haut Conseil pour le Climat…). Extrait de son exposé devant la Commission Aubert :

 :« L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel, qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de Shadock »….J’aurais fourni la totalité de la pompe à 10 à 15 millions de ménages français. J’aurais sorti la totalité du fioul et les deux tiers du gaz et gagné une partie de ma course contre la montre. J’aurais évité 15 % des importations de pétrole, donc, selon les années, de 3 à 6 milliards d’euros, voire 9 milliards d’euros. J’aurais évité la moitié des importations de gaz, créées macroéconomiquement de l’emploi et évité du CO2 »

Les conditions de l’éolien en mer expliquent des coûts particulièrement élevés. Une éolienne en mer doit résister non seulement au vent (ça il vaut mieux !) mais aussi aux vagues, à la corrosion du sel, et donc il faut utiliser plus de matériaux et plus de traitements à puissance installée égale, sans parler du support immergé.

A cause de ces raisons, et aussi de la zone d’implantation, la construction en mer augmente la dépense en carburant par rapport à la construction à terre, et augmente aussi la dépense en carburant pour la maintenance.

Il résulte de ces « surcoûts » à la construction que l’éolien off-shore, malgré un taux de charge augmenté (Vesta annonce de 30% à 50%, ce qui soit dit en passant correspond peut-être au cas du Danemark mais pas au cas de la France, où les meilleurs sites dépassent tout juste 35% de facteur de charge), fournit certes une énergie plus importante par éolienne installée, mais avec un « contenu en carbone par kWh » qui reste à peu près identique. Les éoliennes soient off-shore ou à terre, elles produisent toujours de l’électricité intermittente. De ce fait, dès qu’il y a 1 MW d’éolien installé quelque part, il faut obligatoirement, pour assurer la continuité de la fourniture d’électricité, installer un peu moins de 1 MW « d’autre chose » ailleurs. Installer 24 GW d’éolien suppose donc d’avoir « ailleurs » pas loin de 20 GW de puissance de pointe provenant d’une autre source pour pallier les variations du vent, et au surplus cette « autre source » devra fonctionner 70% à 80% du temps pendant que l’éolien assurera sur 20% à 30% du temps. »

Des coûts gigantesques dénonciation de la Cours des Comptes et  petites manips très douces pour les promoteurs

Pour fixer les idées :

Nucléaire historique :33-40€/MWh
Photovoltaïque : 62-99€/MWh
Eolien : 60-65€/MWh
Eolien marin : 120 € -220 € /MWh (éolien posé) et entre 170 € -360 € /MWh (éolien flottant)
EPR: 70-80€/MWh

Ajoutons les subventions publiques: Eh oui, les producteurs « alternatifs »  les oublient souvent !

Nucléaire : 25€/MWh
Eolien: 476 €/MWh
Photovoltaïque :+500 €/MWh

Donc, l’éolien  off shore, ça coûte très très cher ! Et c’était bien l’avis de la Cour des Comptes, avant même le délirant plan allemand … :

La Cour des Comptes estimait en 2018 (Rapport sur le coût des ENR)  que les six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix énergétique !!!

Donc, on était parti pour 40 milliards d’euros (Md€) ce qui élevait le coût de production de l’électricité à 22 c€/kWh, alors que cette électricité est vendue… 4 à 6 c€/kWh sur le marché.Ca faisait quand même un peu cher ( d’où Jancovici : il faut arrêter tout cela),

Commentaire : 40 milliards, ça fait au moins 4 EPR bien construits, avec un peu d’entrainement !

Alors, miracle et roulement de tambour : le président Macron a annoncé le 20 juin 2018 que, après négociations avec les promoteurs, leur coût a été ramené de 40 Md€ à 25 Md€ par miracle, sans qu’aucun des opérateurs ne se plaignent ou ne se retirent des projets…

Un miracle, on vous dit…Sauf que, changement : les raccordements des éoliennes off-shore au réseau d’électricité seront à la charge de RTE, alors que ces opérations coûteuses sont normalement à la charge du producteur.

Donc, le miracle n’est en fait qu’un vrai tour de passe passe qui en fait arrange bien les producteurs. d’autant que ces coûts de raccordements sont assez peu prédictibles, et que la France a des systèmes côtiers plus compliqués que les sites peu profonds et souvent sableux de la Mer du Nord et de la Baltique. ..

 Eh bien, risque et coût seront pris en charge par le réseau et donc le contribuable, selon la bonne recettte des affairistes et des margoulins de l’éolien : risque publics, profits privés. C’est pas beau !

Risques accrus d’effondrement du réseau :

Et ça c’était avant le programme dément que la Commission Européenne et l’Allemagne veulent imposer à la France ! Du coup, un autre danger se profile : celui de la déstabilisation du réseau. Si l’éolien off shore représente en puissance nominale une fraction  non négligeable ( voire même l’équivalent) de la production nucléaire, alors celle-ci ne pourra plus compenser ses variations brutales. Recettes pour une catastrophe assurée, l‘effondrement du réseau !

La destruction des activités maritimes et littorales : témoignages de pêcheurs devant la Commission Aubert :

« Un port comme Le Tréport, c’est 200 marins, il est fréquenté par 75 navires de pêche sur l’année et représente un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros. Lorsqu’on nous a présenté le projet, nous avons tout de suite compris que s’ils mettaient les éoliennes là, nous signions notre arrêt de mort. Uniquement avec le chantier nous serions obligés d’arrêter de travailler pendant 2 ou 3 ans…

Nous avons organisé un voyage dans un parc éolien en activité bénéficiant de conditions similaires aux nôtres, avec une courantologie et des fonds marins comparables. En mars 2017, nous avons ainsi visité le parc de Thannet sur proposition de l’Institut maritime de prévention (IMP) et nous étions une dizaine de pêcheurs. Nous sommes revenus en pleurant : le port de pêche s’est vidé, il n’y a plus que du fileyeur, nous n’avons vu aucun bateau de pêche en activité. » ( Olivier Becquet).

Quant au tourisme, il est assez sûr, comme pour l’éolien terrestre, que la vue de champs d’éoliennes ne constituera pas un facteur d’attraction.



Katherine Poujol de « Gardez les Caps » conclut en se référant au rapport du député Aubert : « pas d’éoliennes dans les zones de pêches artisanales et une distance d’éloignement minimale de 50 km en mer. »

Bref, on a compris : « L’éolien off shore, s’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! »

Eh ben non, grâce à l’action résolue des lobbys comme Wind europe et à leur influence sur une Commission européenne au surplus très pro allemande, on va accélérer !!!

Et les premiers sacrifiés sont connus : les magnifiques plans d’eau entre Belle-Ile et Groix !

Une soixantaine d’éoliennes flottantes de plus de 200 mètres de hauteur entre Belle-Ile-en-Mer et Groix. !

Le massacre de ce plan d’eau magnifique avait doucement commencé avec un projet piloté par EOLFI, CGN Europe Energy et la Banque des Territoires, réunis au sein de la société Ferme Eolienne Flottante de Groix. Il s’agissait de 4 puis 3 éoliennes fabriquées au Danemark pour une puissance nominale de 24 MW. Elles devraient être raccordées par un câble dont l’atterrage sera réalisé dans le secteur de Kerhillio sur la commune de Erdeven. C’est RTE, donc le consommateur qui paiera, et les margoulins de l’éolien qui empocheront les bénéfices ! (Pour raccorder les éoliennes flottantes de Groix & Belle-Île au réseau existant, RTE va créer une liaison sous-marine et souterraine de 63 000 volts)

L'emprise globale de la ferme pilote sera d'environ 11 km2 en incluant les lignes d'ancrages.

Tiens, juste un petit graphe pour se remettre les ordres de grandeur en place et rappeler que l’éolien, ça prend beaucoup, beaucoup plus de place que le nucléaire ! (variable, mais disons 30 fois plus au mieux !)
Bon, mais là, on parle de tout à fait autre chose !

Une soixantaine d’éoliennes flottantes de plus de 200 mètres de hauteur entre Belle-Ile-en-Mer et Groix !!!

Le projet est le premier du genre en France.
Il s’agit  de deux parcs éoliens commerciaux. Un premier de 250 MW d’une vingtaine d’éoliennes, dont l’attribution est prévue en 2021, et un second pouvant aller jusqu’à 500 MW, à l’horizon 2024. Pour la première fois en France, il s’agira d’éoliennes flottantes et non posées au sol. Le raccordement mutualisé vers la terre et le réseau public de transport d’électricité sera réalisé par RTE.

L’installation éolienne occupera une large ( !!!) zone s’étendant sur 1 330 m2, au sud de l’île de Groix et à l’ouest de Belle-Ile-en-Mer !

Un débat public a été lancé, sous l’égide de la Commission du Grand Debat, qui, pour un projet de cette importance, joue la transparence et la concertation « Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public. « Notre rôle est que tous les publics puissent s’exprimer : les pros comme les antis. Mais, au-delà de dire s’ils sont pour ou contre, on interroge l’opportunité du projet. En quoi cela va les impacter ? Quels sont les aspects négatifs pour eux ? Notre rôle est que tout soit sur la table. Il n’y a pas de questions taboues », explique Chantal Jouanno. Après le 30 novembre, la commission nationale rendra « une photographie des arguments du public mais pas un avis », des conclusions sur lesquelles l’État et les élus pourront s’appuyer pour « corriger le projet ou même y renoncer ».

Donc, si vous ne voulez pas que soit massacré un des plus beaux paysages maritimes français, une aire où la pêche, la plaisance, la croisière sont très actives (Est-ce que les navigateurs qui ont leur bases à Lorient ou la Trinité continueront à venir s’y entrainer , est ce que ces  haut lieux du nautisme survivront ? Pas sûr du tout ( le Pole Course de Lorient, c’est 2300 navigateurs, les héritiers de Tabarly, les Armel Le Cléac'h, Thomas Coville, Sébastien Josse, Franck Cammas, Jérémie Beyou…)

Allez sur le site du débat Public et faites connaitre votre opposition ! ‘Faites comme Jean-Marc Jancovici !

D’autant que le débat prend parfois, du côté des défenseurs de l’éolien, un assez vilain tour, sur le motif punitif : les Bretons n’ont pas voulu de nucléaire, eh bien, ils auront les éoliennes. Ce n’est pas du nucléaire dont les Bretons n’ont pas voulu (la Bretagne héberge la plus ancienne centrale, aujourd’hui en cours de démantèlement-  Brennilis), c’est du nucléaire à Plogoff !

 Peut-être pas plus qu’ils ne voudront de 60 éoliennes géantes au large de Groix et Belle-Ile ?.


Simulation : vue de Port Locmaria Nord

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