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samedi 27 juin 2020

L’avertissement de l’Agence Internationale de l’Energie: Pour répondre au défi climatique, il manque beaucoup de nucléaire ! (Mais c’est faisable !)

Cf excellent tweet résumé de Tristan Kamin

(https://twitter.com/TristanKamin/status/1271424108627181570?s=09)

 et le dossier sur le site de l’AIE (https://www.iea.org/reports/nuclear-power#tracking-progress)

 Résumé Tristan Kamin :

1) Un effort à faire mais pas si démesuré que cela ! (2 fois le parc nucléaire français) !

L'Agence Internationale de l'Énergie alarme - encore - sur le taux insuffisant de déploiement du nucléaire dans le monde. Leur « Sustainable Development Scenario » demande 600 GW de nucléaire en 2040, contre 443 GW actuellement.

En considérant les constructions et projets en cours, les travaux de prolongation de réacteurs déclarés, et les intentions de fermeture, la trajectoire actuelle nous mène à seulement 455 GW en 2040.

Presque 150 GW manquants : plus du double du parc français !

Commentaire : à l’échelle mondiale, c’est pas si effarant !

Fin 2019, 60 GW étaient en chantier. Pour suivre ce scénario, il faudra 15 GW de projets lancés chaque année.  Ce rythme était celui observé en 2009 et 2010, évidemment freiné net en 2011 par la catastrophe de Fukushima.

Commentaire : toujours pas si effarant !

Au-delà des 60 GW en chantier (avec, en tête, l'UK et la Corée du Sud pour l'OCDE, la Chine et la Russie hors OCDE), environ 35 GW sont actuellement en projet. Côté Chine, on devrait passer très près de réussir l'objectif de 58 GW en fin 2020, à quoi s’ajoutera le  plan quinquennal prévu en 2021, dont on estime qu'il pourrait impulser la création de plus de 120 GW de nouveaux projets. Enfin, l'Inde, qui aimerait 21 (!) nouveaux réacteurs d'ici 2030 (!!!). Ensuite on passe à la Pologne, avec une feuille de route énergétique visant 6 à 9 GW de nucléaire (on part de 0) d'ici 2040, avec un premier réacteur souhaité en service pour 2033. Va pas falloir niaiser !

L'AIE s'attarde aussi sur le cas Japonais, avec cette ambition de remonter la part du nucléaire à plus de 20% pour 2030, et le gros risque de retard du fait des difficultés des exploitants à obtenir les autorisations de redémarrer auprès de la nouvelle autorité de sûreté nippone.

Vient ensuite sur le feu la Belgique, dont l'AIE rappelle qu'une fermeture de tout le parc (qui couvre 50% de la production) est prévue pour dans 5 ans, avec rien de mieux que des subventions aux centrales à gaz pour maintenir le système électrique à flot. L'AIE rappelle le cas français, avec une réduction à 50% de la part du nucléaire prévue d'ici 2035, mais également - on a tôt fait de l'oublier - que d'ici mi-2021 doit sortir un plan de renouvellement du parc actuel (pour maintenir 50%)

Les maintenances lourdes pour prolonger la durée de service des réacteurs actuels, en anglais « refurbishment » (pas trouvé d'équivalent en français, mais c'est ce qu'on appelle le « Grand carénage ») sont à l'honneur encore une fois. Et puis, bien entendu, les USA. Avec 88 de leurs 98 réacteurs encore en service déjà autorisés à fonctionner jusqu'à 60 ans, et 6 candidatures pour 80 ans : 4 validées, 2 en cours d'examen.

2) Plein feu sur les SMR !

La suite du rapport porte sur les technologies futures du nucléaire : SMR, Génération IV, voire la fusion des deux (et non, pas la fusion-tout-court).

Il y est question de certification en stade déjà avancé de certains SMR aux USA et au Canada et de coopération entre les deux autorités de sûreté de chacun de ces deux pays. Est également mentionné le projet français NuWard. Le Canada serait le pays le plus avancé dans le domaine… sans le raccordement au réseau, fin 2019, des deux réacteurs de l'Akademik Lomonosov, la centrale nucléaire russe flottante.

Une parenthèse est à nouveau dédiée à la Pologne, ainsi qu'à l'Indonésie, la Jordanie et l'Arabie Saoudite : trois pays qui s'intéressent aux SMR à très haute température, et le dernier qui s'intéresse surtout aux SMR pour la désalinisation d'eau de mer.

Avant de passer aux recommandations, le rapport parle d'investissement : pour suivre le scénario de développement durable de l'AIE, il faudrait investir 1400 milliards de dollars dans le nucléaire entre 2020 et 2040, soit 70 milliards par an en moyenne. À l'échelle mondiale, c'est pas choquant, et c'est d'ailleurs mis en perspective avec les 50 milliards d'investissements réalisés en 2017 et en 2018

C'est pas une rupture, une explosion, qu'il faut, mais juste un bon coup d'accélérateur.

Les recommandations de l’AIE

... La numéro 1 va vous étonner.

1/4 : Réduire les incertitudes POLITIQUES sur le nucléaire, et reconnaître la VALEUR de l'énergie nucléaire dans les systèmes énergétiques BAS-CARBONE actuels et futurs.

2/4 : Réduire les risques liés au MARCHÉ, au travers de réformes des marchés de l'électricité.

3/4 : User des leviers de gouvernance d'État pour soutenir la construction de nouvelles infrastructures nucléaires.(aka ne pas attendre que, par la magie du libéralisme, les choses se fassent seul : les gouvernements doivent mettre les mains dans la machine)

4/4 : Harmoniser les procédures de certification et aller pour de vrai vers la coopération internationale.(halala, si seulement EDF n'avait pas eu besoin de certifier l'EPR en France puis en Grande-Bretagne.

Verbatim :

1) Le nucléaire manquant : des centrales fermées prématurément, de nouvelles constructions nécessaires

« En 2019, 5,5 GW de capacité nucléaire supplémentaire ont été raccordés au réseau et 9,4 GW ont été définitivement arrêtés, ce qui porte la capacité mondiale à 443 GW. De nouveaux projets ont été lancés (environ 5,2 GW) et des rénovations sont en cours dans de nombreux pays pour assurer les opérations à long terme de la flotte existante. Néanmoins, alors que le parc nucléaire existant demeure la deuxième source d’électricité à faible émission de carbone au monde, la construction de nouveau nucléaire n’est pas en phase avec les exigences du SDS (Sustainable Developemnt Scenario). Selon les tendances actuelles, la capacité nucléaire en 2040 s’élèvera à 455 GW – bien en deçà du niveau SDS de 601 GW. Des prolongations supplémentaires de la durée de vie et un doublement du taux annuel d’ajouts de capacité sont donc nécessaires »

Commentaire : donc  150 GW manquant, le double du Parc nucléaire Français, selon l’observation de Tristan Kamin. A l’échelle mondiale, rien de délirant !

« En 2019, 5,5 GW de nouvelles capacités nucléaires ont été mises en ligne. Il s’agit d’une forte diminution par rapport à 2018, année où 11,2 GW étaient raccordés au réseau – l’ajout de capacité le plus élevé depuis 1989. La Chine et la Russie restent les premiers pays en termes de nouvelles connexions au réseau et de lancements de construction. En fait, 20 % des réacteurs nucléaires en construction à l’échelle mondiale se trouvent en Chine. 

Bien que 60,5 GW de nouvelles capacités nucléaires soient en construction à la fin de 2019, le rythme d’achèvement des nouveaux projets est la moitié de ce que recommande le scénario de développement durable (SDS). Une nouvelle capacité nucléaire de 15 GWe en moyenne par an entre 2020 et 2040 est nécessaire pour être dans le rythme recommandé pour le scénario.

Commentaire : Ce rythme était celui observé en 2009 et 2010 avant Fukushima (Tristan Kamin) Rien d’impossible

2) Arrêt des fermetures anticipées et refurbishment (Grand Carénage): la solution climatique la plus efficace et la plus économique !

« En 2019, 13 réacteurs nucléaires ont été définitivement arrêtés au Japon (5 unités), aux États-Unis (2 unités), en Suisse, en Allemagne, en Corée, en Russie, en Suède et à Taïwan (1 unité chacun) pour un total de 9,4 GW. Six de ces centrales étaient âgées de  plus de 40 ans, mais la plupart des réacteurs ont été retirés pour se conformer aux mesures de politique nucléaire nationale, y compris les mesures post-Fukushima au Japon. Plusieurs d’entre eux ont également été retirés en raison de conditions défavorables du marché (États-Unis). »

Commentaire : l’AIE y revient à de multiples reprises, de manière soft, mais le message est clair. : c’est idiot et criminel (écocide !) d’arrêter des centrales nucléaires qui pourraient continuer à fonctionner moyennement un « refurbishment » (Grand Carénage) ;

Car la prolongation de la vie des centrales nucléaires, lorsqu’elle est possible,  est la méthode la plus simple, la plus efficace et la plus économique de mitigation du défi climatique.

« Les unités nucléaires canadiennes de Darlington et de Bruce, en Ontario, font l’objet d’une rénovation pluriannuelle de plusieurs milliards de dollars qui permettra aux centrales de fonctionner bien au-delà du milieu du siècle. Les deux projets avancent comme prévu, la première unité rénovée (Darlington-2) devant être reconnectée au réseau en 2020. Le projet de rénovation de Darlington devrait être terminé d’ici 2026 et le projet Bruce d’ici 2033 »…

« En France, l’entreprise EDF poursuit son programme d’exploitation à long terme pour prolonger la durée de vie du parc nucléaire français au-delà de 40 ans et s’attend à une approbation réglementaire générique pour la série 900 en 2020. Entre-temps, Tricastin-1 a été la première unité achevée dans le cadre du programme à la fin de 2019. Des rénovations similaires seront appliquées à 21 unités supplémentaires de 900 MWe avant 2025. »

« Les fermetures anticipées des centrales thermiques, y compris l’énergie nucléaire, menacent des milliers d’emplois, concentrés en Europe et aux États-Unis, tandis que la perte de capacité nucléaire entravera les possibilité d’atténuation du dérèglement climatique. »

« Sans prolongations supplémentaires, près de 40 % du parc de réacteurs nucléaires des économies avancées sera fermé d’ici 2030. »

3) Les pays qui investissent dans le gros nucléaire.

« Seulement 5,2 GW de construction ont été lancés en 2019, avec un réacteur en Chine, en Iran, en Russie et au Royaume-Uni. Les 60,5 GW de capacité nucléaire en construction se trouvaient principalement dans les pays de l’OCDE (20 GW), la Chine (10 GW) et la Russie (4,9 GW). Les deux pays de l’OCDE ayant le plus de capacité en construction sont la Corée (6 GW) et le Royaume-Uni (3,4 GW). Sur les 25 GW de capacité en construction dans le reste du monde, les principaux pays sont l’Inde (5,3 GW) et les Émirats arabes unis (5,6 GW).  La construction aux Émirats arabes unis progresse conformément au calendrier, et le chargement de carburant de la première unité a eu lieu en mars 2020. Dans les pays de l’OCDE, Hinkley Point C est le plus grand projet de construction de nouvelles constructions en cours et le premier projet pour le Royaume-Uni depuis 1995. La construction des deux unités est prévue, le radeau de l’île nucléaire de l’unité un ayant été achevé en mai 2019.

D’autres projets de construction sont en phase de préparation en Argentine, au Brésil, en Bulgarie, en République tchèque, en Égypte, en Finlande, en Hongrie, en Inde, au Kazakhstan, en Pologne, en Arabie saoudite et en Ouzbékistan. Il s’agit généralement de grands projets de réacteurs (1 GW), et à en juger par les politiques actuelles et les projets en cours, cela pourrait signifier de nouveaux ajouts d’environ 35 GW. »

« En dehors des pays de l’OCDE, le 13e Plan quinquennal de la Chine a été le principal stimulant de son programme nucléaire national, reliant plus de 30 GWe de capacité nucléaire au réseau au cours de la dernière décennie. Cela signifie que le pays est susceptible d’atteindre son objectif ambitieux de 58 GWe de capacité nucléaire installée d’ici la fin de 2020. En outre, son 15e plan quinquennal en 2021 devrait insuffler un nouvel élan au programme nucléaire national, avec des plans à moyen terme pour construire 120 à 150 GWe d’ici 2030 »

En novembre 2019, la Pologne a publié son projet de politique énergétique pour 2040, réaffirmant son projet de développement de 6 GW à 9 GW d’énergie nucléaire dans le cadre d’un portefeuille énergétique diversifié, ce qui rend le pays moins fortement dépendant du charbon et du gaz importé. La première centrale nucléaire polonaise pourrait être mise en service en 2033, et cinq autres devraient suivre d’ici 2043…

La France a revu sa planification énergétique en novembre 2018 et rendu publique sa stratégie de neutralité carbone en 2050. Cette stratégie repose sur la fermeture des centrales à combustibles fossiles restantes; prolonger la durée de vie de certains réacteurs existants tout en étalant les fermetures d’autres pour assurer un calendrier de déclassement en douceur; développement des énergies renouvelables. Le nucléaire restera l’épine dorsale de la stratégie énergétique Français avec une part de 50 % dans le mix énergétique de 2035, le reste provenant de sources d’énergie renouvelables. Pour pouvoir compter sur le nucléaire au-delà de 2035 et le conserver comme option viable, le gouvernement Français a annoncé un programme de travail avec l’industrie nucléaire pour élaborer un plan d’ici la mi-2021 pour un éventuel programme nucléaire de construction neuve.

4) A coté des gros réacteurs, les SMR (Small Modular Reactors)

« Les petits réacteurs modulaires continuent d’attirer l’intérêt tant dans les pays nucléaires établis, comme le Canada et les États-Unis, que dans les pays nouveaux arrivants en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie du Sud-Est. Les RD&D et les investissements dans les RSM et autres réacteurs de pointe sont encouragés par des partenariats public-privé. La certification de conception des RMR par les autorités de sûreté nucléaire progresse. Le prototype NuScale en est à la dernière étape de la certification de conception par le CNRC des États-Unis, et le processus devrait être terminé en 2020. Les plans de construction des premiers modules d’une nouvelle usine dans l’Idaho ont progressé avec les fabricants ayant été choisis et un soutien supplémentaire confirmé par le DOE des États-Unis.

En mars 2020, Oklo a soumis au CNRC la première demande combinée de licence pour une technologie de réacteur de pointe. Oklo développe un micro-réacteur de 1,5 MW pour fournir de l’énergie sur des sites éloignés. Le gouvernement canadien a publié sa feuille de route SMR en décembre 2018 et a encouragé les fournisseurs de SMR à tirer parti des possibilités offertes pour faire la démonstration de leurs technologies. La CCSN (organisme de réglementation fédéral du Canada) examine actuellement dix conceptions de SMR et a reçu une demande de construction d’un réacteur micro modulaire en 2019.

 En septembre 2019, un consortium Français (CEA, EDF, Techninatome et Naval Group) a annoncé le développement d’un réacteur à eau légère SMR  (projet Nuward de 170 MWe lors de la Conférence générale de l’AIEA. La centrale de 340 MWe (deux unités par centrale) est conçue pour remplacer les centrales électriques à combustibles fossiles de milieu de gamme dans les pays dotés de réseaux petits ou mal interconnectés. Les pays nouveaux arrivants comme la Pologne, l’Indonésie et la Jordanie continuent de concevoir des études de faisabilité pour le développement de réacteurs à haute température, ces deux derniers étant en coopération avec la Chine. L’Arabie saoudite mène également des études sur le dessalement nucléaire à l’aide de SMR.

Le Forum international génération IV, une initiative internationale de recherche et développement qui réunit les pays nucléaires les plus avancés, renforce son engagement auprès de diverses entreprises du secteur privé.

5) L’investissement mondial dans la capacité nucléaire reste insuffisant

 Dans l’ensemble, les investissements mondiaux dans la capacité nucléaire restent insuffisants, comme en témoigne le petit nombre de nouveaux projets lancés. Selon les Perspectives mondiales de l’énergie, 1420 milliards de dollars d’investissements seraient nécessaires entre 2019 et 2040 pour se mettre sur la bonne voie avec la SDS – 30 % de plus que dans le cadre du scénario des politiques déclarées (STEPS). En 2018, les investissements dans le nucléaire sont restés stables par rapport à 2017 à 50 milliards de dollars et comprennent des proportions similaires d’investissements opérationnels et de nouvelles constructions à long terme. Cela démontre que les investissements dans les LTO sont attrayants malgré les incertitudes sur les politiques et les marchés.

Commentaire (Tristan Kamin) : 1400 milliards de dollars dans le nucléaire entre 2020 et 2040, soit 70 milliards par an en moyenne. À l'échelle mondiale, c'est pas choquant, et c'est d'ailleurs mis en perspective avec les 50 milliards d'investissements réalisés en 2017 et en 2018

6) Les recommandations de l’AIE pour amplifier l’investissement dans le nucléaire

6a) Réduire l’incertitude de la politique nucléaire et reconnaître la valeur de l’énergie nucléaire dans les systèmes énergétiques actuels et futurs à faible émission de carbone

« L’incertitude de la politique nucléaire dans un certain nombre de pays empêche l’industrie nucléaire de prendre des décisions d’investissement. C’est en partie le résultat d’incohérences entre les objectifs politiques énoncés – tels que l’atténuation des changements climatiques – et les actions politiques....La reconnaissance franche par les gouvernements et les organisations internationales de la valeur des attributs de l’énergie nucléaire et de sa contribution à la décarbonisation des systèmes énergétiques mondiaux encouragerait les décideurs politiques à inclure explicitement le nucléaire dans leurs plans énergétiques à long terme et les NDC dans le cadre de l’Accord de Paris. »

« Alors que certains pays affirment qu’ils peuvent atteindre les objectifs de décarbonisation tout en éliminant progressivement le nucléaire (Belgique, Allemagne, Espagne, Suisse) ou en réduisant sa part (France), d’autres continuent de reconnaître la nécessité d’accroître la part du nucléaire : Chine, Russie, Inde, Argentine, Brésil, Bulgarie, République tchèque, Égypte, Finlande, Hongrie, Pologne, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Royaume-Uni et Ouzbékistan. Fin 2018, la stratégie énergétique à long terme de l’UE a clairement indiqué que l’énergie nucléaire – avec les énergies renouvelables – constituera l’épine dorsale du système énergétique de l’UE afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Dans le même temps, les discussions en cours sur la taxonomie de l’UE sur l’admissibilité de la production d’énergie nucléaire au financement de la durabilité mettent en évidence les difficultés à reconnaître la contribution de l’énergie nucléaire à l’atténuation du changement climatique. »

6b) Réduire les risques du marché grâce aux réformes du marché de l’électricité

 L’incertitude du marché de l’électricité rend difficile pour les investisseurs de prévoir le montant des revenus qu’une centrale nucléaire pourrait générer sur plusieurs décennies.  Les organismes de réglementation pourraient réduire cette incertitude en améliorant la conception du marché de l’électricité afin d’attribuer une valeur appropriée aux centrales nucléaires à énergie propre et dispatchable. Il est particulièrement important de développer des contrats à long terme pour réduire l’exposition des actifs nucléaires à longue durée de vie aux risques de marché à court terme.

Des réformes du marché de l’électricité sont également nécessaires pour faire face aux impacts d’une plus grande intégration des énergies renouvelables variables et des coûts associés au système. En termes généraux, les décideurs doivent reconnaître et répartir équitablement les coûts du système aux technologies responsables. Favoriser des marchés concurrentiels à court terme et assurer une capacité et une flexibilité adéquates, ainsi que des infrastructures de transport et de distribution, sont des mesures politiques clés  visant à soutenir l’internalisation des coûts du système.

6c) Faire appel au leadership du gouvernement pour promouvoir la construction nucléaire.

En s’appuyant sur les leçons tirées des récents projets de la génération III, les décideurs pourraient appuyer la réduction rapide des coûts de construction en prenant des décisions opportunes sur les projets de construction neuve. Prendre ces décisions dès que possible remettrait le nucléaire sur les rails avec le SDS et stimulerait également l’économie à court terme par la création d’emplois.  La gouvernance globale des projets nucléaires de construction neuve demeurera essentielle pour l’allocation et l’atténuation efficaces des risques liés à la construction et au marché. Compte tenu de l’impact du coût du capital sur le coût nivelé et des externalités positives associées à l’énergie nucléaire, il est clair que les gouvernements soutiennent le financement directement ou indirectement – en particulier pour répondre à la perception des risques et à l’accumulation des capacités lorsque des programmes nucléaires sont lancés.

Les approches réglementaires qui ont été utilisées avec succès pour d’autres projets d’infrastructure – comme le modèle de base d’actifs réglementaires (RAB) au Royaume-Uni – suscitent un regain d’intérêt de la part des décideurs pour financer de futurs projets nucléaires de construction de nouvelles constructions avec un coût de capital moindre.  Compte tenu des impacts structurels durables et profonds d’un programme nucléaire sur l’économie d’un pays et son système d’électricité, les gouvernements doivent considérer les projets nucléaires comme des projets d’infrastructure nationaux d’importance stratégique. Ce type de décision stratégique peut être particulièrement crucial dans la période post-COVIDE 19 pour galvaniser les efforts nationaux de relance économique. Cela se traduit par une responsabilité claire du gouvernement en termes de leadership et d’union de divers intervenants, y compris le grand public.  Ces actions nécessiteront donc un effort concerté des gouvernements et de l’industrie, comme l’illustre l’accord sur le secteur nucléaire 2018 du gouvernement britannique qui vise à réduire le coût des nouvelles constructions de 30 % en 2030.

6e) Harmoniser les licences et favoriser la collaboration internationale.

Il n’existe pas de cadre régional ou mondial de licence pour les technologies nucléaires, ce qui signifie que les fournisseurs doivent répéter le processus de certification et s’adapter aux codes et normes nationaux dans chaque pays, en allongeant la durée des projets et en augmentant les coûts et l’incertitude. Davantage d’efforts pour harmoniser les exigences réglementaires et promouvoir la normalisation des conceptions sont donc nécessaires. Cela pourrait se faire grâce à l’échange d’informations et d’expériences entre les organismes de réglementation, y compris pour les conceptions les plus nouvelles, et par des initiatives plus efficaces de l’industrie mondiale pour harmoniser les normes d’ingénierie. Il est essentiel que les gouvernements permettent ces efforts, en s’appuyant sur les récentes initiatives bilatérales et multilatérales. »

7) Maintenir le rôle de l’énergie nucléaire et hydroélectrique pour le climat, pour l’économie et pour l’emploi

« L’hydroélectricité et l’énergie nucléaire sont les deux plus grandes sources de production à faible émission de carbone aujourd’hui, fournissant ensemble 70 % de toute l’électricité à faible teneur en carbone.

La modernisation des installations hydroélectriques existantes et des centrales nucléaires (pour les pays qui ont l’intention de conserver l’option de l’énergie nucléaire), éviteraient une forte baisse de la production d’électricité à faible émission de carbone ; de nouvelles constructions stimuleraient encore la production de faibles émissions de carbone, et pourraient également être envisagées le cas échéant

L’hydroélectricité est aujourd’hui la plus grande source d’électricité à faible émission de carbone dans le monde et l’énergie nucléaire est la deuxième source en importance. Ensemble, ils représentent près de 30 % de l’approvisionnement mondial en électricité et fournissent 70 % de la production d’électricité à faible émission de carbone. »

« Dans les économies avancées, l’énergie nucléaire est la plus grande source d’électricité à faible émission de carbone à une large marge, mais son rôle futur est incertain à mesure que les centrales vieillissantes commencent à fermer. Sans prolongations supplémentaires, près de 40 % du parc de réacteurs nucléaires des économies avancées sera fermé d’ici 2030. »

« Le développement de l’hydroélectricité et de  l’énergie nucléaire nécessitent un soutien soutenu des gouvernements. Les deux technologies sont à forte intensité de capital, et les projets peuvent être parmi les plus importants dans le secteur de l’énergie en termes d’investissement total. Par exemple, les réacteurs nucléaires de premier plan, les projets de mégahydropuissance et les grands programmes de remise à neuf peuvent nécessiter chacun plus de 10 milliards de dollars en dépenses d’investissement. Les prolongations de durée de vie nucléaire de 20 ans coûtent entre 0,5 et 1,1 milliard de dollars par GW. Avec de longs délais de développement et des exigences de fonds propres élevées, il est clairement très important de trouver des moyens de limiter les risques et de faciliter le financement à faible coût. Un soutien financier direct n’est pas toujours nécessaire : les accords d’achat d’électricité à long terme ou les tarifs de rachat peuvent offrir un certain degré de certitude sur les prix et ont été largement utilisés en Chine. Les garanties de prêt et les prêts préférentiels, le cas échéant, peuvent également réduire le coût du financement.. »

Cinq États des États-Unis, par exemple, ont accordé des crédits zéro émission pour reconnaître les contributions à faible émission de carbone de l’énergie nucléaire et maintenir plusieurs réacteurs en service face à des conditions de marché difficiles. Les solutions basées sur le marché, telles que la tarification du carbone ou les paiements de capacité, pourraient améliorer considérablement la situation financière du nucléaire et de l’hydroélectricité. Des marchés de flexibilité accrus pourraient également renforcer l’économie de l’hydroélectricité… »

Les répercussions sur les émissions et la résilience

Hydro et l’énergie nucléaire contribuent grandement à la réduction des émissions. Sans d’autres prolongations de la durée de vie nucléaire dans les économies avancées, par exemple, les transitions énergétiques propres nécessiteraient environ 80 milliards de dollars d’investissements supplémentaires par an et les factures d’électricité des consommateurs seraient d’environ 5 % plus élevées (AIE, 2019b).

Si une production supplémentaire déplace la production de charbon, alors 1 GW d’énergie nucléaire évite environ 6 millions de tonnes (Mt) d’émissions directes de CO2 par an. L’Hydro a tendance à avoir un taux d’utilisation plus faible que le nucléaire (en raison des variations saisonnières), mais 1 GW de capacité hydroélectrique évite néanmoins environ 3 Mt émissions de CO2. Dans les économies avancées, la production plus élevée de l’hydroélectricité ou du nucléaire affecte principalement la quantité de production au gaz et les économies réalisées grâce aux émissions évitées sont donc plus faibles.

« Conséquences sur l’emploi : l’hydraulique emploie environ 2 millions de personnes dans le monde, dont plus des deux tiers dans des emplois locaux liés à l’exploitation et à l’entretien des installations existantes. L’énergie nucléaire fournit plus de 800 000 emplois, dont environ la moitié sont situés dans des réacteurs. La nouvelle construction de projets d’énergie nucléaire a été la plus importante ces dernières années dans les marchés émergents, y compris l’Inde et la Chine, bien que plusieurs économies avancées continuent de soutenir l’énergie nucléaire. Les projets hydroélectriques existants peuvent être améliorés en remplaçant les turbines pour augmenter la production maximale ou en ajoutant de nouvelles installations de pompage pour soutenir des opérations plus flexibles. Les travaux de modernisation et de construction de projets hydroélectriques créent environ 3 emplois par million de dollars de dépenses en immobilisations. Les prolongations de durée de vie nucléaire créent environ 2 à 3 emplois par million de dollars de dépenses en immobilisations, ainsi que la préservation des emplois locaux d’O&M.

8) Possibilités stratégiques dans l’innovation technologique : les SMR.

« Les difficultés dans le financement de la construction de réacteurs nucléaires à grande échelle stimulent l’intérêt pour les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Les SMR sont généralement définis comme des réacteurs nucléaires d’une capacité électrique inférieure à 300 MW par module, qui sont construits dans une usine puis transportés vers le site de production. Plusieurs types de RMR sont en cours d’élaboration : les SMR refroidis à l’eau légère ont atteint les niveaux de préparation aux licences les plus élevés avec plusieurs concepts en construction ou avancés dans le processus de délivrance de licences. Le développement de SMR refroidis par métal liquide, le  sel fondu ou  le gaz est moins avancé. Les SMR sont en cours de développement dans des pays comme le Canada, la Chine, la Russie et les États-Unis, bien qu’aucun n’ait encore atteint la maturité commerciale. »

« Les SMR offrent la possibilité de fournir une énergie nucléaire à faible émission de carbone avec des investissements initiaux plus faibles et une meilleure évolutivité que les grands réacteurs traditionnels, et avec la capacité d’utiliser des sites qui ne seraient pas en mesure d’accueillir les grands réacteurs traditionnels. On s’attend également à ce que les délais de construction soient beaucoup plus courts en raison de la fabrication d’usine et de l’utilisation de techniques de construction modulaires avancées. Les SRM pourraient contribuer à la flexibilité dans les pays dotés d’un grand réseau électrique ou être utilisés dans les pays ou les régions dotés de petits réseaux électriques qui ne seraient pas appropriés pour les grandes centrales nucléaires. Compte tenu de leurs coûts plus bas,  ils peuvent également être attrayants pour les pays qui n’ont aucune expérience de l’énergie nucléaire, en particulier ceux qui ont des réseaux électriques petits et moins robustes. Dans certains cas, notamment lorsqu’il y a des problèmes de stabilité et de fiabilité du réseau, les SMR peuvent être la seule option de technologie nucléaire techniquement réalisable disponible. »

« Approches stratégiques  : le soutien aux SMR devrait tenir dûment compte des principes généraux de la conception du marché de l’électricité à faible émission de carbone avec un soutien de la politique d’innovation pour faciliter le déploiement rapide. Voici quelques exemples de mesures politiques spécifiques qui pourraient être utilisées :

Fournir un soutien à l’investissement pour des projets pilotes tels que des subventions d’immobilisations, des garanties de prêts et des contrats à long terme sur mesure.

Favoriser les accords de partage des coûts pour la collaboration internationale, les programmes partagés de RD&D et les cadres nationaux et internationaux de licence.

Aider les autorités réglementaires à accélérer la résolution des préoccupations relatives à la validation des dispositifs de sécurité novateurs et à l’assemblage des usines.

 Les SMR ont le potentiel de fournir une autre voie pour le développement de l’énergie nucléaire et pourraient fournir un grand nombre d’emplois dans les activités de conception, de fabrication, d’approvisionnement et de construction. Toutefois, les perspectives des SMR dépendront dans une large mesure du déploiement réussi de prototypes et de centrales.. Un objectif important est d’établir des conceptions normalisées qui permettraient le développement de chaînes de valeur et d’accélérer les économies d’échelle, d’apprentissage et de réduction des coûts.


vendredi 19 juin 2020

Les Institutions Européennes et le nucléaire : de l'hostilité au sabotage

Le nucléaire en Europe : essentiel pour réussir le défi climatique, maintenir notre économie !

Le nucléaire fournit actuellement plus de 47 % de la production d’électricité à faible émission de carbone (mais 12% de la consommation finale d’énergie) dans l’UE grâce à plus de 100 réacteurs nucléaires actuellement en service.

Sans nucléaire, il y aura un demi-milliard de tonnes d’émissions de CO2 supplémentaires chaque année en Europe, soit plus que les émissions du Royaume-Uni ou de la France.  Les émissions du cycle de vie produites par le nucléaire se comparent favorablement à celles des technologies renouvelables.

Selon les chiffres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), avec 12 g CO2/KWh, les émissions du cycle de vie nucléaire sont égales à celles de l’énergie éolienne et sont quatre fois inférieures à celles de l’énergie solaire (cette analyse comprenant  l’ensemble du cycle de vie, y compris l’extraction de l’uranium, l’enrichissement et la fabrication de combustible, la construction d’usines, l’utilisation, le déclassement et la gestion à long terme des déchets). En France, même l’Ademe a reconnu une valeur plus basse (6g CO2/KWh), en raison des performances des particulièrement bonnes de l’enrichissement)

A de multiples reprises, le GIEC a rappelé que le nucléaire constituait une part indispensable de la solution au défi climatique.

En outre de son très fort intérêt climatique et économique, le nucléaire présente la qualité essentielle d’être pilotable et de fournir une alimentation stable et fiable. La production d’énergie nucléaire ne dépend pas des conditions météorologiques et fournit quand elles en ont besoin  une énergie fiable à l’industrie, aux transports, aux hôpitaux, aux foyers et aux entreprises 24 heures sur 24, 365 jours par an. L’électricité nucléaire est cruciale pour la stabilité des systèmes énergétiques.

Cette qualité essentielle, nous l’oublions trop, et elle a failli se rappeler à nous : Le 23 avril 2020, en plein crise COVID, la France a échappé  de justesse à un black out avec une fréquence descendue à  49, 8801 Hz à 10 heures et 10 secondes ! En cause, exactement ce qui était annoncé, la priorité sur le réseau des ENR et leur brusque variation.

Enfin, l’industrie nucléaire européenne représente actuellement un total de 1,1 million d’emplois, généralement hautement qualifiés, bien payés et non délocalisables. Avec 2500 entreprises et 220 000 salariés, la filière nucléaire est la troisième filière industrielle français. Plus, elle assure de plus une certaine autonomie énergétique aux Etat-Membres, notamment vis-àvis des fournisseurs gaziers

Et pourtant, l’option nucléaire que maintiennent et même veulent développer plus d’une dizaine d’États-membres, dont la France, fait l’objet de l’hostilité rampante des institutions européennes. Sous la pression des antinucléaires, des ONG écologistes et activistes,  de Khmers verts fondamentalistes et sourds à toute rationalité scientifique et technique, et d’Etats comme l’Allemagne et l’Autriche, les institutions européennes ont adopté des règlements qui  dissuadent les investissements de long terme et discriminent le nucléaire.

1) Attaques sur le financement : la taxonomie

Parmi les évolutions inquiétantes des cadres institutionnels européen, mentionnons en ce qui concerne la Commission, l’exclusion à ce stade du nucléaire de la taxonomie verte,

Cette taxonomie, une fois mise en œuvre, devrait fournir aux investisseurs des informations fiables sur les activités et les technologies qui contribuent aux objectifs de durabilité. Or, si le groupe d’expert a bien reconnu le caractère décarboné de la production nucléaire, il lui a refusé l’accès à des financements verts au titre d’un critère  DNSH (Do Not Significantly Harm, nuisible) concernant la gestion des déchets nucléaires.

Ceci ignore tout simplement le consensus international (USA, Japon, Canada, Russie, Chine, Finlande, Suède, France) sur la solution d’élimination géologique et les projets déjà avancés qui, après des décennies de recherches scientifiques, ont fait la preuve de leur sécurité (Cigéo en France, Onkalo en Finlande, Forsmark en Suède)

Cette exclusion de la taxonomie aurait des effets graves : elle impacterait non seulement fortement  les industries nucléaires mais  aussi toutes les industries utilisatrices qui se verraient refuser l’accès à des financements  privilégiés pour optimiser leurs process dans le sens de la transition énergétique –

Elle fragiliserait considérablement tout nouveau projet nucléaire, et ceci est d’autant plus critique que le coût du financement représente une part importante du coût final des projets nucléaires, jusqu’à 75%. Et qu’il peut être considérablement réduit simplement par une visibilité politique sur les projets !

 C’est une décision grave qui ne respecte pas le critère important de neutralité technologique, censé s’appliquer à toutes les initiatives de transition énergétique !

Il existe cependant une porte laissée ouverte par le Comité d’Experts- rappelons-le, essentiellement composés de financiers et de représentants des ONG, dont les habituels fanatiques anti-nucléaires. Celui-ci reconnaissant tout de même son peu de compétence sur le sujet des déchets nucléaires a ouvert la  possibilité d’une expertise ad hoc pour évaluer la gestion des déchets nucléaires selon les critères DSNH et de durabilité.

Un certain nombre de pays et d’organisations se sont mobilisées ( bravo à la Tchéquie, très allant sur le sujet) pour obtenir la mise en place de cette expertise.

Par contre, il est quand même hallucinant que cet appel à l’expertise scientifique soit remis en cause par un certain nombre de députés européens. Ainsi,  Bas Eickhout co-rapporteur taxonomy regulation, Greens/EFA, Sirpa Pietikainen co-rapporteur taxonomy regulation, EPP,  Paul Tang, shadow rapporteur taxonomy regulation, S&D

« En créant une structure distincte en dehors de la Plate-forme sur les finances durables ou de l’expertise interne de la Commission, il y a un risque élevé que les avis sur cette question délicate soient pris en compte par d’autres intérêts que l’intérêt général.

En outre, nous sommes préoccupés par le fait que la création de nouvelles procédures spécifiques sur la question de l’énergie nucléaire risque de retarder le processus d’adoption rapide de la loi déléguée. La crise climatique et les initiatives de relance de Covid-19 ont besoin d’urgence des deux premiers objectifs environnementaux de la taxonomie pour être opérationnels.

Nous vous demandons donc instamment de veiller à ce que l’évaluation sur la question particulière de l’énergie nucléaire soit effectuée par la Plate-forme de financement durable et la Commission elle-même, sans la création d’un groupe d’experts ad hoc et sans sous-traiter les avis sur cette question à une troisième partie. »

Autrement dit, le groupe d’expert TEG, essentiellement financier plus qqs  ONG antinucléaires a reconnu son manque d’expertise sur la question des déchets nucléaires et laissé la porte ouverte à une expertise scientifique dédiée..et la réaction des rapporteurs sur la taxonomie est de dire : non, on ne veut pas d’expertise scientifique. Scandaleux !

Décidément, le lobby éolien est très fort !



Rappelons quand même que le volume des déchets de forte activité, après retraitement, représente en France 3 % des déchets radioactifs, soit l’équivalent d’une piscine olympique pour l’ensemble du parc français depuis sa création. Pour ces déchets ultimes, l’enfouissement profond dans des dépôts géologiques (de stabilité supérieure à 150 millions d’années contre une radioactivité détectable de 15.000 ans pour les déchets retraités) constitue une solution validée par les autorités de sûreté de nombreux pays (France, Finlande, Suisse pour l’Europe, mais aussi USA, Japon, Canada, Russie, Chine).

Ca va donc être chaud, et tout va se jouer dans la constitution du ou des groupes d’experts. Le fonctionnement de l’Europe est tout de même assez déprimant : un sujet aussi important que l’investissement dans le nucléaire pour répondre au défi climatique  y est traité de manière opaque et non rationnelle

Cf. sur ce blog : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/urgence-nucleaire-et-climatique-alerte.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/taxonomie-verte-consultation-europeenne.html

2) Le jour où le Parlement européen a failli imposer à toute l’Europe de sortir du nucléaire !

Le Parlement Européen, lors du vote d’une Résolution sur la COP 25, le 28 novembre 2019, a dû se prononcer sur un amendement proposé par le SPD allemand et adopté par la Commission ENVI (« amendement 56 ») estimant «  que l’énergie nucléaire n’est ni sûre ni durable sur le plan environnemental ou économique » et  proposant «  par conséquent, de mettre au point une stratégie de transition juste visant à supprimer progressivement la production d’énergie nucléaire dans l’Union, en proposant de nouveaux emplois aux personnes qui travaillent dans le secteur du nucléaire ».

Il s’en est fallu de peu que passe ce nucléaire « phase out » : 322 contre 298 ! A 322 voix contre 298, le Parlement européen a décidé que, non, les Institutions européennes ne devaient pas forcer les Etats à sortir complètement du nucléaire ! 322 contre 298 ! Et encore à cette période, les députés britanniques, généralement favorables au nucléaires, travaillistes comme conservateurs, participaient encore au vote)

A noter que Pascal Canfin, président de la Commission Envi s’est opposé en vain en commission  à l’amendement anti-nucléaire du SPD. A noter qu’il est tout de même président de cette commission et qu’il a été mis en minorité ! Et que au moment du vote plénier, il n’a pas voté en faveur du maintien du nucléaire. C’est assez inquiétant pour le futur et la composition de la commission Envi laisse présager une prise en main par la démagogie et les écolos bigots.

Le vote pour contrer l’amendement de bannissement du nucléaire a été le suivant :

ECR : 51  (une grande partie de Polonais), GUE : 3 (Irlande, Tchèquie, Espagne),ID : 60,NI : 10, PPE : 109 ( la plupart des français, 40% des Allemands…tiens, tiens, ça commencerait à bouger dans la droite Allemande, vivement que Merkel s’en aille), Renaissance : 47, SD : 31 

 A noter que Renaissance ( où sont les députés français LREM) s’est divisé sur le sujet, 35 députés, dont Canfin et Durand ) votant contre l’amendement 38 ( qui annulait l’amendement ani-nucléaire du SPD). Mentionnons tout de même que Christophe Grudler ( Renaissance, ex- Modem, implanté à Belfort) a joué un rôle important dans la rédaction de l’amendement 38 et donc cette réaction salutaire.

Cf. sur ce blog : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/le-parlement-europeen-et-la-politique.html

L’action de sape de certains Etats

L’Autriche et le Luxembourg ont porté plainte en 2015 devant le Tribunal de l’Union Européenne contre les subventions accordées par Londres pour la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point.

Ils ont été déboutés une première fois  en 2016, le Tribunal considérant qu'un Etat membre a le droit de "définir son bouquet énergétique", et de "définir le développement de l'énergie nucléaire comme l'objectif d'intérêt public poursuivi par les mesures d'aide", mais ont fait appel devant la Cour Européenne de Justice.

Celle-ci , le 7 mai 2020, a rendu un premier avis consultatif concluant que la production d’énergie nucléaire relève des intérêts économiques de l’UE.

Peu dissuadée, l’Autriche a ensuite déposé plainte auprès de la Commission européenne au sujet de l’approbation des subventions de l’État hongrois pour la construction de deux réacteurs à la centrale nucléaire de Paks…

Ces actions juridiques, même si finalement elles n’aboutissent pas, créent un climat d’insécurité peu propice aux investissements et à des projets industriels inscrits dans la durée. Elles participent d’un véritable agenda multiforme d’étranglement du nucléaire, agissant au niveau financier, politique et juridique, mené par des groupes militants très organisés qui ont une stratégie très efficace d’influence à différents niveaux des Institutions Européennes. Les critères de rationalité scientifique et technique sont bafoués, des décisions critiques sont indéfiniment retardées, le secteur nucléaire et ses clients et fournisseurs s’en trouvent déstabilisés, nos salariés découragés et finalement, notre industrie est en danger.

L’Europe se déchire  sur le nucléaire

En Europe, la Grande Bretagne a un plan ambitieux de développement du nucléaire  avec deux EPR en construction, deux autres prévus et en tout Un plan de 16000 MW de nouvelles centrales nucléaires (soit l’équivalent de 10 EPR). La Pologne a également un plan ambitieux : 6 à 9 GW de nucléaire (on part de 0) d'ici 2040, avec un premier réacteur souhaité en service pour 2033. La Finlande a investi dans un EPR et  projette deux nouveaux réacteurs nucléaires (type de réacteur non encore choisi), dont un sur le site de Loviisa). Le gouvernement tchèque a décidé en juillet 2019 la construction d’un nouveau réacteur nucléaire dans la centrale de Dukovany, dans le sud du pays. Avec déjà 57% de part de nucléaire dans son mix électrique, la Slovaquie souhaite capitaliser sur ce point fort pour sortir de sa dépendance aux hydrocarbures et réduire ses importations ; elle compte mettre en service deux nouveaux réacteurs dans sa centrale nucléaire de Mochovce. La Hongrie prévoit deux nouvelles tranches dans  la centrale nucléaire de Paks. La Rpumanie prévoit deux réacteurs de plus sur le site de Cernovoda et étudie des projets pour 4 réacteurs supplémentaires. La Suède, l’autre grand pays du nucléaire ( certaines années, elle dépasse la France en pourcentage d’électricité nucléaire) prévoit de remplacer ses centrales historiques par de plus modernes lorsqu’elles seront arrêtées. En mai 2019, la Bulgarie a lancé un appel à projets pour relancer la construction d’une deuxième centrale nucléaire à Béléné, devant accueillir deux réacteurs russes La France aussi a un programme de nécessaire de remplacement de certaines centrales par 6 EPR.

Rappelons que  conformément au traité de Lisbonne, c’est la seule prérogative des États Membres de décider de leur mix énergétique. Ceux-ci ont à faire face à des contextes géographiques et économiques très différents et doivent pouvoir choisir leur palette d’outils bas carbone et faire leurs propres choix technologiques pour réussir leur transition énergétique. Le respect du principe de neutralité technologique est essentiel et a d’ailleurs été entérine lors des Conseils Européens des 12 et 13 décembre 2019, qui reconnaissait aux Etats Membres la légitimité de recourir au nucléaire pour remplir leurs objectifs climatiques :

« Le Conseil Européen est conscient de la nécessité d’assurer la sécurité énergétique et de respecter le droit des Etats Membres de décider de leur bouquet et de choisir les technologies les plus appropriées. Certains Etats Membres ont indiqué qu’ils recourent à l’énergie nucléaire dans le cadre de leur bouquet énergétique national »

 Si, malgré cette décision du Conseil, des Etats se voyaient interdire l’accès à des financements verts pour des projets importants et structurants selon des critères technologiquement injustifiés (par exemple dans le cas des projets nucléaires en Finlande, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie), cela créerait des tensions politiques fortes en Europe à un moment où celle-ci va devoir faire face à une crise économique sans précédent.


samedi 13 juin 2020

Black out : Elisabeth Borne et François Brottes (RTE) sont sur un bateau…et commencent bien tardivement à s’inquiéter !


Conférence de presse hallucinante de Borne et Brottes, jeudi 11 juin 20 : Le black out approche

Soit la ministre de quoi au fait, de «  la transition écologique et solidaire » ( en passant, c’est quand même un peu fort de café qu’il n’y ait pas de ministre de l’énergie compte tenu de l’importance multiforme de l’énergie, essentielle à toutes les autres activités, et il n’y a même pas le mot énergétique dans on ministère et François Brottes, le président du Réseau de Transport Electrique ont tenu conférence de presse commune !
                                           
C’est qu’à force de faire n’importe quoi, les deux zouaves commencent à vraiment s’inquiéter d’un risque de blackout, c’est-à-dire d’effondrement du réseau dont ils devront porter la responsabilité politique. Un black out, c’est je rappelle l’électricité  sur toute une région ou un pays, qui pouf, disparait :  les transport en commun s’arrêtent, comme ça, en plein tunnel, plus d’ascenseurs, plus de codes, plus de lumière, plus de respirateurs, plus d’hôpitaux ( oui, normalement un groupe de secours est censé fonctionner, en théorie ; dans la pratique, les chirurgiens tentent de finir leur intervention à la lueur de leurs portables, comme c’est arrivé en Australie du Sud) plus de wi-fi,…

Tiens une petite image du black out londonien, le vendredi noir londonien -9 août 2019, 



Et le black out en France arrive. Le risque, on le connait depuis longtemps, et c’est pas une découverte. Mais la crise du Covid est passé par là et a encore aggravé la situation.

Le quasi black out du Covid : les dénégations de François Brottes

Le 23 avril 2020, en plein crise COVID, la France a échappé  de justesse à un black out avec une fréquence descendue à  49, 8801 Hz à 10 heures et 10 secondes ! En cause, exactement ce qui était annoncé, la priorité sur le réseau des ENR et leur brusque variation.

 Commentaire désinvolte du très politique président du réseau, François Brottes : c’est « une sorte de nouveau sport » consistant à « éviter les surtensions » en raison du risque d'écroulement"…."Cette situation a amené quelques surprises car on n'avait jamais connu une telle profondeur".

 Le mot black out n’a pas été prononcé, mais c’est bien ce qui a failli se passer, en plein Covid ! Avec les hôpitaux fonctionnant à plus que flux tendu !

 Et c‘était parfaitement prévisible ! La cause : l’intermittence et les fortes et rapides variations des énergies renouvelables et leur priorité d’accès au réseau. Peu avant, Fatih Birol Directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), avait attiré l’attention sur le risque accru de blackout en période de faible consommation, telle que celle entraînée par les mesures de confinement. Pour la raison que la part d’énergies intermittentes est augmentée du fait de leur priorité sur le réseau et qu’on peut d’autant moins compter sur la flexibilité de la consommation industrielle pour rétablir l’équilibre que cette consommation est réduite.

La logique du fada (François Brottes)

 Alors, cette déclaration de François Brottes est proprement ahurissante, lorsqu’il annonce fièrement : « « Le 11 mai dernier, 30% de la consommation électrique assurée avec l'éolien. Ca n'est plus anecdotique»
 Ohé Fada, justement c’est bien le problème et c’est bien de là que vient le risque de black out !!
 Bon d’abord, ce qui était vrai le 11 mai ne l’était plus du tout le 21 mai où la production éolienne représentait à tout péter 5 % de la consommation (Merci @AStrochnis https://twitter.com/AStrochnis/status/1271090727502700545?s=09)


Heureusement que le nucléaire était là et bien là !

 Et si on prend tout le mois d’avril (Merci Sylvestre Huet), on voit que le production éolienne a été constamment médiocre et vraiment intermittente


Heureusement que le nucléaire était là pour compenser . Il a vaillamment fait du suivi de charge, ce qui est un peu une aberration technique et économique, il n’est vraiment pas fait pour ça, mais il peut le faire ( et, en passant, l’EPR le fera encore mieux !)
Bon, c’est passé pendant la crise du Covid, de justesse, grâce au nucléaire, pas à l’éolien. Alors quand François Brottes se vante de ses 30% d’éolien le 11 mai, soit il est incoscsient, soit il se moque du monde. Car aller au-delà de 30% d’éolien , comme les Anglais et les Australeins  du Sud l’ont expérimenté, c’est courir le risque certain d’un effondrement massif du réseau, un black out vrai de vrai , et un sévère !

 Un black out cet hiver ? Chronique d’un désastre annoncé !

 On a échappé au black out en plein Covid, mis cet hiver, ça risque d’être beaucoup plus tendu. Et c’est pas non plus une surprise, ça a été plutôt bel et bien annonce.

 La France a un problème historique de pointe hivernale : en raison du fort équipement en chauffage électrique ( NB c’est bon pour lutter contre le réchauffement climatique, ça évite de brûler du gaz et de dégager des tonnes de CO2),  lorsque la température baisse de manière importante, il faut mobiliser tous les moyens disponibles du réseau électrique et importer de l’électricité depuis nos voisins européens – alors que la France est d’habitude exportatrice le reste de l’année !

Par hiver froid, en période normale, on est ric-rac !

Or déjà, avant la crise du Covid, et en prévision de la fermeture de Fessenheim, le RTE avait averti -le RTE, les subordonnés de François Brottes)

« Extrait du Bilan prévisionnel 2019 de RTE : «Or, au cours des 15 dernières années, la France est passée de cette situation de surdimensionnement à une situation de respect strict du critère de sécurité d’approvisionnement. Ceci est principalement le fait de  fermetures d’installations au fioul et au charbon. De nombreuses centrales de ce type (pour une puissance cumulée de près de 12 GW) ont été mises à l’arrêt depuis 2012, pour des raisons environnementales (ces moyens étaient parmi les plus émetteurs de gaz à effet de serre du parc) et économiques (ils fonctionnaient très peu). »

 Mais depuis, il y a eu 1) la fermeture du premier  réacteur de Fessenheim, puis celle du second prévu cet été. 2 fois 800 MW qui vont bien manquer !!

 Et 2) il ya eu la crise du Covid. Pendant la crise du Covid,, EDF a tenu, le nucléaire a tenu, et c’est heureux, l’électricité étant un bien essentiel. Mais  EDF a fonctionné avec deux tiers des effectifs habituels, mesures sanitaires oblige ; et les visites décennales de centrales nucléaires (6 prévues en 2020 et 7 en 2021) vont prendre trois mois de plus que prévu - certains réacteurs seront donc arrêtés plus longtemps. Et ils vont cruellement manquer cet hiver .
D’où l’inquiétude des deux compères, Borne et Brottes,  dont la responsabilité est engagée.

 Premier réflexe ; mettre en cause EDF :

 Borne : « «La crise que nous vivons nous montre les difficultés que nous avons à mener les grandes opérations de rechargement de combustibles et de maintenance de nos centrales nucléaires», déclarait le mois dernier la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne. »

 Menteuse ! Non, madame, EDF sait très bien faire ses arrêtes de tranche, elle est l’une des entreprises les plus performantes et les plus efficaces en ce domaine, au point de servir de modèle à ses homologues étrangers.

 Borne : « Du fait de la crise sanitaire, les travaux de maintenance habituels des centrales nucléaires ont été décalés. J’ai demandé à d’optimiser leur calendrier pour assurer le strict respect de la sûreté des centrales et le meilleur approvisionnement électrique cet hiver »

 Menteuse ! La crise du Covid a contraint à retarder les arrête de tranche et EDF ne vous a pas attendu pour les replanifier autant que faire se pouvait :  le groupe a reporté en 2021 la maintenance de huit réacteurs nucléaires prévue cette année, afin de pouvoir compter sur eux pendant la vague de froid.
 Au-delà, c’est pas trop possible !

 Brottes et Borne, message martelé  dans leur conférence conjointe du jeudi 11 juin. ; « Il n’y aura pas de black-out l’hiver prochain en France ». Autrement dit : pas de risque de coupure généralisé du courant.

 Ben tiens, mais c’est pas du tout l’avis du député (pourtant LREM) Anthony Cellier, rapporteur de la loi énergie climat votée en 2019. « Suite au #Covid_19, il y a un risque pour la sécurité d’approvisionnement électrique pour les hivers 2021 et 2022 en France. Pour moi, nous ne pouvons ignorer l’hypothèse d’un Blackout ! » (Twitter)

 En prévision de production, « on passerait alors d’une production de 380 terawatts-heure (TWh) en 2019 à quelque chose de l’ordre de 300 TWh en 2020, détaille François Brottes. La différence est notable. Nous serons donc cet hiver dans une situation "dégradée", avec 6 GW [de capacités nucléaires disponibles] en novembre/décembre et 3 GW en moins en février par rapport au planning prévu avant la crise sanitaire, observe François Brottes, président de RTE, en charge de l’équilibre du réseau électrique.

La première réaction , c’est déjà fallait pas fermer Fessenheim et ses 1.8GW

 Commentaire de Sylvestre Huet : « oui, cette électricité est utile…il aurait donc été raisonnable de prévoir, dès maintenant, l’arrêt définitif des deux réacteurs de Fessenheim à l’horizon 2040 au plus tard dans le cadre d’un plan général organisant la fin de l’exploitation de tous les réacteurs de cette génération afin de lisser dans le temps leurs mises à la retraite. » https://twitter.com/HuetSylvestre/status/1271158836842377217?s=09)

Elisabeth Borne a exclu de retarder la fermeture du second réacteur de Fessenheim : «  « On ne change pas de trajectoire et de politique énergétique du jour au lendemain », De fait, je laisse aux spécialistes la question de savoir si ce serait possible et si l‘Autorité de Sureté l’accepterait, et quels investissement seraient nécessaires. De fait, il paraot très difficile de revenir sur ce processus bien enclenché.

Encore une fois, c’était pas fermer Fessenheim du tout qu’il aurait fallu, une fermeture purement pour motif de basse politique, complaire aux écolos bigots et anti nuc ( ils e le sont pas tous)

Mais alors comment Borne et Brottes compte s’y prendre pour éviter le black out ?

 1) le charbon !!

 Les quatre dernières centrales à charbon encore en activité en France pourraient rendre des services précieux cet hiver en cas de pic de consommation. « Celles-ci doivent fermer d'ici 2022 – « le calendrier reste inchangé », indique Elisabeth Borne

 Tiens, on fait comme les Allemands, on ferme du nucléaire pour remettre du charbon en route. Ca, c’est de la politique climatique, cocotte !

 2) Les coupures ciblées

 - Chez les industriels : Si la température venait à descendre nettement en dessous des moyennes de saison, le gouvernement et RTE ont mis en place un bouquet de leviers pour tenter de faire baisser la consommation dans les moments difficiles. Il existe des contrats avec des grands industriels qui sont rémunérés annuellement pour accepter des coupures très rapides qui permettent d’économiser l’’énergie.

Ca c’est bon pour la production, cocotte ! déjà qu’elle est en berne avec la crise Covid,

-Chez les citoyens : on demandera aux citoyens de faire des efforts en généralisant un dispositif appelé EcoWatt, déjà testé en Bretagne et en région PACA. Les volontaires reçoivent un SMS les invitant à décaler leur consommation d’électricité lorsque le réseau est en tension.

Bon, va falloir s’acheter des couvertures ! Et les efforts seront-ils volontaires ? Après tout, avec Linky, on peut facilement à distance vous effacer du réseau si on juge que vous consommez trop !

3) les thermostats : un « coup de pouce » pour l’installation de thermostats qui permettent ne pas chauffer au-delà d’une certaine température ou de ne pas chauffer du tout en cas d’absence. Ce « coup de pouce » prendra la forme d’une aide de 150 euros en certificats d’économie d’énergie à partir du 1er juillet
 Ben, si ça se passe comme l’isolation des combles à 1 euros, il y a de sérieux doutes sur l’efficacité !

4) Une campagne de l’Ademe (Agence de l’environnemnt et de l’énergie) démarrera en septembre pour sensibiliser les citoyens aux écogestes.

 Bon, moi je serais plutôt partisan d’une campagne citoyenne pour sensibiliser l’Ademe aux réalités physiques et technologiques de la production d’électricité et au calcul du coût réel des ENR. La Cour des Comptes peut les aider…

 La logique du fada (Elisabeth Borne) 

 Coup de pied de l’ânesse : « La situation me conforte dans l’idée qu’il faut avoir un mix électrique diversifié. Tout en saluant l’extrême professionnalisme des agents d’EDF, force est de constater que dépendre d’une source d’électricité à 70 % n’est pas la façon d’être le plus résilient »
 Alors là, on hésite entre l’imbécillité ou le cynisme politicien et prendre les gens pour des imbéciles ?

 C’est en supprimant des sources d’électricité pilotables, du nucléaire, et  en les  remplaçant pas des sources intermittentes  ( et plus carbonées, surtout lorsqu’on les complète par du gaz ou pire du charbon) que l’on devient plus résilient ??? Et plus climatique ???
 Il va nous manquer cet hiver entre 3 et 6 GW de nucléaire, et c’est dramatique parce que cela va mettre, en plein hiver, notre pays en danger de black out.

 Et la conclusion, c’est : il nous faut moins de nucléaire ??

 Tiens, un avis de recherche assez drole @Tristan Kamin : pour compenser ces 3 à 6 GW nucléaire manquant, nous sommes à la recherche des 25 GW d ENR essentiellement éoliens installés à coup de dizaine de milliards d’aides et subventions diverses ( 120 milliards selon la Cour des Comptes, soit plus de 10 EPR)

Eh ben, on peut simplement pas compter dessus ! Puisqu’ils sont intermittents !

 La conclusion, c’est : il nous faut moins de nucléaire ??

 Ben non, plus de nucléaire ! C’est d’ailleurs l’avis de l’Agence internationale de l’Energie (cf. le thread de Tristan Kamin