Suite logique des deux précédents blogs :
Une sortie de crise climatique
et post-Covid intelligente : relancer le nucléaire !
Au Royaume-Uni, le nucléaire
fait partie de la relance !
Le plan à 750 milliards d’euros.
Et pour la France ?
Pour sortir l’Europe
d'une récession sans précédent, la Commission européenne veut emprunter
sur les marchés 750 milliards d'euros. Jamais dans l'histoire de l'Union, elle
n'avait levé une telle somme au nom de l'UE. Il s’agit pour l’ Allemagne, qui ouvert la voie fin mai 2020 à une telle
proposition d’un virage à 180°C en prônant, aux côtés de Paris, une
mutualisation des dettes entre les États membres. La Commission pourra
emprunter auprès des à des taux d'intérêt peu élevés ; de qui est
intéressant pour les pays du Sud pour les pays du Sud, comme l'Italie et
l’Espagne, dont la dette explose ; et pas sans intérêt non plus pour
l’Allemagne qui commençait à craindre une dislocation de la zone euro qui
pourrait lui revenir très cher.
Sur les 750 milliards d'euros, 500 milliards seraient
redistribués sous forme de subventions et 250 sous forme de prêts. Alors, attention,
le vocabulaire est trompeur. Les prêts seront remboursés par les emprunteurs,
et les subventions…seront aussi remboursées, mais par les Etats Membres,
probablement au prorata de leur contribution au budget européen.
L'Italie et l'Espagne, dont les économies seront bien
mises à mal par l’effondrement du tourisme pourraient recevoir respectivement
plus de 172 milliards d'euros et 140 milliards d'euros (répartis entre
subventions et prêts). Après la Pologne (avec 63,838 milliards), la France
serait le quatrième bénéficiaire ( ?) avec 38,7 milliards de subventions
uniquement.
Oui, mais attention, il faudra rembourser, et, la France
étant contributeur net au budget européen, il se pourrait qu’en fin de compte,
elle se trouve à rembourser bien davantage que ce qu’elle aura touché en
subventions.
La France est un des États contributeurs nets au budget
de l'Union européenne à hauteur de plus de 8 milliards d'euros par an.
Pourtant, l'ensemble de nos territoires, à l'exception de l'Ile de France, ont
un PIB par habitant inférieur à la moyenne européenne et le PIB par habitant de
la France est inférieur à la moyenne de la zone euro. Nous n'optimisons pas assez
les mécanismes européens au service de notre performance économique. De
surcroît, la France connait un déficit commercial de plus de 30 milliards
d'euros par an en moyenne dans le marché intérieur (15 milliards avec
l'Allemagne, 8 milliards avec les Pays-Bas, 5 milliards avec la Belgique...).
La responsabilité est d'abord à rechercher dans notre organisation et notre
manière de nous défendre.
Une partie (probablement très faible) de l’emprunt pourra
être remboursée par de nouvelles taxes européennes : la Commission
envisage une taxe carbone aux frontières de l'UE pour pénaliser les
importations de produits fabriqués par des usines polluantes, un impôt sur les
revenus des grandes entreprises, voire une taxe spécifique pour les sociétés
numériques. Elle voudrait aussi récupérer une partie plus importante des
revenus engendrés par les droits d'émissions de CO2.
Problème : les tentatives pour instaurer des taxes
européennes nécessitent l'unanimité des
27 de l'UE et ont jusqu'ici échoué,
comme ce fut par exemple le cas pour la taxe sur les GAFA.
Emprunter pour quoi faire et
dans quelles conditions ?
Les emprunts et subventions ne devaient pas être conditionnés
à des exigences de réformes structurelles, comme ce fut le cas pour la Grèce (
à voir quand même, parce qu’il est aussi mentionné que les bénéficiaires des
fonds devront également tenir compte des recommandations de la Commission
émises deux fois par an, lorsqu'elle encourage les pays membres à des réformes
structurelles). Néanmoins, pour obtenir ces soutiens financiers, les pays
bénéficiaires devront présenter un plan d'investissements et de réformes, censé
être compatible avec les priorités de la Commission européenne.
Ces dernières sont la transition écologique et numérique,
ainsi que l'amélioration de la "résilience économique". Ils devront
par exemple s'efforcer d'augmenter leur autonomie stratégique dans un certain
nombre de secteurs, notamment vis-à-vis de la Chine en ce qui concerne la
santé.
Si le paiement des intérêts commencera dès 2021, le
remboursement des sommes empruntées n'aura lieu qu'à partir de 2028 et devrait
s'achever en 2058.
Deux représentants des milieux économiques Pierre Goguet,
Président de CCI France, et Eric Schweitzer, Président du DIHK (Deutscher Industrie
und Handelskammertag) ont signé une tribune libre intitulée : Les milieux économiques des pays de l'Union
européenne (UE) ont besoin d'un plan de relance coordonné pour éviter les
réflexes protectionnistes et la tentation de renationaliser les politiques
européennes.
On en retiendra d’une part l’appel à une politique européenne et l’appel
aux instances européennes à s’impliquer davantage dans la politique
industrielle et d’autre part l’appel à ce que le Green Deal ne s’oppose pas à
la croissance ni à l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Vu les orientations du Green Deal en matière
énergétique, ça fait un peu injonction contradictoire. Sauf si, voir ci-après,
ce plan de relance européen est aussi un
plan de relance nucléaire,…ce qui n’est pas abordé par les signataires.
(https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-initiative-europeenne-de-relance-une-ambition-commune-pour-l-europe-848748.html
« Dans l’idéal, L'Europe doit absolument voir
émerger, à l'échelle de l'Union, des grands projets industriels créateurs
d'emplois. Ceci ne pourra se faire qu'à travers des investissements massifs
dans le développement de filières d'excellence dans des domaines clés, comme
ceux de l'intelligence artificielle, des matières premières critiques, de
l'hydrogène propre... La relance intègrera très probablement une réintégration
de certaines de nos chaînes de valeur en Europe - et la santé en fera
nécessairement partie. Une attention particulière devra être accordée à la
situation des secteurs européens phares - tels que les industries aéronautique
et spatiale ou l'industrie automobile - considérablement affaiblis et
entraînant avec eux la R&D, la sous-traitance et des dizaines de milliers
d'emplois en Europe.
« Un Green Deal qui soit un Good Deal pour nos
entreprise : Un autre point d'attention est le lien qui devrait exister
entre le Green Deal et le développement économique, en tant que pilier de la
reprise. La transition énergétique et les politiques climatiques ambitieuses de
l'UE doivent être traduites en une véritable stratégie de croissance pour
l'économie européenne. Toutes les mesures et tous les objectifs devraient donc
être mis en perspective avec l'amélioration de la compétitivité des entreprises
pour l'après-crise et au-delà. Sans aucun doute, le Green Deal réussira si
c'est un Good Deal pour nos entreprises. »
Les
aspects écologiques du plan de relance
Rénovation des
bâtiments, les énergies renouvelables et l’hydrogène, et la mobilité propre –
qui sont résumées ci-dessous :
Rénovation
des bâtiments : la Commission veut maintenant promouvoir une «
rénovation plus rapide et plus profonde » des bâtiments, affirmant qu’il s’agit
« d’une nécessité pour [parvenir à] une UE climatiquement neutre et d’une
priorité d’investissement claire et où tout le monde est gagnant, en faveur
d’une relance verte, numérique et équitable ».
En matière de financement, la Commission prévoit
d’instaurer un « mécanisme européen de financement des rénovations », qui
disposera, dans un premier temps, de 91 milliards d’euros par an. Associé à
d’autres sources de financement, il devrait totaliser 350 milliards d’euros
d’investissement par an.
Énergies
renouvelables et hydrogène : Les
marchés de l’énergie solaire et éolienne devraient se contracter de 20 à 33 %
cette année, selon la Commission.. Le
plan de relance propose de se concentrer en parallèle sur les énergies
renouvelables et sur l’hydrogène, indiquant que les deux sont nécessaires pour
une décarbonisation en profondeur. « Sans une croissance durable du marché des
énergies renouvelables, il n’y a pas d’avenir pour l’hydrogène propre en
Europe, alors que la technologie de l’hydrogène durable a un rôle crucial à
jouer dans la décarbonisation de l’économie », souligne le document.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, les
principaux aspects du plan de relance comprennent un système d’appel d’offres
de l’UE pour des projets d’électricité renouvelable atteignant 15 GW sur deux
ans, avec un investissement total de 25 milliards d’euros, ainsi qu’un soutien
aux dispositifs nationaux de 10 milliards d’euros sur deux ans.
Les fonds attribués à l’hydrogène, qui s’élèvent
aujourd’hui à 650 millions, vont doubler, et 10 milliards d’euros seront
investis dans le développement de cette technologie sur 10 ans. La Commission a
également l’intention de prendre un « engagement pour un million de tonnes
d’hydrogène propre ». Cela comprendra un « projet pilote de « contrats carbone
pour la différence » (CCfD) destinés à soutenir la production d’hydrogène
propre ». Ce système est « semblable aux systèmes d’appel d’offres pour
l’énergie renouvelable » et « pourrait combler la différence entre le prix de
levée du CO2 et le prix réel du CO2 dans le SCEQE » afin de réduire l’écart de
coût entre l’hydrogène conventionnel et l’hydrogène décarbonisé ( ?)
Mobilité
propre : Pour l’industrie
automobile, le plan propose un dispositif d’achat de véhicules propres à
l’échelle de l’UE, qui réduit les émissions de CO2 et de polluants
conformément aux normes européennes. Montant : 20 milliards d’euros au cours
des deux prochaines années.
Concernant le secteur ferroviaire, un nouveau train de
mesures sera adopté pour un montant d’environ 40 milliards d’euros. Il mettra l’accent sur les principaux
corridors où les passagers et le fret peuvent passer au rail. Le plan de
relance prévoit également d’octroyer davantage de fonds aux programmes de
mobilité urbaine, tels que les infrastructures cyclables. Ces fonds seront
attribués dans le cadre des programmes de financement régionaux de l’UE.
Deux autres chapitres sont consacrés à l’économie
circulaire et au secteur agricole, et mettent l’accent sur la numérisation.
Commentaire :
on comprend assez mal cette insistance
sur l’hydrogène dont le moins qu’on puisse dire est que sa place dans la
transition énergétique n’est pas encore très assurée. Greenpeace ( tiens, pour
une fois, on serait presque d’accord) semble soupçonner une influence des lobby
gaziers pour verdir leur gaz. Du point de vue CO2 et bilan énergétique, ce
serait complètement absurde.
Cependant, quelques constructeurs automobiles, et pas des
moindres et des moins intelligents (Toyota, Honda, Hyundai, BMW) considèrent
que la voiture électrique ne décollera jamais, en raison du poids et du coût
des batteries (qui déplace la chaîne de valeur des constructeurs automobiles vers
les fabricants de batterie), lequel coût diminuera peu en raison des tensions
sur les minéraux nécessaires dont le lithium de son autonomie, de la lourdeur
des infrastructures nécessaires et se lancent résolument vers les véhicules à
hydrogène. Leur stratégie parait assez convaincante…et l’infrastructure sera
plus simple ! (avec 200 stations d’hydrogène sur les autoroutes vous
pouvez alimenter des flottes de milliers de véhicules à hydrogène) (cf. https://www.transitionsenergies.com/constructeurs-automobiles-croient-pas-electrique
batteries/?_lrsc=23e24304-8505-4f0d-8d58-db57a5b78288)
Quant à créer une industrie de l’hydrogène à partir de
l’électricité renouvelable….power to gaz, le moins qu’on puisse dire est que les ordres de grandeur n’y sont pas , mais
alors pas du tout. Si l’hydrogène devait
s’avérer un vecteur énergétique important pour le futur, la synthèse d’hydrogène
propre exigera beaucoup, beaucoup d’électricité, une électricité abondante,
économique, pilotable, décarbonée, fiable. Bref, une énergie nucléaire.
Si
l’hydrogène c‘est le futur, alors il faut investir rapidement et massivement
dans de nouvelles centrales nucléaires !
Or le mot nucléaire n’est pas prononcé et rappelons que
le nucléaire a été exclu pour l’instant par la Commission Européenne de la
taxonomie verte, c’est-à-dire de l’accès à des financements privilégies, ce qui
est une aberration totale. Ce qui lui est reproché, c’est uniquement le
problème des déchets, qui contreviendrait au critère Do Not Significantly Harm.
De nombreux pays, syndicats se sont saisis d’une possibilité laissée par le
groupe d’expert qui se reconnaissait lui-même pas très compétent sur le sujet
pour faire appel à une expertise
internationale évaluant les solutions proposées pour le traitement des dcéhets
nucléaires
(sur ce sujet, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/taxonomie-verte-consultation-europeenne.html); https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/03/le-nucleaire-et-ses-dechets-3-en-avant.html)
Le
plan de relance de la Commission européenne critiqué par Foratom
La Commission européenne (CE) a présenté le 27 mai sa
proposition d’un plan de relance majeur à la suite de la pandémie de coronavirus.
C’est la réponse à une déclaration commune des membres du Conseil européen
adoptée le 26 mars, qui a appelé la Commission européenne à élaborer une
stratégie de sortie coordonnée, un plan de relance global.
Le plan de relance de l’UE devrait « se concentrer sur
des solutions qui aideront l’Europe à sortir de la crise », Foratom note que le Conseil européen avait déclaré en avril
qu’investir dans les technologies propres contribuerait à créer de la
croissance et des emplois et aurait reconnu la nécessité de produire des biens
essentiels en Europe, d’investir dans des chaînes de valeur stratégiques et de
réduire la dépendance excessive vis-à-vis des pays tiers. « Le nucléaire répond à tous ces critères
: il s’agit d’une technologie
européenne, dotée d’une chaîne d’approvisionnement européenne, capable de
fournir à l’Europe l’énergie à faible émission de carbone dont elle a besoin,
lorsqu’elle en a besoin.
Yves Desbazeille, directeur général de Foratom, a déclaré
: « La Commission a une fois de plus
ignoré la plus grande source européenne d’énergie de répartition à faible
émission de carbone. Le nucléaire est une technologie européenne à faible
émission de carbone, qui assure la sécurité de l’approvisionnement et crée des
emplois dans l’UE." Foratom a recommandé que le plan de
rétablissement :
Assure la sécurité
d’approvisionnement : Pendant la crise, le nucléaire s’est avéré à la fois
dépêché et flexible. En outre, les CNP européens disposent de suffisamment de
carburant pour fonctionner pendant
environ trois ans.
Porte
suffisamment attention aux technologies européennes qui créent des emplois et à
la croissance dans l’UE : l’énergie nucléaire dispose d’une importante chaîne
d’approvisionnement européenne. Elle soutient actuellement environ 1 million d’emplois
dans l’UE et génère environ 450
milliards d’euros de PIB, soit jusqu’à quatre fois plus élevé par unité
d’énergie que pour d’autres sources à faibles émissions de carbone.
En
fasse davantage pour atteindre les objectifs de décarbonation :
l’hydrogène peut fournir une excellente solution aux secteurs difficiles à
décarboniser, à condition qu’il remplisse trois conditions - la sécurité d’approvisionnement, une
production rentable et une empreinte carbone très faible. L’hydrogène à base
d’électrolyseur qui fonctionne à l’électricité, alimenté à la fois par les
énergies renouvelables et le nucléaire, répond parfaitement à ces
conditions.
Foratom a déclaré resté déterminée à apporter une
contribution constructive au débat. « Nous espérons qu’au cours des semaines et
des mois à venir, l’UE élaborera des politiques réalistes et fondées sur la
science qui aideront l’Europe à atteindre ses objectifs. »
Ben,
le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas gagné si le plan de relance
européen n’est pas aussi un plan de relance nucléaire !
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