IFRAP : Préserver notre atout
électricité pour la relance
Très intéressante tribune de l’IFRAP (j’ai en general
assez peu de goût pour ses solutions ultralibérales, mais leurs études sont
souvent intéressantes) . Après quant à l’interprétation…Donc tribune
intéressante intitulée Relance de
l’énergie : préserver notre atout électricité.
https://www.ifrap.org/agriculture-et-energie/relance-de-lindustrie-preserver-notre-atout-electricite
Extraits :
Avant même la crise actuelle liée au Coronavirus, la
France avait décidé d'engager la bataille de la réindustrialisation. Une action
nécessaire après les pertes de tissu industriel subies au cours des trente
dernières années. Et que l'effondrement économique causé par cette pandémie rend
encore plus indispensable….
Une bataille où la
disponibilité de l’énergie d’avenir, l’électricité, en quantité suffisante et à
des prix compétitifs, est essentielle. Deux conditions que le Grenelle de
l’environnement de 2007 et la loi de transition énergétique de 2015 avaient
négligées, tout comme la Programmation pluriannuelle de l’énergie qui vient
d'être publiée, en fixant un objectif de quantité d'énergie irréaliste et aucun
objectif de prix.
La version définitive de la PPE 2020 publiée le 29 avril
ne répond pas aux questions soumises par le public pendant les deux mois de la
période de consultation, notamment sur le coût de l'électricité. La vingtaine
de nouveaux modes de production d'énergie promus par la PPE (éoliennes marines
posées et flottantes, éoliennes terrestres, agro-carburants, méthanisation,
chaleur renouvelable, solaire photovolataïque et thermique, individuel ou
collectif, petit hydraulique, hydroliennes...) conduisent chacun à une
augmentation de coût sur la période 2020-2028 couverte par la PPE. Mais le chapitre 7.3 de la PPE 2020 consacré à la compétitivité prix ne fixe
aucun objectif ni aucune évaluation de ce critère essentiel. Ses mesures ne
proposent pas d'optimiser les coûts de production mais de subventionner
l'énergie, subventions à la charge d'EDF ou des contribuables. »
Commentaire : oui, bien sûr, mais c’est pas le seul
problème. Non seulement la PPE, et c’est encore pire dans sa nouvelle version, ignore toute considération économique,
mais en plus, elle n’est même pas
dirigée par des considérations de décarbonation, mais purement et
simplement antinucléaire, la réduction de la part du nucléaire ( fermeture de
14 centrales) étant devenue un objectif en soi, au détriment même de la
décarbonation ( en remplaçant du nucléaire par 20% d’éolien et 80% de
gaz !)
En fait, cette PPE s’inspire de l’Energiewende, qui est
un échec complet, du point de vue de la décarbonation, du prix et de la
sécurité d’approvisionnement. C’est un torchon de papier bureaucratique.
Renoncer au nucléaire, c’est tuer nos industries electrointensives !
L’industrie
consomme 20% de toute l’énergie utilisée en France, et la part de l’électricité
est constamment croissante. Sur la
période de 1981 à 2011, sa part a augmenté de 54%, un peu moins que le gaz,
une énergie de plus en plus utilisée, moins polluante que le pétrole, mais que
l’électricité devrait largement remplacer à l’avenir. C’est ce qu’ont annoncé
par exemple les industriels du verre
engagés à construire ensemble un premier four électrique de grande capacité. Un
prototype visant à réduire les émissions de CO², destiné à être généralisé vers
2040 mais très sensible au prix de l’électricité.
Parmi
tous les secteurs industriels, cinq se distinguent nettement comme électro-intensifs (cimenterie,
sidérurgie, papier, chimie, alimentaire).
La compétitivité des 523 usines électro-intensives
françaises est très sensible au prix de l’électricité, et les fonderies
d’aluminium constituent un cas extrême, mais important. Le prix élevé
de l’aluminium pour des volumes relativement faibles rend supportable les coûts
de transport, et exacerbe la concurrence mondiale. La lettre 92 de Géopolitique
de l’électricité : Union européenne résume la situation :
« Les
États de l’Union européenne ont jeté l’éponge : leur industrie électrique fragilisée par la transition énergétique est
de moins en moins apte à alimenter les fonderies d’aluminium. L’UE est
désormais tributaire à 70% de l’extérieur pour ses besoins primaires en ce
métal, essentiel pour toute économie du XXIème siècle. La fonderie de
Dunkerque, la plus importante de l’UE, alimentée par une centrale nucléaire,
fait exception. Les fournitures de Rusal, entreprise russe proche du
Kremlin, sont indispensables. On l’a bien vu en 2018 lorsque ses clients
européens ont été menacés de sanctions américaines. Ce qui les aurait amenés à
se tourner davantage vers le nouveau géant de l’aluminium, la Chine, dont les
exportations « tuent lentement » ce qui reste de l’industrie correspondante
européenne (suivant un dirigeant de la profession). »
Que restera-t-il de l’usine d’aluminium de
Dunkerque alimentée par la centrale de Gravelines à des conditions
préférentielles si un ou deux réacteurs de cette centrale sont arrêtés, et que
la France renonce à un projet d’une paire d’EPR sur ce site d’ici 2050 ?
D’autres entreprises électro-intensives (ex. cimenteries) sont moins exposées à
la concurrence internationale, mais l’augmentation de leurs coûts se
répercuterait directement sur celui des logements et des autres bâtiments.
Les investisseurs étrangers intéressés par une
localisation de leurs activités en France reconnaissent que la qualité de notre
système électrique est un des facteurs de compétitivité de notre pays.
L'industrie de l'électricité : la fermeture de 14 centrales constituerait un
véritable plan de désindustrialisation.
"L’arrêt
du premier réacteur de Fessenheim a provoqué la stupeur d’une partie des
Français et des étrangers. Dans des domaines récents, la France a courageusement
remis en avant la raison cartésienne. Il est par contre étrange que, dans le
domaine de l’énergie, les gouvernements se laissent totalement guider par
l’émotion. Parmi de nombreux autres, le texte d’Elie Cohen sur Telos décrit bien
l’incohérence des décisions concernant l’énergie. Ségolène Royal avait au moins
prévu cette fermeture au moment de la mise en production de l'EPR de
Flamanville. Dès les prochains mois, des
centaines de salariés d’EDF vont quitter Fessenheim, et cinq cents employés des
sous-traitants seront bientôt sans emploi. Aucun projet industriel concret de
remplacement n’est en voie de réalisation. En plus des conséquences locales
désastreuses, la politique de renchérissement du coût de l’électricité, voire
de pénurie, a des conséquences moins visibles, réparties à travers toute la
France, mais beaucoup plus nocives.
Alors
que les annonces du 27 novembre 2019 du président de la République insistaient
sur les conditions relatives aux fermetures de réacteurs, à savoir pas de
nouvelles centrales fossiles et la sécurité électrique, le nouveau texte de la
Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) retient que 14 réacteurs devraient être fermés d’ici
2035. Si la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim pouvait passer pour un
trophée accordé aux personnes hostiles au nucléaire, la fermeture de 12 autres
constituerait un véritable plan de désindustrialisation. La PPE constate
que la filière nucléaire représente 6,7% des emplois industriels et que
prolonger la vie des réacteurs est bien la solution la plus économique. Alors
pourquoi prévoit-elle la fermeture de 14 réacteurs entrainant la suppression de
14.000 emplois dans sept territoires ? A titre de comparaison, l’année
2018 a été célébrée pour 60 créations d’usines contre 40 fermetures, et 62
agrandissements d’usines existantes, les créations d’emplois se chiffrant
en centaines par établissement, jamais en milliers.
Parallèlement
à la fermeture par l’Allemagne et d’autres pays européens de leurs centrales nucléaires
(Allemagne, Belgique, Suisse), à charbon et à lignite d’ici 2038, la fermeture par la France de 14 centrales
nucléaires pose le problème de la sécurité d’approvisionnement en électricité
en Europe, pendant les pointes de consommation, et les baisses de production
des renouvelables. Pour se protéger, l’Allemagne a clairement annoncé la construction de centrales au gaz
acheminé par le nouveau gazoduc Nord Stream 2 qu’elle a fortement soutenu,
augmentant ainsi la dépendance de l’Europe au gaz russe. Le futur décret PPE
n’a pas indiqué comment il est prévu d‘assurer une production « à la
demande » suffisante, dans le cadre d’une augmentation de la consommation
d’électricité liée aux véhicules électriques notamment. Une situation qui
explique la prise de position de l’Union des industries utilisatrices d’énergie
(UNIDEN) : « Les leviers pour relocaliser
l’industrie en France incluent un accès de long terme à une électricité de base
non intermittente, décarbonée et compétitive ». Une
façon de dire, sauf révolution technologique imprévue, qu’il faut maintenir un
parc très significatif d’électricité d’origine nucléaire."
Pas
de réindustrialisation sans nucléaire !
Perspectives de coûts de l’électricité
"L’annonce
par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’une demande d’augmentation
de 6% du tarif de l’électricité a été démentie par le gouvernement, mais
l’histoire récente a montré que ces demandes finissent par être étalées mais
effectives. L’augmentation du prix de
l’électricité résultera d’abord des surcoûts des énergies renouvelables sur les
25 prochaines années, correspondant aux subventions garanties aux producteurs
en France et dans les autres pays. Par exemple, le prix d’achat de la
production des six centrales éoliennes marines françaises attribuées en 2012,
est d’au moins 120 euros par Mwh, soit le triple des prix du marché. Ces
puissantes machines dont l’installation ne fait que commencer, produiront à ce
prix jusqu’en 2045-2050. Les éoliennes terrestres et les sources solaires
actuelles ou en cours d’installation, produiront toutes pendant encore une
vingtaine d’années à des coûts supérieurs au prix net du marché. Et les 33
milliards d’euros demandés par RTE pour adapter le réseau électrique aux
caractéristiques des énergies renouvelables, contribueront aussi à
l’augmentation du prix de l’électricité pour les particuliers, et pour
l’industrie.
Cette augmentation des prix est récente mais va
s’accélérer, remettant en cause l'un des avantages dont disposait la France
dans la compétition internationale.
La
façon dont les prix de l’électricité sont modulés en Allemagne en faveur de
l’industrie, montre l’importance de cette énergie pour ce secteur
économique : alors que les coûts de production de l’électricité y sont
supérieurs à ceux en France, son prix pour
l’industrie y est comparable, mais deux fois plus élevé pour les particuliers,
seuls à supporter ces surcoûts. Faute d’électricité compétitive, la France
serait face au même choix : pénaliser son industrie ou ses consommateurs
particuliers. Tant que ne sera découverte aucune autre solution d’électricité
disponible à la demande, à un prix acceptable, non émettrice de CO², procrastiner sur le nouveau nucléaire,
c’est handicaper notre industrie et condamner à mort à terme l’industrie
nucléaire. Or, ni les batteries ni l’hydrogène ne fourniront avant longtemps une solution satisfaisante
au problème du stockage. Le rendez-vous
de 2021 sur le nouveau nucléaire est capital. Alors que la consommation
d'électricité va augmenter dans les secteurs de la mobilité, du bâtiment
et de l'industrie, y renoncer, c’est dépendre à terme des positions
dominantes de la Chine et de la Russie."
Désindustrialiser : facile ; Réindustrialiser :
très difficile
"Que
ce soit à La Souterraine (GMS), à Amiens (Whirlpool) ou à Grandrange (Arcelor
Mittal), la désindustrialisation s’est faite sur une décision instantanée, sans
doute inévitable, et les réindustrialisations se sont avérées très difficiles,
voire infaisables. Raphaël
Schellenberger, député de la circonscription de Fessenheim et de la vallée
de Thann a obtenu la présidence d’une commission sur le suivi de la fermeture de Fessenheim, et
a aussi interpellé le gouvernement sur l’abandon
d’Astrid, prototype des centrales nucléaires de 4ème génération post-EPR…
Le projet EDF d’un centre de compétence sur le
démantèlement de 150 emplois s’est heurté à une opposition allemande. Aucun
projet industriel n’est proposé, alternatif aux 2000 emplois supprimés
selon une étude Insee demandée par Hervé Mariton en 2014. Conclusion à ce jour :
au total, malgré toutes les promesses formulées par les nombreux représentants
du gouvernement, il n’y a qu’un plan social, celui d’EDF, qui reclasse tous ses
salariés sur d’autres sites, et rien pour les sous-traitants et le territoire.
Une généreuse distribution d’argent aux collectivités locales tentera
certainement d’acheter leur silence, mais sans recréer de véritables activités
industrielles..."
Commentaire :
la filière nucléaire en France c’est 220.000 emplois pérennes, qualifiés,
plutôt bien rémunérés. La fermeture de Fessenheim s’annonce comme une
catastrophe sociale en plus d’une aberration climatique et économique et d’un
danger pour la stabilité du réseau français, et personne ne réagit à la
fermeture programmées par la PPE de 14 centrales !!!
Emplois industriels des renouvelables : la
catastrophe
"Malgré
les milliards d’investissements d’AREVA, CEA, Naval group et du Plan
d’investissement d’avenir (PIA), l’industrie française dépend totalement des
cellules solaires chinoises. Sa contribution est pratiquement nulle pour
l’éolien terrestre, et nulle pour les grands projets d’hydroliennes marines qui
ont été arrêtés. La seule exception concernant l’industrie française sera la
contribution d’usines de Général Electric France à la construction de pales et
de nacelles pour les éoliennes à l’off-shore. Au total, la majorité des emplois
liés aux nouvelles énergies renouvelables se concentrent, en France,
principalement sur le montage, l’installation, l’opération et l’entretien des
centrales, des emplois moyennement ou peu qualifiés. Un fossé par rapport aux technologies
de pointe du nucléaire"
Commentaire :
ben oui, promesses jamais tenues et effondrement brutal- les leçons de
l’ergiewende : Effondrement de
l’éolien en Allemagne en 2016 lorsque le gouvernement,
jugeant le secteur arrivé à maturité et les subventions trop lourdes pour le
contribuable, a modifié ses aides : 26.000 emplois ont été supprimés en
quelques mois. Idem pour le solaire et le mirifique Temple du Soleil qui devait
être la résurrection du Brandebourg : En une seule année, 30 000 emplois
ont disparu et des dizaines de milliards en capital privé ont été détruits et
des firmes comme Solar Millennium, Q-Cells, Centrotherm, ou Conergy ont toutes fait faillite
aussi rapidement qu’elles avaient surgi.
« La fermeture anticipée de 14 réacteurs
nucléaires est un non-sens total »
Face à cette absurdité de la PPE, à ce
gâchis monstrueux que serait la fermeture de 14 centrales, il ne s’est trouvé
qu’une vingtaine d’élus nationaux
jusqu’à présent pour régir nettement. Merci à eux, et espérons qu’ils
seront entendus et feront école !
Fermeture de 14 réacteurs : un gâchis financier, humain et climatique :
Un décret du gouvernement du 23 avril 2020, passé inaperçu dans cette
période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs
nucléaires pour les 15 années à venir. Un collectif de 21 élus, mené par le
député de Vaucluse et président d’Oser la France Julien Aubert, réagit à la
fermeture anticipée de 14 réacteurs nucléaires à l’horizon 2035. Ils dénoncent
les conséquences néfastes de cette décision sur le plan économique, industriel
et écologique.
Un décret
du gouvernement du 23 avril 2020, passé inaperçu dans cette période d’épidémie,
grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années
à venir
Ces 14 réacteurs représentent le quart du
parc nucléaire français. Les centrales nucléaires, décriées par
les écologistes, ont pourtant rendu un sacré service au climat en économisant
depuis quarante ans de gigantesques quantités d’émission de CO2. Elles rendent aussi un service important à
l’emploi et à l’économie française puisque la filière nucléaire emploie 220 000
personnes.
Avec la
fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim en février et en juin 2020, le
Gouvernement inaugure un cycle de fermeture de 14 réacteurs nucléaires. À la
demande de l’exécutif, EDF a communiqué la liste de 7 sites sur lesquels les
réacteurs nucléaires pourront être fermés par paires d’ici 2035 : au
Blayais en Gironde, au Bugey dans l’Ain, à Chinon dans l’Indre-et-Loire, à
Cruas en Ardèche, à Dampierre dans le Loiret, à Gravelines dans le Nord et au
Tricastin dans la Drôme.
Les
réacteurs fermeront à l’occasion de leur
50ème anniversaire, et même avant, pour potentiellement 4 d’entre eux. Le
coût du démantèlement est évalué à 27,3
milliards d’euros selon EDF (bien que la Cour des comptes, dans son rapport
du 4 mars, recommande la prudence et la nécessité d’ajouter d’autres dépenses à
ce chiffre, pour un surcoût d’environ 7 milliards).
Cette
décision prise par le Président de la République Emmanuel Macron pose
des difficultés majeures sur le plan de la fiscalité pour les collectivités
locales. En effet, pour la fermeture de chaque paire de réacteurs, les collectivités locales concernées
devront faire face à une perte de recettes de près de 14 millions d’euros par
an, principalement les communes limitrophes mais également le département
et la région à hauteur de 6 et 1 million d’euros respectivement. Peuvent-elles
se le permettre alors que l’État réduit d’année en année leurs recettes tout en
leur transférant de nouvelles charges ?
Aucune conversion
compensant véritablement la perte d’emplois n’interviendra à Fessenheim.
En matière
d’emploi, près de 1000 postes permanents sont nécessaires pour l’exploitation
de deux réacteurs, et jusqu’à 3000 personnes sont mobilisées lors de l’arrêt
annuel pour maintenance et rechargement du combustible. Malgré les belles
annonces des Ministres successifs de Ségolène
Royal à Élisabeth Borne, sa dauphine, aucune conversion compensant véritablement
la perte d’emplois n’interviendra à Fessenheim. Et pourtant, la plupart des
sites nucléaires français sont des poumons économiques locaux dans des
territoires éloignés.
De plus, la
réduction d’un quart du parc nucléaire impactera globalement l’ensemble de la
filière nucléaire, la troisième filière industrielle du pays, composée de 200
000 emplois et de nombreuses usines de fabrication d’équipements et du cycle du
combustible réparties en Normandie, Hauts de France, Grand Est, Bourgogne
Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Et ce ne sont pas l’assemblage final et
l’exploitation des éoliennes et des panneaux photovoltaïques dont les
composants sont fabriqués hors de France qui compenseront les pertes massives
d’emplois à venir. La situation de l’industrie française, en déliquescence,
autorise-t-elle un nouveau renoncement ?
Sur le plan
du commerce extérieur, sans compter la fragilisation de la filière nationale
face à la concurrence chinoise, américaine et russe, les centrales nucléaires
contribuent à d’importantes exportations d’électricité vers nos voisins. En 2019, les 58 réacteurs nucléaires
français ont produit 380 TWh et notre solde positif d’échanges d’électricité
fut de 55,7 TWh, soit environ 2 milliards d’euros. Là aussi, pouvons-nous
nous permettre de subir un manque d’État stratège alors que notre déficit
commercial en 2019 a encore atteint des sommets à 58,9 milliards d’euros ?
Il faudrait multiplier par 4 les champs éoliens et
solaires pour atteindre la cible affichée en 2035 par le Gouvernement.
En termes de sécurité d’approvisionnement,
le développement, même massif, de l’éolien et du solaire pourra-t-il remplacer
un tel volume de production nucléaire voué à disparaître ?
Actuellement, l’éolien et le solaire représentent 8% de la production
d’électricité française contre 71% pour le nucléaire. Il faudrait donc
multiplier par 4 les champs éoliens et solaires pour atteindre la cible
affichée en 2035 par le Gouvernement, alors que nous approcherons difficilement
la cible basse de la PPE en 2023. En Allemagne, la population est arrivée à
saturation concernant le développement de l’éolien, à tel point que l’installation
de nouvelles éoliennes a diminué de 80% en 2019 par rapport à 2018. Faut-il donc prendre un tel risque de
méga-panne électrique en France et en Europe à horizon de 10-15 ans ?
Quant à la
préservation du pouvoir d’achat des ménages et à la compétitivité de nos
entreprises, il convient de rappeler que le coût de production du nucléaire
existant est de 62,6 € par MWh comparativement à une fourchette entre 70 et 80
€/MWh pour les nouveaux champs éoliens financés en partie par la « taxe
carbone » prélevée sur le carburant. À ce coût de production, il
convient de rajouter le coût de développement du réseau et de gestion de
l’intermittence, qui est à l’origine d’une hausse qui ne fait que débuter du
TURPE, taxe pour le financement des gestions de réseaux, Enedis et RTE. À titre
de comparaison, le ménage et l’entreprise allemands paient leur électricité
près de deux fois plus cher que leurs homologues français. Ne pouvons-nous pas conserver une énergie garante d’un prix au
consommateur final compétitif ?
Concernant
la lutte contre le changement climatique, se démunir d’une énergie décarbonée
comme le nucléaire est une hérésie scientifique.
Enfin,
concernant la lutte contre le changement climatique, se démunir d’une énergie
décarbonée comme le nucléaire est une hérésie scientifique. En prenant le cycle
de vie complet, le nucléaire français produit 6g de CO2 par kWh produit contre 11g pour l’éolien, 48g pour le
photovoltaïque, 490g pour le gaz et 820g pour le charbon. En Europe, près
de la moitié de la production électrique est fournie par des centrales à
énergies fossiles. In fine, tant pour compenser la perte globale de production
que pour assurer la stabilité du réseau lorsque le vent ou l’ensoleillement est
faible (les batteries ne pouvant jouer à cet horizon qu’un rôle marginal de
stockage), la France devra importer de l’électricité carbonée. C’est un comble
pour le pays se classant actuellement 3e en Europe, derrière la Norvège et la
Suède, en matière d’émissions de CO2 pour sa production électrique.
Ainsi, tant pour des raisons économiques,
budgétaires, industrielles qu’écologiques, le Président de la République doit
revenir à la raison dans l’intérêt supérieur du pays comme de l’Europe en ne
reproduisant pas pour les fermetures des prochains réacteurs l’erreur
stratégique commise pour la centrale de Fessenheim. Ces réacteurs devront être
fermés lorsque la sûreté ne pourra plus être suffisamment garantie selon
l’Agence de Sûreté Nucléaire.
Signataires :
Julien
Aubert, Député de Vaucluse et Président d’Oser la France ;
Ain
(centrale du Bugey) : Damien Abad,
Député ; Patrick Chaize, Sénateur ; Jean
Deguerry, Président du conseil départemental ; Charles
de la Verpillière, Député ;
Drôme
(centrale du Tricastin) : Emmanuelle Anthoine,
Député ; Alain Gallu, Maire de Pierrelatte et
Président de la communauté de communes Drôme Sud Provence ; Marie-Pierre
Mouton, Présidente du conseil départemental ;
Indre-et-Loire
(centrale de Chinon) : Serge Babary,
Sénateur ; Isabelle Raimond-Pavero, Sénateur ;
Haute-Loire : Isabelle
Valentin, Député ;
Loiret
(centrale de Dampierre) : Jean-Noël Cardoux,
Sénateur ; Claude de Ganay, Député ; Serge
Mercadié, Maire de Dampierre-en-Burly ; Philippe
Thuillier, Maire de Germigny des Prés ;
Nord
(centrale de Gravelines) : Jean-Pierre Decool,
Sénateur ; Brigitte Lherbier, Sénateur ;
Haut-Rhin
(centrale de Fessenheim) : Claude Brender, Maire de
Fessenheim, Président de l’ARCICEN et Président de Fessenheim, notre
énergie ; René Danesi, Sénateur ; Raphaël
Schellenberger, Député ; Catherine Troendlé,
Sénateur et Vice-président du Sénat.
SFEN : Le nouveau nucléaire doit faire partie du
plan de relance de l’économie française (CP/12mai2020)
Dans le secteur de l’électricité où les investissements sont les clés du long terme, la réponse de Roosevelt à la crise de 1929 est porteuse d’enseignement dans la mesure où le New Deal « cherchait à piloter ensemble trois horizons d’action : l’intervention d’urgence, la relance, et un profond changement dans le projet de société (relief, recovery, reform) »
Cet avis de
la SFEN se concentre sur les deux derniers objectifs : la relance et la
transformation.
Troisième
filière industrielle nationale, ancrée dans les territoires et exportatrice,
l’industrie nucléaire est un des moteurs de la relance. C’est particulièrement
vrai du programme de maintenance et d’investissement d’EDF pour la prolongation
du parc nucléaire, dit « Grand carénage ». Au-delà des investissements sur le
parc, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) 2019-2024 a mis en
place un programme de travail destiné à instruire, d’ici mi-2021, l’option de
construire de nouveaux réacteurs nucléaires.
Un programme de
nouvelles constructions nucléaires :
- Serait un outil
efficace pour la relance de notre économie.
La construction d’une série d’EPR, infrastructure stratégique, créerait de
nombreux emplois à court-terme au sein de la chaine industrielle, avec une part
des entreprises françaises estimée à plus de 80 %. Il contribuerait à
amortir les effets de la crise d’autres secteurs sur le tissu industriel. Il permettrait de consolider les
compétences de la filière, à un moment charnière pour l’industrie avec la mise
en service des premiers EPR source de nombreux enseignements, et d’enclencher
les effets de série nécessaires pour assurer la compétitivité du nouveau
nucléaire français. Ces nouveaux chantiers, avec un des plus faibles taux
d’importation, auraient aussi un fort effet entrainement sur le reste de
l’économie (en France, chaque euro
investi dans le nucléaire génère 2,5 euros dans le reste de l’économie) et
plus particulièrement dans les territoires d’accueil. Le programme a déjà
franchi plusieurs étapes clefs, pour permettre une décision mi-2021.
- S’inscriraient
dans les objectifs de transformation de long-terme du « monde d’après ».
L’énergie nucléaire coche trois cases essentielles : elle est un des contributeurs clefs à la réalisation des objectifs
climatiques, elle est indispensable pour garantir la résilience de notre
système électrique à des chocs futurs, enfin elle est le socle de nos souverainetés
énergétique et industrielle. Au-delà, l’industrie nucléaire sera l’alliée des
politiques de réindustrialisation, en apportant à la fois de l’électricité
bas-carbone compétitive aux usines 4.0, ainsi que ses technologies et ses
savoirs faire au service de l’innovation industrielle.
Le choix de l’Angleterre : relance avec le
nouveau nucléaire- des EPR
Partant d’une
situation analogue à celle de l’Allemagne concernant le charbon et la
production électrique, l’Angleterre est en quelques années parvenue à sortir du
charbon avec un développement important de l’éolien et du gaz. Sauf que cette
situation a conduit à un black-out : le vendredi 9 août, à 16 h 16, le
gestionnaire du système électrique britannique communiquait fièrement que le part de l’éolien dans le mix
énergétique britannique atteignait près de 50 %, une demi-heure plus tard : black-out. Londres
et le sud de l’Angleterre, du Lincolnshire, à l’est, aux Cornouailles, à
l’ouest, sont touchés par une panne d’électricité géante et près d’un million
de britanniques ont été privés de courant ! D’autres catastrophes ont été
évitées de justesse.
D’autre part,
depuis le coronavirus, l’Angleterre se trouve directement confrontée au
problème de l’intermittence des ENR dont l’intermittence ne peut plus être
régulée dans une situation de faible consommation ; ainsi, le 24 Mai, le
Royaume-Uni payait 39 £/MWh à ses voisins européens pour écouler son surplus
d'électricité éolienne…. Et payait également pour importer de l'électricité
française, belge ou hollandaise quand le vent ne soufflait pas . Fiasco de
l'électricité non pilotable.
A laquelle l’Angleterre
va remédier par la construction de nouveaux nucléaire, notamment des EPR- Deux supplémentaires à EPR à Sizewell C en Angleterre, pour lesquels
EDF-Energte va soumissionner .
A noter qu’en
Angleterre, cette politique est soutenue par tout l’échiquier politique,
travaillistes comme conservateurs !
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