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lundi 20 janvier 2020

Petits problèmes avec l’éolien - 10 : Gros mensonges sur l’emploi


Marjolaine Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables et la transition énergétique présidée par le député Julien Aubert (2019):

« Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en fait. »

Rarement, on vit pareille inflation. En mai 2015, Ségolène Royal annonce la création de 100 000 emplois sur 3 ans dans les filières « vertes « ; Certains organismes, proches du pouvoir politique, sans étayer leurs prévisions, s’enflamment. L’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) pronostique « la création de 330 000 emplois en 2030 et 825 000 en 2050 ». Selon Benoit Hamon  et Julien Bayou, le porte-parole d'Europe Ecologie les Verts, le renouvelable permet de créer 4 à 6 fois plus d'emplois que le nucléaire ( soit 220000 donc allez, 1 millions d’emplois !!!). Ces chiffres sont souvent repris sans critiques, or ils sont tout simplement faux. Et ils ne parlent pas des destructions d’emplois !! , ni du type d’emplois.

L’histoire des 4 à 6 fois plus d’emplois dans le nucléaire a été débunkée par Géraldine Woessner sur Europe. Elle provient d’« une vieille étude que tous les spécialistes ont abandonnée : des chercheurs américains avaient tenté d’établir, en 2010, le nombre d’emplois créés pour chaque gigawatt-heure d'électricité produite. Il en fallait 14 dans le nucléaire, 17 dans l’éolien terrestre, et 87, donc 6 fois plus, dans le photovoltaïque. Sauf QUE : ils prenaient tout en compte. La construction, comme l'exploitation. Ils ne se demandaient pas où se trouveraient ces emplois, et les coûts des énergies renouvelables depuis, ont considérablement baissé, de même que le nombre d’emplois qui leur sont associés. Les chercheurs se sont tellement trompés que peu se risquent, aujourd'hui, à des prévisions…

Les professionnels de la filière photovoltaïque, par exemple, promettaient 100.000 emplois d’ici 2020. Il y a eu moins de 4.000. Parce que la France n’a pas développé d’industrie, on achète nos modules en Chine… On se souvient des 230.000 jobs promis en 2007 au moment du Grenelle de l’environnement. On le sait aujourd'hui : il y en a eu 10 fois moins »

 Dans son rapport sur les ENR de 2018, la Cour des Comptes taclait sévèrement l’Ademe  qui estimait à 79 000 le nombre d’emplois directs liés aux marchés des EnR hors biocarburants sur le territoire national en 2016. Soit une hausse de 30 % par rapport à l’année 2006. Le problème ; seuls 15 % (12 000) relèvent toutefois de la fabrication d’équipements et de l’assemblage et peuvent ainsi être considérés comme des emplois industriels. Le reste relève essentiellement de la maintenance-exploitation (35 à 45 %) et de l’installation (25 à 30 %)”, précise de son côté la Cour des comptes.Elle ajoute que “les projections du nombre d’emplois attendus du développement des énergies renouvelables sont très variables”. D’autres sources estiment que la moitié des emplois que ventent les margoulins de l’éolien sont aussi intermittents que les éoliennes eux-mêmes, car liés aux phases de construction, d’installation des systèmes, qui par définition, ne vont pas durer

Face à une telle campagne mensongère, les syndicats ont commencé à réagir : la FNME-CGT a rappélé que,  selon l’Ademe, une capacité de production éolienne de 15 GW (celle actuellement installée en France) génère moins de 4 000 emplois, soit moitié moins que l’actuelle production d’électricité dans les centrales à charbon. Ce chiffre,  montre à quel point le développement des énergies renouvelables n’est pas le gigantesque gisement d’emplois souvent évoqué. Surtout, ces emplois sont très subventionnés : 71 milliards d’euros sur la durée de la PPE selon les chiffrages de FO Énergie et mines. De FO également ce commentaire :  « En attendant, la réalité du marché français de 2015 est plutôt celle-ci  : on trouve davantage d’offres d’emplois dans la pose de climatiseurs que dans les projets d’énergie « verte » ou de transport en commun « propre » de Véolia Environnement. Quant aux panneaux solaires, le marché est dominé par les industriels et les emplois chinois…Des demi-emplois pour de demi-garanties sociales en quelque sorte. Les emplois y seraient donc aussi « intermittents » que les éoliennes sont sujettes aux rafales du mistral ou de la tramontane. Un constat doit être établi. Dans l’analyse de l’impact des mutations en cours, les études manquent de rigueur, les chiffres sont approximatifs et pour tout dire, l’objectivité n’est pas toujours au rendez-vous ».

Quant au statut de ces nouveaux salariés, “il est évident que dans une grande entreprise publique, ou qui a été publique comme EDF, on n’a pas les mêmes conditions de travail que dans une coopérative de l’énergie renouvelable”, note Guillaume Durivaux, chargé de la politique énergétique à la Fédération syndicale européenne des services publics (Epsu). Ce qui amène la CGT Mines-Énergie à réclamer “les mêmes droits et garanties collectives” pour tous les travailleurs du secteur de l’énergie, à savoir “le statut de l’énergéticien”.

Les emplois créés ne sont pas là, mais les emplois perdus le seront

Dans aucune des mirifiques promesses d’emplois des ENR, on ne mentionne les emplois perdus. Au moment du débat sur la PPE, la CFE-CGC notamment a tenté d’alerter sur cette absurdité qu’est la PPE. Ainsi une syndicaliste de l’alliance UNSA/CFE-CGC (Mme Autissier), signe dans Le Monde du 25 novembre 2018 une tribune justement intitulée, « Non, tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la part du nucléaire ». Citations : « Pour réduire la part du nucléaire à 50 % de la production totale à l’horizon de 2030, Ampère préconise la fermeture de 16 réacteurs entre 2020 et 2030, réduisant le parc nucléaire de 63 gigawatts (GW) à environ 50 GW. Pour arriver à 50 % d’électricité nucléaire en 2035, Volt préconise pour sa part la fermeture de 9 réacteurs et un parc nucléaire de 55 GW.

De tels scénarios conduiront inéluctablement à des arrêts d’activité dans nos régions et généreront des pertes d’emplois – avec leurs conséquences sur la vie locale. Le scénario Ampère entraînera la suppression de 70 000 à 120 000 emplois directs, indirects et induits, tandis que le scénario Volt ferait perdre entre 35 000 et 65 000 emplois. En outre, ces scénarios détruiront à terme la filière de recyclage de l’uranium, dont la France est l’incontestable leader, avec des conséquences désastreuses sur l’activité industrielle en Normandie et dans la vallée du Rhône. »

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur l’emploi

De son côté, selon la SFEN, des études approfondies ont montré que l’arrêt prématuré de la centrale de Fessenheim détruirait 2 200 emplois locaux, directs, indirects et induits. Si l’on extrapole là encore ces données à l’arrêt prématuré de 16 GW, ce sont près de 18 000 emplois locaux pérennes (directs, indirects et induits) qui seraient ainsi supprimées, dont plus des 2/3 à haute qualification et haute contribution économique.

Les filières éolien et photovoltaïque sont caractérisées par une absence de base industrielle en France pour la fabrication des composants principaux, qui sont importés en totalité. Il en résulte que les emplois créés le sont majoritairement dans le développement amont, les montages sur site et l’exploitation-maintenance, qui n’ont ni la qualification ni l’étendue d’emplois de développement et production de composants principaux sophistiqués. De plus, les montages sur site étant très rapides dans ces deux filières, les emplois associés sont nombreux mais éphémères : ils sont détruits dès que les investissements d’une année baissent. Quant aux emplois d’exploitation-maintenance, ils sont peu nombreux eu égard à la relative simplicité technologique des installations.  Sur la base des statistiques d’emploi publiées notamment par l’ADEME, ils peuvent être estimés en moyenne à 0,25 emploi (direct et indirect) par MW exploité. Ce qui, pour 50 à 58 GW de mix éolien + photovoltaïque, conduirait à la création d’environ 12 500 à 14 500 emplois pérennes. Qui sont donc à mettre en regard des 18 000 emplois pérennes détruits dans le nucléaire en exploitation-maintenance. 

Le bilan est donc clairement négatif au détriment des énergies intermittentes renouvelables et ne serait partiellement rééquilibré que très transitoirement par les emplois éphémères créés lors des activités de montages sur site, très brefs.
 En résumé : supprimer 16 GW de nucléaire détruirait de très nombreux emplois pérennes de très haute qualification, mais aussi des emplois locaux induits par les retombées économiques. Les filières éoliennes et photovoltaïques de remplacement créeraient numériquement moins d’emplois, surtout moins pérennes et moins qualifiés

La leçon allemande : écrasement en vol du solaire, écroulement brutal de l’éolien à la fin des subventions

L’inconvénient des emplois massivement subventionnés c’est qu’ils disparaissent massivement quand les subventions s’arrêtent. Et ce qui s’est passé en Allemagne dans l’éolien devrait servir de leçon.

Le nombre de nouvelles turbines installées en Allemagne depuis le début de l'année 2019 est en recul de 82% sur un an, indique la fédération allemande du secteur (EBW). En 2018, l'Allemagne s'est dotée d'une capacité supplémentaire de production inférieure de moitié à celle de 2017.
Les appels d'offres pour attribuer de nouvelles capacités de production ne trouvent pas preneurs, une tendance jugée "inquiétante" par l'agence fédérale des réseaux.
Le retournement  s’est produit en  2016, lorsque le gouvernement, jugeant le secteur arrivé à maturité et les subventions trop lourdes pour le contribuable, a modifié ses aides. L'amendement à la loi énergétique allemande (EEG) a supprimé les revenus garantis, et favorisé la mise en concurrence via des appels d'offres. Il faut dire qu’auparavant, depuis l’adoption de la loi sur les énergies renouvelables, en 2000, les exploitants d’éoliennes profitent d’un soutien leur assurant vingt ans de revenus garantis…

Cette forte réduction des aides gouvernementales en 2016,  le gouvernement jugeant le secteur arrivé à maturité, a provoqué des faillites en chaine massives et la perte quasi-immédiate de 26.000 emplois, soit plus que dans le charbon. Parmi les gros disparus du secteur, signalons Senvion,  entreprise de 4.400 salariés, installée près de Hambourg, qui a annoncé fin août mettre la clé sous la porte, touchée de plein de fouet par l'effondrement du marché allemand en 2016, qui représentait 60% de ses revenus. Il y avait déjà eu la faillite en 2014 du fabricant d’éoliennes Prokon qui était financé par des « participations citoyennes ». Cette entreprise avait la particularité d’avoir été financé par 75 000 petits investisseurs privés. Elle les avait alléchés avec un investissement présenté comme « éthique », et accompagné d’intérêts élevés (de 6 % à 8 %). Ce dépôt de bilan s’est soldé par de très grosses pertes pour de nombreux petits épargnants et a poussé le gouvernement allemand à demander aux autorités des marchés financiers (Bafin) un contrôle plus strict de ce type d’investissement.


La débâcle de l’énergie solaire subventionnée en Allemagne :

Qui se souvient des promesses du Temple du Soleil ( non, ce n’est pas une secte !).  L’ex-Allemagne de l’Est était censée se transformer en  nouveau paradis du photovoltaïque en « Temple du Soleil » en lui apportant la prospérité économique grâce à une multitude d’emplois high-tech. À la belle époque de sa splendeur, pas une semaine ne passait sans que la presse ne mentionne de nouvelles innovations et leur cortège d’inaugurations en présence de politiciens trop heureux de se congratuler les uns les autres. D’après le journaliste allemand Dirk Maxeiner, le gouvernement allemand a déversé l’argent des contribuables par centaines de millions d’euros pour mettre tout cela en place : « On a vu affluer 142 millions d’euros dans le Brandebourg, 120 millions en Saxe-Anhalt et 143 millions en Thuringe. » L’idée, la vision, consistait à faire de ces régions la vitrine scintillante de l’avenir high-tech de l’Allemagne et à montrer au monde comment devenir le pays de l’écologie.

Mais le clash avec la dure réalité n’a pas tardé. En quelques petites années, les cellules photovoltaïques à bas prix importées de Chine ont inondé les marchés et les prix se sont écroulés à vive allure. Quelques mois plus tard, le Temple du Soleil n’était plus qu’un champ de ruines. Qui plus est, le niveau exorbitant des tarifs de rachat de l’énergie verte entraîna rapidement une montée en flèche des prix de l’électricité pour le consommateur. Le gouvernement fut donc obligé d’agir vite pour réduire les tarifs de rachat, ce qui eut pour effet de rendre l’énergie solaire encore moins intéressante. Le marché s’est retrouvé submergé de panneaux photovoltaïques et les producteurs allemands n’eurent plus qu’à mettre la clef sous la porte.

Grâce à la révolution énergétique subventionnée, les contribuables allemands ont créé des emplois non pas à Bitterfeld comme prévu, mais dans ces charmantes villes que sont Guangzhou, Hangzhou ou Xi’an.
Selon la Fondation Hans Böckler : « Au cours des dernières décennies, aucune autre industrie n’a connu une croissance aussi rapide que celle des panneaux solaires – et aucune ne s’est effondrée aussi rapidement. » Quinze ans ont suffi pour accomplir le cycle. La Fondation décrit comment de petites start-up se sont transformées en stars des marchés high-tech puis sont devenues insolvables les unes après les autres à partir de 2011. Des entreprises comme Solar Millennium, Q-Cells, Centrotherm, ou Conergy ont toutes fait faillite aussi rapidement qu’elles avaient surgi.

En une seule année, 30 000 emplois ont disparu et des dizaines de milliards en capital privé ont été détruits. Le seul désaccord des experts des marchés financiers porte sur le montant : parle-t-on de 30 ou de 50 milliards d’euros ?  
N.B : de la même façon la jadis pépite française (Photowatt)  a disparu. Ce sont les producteurs de panneaux chinois qui ont massivement profité des subventions allemandes et français, avec des productions de faible qualité dans des conditions sociales et environnementales critiquables
Commentaire : 1) c’est quand même curieux ces énergies soit disant super compétitives qui s’effondrent dès qu’elles ne sont plus massivement subventionnées !

2) Il n’y a pas qu’en France que sévissent les margoulins de l’éolien. Ces créations d’emplois massives que les partisans de l’éolien et du solaire nous promettent, ils omettent de dire combien elles sont fragiles et… essentiellement non durables car liées aux installations. Rien à voir avec les emplois du nucléaire qu’ils veulent faire disparaître !

Il  y a avec les ENR une véritable escroquerie à l’emploi.

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