La « plaque de cuivre » n‘est pas
pour demain. Le quasi black out du 10 janvier 2019 (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/02/leurope-de-lenergie-encore-un-echec.html). ;
c‘est sous ce titre que j »avais déjà évoqué l’extraordinaire fragilité du
réseau européen le plus vaste vers lequel pousse la Commission Européenne – le mythe
de la plaque de cuivre européenne. Ce
jeudi 10 janvier, à 21h02 précisément,
tous les gestionnaires de réseau européen ont eu à faire face à un début d’effondrement
et ont dû faire appel à l’ultime recours d’urgence prévu, couper brutalement un
certain nombre d’industrie électrointensives. Pourquoi ? Ben, le pire est
peut-être que l’on ne sait pas très bien, il semble que cela soit dû à des
problèmes récurrents de réseau entre…la Serbie et le Kosovo ou/et « un problème
technique sur les moyens de mesure du gestionnaire allemand sur
l'interconnexion entre l'Allemagne et l'Autriche » ( ça devient une habitude,
en Allemagne, de truander leurs mesures ?).
NB :
Ces dysfonctionnements ont entraîné une déviation de 6 minutes sur toutes les horloges électroniques européennes, celles-ci,
contrairement aux horloges à quartz, se régulant sur la fréquence du réseau. Et
l’Entsoe est encore contraint de prendre des mesures chaque fois que cette
déviation excède la minute, afin d’assumer ce problème qui n’est toujours pas
résolu.
Eh
bien, cette fragilité des réseaux européens (donc français), ça ne s’arrange
pas avec la politique complètement aveugle et très couteuse de promotion des
ENR (solaire et particulièrement éolien) dont le principal défaut est l’intermittence
( elles produisent quand elles veulent et pas quand on en a besoin) au détriment de l‘énergie la plus
décarbonée et finalement économique – et bien sûr pilotable) qu’est le
nucléaire. C’est l’objet d’une excellente tribune du non moins excellent Jean-Pierre
Riou, du 14/12/2018, dans European Scientist justement intitulée l’Europe sous tension (cf. https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/leurope-sous-tension/)
Extrait 1 : Le contexte : l’alarme du 10 octobre 2018. Vers un black out
européen.
« Le
10 octobre 2018 les dix principales
associations de professionnels du secteur électrique, réunis à Berlin, ont tiré
la sonnette d’alarme dans un communiqué commun.
Ce
communiqué appelle à trouver d’urgence des solutions de stockage pour gérer la
production croissante d’énergies intermittentes et alerte sur le risque de
rupture d’approvisionnement qui menace l’Europe.
Il
anticipe, le cas échéant, la fin de la solidarité européenne si des pays comme l’Allemagne ne parviennent
plus à assurer leurs propres pointes de consommation. Or les derniers
bilans prévisionnels des gestionnaires de réseaux allemands redoutent
précisément de ne plus être en mesure d’assurer l’adéquation offre demande
d’ici 2 ans.
C’est
dans ce contexte que la Belgique, qui se trouve confrontée à des impératifs de
maintenance sur son parc de production, craint une rupture d’approvisionnement
en raison de la diminution de sa capacité d’importation provoquée par les flux intermittents et non planifiés des éoliennes
d’Allemagne du nord qui traversent son territoire en congestionnant son réseau
pour être acheminés vers l’Allemagne du sud.
Et,
en tout état de cause, ce n’est pas la France qui serait susceptible de l’aider
en cas de grand froid anticyclonique puisque le gestionnaire du réseau européen
(Entsoe) prévoit en tel cas des épisodes d’approvisionnement non assurés en
France (Lost of load expected, ou LOLE), capacités d’importations comprises. »
Extrait 2 : Les rendez vous
manqués de l’intermittence
« Le
photovoltaïque cesse de produire dès que le soleil cesse de briller, et
notamment bien avant la pointe de consommation hivernale française de 19 heures
qui dimensionne notre système électrique.
Le
facteur de charge de l’éolien est susceptible de s’effondrer jusqu’à moins de
1% de sa puissance installée quand le vent cesse de souffler, et fait ainsi varier la puissance du parc éolien
français entre 61 MW le 06/08/2018 et 10 639 MW le 12/03/2018.
Il
en va de même de la formidable puissance du parc intermittent éolien/solaire
allemande qui est susceptible de n’être d’aucun secours en plein hiver, et
capable de tomber notamment à moins de 1 GW de puissance les 11 et le 26
janvier derniers malgré 104 GW
installés.
Or,
les épisodes de grand froid entraînent une augmentation de la consommation.
Cette augmentation est en France de 2 400MW par degré inférieur à zéro.
Et
malheureusement, ces épisodes sont généralement anticycloniques, c’est-à-dire
sans vent.
Et
ces chutes de la production éolienne restent problématiques même en regard d’un
prétendu « foisonnement » des vents au niveau européen comme le montre
l’analyse de Sauvons le Climat. »
Remarque : non seulement, il n’y aucun
foisonnement de l’éolien au niveau européen, mais au contraire de belles harmonies
avec un peu décalage de tous les pays européens avec l’arrivée des
perturbations atlantiques, ou au contraire, des anticyclones… d’où l’exacerbation
du problème !
Extrait 3 : les remèdes
« Pour
répondre aux pointes de consommation, la France et la Grèce ont choisi de
financer un mécanisme d’effacement de la demande. Ce mécanisme rémunère les
capacités certifiées permettant de faire face aux pics de consommation par une
production supplémentaire ou un effacement de la consommation. Les appels
d’offre de ce mécanisme, mis en place en 2017, ont retenu une rémunération de
10 000€ le MW effacé en 2018 et de 17 000€ le MW pour 2019. A ces effacements
de puissance (MW) s’ajoute la possibilité de rémunérer des effacements
d’énergie (MWh) »
Commentaire : eh ben, les fantaisies de l’éolien
allemand qui veut pas produire en période froide ou chaude anticyclonique et
inonde d’électricité en dépression douce de printemps ou d’automne, ça coûte
drôlement cher. Et le remède d’effacement
n’est pas illimité… Après l’effacement, le black out …
« Tandis
que l’Allemagne et la Belgique ont opté pour des subventions aux centrales
thermiques chargées de rester en réserve stratégique du réseau. Ce qui a interdit à l’Allemagne de fermer
un seul MW de son parc pilotable malgré le développement d’un doublon
intermittent de 104 000 MW éolien/solaire. Car elle n’apparaît pas en mesure
d’assurer ses propres pointes de consommation à la moindre réduction de sa
puissance. »
Commentaire : eh ben, à cause des fantaisies de l’éolien allemand, l’Allemagne et
la Pologne ne sont pas prêt de sortir du charbon… C’est bon pour le climat, ça !
Extrait 3 : de la pénurie aux excès.
Le problème des surcapacités
« Car
dès que le vent souffle et que le soleil brille, cet imposant doublon
intermittent (NB les ENR allemandes) produit du courant indépendamment de tout
besoin local en bénéficiant de conditions d’injection prioritaires sur le
réseau, ou « priority dispatch ».
Cette
priorité a été supprimée pour les nouvelles installations par la Commission
européenne en novembre 2016. L’Agence de coopération des régulateurs de
l’énergie (ACER) et le Council of european energy regulator (CEER) viennent
d’ailleurs de réclamer que l’abolition de ce privilège soit étendue aux
capacités existantes.
Mais,
en tout état de cause, leur priorité d’appel sur le « merit order », en raison
de leur coût marginal nul, casse les règles nécessaires à la santé du marché de
l’électricité en effondrant les cours… »
Commentaire : C’est tellement génial le
recours débridé aux ENR qu’on est
parfois obligé de payer pour que quelqu’un prenne leur courant…Tiens, au fait
il faudrait rajouter ça à leur coût, hein, les margoulins de l’éolien ! C’est
tout simplement ingérable !
Redispatching,
countertrading et loop flow.
« Les
parades incluent notamment la rémunération de producteurs éoliens pour qu’ils
arrêtent leurs machines, et l’ordre de redémarrage aux centrales thermiques
plus proches du lieu de livraison de ces programmes. Clean Energy Wire rapporte
qu’en 2015, ces mesures de redispatching auraient coûté 402 millions d’euros à
l’Allemagne. Pour 2017, le gestionnaire du réseau européen « Entsoe » chiffre
ce surcoût à 747 millions pour le seul gestionnaire Tennet…
Et par delà ces coûts, c’est la
sécurité de l’ensemble du réseau européen qui est compromise.
« Car
lors des périodes ventées, des afflux massifs d’énergie éolienne en provenance
d’Allemagne du nord débordent largement des lignes allemandes, aussitôt
congestionnées, pour atteindre l’Allemagne du sud.
Et
ces flux non planifiés empruntent d’improbables trajets par le nord ouest en
traversant la Belgique et la France, ou par l’est, via la Pologne, la
République tchèque, la France, et enfin la Suisse avant d’être livrés en
Italie, comme l’illustre la carte ci-dessous….
Ce
qui irrite tout particulièrement la Suisse... Le rapport de décembre 2017 de l’ElCom (Commission
fédérale de l’électricité) attirait l’attention sur les risques liés à ces flux
non planifiés responsables de la multiplication des violations des normes de
sécurité (N-1).
Ce
rapport dénonçait la surcharge des transformateurs en pareil cas, et le « danger bien réel » d’un effet en
cascade en cas de déclenchement des dispositifs de protection. Selon
l’ElCom, c’est également la sécurité
d’approvisionnement de la France et de l’Italie qui serait alors menacée.
Car
ces flux non planifiés diminuent les capacités d’importation des pays
traversés. Les transformateurs déphaseurs, évoqués plus haut par la Suisse,
permettent d’empêcher ces flux indésirables de franchir les interconnexions frontalières.
La République Tchèque avait averti de son intention de se protéger par de tels
dispositifs, la Pologne vient de s’en équiper, c’est aujourd’hui la Belgique qui se protège également contre
ces flux nord/sud.
En visant particulièrement le
blocage des excédents aléatoires allemands ces mesures de protection
compromettent bien évidemment la pérennité du rêve européen d’ « intermittence
interconnectée ».
Commentaire : les excès débridés de l’éolien
allemand mettent en danger le réseau européen. Non seulement, on ne va pas vers la plaque de cuivre, mais on est en
train de revenir en arrière sur les traditionnelles interconnections qui
assuraient une sécurité d’alimentation aujourd’hui plus en péril que jamais.
Merci, l’éolien allemand !
Et la conséquence en est la
certitude de black out majeurs… qui se sont déjà produits.
Extrait : « La spécificité du
système électrique tient à la difficulté de maintenir strictement la fréquence
de 50 Hz sur tous les points de son réseau, et de générer en permanence la
quantité exacte d’électricité consommée.
Mais
le pari d’une intermittence croissante de son alimentation ne semble pas
susceptible d’assumer le prix de son échec.Le prix des coupures en série qui
ont sanctionné l’expérience australienne en ce sens en donne la mesure.
Car
les déclenchements en cascade des systèmes de sécurité européens ne sauraient
être exclus. Le blackout de mars 2015
qui a privé d’électricité 76 millions de turcs en témoigne .Et le rapport
de l’Entsoe le concernant identifie formellement la responsabilité des aléas de
l’énergie éolienne dans la détérioration des conditions d’exploitation du
réseau turc par rapport à ses limites de sécurité, dans les mêmes termes que le
rapport de l’UCTE au sujet de la panne de 2006. »
Commentaire : L’éolien allemand empoisonne l’Europe et détruit la sécurité énergétique
européenne !
Les débordements de l’éolien
allemand :
Votre série est vraiment géniale.
RépondreSupprimerAvez vous idée de la consommation d'électricité par les éoliennes? Est-ce significatif? Voici le lien vers un article qui pose la question.
https://jacqueshenry.wordpress.com/2019/08/05/energie-eolienne-la-verite-qui-derange/