Bon, avant que le délai n’expire, j’ai pensé utile d’apporter
ma contribution à la Convention Citoyenne sur le Climat, comme le propose leur
site- j’en trouve le principe vraiment intéressant tout en étant très réservé
sur ses résultats. Me voilà donc vaillamment parti à rédiger un truc qui puisse
tenir la route en 15000 signes…puis réalisant que ben, non, c‘était 1500. Elagage
rapide pour laisser quand même un texte du coup très, très schématique…mais
tout n’est pas perdu pour les lecteurs de ce blog. Ici la VO.
Alors qu’un réchauffement global de 1 degré est déjà effectif
en 2019, la lutte contre le réchauffement climatique et les dégagements de gaz
à effet de serre doit s’intensifier. Les enjeux du réchauffement climatique et
de l’épuisement des ressources fossiles imposent à l’humanité une transition énergétique
sans précédent, qui peut entrainer une déstabilisation radicale de nos sociétés
et de nos civilisations. Elle exigera d’immenses efforts. Ceux-ci ne pourront
être acceptables qu’à une condition préliminaire : Une transition
énergétique juste dit d’abord s’appuyer sur une politique scientifiquement et
technologiquement rationnelle.
Sur l’enjeu précis des modes de productions énergétiques,
cela signifie forcément un recours accru au nucléaire – et non l’inverse
Le nucléaire est
une énergie décarbonée – et la seule à
permettre un combat efficace contre le dérèglement climatique : L’énergie électronucléaire n’émet
quasiment pas de gaz à effet de serre (GES), cause du dérèglement climatique.
Son bilan carbone sur l’ensemble du cycle de vie est en effet parmi les plus
faibles des technologies bas carbone.
En
France, il est même inférieur à celui du solaire mais aussi de l’éolien. Emissions
de C02 correspondant à un kWh : nucléaire (12g au niveau
mondial, 6g en France en raison du contenu carbone de l’électricité entrant
dans les étapes industrielles du cycle) ; éolien (10g), solaire (32g), gaz
(443g), fioul (778g) et charbon (1050g) (source
GIEC et Ministère de la Transition écologique et solidaire 2019)
Le nucléaire est une énergie
pilotable- et la seule à permettre la sécurité d’approvisionnement : l’énergie électronucléaire est une
énergie « pilotable » et disponible à la demande ; sa disponibilité contribue
hautement à la sécurité du système électrique et énergétique européen.
Ainsi,
le 10 octobre 2018 les dix
principales associations de professionnels du secteur électrique, réunis à
Berlin, ont tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué commun. Il
anticipe, le cas échéant, la fin de la solidarité européenne si des pays comme l’Allemagne ne parviennent
plus à assurer leurs propres pointes de consommation en raison du
développement anarchique et irrationnel de l’éolien.
Et il y a aussi les pointes de production : les flux non
planifiés et non planifiables provoquent une l surcharge des transformateurs
et le « danger bien réel » d’un effet
en cascade en cas de déclenchement des dispositifs de protection. Belgique,
France, Pologne, République tchèque, Suisse, Italie sont particulièrement
menacés et doivent s’équiper de transformateurs spéciaux, qui diminuent les
interconnections européennes et la sécurité quelles sont censées apporter.
Le nucléaire est
une énergie abondante, et la seule à permettre la durabilité de nos
civilisations : Le TRE (Taux de retour énergétique) est une donnée physique
fondamentale qui quantifie le rapport
entre l’énergie effectivement apportée à la société et l’énergie investie pour
récupérer cette énergie. 75 pour le nucléaire (réacteur à eau pressurisée), 30
pour le charbon, 4 à 16 pour l’éolien et 1,6 - 4 pour le photovoltaïque (PV).
Pour ces 2 derniers, le chiffre le plus bas prend en compte le besoin de
stockage associé à des sources intermittentes. On estime qu’un TRE de 7-12
est nécessaire pour soutenir notre société complexe qui est également peu
rationnelle dans son utilisation de l’énergie.
Le nucléaire est
une énergie géographiquement très concentrée, et la seule qui permette de sauvegarder notre
cadre de vie : La densité de puissance est une donnée physique fondamentale
qui quantifie la
puissance produite (ou consommée) divisée par la surface requise pour
l’infrastructure de production (ou consommation). Elle est de l’ordre de 1000-4000 W/m2 pour le
nucléaire, de 200-2000W/m² pour les centrales à gaz, de 1 à 10 W/m² pour le PV et
autour de 1W/m² pour l’éolien ! En d’autres termes, pour subvenir aux besoins de
Paris avec des panneaux solaires, il faut couvrir une surface entre 4,5 et 45
fois plus grande que celle de la ville elle-même ! Pour
l’agglomération lyonnaise, une surface 7 fois plus grande que celle de la
région doit être recouverte d’éoliennes pour fournir suffisamment d’énergie
!
Le nucléaire est
une énergie durable à la construction : Une étude du Department of Energy donne 800 t/TWh de béton et 160 t/TWh
d’acier pour le nucléaire, et 8000 t/TWh de béton et 1800 t/TWh d’acier pour
l’éolien, soit un facteur 10 pour le béton et 11 pour l’acier, à l’avantage,
très marqué, du nucléaire. Un ordre de grandeur calculé par Tristan Kamin pour
l’EPR, centrale nucléaire optimisée du point de vue de la production et de la
sécurité donne 8 fois moins de béton et 20 fois moins d’acier pour l’EPR que
l’éolien.
Le nucléaire est une énergie sûre et très dépolluée : En plus d’être bas carbone, l’énergie électronucléaire présente divers avantages environnementaux établis comme la non émission de particules fines ainsi que de CO, de SOx ou de NOx. Le nucléaire évite ainsi les décès prématurés statistiquement provoqués par les émissions polluantes des combustibles fossiles (évalués annuellement à 1,8 million dans le monde et 290 000 pour la France). Ainsi, l’abandon du nucléaire par l’Allemagne va causer plus de 1000 morts par an (remplacer le nucléaire par du charbon ou du gaz n’est ni bon pour le climat, ni bon pour la santé.
L'énergie électronucléaire, comparée aux autres
sources de production d'électricité matures et commercialement viables, est
l'une des technologies générant le moins de décès rapportés au kWh
d’électricité produite. La mortalité due à l'électricité nucléaire est de 90
décès par billion (= mille milliards) de kWh, 100 000 pour le charbon (toujours
par billion de KWH.), 36 000 pour le pétrole, 4.000 pour le gaz naturel, 1 400
pour l'hydroélectricité, 440 décès pour le solaire photovoltaïque 150 décès
pour l'éolien.
Ces chiffres expertisés et validés (Kharecha et
Hansen 2013, Environ Sci Technol; Gibon & al. 2017, Enviro. Res. Lett ;
Barry W. Brook and Corey J. A. Bradshaw 2014,Conserv Biol; Prof A.Markandya,P.
Wilkinson 2007, The Lancet) prennent en compte notamment l’ensemble des effets
et situations accidentelles (Tchenobyl, mais aussi les immenses catastrophes hydroélectriques
Morvi, Banquiao, Malpasset, bien oubliées), les morts dans les mines, les
effets de la pollution etc.). Et, ce qui est scientifiquement pertinent, ils
sont ramenés à la quantité d’énergie produite.
Nucléaire historique :33-40€/MWh ,Photovoltaïque :
62-99€/MWh,Eolien : 60-65€/MWh ,Eolien marin : 200-220/MWh, EPR:+110€/MWh
Mais auxquels il faut ajouter les subventions
publiques : Nucléaire : 25€/MWh , Eolien: 476 €/MWh, Photovoltaïque :+500 €/MWh.
L’absurdité économique de la politique énergétique
française a été dénoncée par la Cour des Comptes dans son rapport sur le
financement des énergies renouvelables de 2018.
Ainsi, l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards
d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!.
Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4 milliards d'euros, pour une goutte
d'eau énergétique. (NB : Soit déjà 3 EPR tarifs Flamanville -et on peut
faire beaucoup moins cher !).
Ainsi, les six parcs Eoliens off shore d'ores et déjà attribués au large
des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans,
soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix énergétique
(NB soit allez, encore 3 ou 4 EPR)
Ainsi, la CSPE (Contribution au service public de l'électricité)
initialement créée pour lutter contre la précarité énergétique coûtait en 2016 7 milliards, dont
seulement 29 % allaient à la solidarité : tout le reste, ce sont des
subventions à l'électricité d'origine renouvelable et à la cogénération. La
CSPE n’aide plus la précarité électrique, elle subventionne grassement les
nécessiteux producteurs d’ENR ! Il s’agit d’un véritable détournement de
l’argent de la solidarité !
L’industrie nucléaire européenne
emploie actuellement plus d’un million de personnes dans l’UE (155000 directs
et 100.000 induits en France), y compris
dans les pays non dotés de capacité de production nucléaire, et a un impact
social majeur. Parmi les différentes technologies à faibles émissions de GES
disponibles en Europe, le nucléaire crée le plus grand nombre d’emplois par GW
de capacité installée (3 fois plus que l’éolien par exemple). Investir dans le
nucléaire génère des emplois qualifiés et de la croissance économique en
Europe, ainsi que des emplois indirects dans des territoires éloignés des
grandes métropoles pour lesquels les emplois industriels sont rares.
Contrairement à l’éolien et au solaire, le nucléaire a un potentiel important
de croissance d’emplois industriels qualifiés et bien rémunérés en Europe et
singulièrement en France.
Par ailleurs, le nucléaire est un
atout considérable en matière d’indépendance énergétique, qui permet de
s’affranchir de la dépendance stratégique des énergies fossiles. Cet atout,
bien oublié depuis la crise pétrolière des années 70, redevient d’une extrême
importance avec la raréfaction de l’énergie !
La nécessité du
nucléaire est prouvée a contrario par la catastrophe de l’energiewende
allemande.
Catastrophe écologique et climatique : Malgré
les centaines de milliards déjà mis sur la table (depuis 2010 plus de 30 milliards
par an et l’on prévoit une facture globale de plus de 500 milliards à l’horizon
2025 –pour partie constituée de subventions et crédits publics, pour le reste
financé par les ménages et les entreprises sous forme de hausse de prix. Une
étude chiffre même à plus de 3.000 milliards d’euros le coût final si
l’Allemagne continue sur la même lancée),
les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne sont au même niveau… qu’en
2009. L’Allemagne s’est certes hérissée d’éoliennes, mais en 2018, le charbon (lignite et houille réunis) compte
toujours pour près de 38% de la production allemande d’électricité. Avec son Energiewende tout renouvelable, l’Allemagne
n’a en valeur absolue pas baissé d’un
pousse ses émissions de CO2 par habitant qui restent supérieures d’un tiers à
celles de la France. Quant aux émissions de CO2 pour la production électrique,
elles sont 8 à 10 fois supérieures à celles de la France !
Catastrophe
économique : Les ménages allemands sont les
Européens qui paient leur électricité le plus cher après le Danemark (qui suit
la même politique) : 0,30 €/kWh au 1er semestre 2018 selon les dernières données d’Eurostat, soit 70% de
plus qu’en France. L’industrie allemande du solaire s’est complètement
effondrée, et les subventions européennes créent des emplois et de la recherche…en
Chine. Afin la fin d’un régime de subvention très favorable, l’éolien prend le
même chemin, avec des faillites d’entreprises allemandes en série.
Face à cette
catastrophe, l’Allemagne retarde indéfiniment sa sortie du charbon. Remplacer
le nucléaire par de l’éolien plus une puissance équivalente en charbon ou gaz
pour en compenser l’intermittence est une catastrophe climatique, écologique,
économique et sociale. (NB Les dépenses déjà réalisées représente entre
60 et 70 EPR !).
Proposition :
Une
transition énergétique juste doit d’abord s’appuyer sur une politique
scientifiquement et technologiquement rationnelle. La Conférence Citoyenne
devrait, en l’état des techniques, affirmer le rôle essentiel du nucléaire dans
la transition énergétique et marquer son opposition à la diminution du
nucléaire dans le mix énergétique français prévu par la PPE. Aucun sacrifice
demandé à l’ensemble de la population ne peut être juste ou acceptable s’il ne
sert qu’à enrichir les profiteurs des ENR sans apporter de solution aux
problèmes climatiques, écologiques, économiques et sociaux de la nécessaire transition
énergétique.
La Convention Citoyenne pourrait proposer l’institution un Conseil
Scientifique de la Transition énergétique qui rédigerait un rapport public
au moins tous les ans (NB sur le modèle du Haut conseil pour le climat, mais
celui-ci ne prend pas suffisamment en compte l’ensemble des aspects économiques
et sociaux de la transition- aurait-il évité la révolte des gilets jaunes ?)
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