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lundi 20 avril 2015

L’intelligence artificielle_ une certaine inquiétude ?


Je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas inquiets (Bill Gates)

Il est assez rare d’entendre des déclarations de ce type de la part de magnats américains. Bill Gates, donc : « Je suis de ceux qui s'inquiètent de la super-intelligence. Dans un premier temps, les machines accompliront de nombreuses tâches à notre place et ne seront pas super-intelligentes. Cela devrait être positif si nous gérons ça bien. Plusieurs décennies plus tard cependant, l'intelligence sera suffisamment puissante pour poser des problèmes. Je suis d'accord avec Elon Musk et d'autres, et je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas inquiets »
Le Future of Life Institute (FLI  ou Institut pour le Futur de l’Humanité ), qui compte parmi ses membres le physicien britannique Stephen Hawking, Elon Musk, George Church, professeur de génétique à l'université de Harvard, ou encore l'acteur américain Morgan Freeman a publié un appel signé par plus de 700 scientifiques et chefs d'entreprises pour s’inquiéter des risques  du développement de l’intelligence artificielle et  s'assurer que les futures avancées dans le domaine soient bénéfiques à la société. La devise du FLI reflète bien ses interrogations : « La technologie nous donne la possibilité d’une vie épanouissante  comme jamais auparavant... ou de nous autodétruire.Extraits de la lettre 

Priorités de recherche pour une 'Intelligence Artificielle sûre et bénéfique : une lettre ouverte

La recherche sur  l'intelligence artificielle (IA) a exploré une variété d'approches et de problèmes depuis sa création, mais dans les 20 dernières années, a été axée sur les problèmes liés à la construction des agents intelligents - systèmes de perception et d’action dans un environnement donné. Dans ce contexte, « l'intelligence » correspond  à la notion de rationalité, dans ses interprétations statistiques et économiques  au sens large – soit, plus familièrement, , la capacité de choisir les bonnes décisions, plans ou inférences. L'adoption de représentations probabilistes et liées aux théories de la décision et des méthodes d’apprentissage a conduit à un grand degré d'intégration et là un enrichissement mutuel entre IA, apprentissage automatique, statistiques, théorie du contrôle, neurosciences et d'autres domaines. La mise en place de cadres théoriques partagés, combiné avec la disponibilité des données et la puissance de traitement, a conduit à des succès remarquables dans diverses tâches de composants tels que la reconnaissance vocale, la classification des  images, les  véhicules autonomes, la traduction automatique, la locomotion robotique et  les systèmes de question-réponse.
Comme les capacités dans ces domaines et d'autres franchissent le seuil du laboratoire de recherche  pour devenir des  technologies de haute valeur économique, un cercle vertueux s'engage : même de petites améliorations dans les performances peuvent laisse espérer de grandes espérances de profit, ce qui incite à investir davantage dans la recherche. Il y a maintenant un large consensus sur le fait que la recherche en  IA  progresse régulièrement, et que son impact sur la société augmentera. Les avantages potentiels sont énormes, puisque toute la civilisation est un produit de l'intelligence humaine.  Nous ne pouvons pas même prédire ce que l’Humamité pourra faire lorsque se développera l’intelligence humaine amplifiée par l’AI et qu’elle nous donnera de nouveaux outils. L'éradication de la maladie et de la pauvreté sont peut-être à notre portée. En raison de cet énorme potentiel de l’IA, il est important de chercher comment récolter ses fruits tout en évitant les inconvénients et pièges possibles.

Les progrès dans la recherche d'IA  font qu’il est opportun de concentrer la recherche non seulement sur la performance, mais aussi sur l’optimisation des avantages pour la société. Ces considérations ont mené le Comité présidentiel  de l’’association pour le Progrès en Intelligence artificielle (Association for the Advancement of Artificial Intelligence) à encourager une réflexion de longue durée sur le futur de l’AI et sur ses impacts sociétaux ; une telle démarche doit constituer une expansion importante du champ de l'IA elle-même, qui, jusqu'à présent, s’est surtout focalisée sur des techniques neutres en ce qui concerne leur but. Nous  recommandons un élargissement des programmes de  recherche visant  à assurer que les systèmes d’IA, de plus en plus puissants, soient ,de plus, sûrs et bénéfiques : nos systèmes d'IA doivent faire ce que nous voulons qu'ils fassent. Un document listant des priorités de recherche  et donnant de nombreux exemples qui peuvent aider à maximiser les avantages pour la société de l'IA a été préparé. Cette recherche est nécessairement interdisciplinaire s’agissant de l’interaction entre la société et l’IA ; elle concerne notamment l'économie, le droit, la philosophie, la sécurité informatique, la logique formelle et, bien sûr,  les diverses branches de l'IA elle-même.
Les ordinateurs peuvent être aussi "complètement cons"
Certains  chercheurs impliqués dans l’IA considèrent  que le danger potentiel peut venir davantage de ce que les ordinateurs sont « complètement cons » plutôt que leur supposée super intelligence. Ainsi, Bostrom, directeur de l'Institut du Futur de l'Humanité, donne l’exemple suivant : un système à qui on demanderait de rendre les hommes souriants, et qui leur injecterait un neurobloquant pour figer les muscles de leurs visages. Ou, comme dans un épisode d’une série de science fiction, un système à qui l’on donnerait pour instruction de « servir l’homme », et qui proposerait des recettes de cuisine : servir l’homme en paillottes, à la sauce gribiche, en rôti etc….  Dixit Gérard Berry, informaticien et professeur au Collège de France, qui vient de recevoir la médaille d'or 2014 du CNR « Si jamais, dans la chaîne de conséquences, il y a quelque chose qui ne devrait pas y être, l'homme ne s'en rendra pas compte, et l'ordinateur va foncer dedans. C'est ça le bug. Un homme n'est pas capable de tirer les conséquences de ses actes à l'échelle de milliards d'instructions. Or c'est ça que va faire le programme, il va exécuter des milliards d'instructions." 
Bref, il y a dans tout cela beaucoup d’exaltation naïve, technophile ou technophobe, et sans doute un peu de marketing et de lobbying pour une discipline particulière qu’un minimum de connaissances de philosophie ou d’histoire des sciences aiderait à relativiser. Oui, l’intelligence artificielle va nous donner  à nous humains, et non aux robots, de nombreux et considerable nouveaux pouvoirs ; mais  c’est nous qui décideront - quitte à « débrancher ! »), oui elle va nous transformer, y compris physiologiquement, comme l’invention de l’écriture a transformé notre cerveau lui-même ; comme l’invention de l’imprimerie a transformé notre relation au savoir ; il faudrait aussi relire les commentaires effrayés qui ont accompagné l’invention de la Pascaline, la première machine à calculer par Blaise Pascal (enfin à additionner, soustraire, multiplier), se souvenir des spectateurs effrayés s’enfuyant de la salle où était projetée l’Arrivée du train en gare de la Ciotat de Louis Lumière ; oui le simple cinéma a aussi profondément modifié nos sensations ; la perplexité qu’à fait naître la certitude qu’un ordinateur pouvait battre le meilleur maître d’écher ( une discipline en perte de vitesse médiatique, semble-t-il) etc.
Ni enthousiasme extravagant, ni peur panique : nous garderons le contrôle.- ce qui d’ailleurs doit nous inciter encore plus à réfléchir
 

jeudi 16 avril 2015

Pollution à Paris_ Les Franciliens veulent savoir


Clin d’œil évidemment à un tic prêté à un journaliste bien connu, mais enfin, c’est agaçant. Cette année, comme déjà l’année précédente au mois de mars-avril, la France fait face à un pic de pollution aux particules fines et notamment à Paris. C’est pourquoi la maire a annoncé pour le lundi 23 mars la circulation alternée dans l’ïle de France. Mais d’où vient cette pollution ?

Les polluants sont bien connus et cinq posent problème dans la région parisienne, à des degrés divers : le dioxyde d’azote, les particules (PM10 et PM2, 5), l’ozone et le benzène. Les deux premiers, en particulier, franchissent régulièrement les seuils d’alerte. Le dioxyde d’azote a un effet irritant pour les bronches à court terme. Les particules, qui pénètrent  dans l’appareil respiratoire, ont un effet à moyen terme : elles sont classées cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les coupables potentiels sont aussi bien répertoriés : trafic routier, notamment diesel, les feux de cheminées, l’épandage agricole intense au mois de mars et une météo favorable au déplacement des particules fines. Et l’industrie ?

Selon Céline Léger, ingénieur d'études à Air Normand (Le Figaro, 20/03/2015), les particules fines peuvent voyager sur de très longues distances. Portées par un vent du nord, de l'est ou du nord-est, les masses d'air se chargent en particules fines et vont s'ajouter à la pollution locale. Résultats, nous récupérons des particules fines venues de chez nos voisins européens comme la Belgique, le Luxembourg ou encore la Pologne. »

Ah ? Et pourquoi pas l’Allemagne dont on sait, depuis qu’elle a abandonné son programme nucléaire, qu’elle a considérablement accru sa pollution et son bilan carbone en remettant notamment en fonctionnement des centrales à gaz et à charbon. La respoansbilité de l’Allemagne avait déjà été mentionnée en 2014 par le journaliste Gilles Dauxerre. : « on polémique sur la pollution automobile à Paris mais les particules viennent des centrales à charbon allemandes… ». A l’appui de ses propos, il ùmentionnait une carte avec, à l'appui de ces accusations, une carte extraite du site  Prev’air qui semblait montrer, beaucoup plus clairement qu’ AirParif, une origine allemande

En ce qui concerne l’épisode de cette année (2015), la directrice d’Air Parif évoquait bien une pollution importée, mais semblait noyer le poisson ( ou plutôt les polluants) dans des considérations très politiquement correctes :

« Pour cet épisode, d'où provenait cette pollution importée ? De toute l'Europe, notamment du Benelux et de l'Allemagne du Nord. Nous avons subi un flux d'air venu du Nord-Est, qui a circulé pendant 4-5 jours. Chaque pays apportait sa pollution, qui enrichissait la masse d'air. Mais nous y avons aussi participé. Même quand la pollution est importée dans la région, on l'enrichit puis elle va ailleurs. C'est pour ça qu'il y a toujours intérêt à tenter de la limiter avec la circulation alternée par exemple » ((Francetv info)

 Même si la pollution à Paris a diminué entre 2002 et 2012, grâce à des actions nationales et européennes sur le trafic, le chauffage et les industries ; même si les alertes sont plus nombreuses en partie parce qu’en 2011, les seuils d’alerte ont été abaissés de 120 mg/m3, il n’en demeure pas moins que la qualité de l’air reste "problématique", et largement au-dessus des seuils réglementaires européens, ainsi que le rappelle AirParif. En 2013, plus de trois millions de Franciliens ont ainsi été potentiellement exposés à des niveaux de pollution supérieurs à la norme : et cela se sent et se ressent : des nefants que l’on oit empêcher de sortir en récréations, des irritations et picotements pour les adultes et de vraies gênes respiratoires pour les asthmatiques..

 Alors il ne serait pas indifférent qu’AIrparif et les scientifiques indiquent vraiment l’origine des pollutions ; c’est une exigence minimale de transparence, c’est aussi une nécessité pour l’acceptation des mesures nécessaires ; car, comme l’a bien senti Ségolène Royal, les franciliens risquent de ne pas très longtemps garder leur calme face à l’alternative entre les risques pour leur santé et l’accumulation des journées de circulation alternée. Quant à l’Allemagne, si sa responsabilité est en cause, il faudra en discuter sérieusement ; car enfin, la décision démagogique de l’arrêt du nucléaire doit être assumée, d’autant qu’Angela Merckel se permet de donner des leçons aux Japonais qui veulent  redémarrer leurs centrales nucléaires.
 
 
 

dimanche 12 avril 2015

Anti-Lumières, anti-progressistes et apologistes du terrorisme (Jonas, Anders)


Les deux notices de ce billet doivent beaucoup aux excellentes conférences de Michel Onfray de l’Université Populaire consacrées à la pensée post-nazie –on peut les trouver notamment sur le site de France Culture
 
Hans Jonas
 
Dans l’un de mes précédents billets (Heidegger_on peut s’en dispenser), j’ai commencé à parler de l’intérêt à peu près nul de Heidegger en ce qui concerne la connaissance et la réflexion sur la science et la technique, et la dangerosité de ses conceptions qui le lient profondément au nazisme. Que malgré le comportement de Heidegger sous le nazisme, Hans Jonas, élève de Heidegger, Juif qui duit fuir l’Allemagne  et combattit contre les nazis n’ait pas vraiment rompu  et ait toujours été fasciné  par lui est, plus qu’intriguant, inquiétant.  D’Heidegger, Jonas a retenu une méfiance et même un mépris de la technique et de la science : le futur est systématiquement pensé sous le signe du pire : « La thèse liminaire de ce livre est que la promesse de la technique moderne s’est inversée en menace, ou bien que celle-ci s’est indissolublement alliée à celle-là ».  (Le principe Responsabilité. On retrouve donc chez Jonas une inquiétante critique de la démocratie, qu’il accuse d‘être incapable de prendre en compte le destin des générations future ; et Jonas de féliciter l’ex URSS (celle de Brejnev) de savoir imposer à ses peuples une bienheureuse frugalité, une ascèse et autres sacrifices à opposer à la société d’abondance condamnable. Peu adepte donc du débat démocratique, Jonas défend une « heuristique de la peur », et appelle à renoncer à la raison, à la discussion, à la démonstration pour convaincre et y substituer la peur : « Peut-être que la peur réussira là où la raison a échoué ». Il faut utiliser la peur pour faire réaliser la dangerosité de notre technique et sauver l’humanité

A cela s’ajoute un retour aux mentalités et aux âges théologiques - Jonas consacrera une partie importante de son œuvre à la Gnose. La science a détruit l’idée de Dieu et laissé l’homme sans repères. S’opposer à la nature, c’est s’opposer à Dieu. Celui conduit Jonas à s’opposer à l’avortement (notons aussi que sont jugés irresponsables les humains qui ne font pas d’enfants) et à l’euthanasie, à plaider pour une éthique qui ne saurait être que religieuse et juive, et aussi pour à appeler à l’inspiration divine à la science.

Onfray parle gentiment dans les cours de son Université Populaire consacrés à la philosophie post-nazie parle d’un « conservatisme de gauche » ; mais en fait c’est bien d’une pensée profondément et violemment rétrograde, bien dans la lignée de Heidegger qu’il s’agit.

Gunther Anders

Plus original est Gunther Anders, lui aussi ancien élève de Heidegger, mais qui s’en sépara plus violemment. Dans « La pseudo concrétude de la philosophie de Martin Heidegger » (texte difficile indique Onfray –), il n’hésite pas à dire que la façon qu’à Heidegger de penser le concret rend possible le national socialisme , et il propose une philosophie qui parte vraiment d’une observation concret, des phénomènes modernes ( la radio, la télévision, le jazz). Sou ouvrage majeur est l’ « Obsolescence de l’homme ». Quelques idées glanées dans l’exposé de Michel Onfray. La technique (radio, télévision) nous éloigne du réel, et nous vivons dans un monde d’images, de fantômes, qui nous rendent incapables d’être présent au monde, sous l’effet de la vitesse, de la tyrannie de l‘instant, de l’absence de hiérarchie de l’information ; et nous sommes tellement aliénés par ces fantômes que même ceux qui prétendent s’en échapper s’y soumettent en réalité- nous en venons à réclamer notre propre esclavage - il n’y a même plus besoin d’un quelconque endoctrinement. Pour échapper l’angoisse de la mort, de la finitude de l’homme, nous nous auto-réifions ; nous aspirons à devenir des objets fabriqués pour atteindre l’espèce d’immortalité que possèdent des objets industriels parfaitement identiques et indéfiniment remplaçables les uns par les autres ; le maquillage, l’effacement des visages de l’art contemporain, les festivités de masses, les mass-media, le caractère mécanique ? du jazz, le star system, le culte des performances sportives  sont autant de signes de ce nihilisme et de cette aspiration à la machine, à la réification de l’homme.
Gunther Anders revendique l’étude du concret et l’exagération comme méthode philosophique ; s’il partage avec les Heidegerriens l’hostilité envers la technique et une connaissance pour le moins approximative des sciences, c’est en s’éloignant d’Heidegger  et d’ailleurs de toute l’institution philosophique qu’il parvient à quelques aperçus fulgurants et fascinants sur le monde moderne.
Reste que Gunther Anders, comme les autres ne peut être classé que parmi les réactionnaires et qu’il manifeste, comme les heidegerrien, un mépris certain de la démocratie, de l’argumentation, du débat, de la démarche rationnelle.  Citations :
« On nous a traités de « semeurs de panique ». C'est bien ce que nous cherchons à être »
« Si nous voulons assurer la survie de notre génération et celle des générations suivantes, il n’y a pas d’autres moyens que d’informer clairement ceux qui persistent à mettre en danger la vie sur terre par l’utilisation de l’atome, qu’elle soit guerrière ou pacifique, et continuent à refuser systématiquement tout pourparler en vue d’y mettre un terme, qu’ils vont, tous autant qu’ils sont, devoir se considérer comme notre cible. Je déclare que nous n’hésiterons pas à tuer les hommes qui se rendent ainsi coupables de crimes contre l’humanité » (ceci est tiré d’un article intitulé la contestation non violente est-elle suffisante, et l’on voit clairement la réponse d’Anders).
Nous sommes loin là encore de l’insistance des positivistes sur la démocratie comme démocratie d’opinion, sur la nécessité de l’éducation populaire et de l’existence d’un pouvoir spirituel (experts, philosophes) complètement indépendants du pouvoir temporel ; loin de l’exemple plutôt heureux , plus démocratique et plus conforme au modèle comtien du GIEC et de son action contre le réchauffement climatique anthropique.
 
 

vendredi 10 avril 2015

Heidegger – you can do without


Heidegger "enframed".
Reread a Mandioso Forum in Le Monde(September 26, 2014) on the Heidegger case. It seems that the French intelligentsia wakes up by pretending to discover anti-Semitism and the proximity of Heideggr with  Nazism, apparently carefully hidden by very complacent translators; but points out Mandioso, the main problem is that Heidegger has not anything interesting to say on the modern world, for his ignorance of science is so profound. Quotes:
"The main problem is obviously that the philosophy of Heidegger is made largely of language games and turns to extreme poverty; behind the heidegerrien jargon, its sparse poetic quotations and his fanciful etymologies which derive German from Greeks, there is not much serious in lla this”
«Industrial farming rooms, gas and nuclear plants are the inevitable consequence of an initial unveiling, for such is the fate of the man "organized technically," who gave up Being ' (this is the famous " enframing"). “Technology is the contrary  of the destiny of man man - "be the guardian of Being".
The success of Heidegger explains in a straightforward manner: «it flatters the intellectual laziness that allows the philosopher neglecting whole sections of reality, to devote himself to the meditation of the great texts, philosophy thus being limited to an exercise of autojustification”
Add the revelation of the "Black Books" which have just been published. (cf France Culture,, Heidegger et l ' antisémitisme, 17 oct 14): only Germans manage to conquer the essence of the theoria, in which they are the sole heirs of the Greeks; On the contrary, the Jews express fully in gifts for calculation, in the technique which uproots and deterritorialize, while the philosophy of Heidegger enhances the romanticism of blood and soil,
 My positivist preference
Sorry, but if it comes to think about science and technology, I prefer and find safer and more interesting my dear positivists.
"Science does not think" dixit Heidegger, it depoetizes the world and destroys the Being
This, more than 50 years before, of the positivist Bridges:
"It is clear that in the invention of a hypothesis, the highest faculties of imagination are brought into play. No one doubts that Kepler and Archimedes were endowed with imaginative and also powerful forces as those of Aeschylus or Milton. And in this mental process, not only the imagination, but the most noble affects of man, thought Comte, are also active. »
On racism and essentialization of Germans and Jews:
«It is certainly one of the most strange inventions of the current literature to support that there are ideas that are characteristic of races «(Pierre Laffitte)
"We do not belong to a race, but to a civilization established by twenty different peoples... Apart from the major known divisions - the white, the yellow, the black -, races, physiological races, do not exist. There are  sociological races. For my account, I am not of Celtic race, despite the structure of my name. I am of a civilization of Hellenism, of Romanism and finally of Europeanism” (Lavertujon)
Thinking against the Enlightments, against Science, against Technique and  for the mysticism of the soil and blood could  only lead Heidegger to the confines of Nazism, predispose him to serve as instrument of the nazis, what he did, and without never, even after the war, even despite the exhortations of subjugated disciples such as Jonas or Arendt, never express any remorse.
There is also a disturbing disregard for democracy, that he transmitted to Hans Jonas, the father of the “Imperative of Responsibility”, and partially, of the “principe de précaution”. Read Hans Jonas violently criticizing democracy, unable to take into account the fate of future generations, and to congratulate the former USSR (that of Brezhnev)  for being able to impose on its people a blessed frugality, asceticism and other sacrifices ; and to oppose to a condemnable society of abundance. And also hear him call to "heuristics of fear», to renounce to reason,  discussion,  demonstration to convince and to replace all of this with fear; and also to substitute divine inspiration for science.
We are far from the attachment of the positivists to popular education, the alliance of the proletarians, scholars and philosophers, for physical, mental, spiritual progress.
No, whether he was a little, much, passionately nazi, there is nothing to save in Heidegger. and if we wish seriously to think about  science and technology, we have to look elsewhere

Heidegger_on peut s’en dispenser


Heidegger « arraisonné »
Relu une tribune de Mandioso dans Le Monde (26 septembre 2014) sur le cas Heidegger. Il semble que l’intelligentsia française se réveille en faisant semblant de découvrir l’antisémitisme et la proximité avec le nazisme de la pensée de Heidegger, apparemment soigneusement masqués par très complaisants traducteurs ; mais souligne Mandioso, le principal problème est que Heidegger n’ pas grand-chose à nous dire d’intéressant sur le monde moderne, tant son ignorance de la science est profonde. Citations :
« Le principal problème est évidemment que la philosophie de Heidegger est faite en grande partie de jeux de langage et se révèle d’une extrême pauvreté ; derrière le jargon heidegerrien, ses questionnements parsemés de de citations poétiques et ses étymologies fantaisistes faisant dériver l’allemand du grec, il n’y a pas grand-chose de sérieux ni de consistant »
« L’agriculture industrielle, les chambres à gaz, et les centrales nucléaires  sont la conséquence inéluctable d’un dévoilement initial, car tel est le destin de l’homme « organisé techniquement », qui a délaissé l’Être «   (c’est le fameux « arraisonnement »). «  La technique  est antinomique de la destinée qui est propre à l’homme- « être le gardien de l’Être »
Le succès de Heidegger s’explique d’une manière assez simple : « il flatte la paresse intellectuelle qui permet au philosophe de négliger des pans entiers de la réalité,  pour se consacrer à la méditation des grands textes, la philosophie se limitant ainsi à un exercice d’autolégitimation »
Ajoutons-y ce que révèlent en matière d’antisémitisme, les « cahiers noirs » qui viennent d’être publiés. ( cf France Culture, Les Chemins de la Connaissance, Heidegger et l’antisémitisme, 17 oct 14) : l’Allemand seul parviendra à conquérir l’essence de la théoria, ce en quoi il est le seul héritier des Grecs ; il s’oppose au Juif, qui s’exprime pleinement dans ses dons pour le calcul, la technique qui déracine et déterritorialise, alors que la philosophie de Heidegger valorise le romantisme du sang et du sol, le chez- soi…
 
Ma préférence positiviste
Désolé, mais s’il s’agit de penser la science et la technique, je préfère et trouve plus sûrs et plus intéressants mes chers positivistes.
« La science ne pense pas » dixit Heidegger, elle dépoétise le monde et détruit l’Être

Ceci, plus de cent ans auparavant, du positiviste Bridges :

« Il est clair que dans l'invention d'une hypothèse, les facultés les plus hautes de l'imagination sont mises en jeu. Personne ne doute que Kepler et Archimède fussent doués de forces imaginatives aussi puissantes que celles d'Eschyle ou de Milton. Et dans ce procédé mental, non seulement l'imagination, mais les sympathies les plus nobles de l'homme, pensait Comte, ont une part des plus actives. »
Sur l’essentialisation des Allemands et des Juifs :

« C’est certainement une des plus étonnantes inventions de la littérature actuelle que de soutenir qu’il y a des idées qui sont caractéristiques des races «  (Pierre Laffitte)
« Nous n'apppartenons pas à une race, mais à une civilisation constituée par vingt peuples différents… En dehors des grandes divisions connues — la blanche, la jaune, la noire, — les races, au point de vue physiologique, n'existent pas. Il n'y a que des races sociologiques. Pour mon compte, je ne suis pas de telle race, la celtique, par exemple, en dépit delà structure de mon nom. Je suis d'une civilisation composée d'hellénisme, de romanisme et finalement d'européanisme » (Lavertujon)
 
La pensée contre les Lumières, contre la Science, contre la Technique, pour le mysticisme du sol et du sang ne pouvait que conduire Heidegger aux confins du nazisme, le prédisposait à servir en instrument des nazis, ce qu’il fit, et sans jamais, même après la guerre, même malgré les objurgations de disciples subjugués  tel Jonas ou Arendt, exprimer le moindre remords.
A cela s’ajoute un inquiétant mépris de la démocratie, qu’il a bien transmis à Hans Jonas, le père du Principe Responsabilité, et partiellement, du principe de précaution. Il faut lire Hans Jonas critiquer violemment la démocratie, incapable de prendre en compte le destin des générations futures,  et de féliciter l’ex URSS (celle de Brejnev) de savoir imposer à ses peuples une bienheureuse frugalité, une ascèse et autres sacrifices ; et de l’opposer à une société d’abondance condamnable. Et l’entendre aussi appeler à une « heuristique de la peur », à renoncer à la raison, à la discussion, à la démonstration pour convaincre et y substituer la peur ; et aussi substituer l’inspiration divine à la science.

Que nous sommes loin de l’attachement des positivistes à l’éducation populaire, à l’alliance des prolétaires, des savants et des philosophes, pour le progrès matériel, mental, spirituel.
Non, qu’il ait été un peu, beaucoup, passionnément nazi,  il n’y a rien à sauver chez Heidegger ; et si l’on veut sérieusement penser la science et la technique, c’est par d’autres qu’il faut passer.


mardi 7 avril 2015

Santé et vieillissement_une opportunité économique

Le modèle japonais

Intéressant article dans la Jaune et la Rouge (revue de l’Ecole Polytechnique) de mars 2015 : le Japon au défi du vieillissement. L’article commence par un rappel : le Japon est la société la plus vieille du monde avec  25 % de la population  qui a plus de 65 ans, contre 17,8 % en France. Le Japon connaît même une décroissance notable  de sa population (– 0,2 % par an). L’Archipel préfigure ce qui attend la grande majorité des sociétés développées, à des degrés divers : Chine et Corée sont sur la même évolution, voire plus rapide, puis l’Europe, les USA etc..

Or, étrangeté des étrangetés, figurez-vous : le Japon considère que les besoins de santé de sa population vieillissante constitue davantage une opportunité de croissance qu’un inconvénient ! Bizarrerie des bizarreries : « On pourrait croire que le vieillissement accéléré de la population et la stagnation économique ont entraîné des mesures drastiques de réduction des dépenses de santé et de médicaments, similaires à celles que nous avons connues dans certains pays du pourtour de l’Europe….Il n’en est rien. La population japonaise vieillit et son volume de soins augmente, mais, au lieu de brider cet élan, les dirigeants japonais ont fait le choix de continuer à soutenir ce marché, levier d’innovation, de dépense et de consommation. ».

Le marché du médicament offre un éclairage intéressant sur l’économie japonaise

Ceci est en particulier vrai pour le marché des médicaments  et le Japon a une des industries pharmaceutiques les plus puissantes et les plus dynamiques: «Dans le domaine pharmaceutique, plus généralement, le gouvernement a fait le choix de mener une politique favorable à l’innovation et à la concurrence, considérant que la santé pouvait être un élément de croissance de ce qu’il a appelé « l’économie grise » (au sens d’économie du vieillissement, ou des cheveux gris). Le marché japonais du médicament est un des marchés les plus attractifs du monde, représentant le deuxième marché mondial en valeur et voué à le rester sur le segment des médicaments d’innovation, même si le marché chinois devrait devenir supérieur en valeur en 2025. Les prix y sont plus élevés qu’en Europe. Ensuite, les conditions de prescription et de remboursement sont libérales, avec peu de contraintes sur les volumes.

Enfin, si les baisses de prix sont régulières, elles obéissent à des règles stables depuis plus de dix ans, ce qui offre à l’industrie une grande visibilité sur ses prévisions.. La présence d’une industrie pharmaceutique puissante et qui investit en recherche n’est pas étrangère non plus au consensus politique pour soutenir le secteur. »

La « Silver Economy » : Une politique globale du vieillissement

Le Japon mène une vraiment une politique globale du vieillissement, avec un investissement fort, non seulement dans le domaine pharmaceutique, mais aussi sur les technologie robotiques, informatique et télécommunication. Ainsi, le Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’International (METI) avait depuis longtemps fixé comme axe prioritaire de développement, les recherches en lien avec le vieillissement de la population. Les pouvoir publics, en soutenant en particulier les entreprises privées du domaine de la robotique, tentent de répondre au manque de d’aides-soignants par le développement de robots adaptés aux soins et à l’assistance à la personne. Plusieurs plans nationaux de développement de la filière avaient déjà été menés dans le passé tels que le « Humanoid Robot Project » en 1998 puis le « 21st Century Robot Challenge » en 2001. Début 2013, le METI a lancé un appel à candidatures pour le développement de robots à bas prix (comme par exemple des robots-infirmiers) offrant ainsi une aide publique pour stimuler le marché. L’objectif est de déployer à grande échelle des solutions robotiques innovantes. Le centre de recherche de RIKEN et Tokai Rubber Industries a développé « RIBA » (Robot for Interactive Body Assistance). C’est un robot capable de soulever et de transporter une personne (jusqu’à 80 kg). Il sera utilisé dans des maisons de retraite dès l’an prochain (pour mémoire, le premier prototype date de 2009).

Plus généralement, le Japon a misé dès 1994 sur le principe du "design universel", qui permet que toutes les infrastructures, notamment les lieux publics et les transports, deviennent progressivement accessibles à tous. Le Japon a également légiféré sur des standards industriels visant à encadrer l’industrie dans le développement de produits et services destinés aux personnes âgées. Un processus de standardisation, encadré par le National Institute of Technology and Evaluation, qui implique les industriels. En Europe, seule l’Allemagne a lancé en 2009 une initiative proche "l’âge, un facteur économique" qui cherche à sensibiliser les entreprises aux conséquences du vieillissement de la population sur leur activité. Cinq secteurs ont été ciblés : la santé, le tourisme, le commerce de détail, les services financiers et les services ménagers.

Les dépenses mondiales en soins de santé connaîtront une croissance supérieure à celle du PIB mondial, surtout dans des domaines tels que la dialyse, l’orthopédie et le traitement des maladies liées à l’âge. Certains pays choisissent la réduction des dépenses de santé, par tous les moyens,; d’autres considèrent les besoins de santé, en particulier à l’âge comme des opportunités de croissance. Devinez qui seront les vainqueurs, et chez qui les personnes âgées seront plus humainement traitées ! Un rapport australien rappelle que les personnes âgées sont contributeurs nets de soins et d’aides jusqu’à l’âge de 75 ans (The benefits of an ageing population – transition, not crisis ; The Australia Institute).

En ce qui concerne plus spécifiquement les médicaments, nombreuses sont les situations pour lesquelles les traitements existants sont soit inadaptés soit tout simplement inexistants  pour les personnes âgées : antiinflammatoires ou antihypertenseurs non tolérés, ostéoporose, arthrite, reflux gastro œsophagien, sans parler évidemment de la maladie d’Alzheimer et autres maladies neurodégénératives. Le Japon est actuellement le second marché pharmaceutique et son industrie pharmaceutique est l’une des plus puissantes au monde ; son investissement dans la domaine des pathologies liées à l’âge est un garantie qu’elle le restera pour longtemps !
 
 

samedi 4 avril 2015

Pleading for therapeutic research


What is a fair price for the sofosbuvir?
In April of this year, the New England Journal of medicine  announced a major, long-awaited therapeutic breakthrough.  In association with another antiviral - but without interferon, a new molecule, Sofosbuvir, allowed cure rates of hepatitis C from 93 to 99% after 24 weeks of treatment in patients infected with HCV genotype 1 in failure of protease inhibitor in the fibrotic stages. The good news quickly became subject of controversy; developed by Gilead, the treatment should be proposed to 60.000 euros for twelve weeks,  600 eur par  tablet. In France, the number of patients at all stages is of about 250.000. The cost would be truly unbearable if we treated all patients – though, however, they probably could  all benefit from it.
This kind of problem can be addressed by negotiations and usually price/volume agreements- more sales, lower price. But it is worrying that for most of  public opinion and health officials, Sofosbuvir appears as an economic problem rather than a major therapeutic breakthrough- whereas, leaving apart the patient life and life quality (!!!), it is also a major economic progress if you compare to rather inefficient  interferon (70.000 euros), not to speak of  liver transplant
A more pertinent question perhaps is this: Why do France and Europe invent us less and less drug in France and Europe, why do not we have success stories like Gilead? Gilead, founded in 1987 by Michael Riordan, a 29-year-old doctor infected by the virus of dengue on a humanitarian mission and wanting to devote himself to antiviral research, has developed and put on the market within a few years  many truly innovative drugs, among other  (anti-parasitic) Ambisome, (antiviral) Tenofovir, Cayston (antibiotic), the Emptricitabine (antiviral), the Flolan (Antithrombin), the Volibris (endothelin antagonist, first treatment for pulmonary hypertension), Macugen (synthetic protein derived from VEGF, against macular degeneration due to age), the famous Tamiflu, anti-viral flu A and B and first class of inhibitors neuramidinase.
Long live  the pharmaceutical industry !
Perhaps this is because we have become accustomed to consider drug as a cost, everywhere easy victim of ministers looking for savings, and not as a progress, pharmaceutical companies as profiteers, and not as entrepreneurs who take risks (cf. the mortality rate of the biotechs!) to invent remedies ; because drugs are seen as social expenses and not as patient benefit. I have always had difficulty to understand why when the French buy fewer cars, this is a national tragedy,  to be  remedied with subsidies, whereas if they buy drugs for their health, it is anti-civic behavior to punish! (And, by the way, yes, it may be justified to prescribe an antibiotic for a viral infection - almost all of the 50 to 100 million victims of the Spanish flu died of secondary bacterial infections, not the virus!)
So, remember. In 1967 appeared beta blockers. It was the first effective treatment against this 'silent killer' –hypertension- and dozens of years of life gained for many. They were followed in 1981 by inhibitors of the enzyme conversion, by antagonists of angiotensin (1995), becoming increasingly specific and safe. By the way, this success is the illustration of the need for several drugs targeting the same pathologies and also the same mechanisms to cover the variety of individual situations. I 1977, there were the first antiulcer medicines, antihistaminics; peptic ulcer and its unbearable pain, and its dangers that have long poisoned the life of our parent or grandparents has  gradually ceased to be a surgical indication and is well and safely treated by these antihistamines, and antibiotics, and Proton pump inhibitors (1989). In 1980, the therapeutic entered the era of genetic engineering with the production of the first recombinant interferon that allowed to treat previously untreatable viral diseases, with also insulin recombinant production (1980), and then growth hormone (1985) and many others, that will treat all patients without restriction, more easily and avoiding horrendous problems with viral contamination of natural hormones. In 1983, it was the discovery of the first anti-rejection drug, cyclosporine; without this new therapeutic class, the extraordinary adventure of transplants of all kinds would have been simply impossible, despite the ingenuity and technical prowess of surgeons. In 1985 was released the first antiviral drug active against HIV/AIDS, first of a long series; never any threatening and deadly epidemic for humanity was fought as quickly. In 1988, a new class of drugs, Statins could effectively treat this second silent killer that is the 'bad cholesterol '. From 1994, triptans could relieve migraine sufferers-only migrainous can understand what it means. In 1998, a antibody obtained by genetic engineering to effectively address the pain and disability caused by rheumatoid arthritis. In 2001 appeared Gleevec, first anticancer targeted drug, which acts directly on the proteins altered in some cancers (and not killing the cells in a quasi-indifferenciate manner); This was the first of the kinase inhibitors, a class in continuous expansion ; there will be no "magic bullets" against cancer, but more and more drugs tailored to each type of cancer - it comes out almost every year. New antidiabetic agents (a disease in expansion and still badly treated), the gliptines, appeared in 2006. And progress continues ; for example, new treatments, simple small chemical molecules have appeared against the terrible cystic fibrosis...
I am rather proud to work in pharmaceutical research, in an industry that saves, heals, improves the lives of humans. And yes, there should be aggressive, wise, encouraging policy for therapeutic progress in Europe to ensure there will still be in next future a pharmaceutical industry in France and Europe ; otherwise we will have to buy new expensive drugs elsewhere, or do without.
 

vendredi 3 avril 2015

The Empire of Science_Napoleon and his scholars


From Napoleon, history usually retains the great battles, the daring strategies, the glorious marshals, the terrible defeats, the flight of the Eagle's return from Elba Island, the romantic end of St. Helena. As a matter of fact, what was Napoleon reading at Longwood, Sainte-Hélène ? Among other things, the astronomy of Delambre, and also  the course of Crystallography and cosmogony of Haüy, the chemistry course of Fourcroy, the course of mathematics of Lacroix, books that were written by the greatest scientists of his Empire to become classic teaching manuals to be used in the Lycées founded by him, books that he annotated from his hand. Napoleon, from the start and up to the end of his life, had a passion for science and followed its latest developments; and it is no coincidence that, during his reign, France became the dominant scientific power.

So I am here referring to another Napoleon, the Napoleon who made France the greatest scientific and industrial power of its time; and, despite the amazing number of books that are devoted to him (it is said that, since his death, one has been published every day), very few deal with this subject.

Napoleon built a veritable empire of science because, under his reign, the French domination on science became insolent: Laplace reigned on astronomy and mathematical physics with its Mécanique Céleste, who did explain how Newton's laws govern our solar system, with its subtle use of approximations and probabilities; he was in good company with Lagrange, Lalande, Biot, Arago. The chemical Revolution of Lavoisier continued with Thenard, Berthollet, Chaptal, Fourcroy, Vauquelin, Gay-Lussac. Chemistry was still for a time a French science, they explored all routes: study of the chemical reaction for Berthollet, medicinal chemistry for Fourcroy, industrial chemistry for Chaptal and Gay-Lussac. The Napoleonic prefect Fourier, a prominent member of the Expedition in Egypt, invented a new type of mathematical analysis which earned him a huge celebrity and the abbé Haüy continued what he started under the former Monarchy and even at the worst moments of terror: he breaked and classified crystals, buildind the basis of modern crystallography. In natural sciences, Daubenton and Lacépède continued Buffon work; Cuvier, in the words of Balzac, “rebuilt  worlds with bleached bones”, Lamarck and Geoffroy Saint-Hilaire elaborated a first theory of evolution. Corvisart, Pinel, Bichat, Fourcroy make Paris the location where  “modern medicine was born" - clinical medicine – according to the American historian Richard Shryock.

England, at the same time, only had one professional searcher paid by the State, the astronomer royal, successor of Newton, and also Davy, thanks to the Foundation created by the original count Rumford…who finally sought refuge and devoted his agitated life to science in Napoleonic France. Le Moniteur, official journal of the Empire where appeared stories of victories of the Napoleonic armies, and, less often, defeats, was also put at the service of scientific ambition. In full competition with Davy for the discovery of new chemical elements, Gay-Lussac could use it for accelerated publications; Davy, envious, commented: "this journal was that of science as well as war, and this incongruous mix was well in the style of the individual (Napoleon) who directed it.

French hegemony is well revealed by a significant anecdote. Mary Sommerville, the Laplace English translator, visiting the french scientists after the fall of Napoleon, wrote: "I felt some difficulties to follow the general conversation, but, when there was talk of science, it was much easier because all my books of science were in french.”

Empire of science, also, because scientists never were so honored, ennobled, rich and powerful, and mingled with political power. Chaptal, Minister of the Interior, put in place the modern France administrative organisation, created Prefets and national statistics, instruments of a rational, informed, effective government, installed  Chambers of Commerce and Industry, reorganized the hospitals with nurses and midwives now professional and well trained and creates the still existing Pharmacie Centrale, mobilized its prefects to combat smallpox and dropping the perinatal mortality, invented the cultural decentralization by creating a dense network of provincial museums and marked the landscape of France by the cultivation of beet and the law on cemeteries. Fourcroy, another great chemist, one of the main disciples of Lavoisier, after how many efforts and sacrifices !, invented the education system as we know it today, created the baccalaureate and great schools of engineers typical of the french system – such a Ecole Polytechnique, invented even the term and the concept of "Corps Enseignant”, organized professional teachers, formed by the State, with well-defined programs to teach and a career.

This is the story I wanted to tell… among many other things

Eric Sartori, l’Empire des Sciences, Napoléon et ses savants, Ellipses 2014 (reedited)
 
 

jeudi 2 avril 2015

Science, créationnisme, positivisme_ Comte oublié


Le Réveil de l’obscurantisme, article contre le créationnisme paru dans La Recherche, (avril 2015) (Véronique Le Ru- repris d’un numéro antérieur). L’article insiste sur la longue marche des scientifiques vers la séparation entre croire et savoir, entre science et théologie et critique justement les créationnistes pour tenter de faire croire que cette distinction n’existe pas, n’ a jamais existé. Ce n’est pas là-dessus que je le reprendrais.
Mais sur ceci : « Ernst Mach, dans La mécanique, publiée en 1904 insiste lui aussi sur l’idée que le principe d’économie ( ie la nécessité pour le chercheur de rendre compte de la réalité à partir des hypothèses les plus simples possibles) ne peut plus être référé à Dieu comme créateur de l’ordre de la nature,  mais doit être référé à la science elle-même… la science vise à présenter, selon la moindre dépense intellectuelle, un maximum d’explication des phénomènes en un minimum de propositions. Cependant, ce calcul de l’optimum n’est plus rapporté par Mach, à un fondement transcendantal qui serait le Dieu parfait créateur du meilleur des mondes possibles, mais à la science elle-même régie par les tendances de l’esprit humain… »
D’accord ; mais sur un tel sujet, pas un mot, pas une phrase mentionnant soit Auguste Comte, soit positivisme !!! Auguste Comte qui avec la loi des trois états ( toutes nos conceptions mentales passent par un stade théologique, un stade métaphysique et un stade positiviste ou scientifique) définit bien une rupture fondamentale entre science et religion ; et quant au principe d’ »économie », ceci  : « la démarche scientifique consiste  à ne jamais imaginer que des hypothèses susceptibles, par leur nature, d’une vérification positive, plus ou moins éloignée mais toujours clairement inévitable, et dont le degré de précision soit en harmonie avec celui que comporte l’étude des phénomènes correspondants… En conservant toujours le degré de précision compatible avec la nature des recherches correspondantes, on ne saurait douter que l’institution de l’hypothèse la plus simple qui puisse satisfaire à l’ensemble des observations actuelles ne soit, pour notre intelligence, non seulement un droit très légitime mais même un véritable devoir impérieusement prescrit par la destination fondamentale de nos efforts spéculatifs «  (Comte, Cours de Philosophie Positive, 58ème Leçon)
Alors, pourquoi citer Mach en oubliant, une fois de plus Comte ? Alors que Ernst Mach se revendiquait, lui,  du positivisme et de Comte ; qu’il contribuait à la Revue Occidentale des positivistes orthodoxes ; et que, pour ceux qui ignorent ou nient les liens entre le Positivisme de Comte et ce qui deviendra le Positivisme de Vienne, Ernst Mach aurait dû présider la délégation autrichienne, et, je crois, la cérémonie elle-même,  de l’inauguration de la statue d’Auguste Comte place de la Sorbonne en 1901, cérémonie qui ne put avoir lieu et fut repoussée d’un an- Mach, ne pouvant se déplacer, fit cependant parvenir un discours.

Oui, Comte oublié, méconnu, et toujours actuel… c’est bien dommage !

Eric Sartori; Le socialisme d'Auguste Comte, aimer, penser, agir au XXIème siècle, L'Harmattan, 2014

Pleading for Chemistry


I was surprised some time ago by the number of Ukrainian and Russian companies in the field of chemistry, including selling elaborated compounds developed for research, screening libraries etc. The answer to the riddle is in no of June 2014 of l’Actualité Chimique, through an article on the International Chemistry Olympiads. France registered 250 applicants, against 10,000 for the USA, 250. 000 for Ukraine, and 500,000 for Russia.

The craze for Chemistry (which generally started with little chemistry sets for children  before regulations –especially european - forbid anything exciting in it ) seems to have largely left France to thrive elsewhere. Yet, Chemistry was largely a French science, founded in its modern version by Lavoisier.

Then, to restore the balm to the heart for teachers of chemistry, these quotes from two disciples of Lavoisier:

Fourcroy 1800, in his synopsis of chemistry, which launches into a eulogy of medicinal chemistry: "Chemistry... discovers the nature and the composition of animal material. It will precisely determine the chemical reactions that occur in living animals, such as Spallanzani has elucidated the mechanisms of digestion and Lavoisier, respiration. By analysis of the altered bodies, it will discover what is happening in the organic injury and what diseases are. It will discover ways to prevent disease in their beginning. It will simplify the pharmaceutical remedies, will eliminate the inactive substances, will make therapeutics formula more exact and reproducible ... »

And Chaptal, for the industrial chemistry: "Before that chemistry was reduced to general principles, many industry operations, factories, manufactures were, so to speak, the preserve of a few nations and the ownership of a small number of individuals. The most absolute secrecy covered each process of the veil of mystery; formulas and practices transmitted by inheritance from generations to generations. Chemistry unveiled everything; it  made the field an heritage of all, and in a short time, we saw the people where this science was cultivated to enrich from their neighbours. Preparations of lead, copper, mercury; working iron, the manufacture of acids; the finishing of fabrics; the colors on canvas printing; the composition of crystals, terracotta and porcelain; all this was taken from the secret, and is now a common property...Thus, since twenty years, chemistry has created several branches of industry ".

Playful, dramatic, exciting, ubiquitous...

As any science done well, chemistry is a language, and those who ignore it cannot understand much about biology, drug, textiles, dyes, inks, plastics, photography, geology and its wonderful crystals, air, water and their pollutants, cosmetics, metals and their transformations, more and more technical glasses end lenses, oils and potential substitutes,  agrochemicals and fertilizers, insecticides, herbicides now discredited, but which have saved humanity from famines, to plants and amazing substances they produce - the store of the God, said Pierre Potier, the inventor of the taxotere; and the colors of paintings, and the smells of flowers and perfumes; all this without chemistry is incomprehensible.

Then perhaps we can recall that teaching Chemistry may be exciting, dramatic, playfull – may be needing some aggiornamento. That this language may in part be acquired early enough in a rather playful, elemental form. The educational journals are full of ideas for interesting demonstrations - teachers should have more time to devote to experimental chemistry. It would probably also possible to build a video library of dramatic experiences –too difficult to run in a standard school  lab. . Some aspects lend themselves well to simulations or fun presentations on computers.

Probably,  study of chemistry   should begin early enough at the college or even before by a panorama of the different areas of chemistry. And perhaps we should also further specialize teachers - separate physics and chemistry? or at least allow those passionate about chemistry teaching it as a priority.

Nothing impossible: Fourcroy taught the chemical Revolution of Lavoisier to  passionate audiences of 1500 people. It was necessary to enlarge the amphitheatre of Buffon in the Muséum d'Histoire Naturelle (Jardin du Roi)