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mercredi 31 juillet 2019

Tritium et boule de gomme : les marchands de peur


L’Acro frappe un grand coup…de propagande « écolo ». Le grand bluff

Il y avait déjà eu une première tentative de l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest), « association citoyenne d'information et de surveillance de la radioactivité » début juillet avec la dénonciation de la « présence de tritium » dans la Loire (cf. blog précédent https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/tritium-dans-la-loire-information-et.html)
.
Ca n’avait pas trop bien marché, petite reprise locale et rapidement un communiqué de l’ASN (autorité de Sureté Nucléaire) assez largement repris et remettant les choses (c’est-à-dire rien) au point.

Mais après ce coup d’essai qui n’était pas un coup de maître propagandiste, l’Acro a récidivé. En grand. Et le premier à se faire avoir fut le Canard Enchainé ( d’habitude mieux inspiré, qu’ils arrêtent l’eau et reviennent au julienas !)

 L’histoire commence le 16 juillet. En fin de journée circule en ligne un article de l’édition du lendemain du Canard Enchaîné intitulé «De l’eau potable assaisonnée à la radioactivité». Sur quatre colonnes, l’hebdomadaire évoque ces «6,4 millions de Français, dans 268 communes, [qui] boivent sans le savoir de la flotte au tritium, un radioélément recraché par les installations nucléaires». La source :
un rapport de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest (Acro).

Ce document est également médiatisé par des élus écologistes des conseils régionaux des Pays-de-la-Loire, de la Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val-de-Loire, qui interpellent les autorités dans un texte commun, également publié le 16 juillet. Signalons un tweet depuis effacé de l’ineffable, l’immanquable Michèle Rivasi, appelons les mères à ne pas utiliser d’eau du robinet pour les biberons.
A la mi-journée, le 17, c’est l’Agence France-Presse qui consacre une dépêche à cette étude : «Du tritium dans l’eau potable de millions de personnes », titre l’AFP. S’ensuit une avalanche d’articles reprenant cette dépêche sur le mode anxiogène. «A force de titres alarmistes et d’infos copiées-collées sans mise en perspective scientifique, un rapport sur la présence à très faibles doses de tritium (hydrogène radioactif) dans l’eau potable en France a pris des airs de catastrophe nucléaire de grande ampleur», résume Arrêt sur images. Le Parisien reprend le communiqué de l’ACro et dénonce une « contamination » radioactive de l'eau alimentant 6,4 millions personnes en France. Selon elle, 268 communes sont concernées, dont de « grandes agglomérations » comme Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes, et 122 communes d'Ile-de-France. Dans un second temps, Le Parisien, après un second titre alarmiste et devenu schizoprène,  titre  finalement « Gare aux fake news». C’est bien, c’eût été mieux avant !

Car entre temps, la panique s’est répandue. Sur les messages sociaux circule un enregistrement audio d’une femme se disant infirmière à Bichat : «Je vous fais ce message pour vous dire de ne surtout pas boire l’eau du robinet. Parce qu’étant infirmière […] au niveau des hôpitaux de Paris, à Bichat, on a reçu un arrêté préfectoral à l’instant disant que toute l’eau de l’Ile-de-France et de Paris a été contaminée au titanium donc est radioactive. […] A priori, ils n’ont pas trop l’intention de prévenir en fait au niveau national. Donc du coup à l’hôpital ben on prévient tous nos proches. Donc je vous fais ce petit message : ne buvez pas l’eau du robinet […] . L’Assistance publique de Paris reçoit de nombreux appels affolés des Samu et de particuliers. Une internaute témoigne : « A Rueil Malmaison la direction d’un foyer pour enfants a interdit la consommation d’eau du robinet car elle serait selon eux contaminée (4,2 Bq/L à Rueil) et de nombreuses personnes de mon entourage ont par peur acheté plusieurs packs d’eau minérale. »

Et maintenant la réalité :

« Aucune valeur ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires », reconnaît l'association elle-même alors que la moyenne de ces relevés est de 9 Bq/L !!!!

Donc, il n’y a rien, rien à dire, absolument rien. Et au lieu de « Du tritium dans l’eau potable de millions de personnes », c’est bien plutôt :
« Une association confirme que 6 millions de français ont accès à une eau qui respecte le critère de qualité de 100 Bq/L (Becquerel par litre) » Point, Punkt, Punto…

Au passage, corrigeons en admirant la sophistique de l’ACRO : « le critère de qualité de 100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires » n’a en fait rien de sanitaire. Ce seuil de 100 Bq/L, précise l’Autorité de Sureté nucléaire (ASN)  « ne représente pas une limite sanitaire » mais simplement une limite réglementaire qui doit entrainer une investigation pour vérifier l’origine de cette radioactivité, qui est sans danger pour la santé. En ce qui concerne la potabilité, l’OMS considére « une valeur guide de 10 000 Bq/L pour le tritium dans l'eau de boisson, à considérer en cas de consommation permanente de l'eau ». Soit cent fois plus !!!

Ne pas en rester là ! No fake science !

Donc, en pleine canicule, une véritable panique a été créée…à partir de rien. Les hôpitaux de Paris , la Préfecture, l’ASN ont dû multiplier les communiqués pour tenter de rassurer l’opinion et réparer ou éviter les dégâts possibles de la petite et méprisable manipulation de l’ACRO. Qui aurait pu avoir des conséquences graves si des personnes âgées ou des enfants avaient renoncé à s’hydrater sur la foi de ces fake news.

Plainte a été déposée contre l’auteur anonyme de l’enregistrement audio – la prétendue infirmière de Bichat. C’est bien le moins. Il serait aussi souhaitable que l’Acro ait à répondre de ses manipulations. Elle possède un agrément de l’ASN pour son laboratoire, sur son site, elle se dit « agréée de protection de l’environnement dans le cadre des régions de Basse-Normandie et de Haute-Normandie » et sans doute touche-t-elle des subventions. Il est peut-être temps d’y mettre fin.

Se pose aussi la question du traitement des informations scientifiques par les media. Et justement juste avant cette affaire venait de paraitre une pétition initiée par le groupement NoFakeScience, « collectif de citoyen·ne·s qui s'est réuni autour d'une préoccupation majeure : le traitement actuel de l'information scientifique dans les médias. Une pétition en ligne a été lancée, dont voici le début :

« Nous, scientifiques, journalistes et citoyen·ne·s préoccupé·e·s, lançons un cri d’alerte sur le traitement de l’information scientifique dans les médias, ainsi que sur la place qui lui est réservée dans les débats de société. À l’heure où la défiance envers les médias et les institutions atteint des sommets, nous appelons à une profonde remise en question de toute la chaîne de l’information, afin que les sujets à caractère scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans déformation sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être restaurée sur le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s. »

Bien que n’étant pas fan de l’écriture dite inclusive, à lire et à signer absolument, le sujet est trop important (https://nofake.science/tribune/)

Au-delà, nous savons bien quelles sont les causes de cette affaire et du comportement de l’ACRO : la haine irrationnelle, misologue, rétrograde, absolue, imbécile de certains écologistes contre le nucléaire civil. Eh bien qu’ils nous expliquent comment ils comptent sauver le climat sans nucléaire – tiens les Allemands, en cette période de canicule rejettent 8 fois plus de CO2 que nous !!! Oui, les manigances et mensonges de ces imbéciles malfaisants doivent être dénoncées sans relâche et sans compromis…car ils savent très bien ce qu’ils font : calomniez, mentez, terrorisez,  il en restera toujours quelque chose, un fond vague de nuage de tritium sur le nucléaire….

Complément sur la radioactivité du tritium – et les célèbres bananes !

Le tritium est un émetteur beta pur. En se désintégrant, avec une demi-vie d'environ 12 ans, il émet un rayonnement beta, un électron. En l'occurrence, un rayonnement de très faible énergie : 5,7 keV en moyenne. C'est 33 fois moins que l'énergie du beta du Césium 137 ! En plus de ça, vu qu'il est sous la forme d'eau, il est très vite métabolisé et évacué : il ne séjourne pas longtemps dans l'organisme s'il y pénètre. C'est à dire qu'il faut des niveaux de radioactivité (en becquerels) très très élevés pour avoir des doses (en sievert, qui permettent d'évaluer un impact sanitaire) significatives.

Les facteurs de dose  sont des coefficients qui permettent de passer, en cas de contamination interne, des activités (en Bq) aux doses (en Sv). Autrement dit, pour une quantité de radioactivité égale, ils donnent la radiotoxicité, le risque.
Pour l'eau tritiée, dans le pire cas (c'est à dire chez l'enfant d'un an), on est à 64 pSv/Bq. Oui, picosievert (1/1000000000000)
En comparaison, le potassium 40, il balance du 62 nSv/Bq, car sa désintégration beta est très énergétique.(1/1000000000).
Donc le tritium sous forme d'eau tritiée est 1000 fois moins radiotoxique que le potassium 40, à quantité de radioactivité égale.

Or, les très chères bananes contiennent chacune 20 Bq de potassium 40. Donc considérez qu'en termes de radiotoxicité chez le bébé, 20 000 Bq d'eau tritiée valent une dose équivalent banane.

Si on vous parle d'eau à 10 Bq/L, ce qui est le cas en moyenne selon les mesures de l’Acro, il faut en boire 2000 L pour prendre la même dose qu'en mangeant une banane.

Évitez de faire ça d'une traite. Sur le bébé, mais même sur vous. La radioactivité risque d'être un problème secondaire
(Pour ceux qui auraient pas reconnu, c’est l’humour de Tristan Kamin, rien de mieux ! j’ai repris ces données sur son indispensable thread twitter (https://twitter.com/TristanKamin)

Pour ceux qui aiment bien les bananes, ne manquez pas  veritasium : Most radioactive places on earth !!!  (https://www.youtube.com/watch?v=TRL7o2kPqw0)
                                  
Bon d’autres données :
Vivre à côté d’une centrale nucléaire : 0.002 mSv
Dose reçue en dormant chaque nuit à côté d’un être humain : 0.05 mSv
Dose moyenne en France d’exposition naturelle au radon : 1.4 mSv
Exposition médicale moyenne en France : 1.6 mSv
Radioactivité des zones granitiques de Bretagne : 5 mSv
Dose reçue par le personnel des vols Paris Tokyo : 9 mSv
Dose limite d’exposition pour les travailleurs du nucléaire : 20 mSv
Radioactivité naturelle au Kerala en Inde : 70 mSv
Niveau de référence pour l’exposition professionnelle d’urgence : 100 mSv
Eau tritiée de l’ACRO : 0.0000006 mSv/l



lundi 29 juillet 2019

Grand Débat, déchets nucléaires, PNGMDR et Cigeo


PNGMDR : Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs

PNGDR qu’es aco : Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs. Et il y a là-dessus  un débat organisé par la CNDP (Commission Nationale du Debat Public) – celle qui a organisé un grand débat ma foi assez objectif et bien conduit sur la PPE ( loi de Programmation pluriannuelle de l’Energie) et qui s’est fait recaler du Grand Debat de Macron ( et pour cause, puisqu’il s’est révélé comme une simple opération de propagande en vue des Européennes).

Donc débat il y a sur les déchets nucléaires, avec, selon maintenant une méthode bien rodée, site internet, documents d’information, cahiers d’acteurs, contributions citoyennes et aussi débats délocalisés.

Pour l’un de ces débats, à Lille, ça s’est mal passé. « La réunion publique de Lille qui s'est tenue fin mai, a été perturbée par certains participants anti-nucléaire. La commission en a pris acte, et a interrompu la rencontre au bout d'une heure trente environ, quand les échanges ne pouvaient plus se dérouler dans des conditions satisfaisantes. Elle regrette cette décision et invite tous les citoyens à participer au débat public via les différentes modalités offertes : réunions, site internet etc ; pour exprimer leur point de vue.
Il semblerait que les personnes qui ont perturbé la réunion aient répondu à l'appel de plusieurs collectifs qui considèrent "qu'il n'y pas à débattre tant que les centrales continuent de produire des déchets]", et qui souhaitaient "qu'aucun discours pro-nucléaire ne puisse s'exprimer" (tract du réseau Sortir du Nucléaire).
Précisons que tout au long de la phase de préparation et au cours du débat, la commission a proposé à ces associations et collectifs d'être présents dans le débat selon des modalités à discuter…

Belle démonstration du fanatisme et des conceptions de la démocratie, du refus de toute rationalité de certains prétendus écologistes. Au moins c’est clair !

Ceci dit, si la presse s’est fait l’écho de l’échec de Lille, il  a eu d’autres débats, certes passionnés, mais qui ont pu normalement avoir lieu, à Caen, Cherbourg, Rennes, Valence, Bordeaux, Strasbourg, Bar Le Duc, Lyon, Rouen…Et qui ont quand même révélé de grandes ignorances et pas mal de fantasmes.

Le cri d’alarme et position de Greenpeace (Yannick Rousselet)

« Nous faisons face à une saturation de toutes les capacités de stockage. Quel que soit le type de déchets, tout est saturé. La crise la plus forte est celle des combustibles usés qu’EDF garde dans les piscines de ses centrales. Elles ne sont pas destinées à cet usage, notamment pour des questions de sécurité. Elles sont normalement utilisées pour le refroidissement des combustibles à leur sortie des réacteurs, mais dans un délai raisonnable. EDF préfère les garder car cela ne lui coûte rien. Dès que le combustible sort de la centrale, il faut payer le service à Orano (ex-Areva »).

NB : une façon un peu partiale de voir les choses : en fait, ce stockage sous piscine est une étape transitoire incontournable du traitement des déchets….

 « La Hague est au bord de la saturation. Environ 10 000 tonnes de déchets y sont stockées. Sur le papier, elle présente une capacité de 17 000 tonnes. Mais dans la réalité, des espaces comme les allées de circulation sont comptabilisés dans ses zones de stockage. On tombe alors à 11 000 tonnes de capacité. EDF nous annonce la construction d’une nouvelle piscine de stockage géante à Belleville-sur-Loire (Cher) pour évacuer ces stocks de La Hague et des centrales. Elle ne sera pas opérationnelle avant 2030. Pendant ce temps-là, à La Hague, ce sont automatiquement 150 tonnes de déchets supplémentaires qui doivent être stockées chaque année. Pour nous, ce n’est pas la solution. »

« Il faut revisiter le dogme français du recyclage puis du stockage en couche profonde. L’entreposage à sec en subsurface (jusqu’à 30 m de profondeur) est une voie à étudier. Elle est utilisée en Suisse. Les Belges ont vidé les piscines de leurs centrales. Orano sait travailler pour cette filière. À la différence du stockage très profond, elle présente plusieurs avantages. Cette méthode est beaucoup plus flexible. Elle n’utilise pas d’eau. Et surtout, elle permet un retour en arrière. Peut-être que des avancées scientifiques nous permettront de mieux traiter les déchets à haute activité. S’ils sont enfouis à Cigéo, on ne pourra plus rien faire. »
(NB c’est faux, voir ci après)

Contributions : les Anciens du Nucléaire et la CFE-CGC

Sur le site de la Commission, deux contributions claires qui énoncent bien les enjeux : une d’un groupe d’anciens du nucléaire, et  d’autre part, de la CFE-CGC qui joue bien ici son rôle de partie prenante légitime à l’intérêt général (que Macron déniait aux syndicats !). Extraits :

« Le « Collectif des anciens du nucléaire » rappelle que l’électricité consommée par une personne pendant 50 années génère seulement 20 kg de déchets radioactifs (dont un peu moins de 500 g de déchets à « vie longue »). »

« Il souhaite aussi attirer l’attention sur les conséquences de l’application du principe de précaution étendue à la gestion des déchets issus de la déconstruction à venir des réacteurs du parc en exploitation d’EDF. Ce sont principalement des gravats et des déchets métalliques très faiblement radioactifs, en quantités importantes mais qui ne présentent aucun risque sanitaire. Ces déchets sont pourtant considérés comme des déchets radioactifs en se basant sur la zone d’origine de leur production, faute d’existence d’un seuil de libération.
La France est semble-t-il le seul pays européen dans ce cas. C’est d’autant plus étonnant qu’une directive européenne (2013/59/Euratom) autorise cette libération en fixant les valeurs d’activité à respecter, reconnues et utilisées par les autres pays européens nucléarisés. Or, non seulement cette absence de seuil a pour conséquence la multiplication des transports et la saturation des sites de stockage, mais elle est clairement néfaste pour le climat. En effet, recycler l’acier dans un four électrique alimenté en électricité pratiquement décarbonée, comme c’est le cas en France, émet très peu de CO2 alors que l’élaboration d’acier de « première fonte » à partir de la mine émet près d’une tonne de CO2 par tonne d’acier élaboré. Ainsi, avec la déconstruction prévue des réacteurs d’EDF ce sont plus de 500000 tonnes d’acier qui seront potentiellement concernées par le seuil de libération en France, ce qui représentera autant de tonnes de CO2 dont les rejets pourraient être évités… »

« Le stockage géologique profond choisi pour Cigeo est la solution la plus sure tant que les solutions de transmutation ne sont pas disponibles Concernant les déchets les plus actifs (HA) et/ou d’activité moyenne mais les plus durables (MAVL), la solution de long terme la plus sûre est le stockage géologique profond dans une couche argileuse épaisse, étanche et stable depuis des millions d’années pour au moins deux raisons majeures.
Il offre le plus de garanties analysables et vérifiables en termes de non-dissémination de matières radioactives dans l’environnement susceptibles d’atteindre les hommes et les autres êtres vivants.
Il constitue une protection appelée à devenir purement passive à terme, c’est-à-dire sans nécessité d’une intervention humaine, après une phase de possible réversibilité si un procédé de traitement est un jour mis au point. Cette conclusion est partagée par la France et de nombreux pays ayant étudié longuement le sujet (Royaume-Uni, Suisse, Suède, Finlande, Canada, etc.). Ce sera aussi la nôtre dans ce débat…

CFE-CGC :Extraits

Pour la CFE-CGC, la production d’électricité d’origine nucléaire permet de disposer d’une source d’énergie décarbonée, pilotable et compétitive. La Programmation Pluriannuelle de l’Energie prévoit qu’elle demeure, en lien avec le développement des énergies renouvelables intermittentes, une composante essentielle de la politique énergétique de la France. Il est donc essentiel de s’assurer que les déchets et matières radioactives sont pris en charge de manière sûre, sans conséquences sur la santé ou l’environnement.
La CFE-CGC considère que le PNGMDR doit être un outil au service de la politique énergétique française en permettant de s’assurer d’une gestion responsable des déchets et matières radioactives sur le long terme pour : • garantir la protection des populations et protéger l’environnement lors des traitements et manipulations de ces déchets de haute, moyenne, faible et très faible activité avec des moyens proportionnels aux enjeux et à la dangerosité ; • poursuivre le retraitement des combustibles usés qui permet à la fois de recycler aujourd’hui l’équivalent de 10 % des matières du combustible, de constituer un stock de matières valorisables dans de futurs réacteurs, de préserver ainsi les ressources naturelles et de réduire la quantité et la dangerosité des déchets de haute activité ; • promouvoir les emplois existants et à créer en France liés à la gestion des matières, des déchets... »

Une nouvelle piscine d’entreposage de combustibles uses est nécessaire.

 Le parc nucléaire français actuel utilise de l’ordre de 1 200 tonnes de combustible par an et il en traite environ 1 100 tonnes dont une partie (environ 100 tonnes) est recyclée sous forme de MOX (Mixed OXide = Combustible nucléaire constitué d'un mélange d'oxydes de plutonium provenant du retraitement et d'uranium). Le MOX usé n’étant pas recyclable dans les réacteurs actuels, il n’est pas retraité, ce qui conduit au remplissage des capacités d’entreposage disponibles, qui devraient donc être pleines à l’horizon 2030. Cela implique bien évidemment la création de nouvelles capacités d’entreposage du fait de l’exploitation du parc nucléaire français existant, comme le prévoit la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et comme le défend la CFE-CGC. L’entreposage du combustible usé en piscine s’effectue d’abord sur le site de la centrale utilisatrice, puis se poursuit dans une piscine dédiée avant retraitement. Il s’agit donc d’une étape dans le cycle du combustible nucléaire destinée au refroidissement des éléments jusqu’à un niveau permettant leur retraitement. Le retraitement a pour objectif de séparer les produits de fission des matières recyclables et de réduire la quantité de déchets de haute activité et ceux de moyenne activité à vie longue . Une solution de type entreposage direct à sec des combustibles usés de type MOX, mise en avant par plusieurs acteurs, ne peut pas se substituer à un entreposage sous eau. Compte tenu de leur puissance thermique, qui de plus décroît lentement, un entreposage prolongé sous eau est nécessaire. L’entreposage sous eau est maîtrisé sur les plans technique et de sécurité nucléaire (au sens sûreté et protection des installations) et la construction d’une nouvelle piscine serait soumise à l’autorisation de l’ASN qui s’assurerait de la mise en œuvre des meilleures techniques existantes. Toutes ces techniques, et les compétences associées, sont présentes en France, puisqu’il s’agit d’activités mises en œuvre de manière opérationnelle au quotidien par les exploitants nucléaires…. Pour ces raisons, la CFE-CGC soutient le projet de construction d’une nouvelle piscine d’entreposage de combustibles usés.

Un cadre règlementaire permettant la valorisation des déchets très faiblement actifs doit être créé

Beaucoup de déchets sont classés comme susceptibles d’être radioactifs uniquement sur la base de leur localisation d’origine, alors qu’ils présentent un niveau de radioactivité nul ou extrêmement faible, et dans tous les cas, ne peuvent induire que des expositions non mesurables et très inférieures aux niveaux d’exposition naturelle. Par ailleurs, de nombreux déchets sont constitués de métaux qu’il conviendrait de préserver et de valoriser pour l’avenir au moment où les questions de souveraineté minérale et de préservation des ressources naturelles se font de plus en plus prégnantes...
Permettre de développer cette filière, c’est clairement commencer à développer l’économie circulaire des différents métaux, dans un contexte où celle-ci est au cœur des travaux des différents comités stratégiques de filière du Conseil National de l’Industrie et où un projet de loi Economie Circulaire devrait être présenté au Parlement en 2019, dans la continuité de l’élaboration de la Feuille de Route Economie Circulaire (FREC) en 2018. Qui plus est, alors que la compétition mondiale s’intensifie pour l’accès aux ressources minières et que la souveraineté minérale commence à être intégrée aux réflexions politiques, cette filière de valorisation peut avoir un intérêt pour l’approvisionnement de l’industrie métallurgique française.
Le cadre réglementaire et administratif actuel relatif à la gestion des déchets susceptibles d’être radioactifs restreint un tel recyclage à une utilisation au sein des installations nucléaires, ce qui constitue une spécificité dans le paysage européen et mondial… C’est pourquoi la directive européenne, qui fixe des seuils de « libération » des déchets radioactifs en dessous d’un niveau garantissant l’absence de conséquences sanitaires, doit être réellement mise en œuvre en France pour permettre le traitement des déchets et la valorisation des matériaux traités, a minima métalliques…

Le projet Cigeo doit se poursuivre pour garantir une solution aux générations suivantes

Les déchets nucléaires ne représentent qu’une infime portion des déchets produits par l’homme (2 kg de déchets radioactifs par an et par habitant en France) et pour les gérer de manière sûre, des solutions industrielles sont d’ores et déjà mises en œuvre quotidiennement. Les déchets de haute et moyenne activité à vie longue ne représentent que 3 % des déchets nucléaires mais concentrent plus de 99 % de la radioactivité. Pour ces déchets, la solution industrielle disponible (traitement à La Hague puis entreposage) permet de garantir l’absence de risque pour la santé et l’environnement sur une période de l’ordre du siècle. Cependant, certains éléments contenus dans ces déchets ont une décroissance lente, nécessitant un confinement sur une période de plusieurs milliers d’années. Plutôt que de reporter cette question de gestion au-delà du siècle aux générations futures, la représentation nationale a fait le choix en 2006 de développer une solution capable de prendre en charge ces déchets sur des échelles de temps « géologiques ». Cette solution à l’étude depuis presque 30 ans, c’est CIGEO : le stockage géologique en couche profonde
La Loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs a conclu qu’il s’agit d’une solution sûre et passive sur le long terme qui évite d’en transmettre la charge aux générations futures : elle devient la solution de référence. Les différentes études menées depuis, en France comme à l’étranger, confortent ce choix…L’ASN a reconnu la qualité et la robustesse du dossier présenté. Les questions posées par l’ASN sur le risque d’incendie lié au stockage des déchets bitumés ne remettent en rien en question ces qualités fondamentales ni la pertinence du stockage géologique profond dans l’argile…

De plus, la réversibilité du projet CIGEO qui consiste à proposer une solution de long terme tout en se gardant la possibilité sur plus d’un siècle de s’adapter et de récupérer les déchets si une meilleure solution était trouvée doit être conservée… Pour toutes ces raisons, la CFE-CGC réaffirme son plein soutien au projet CIGEO en s’appuyant sur les fondements et arguments des choix techniques réalisés, et demande que la réalisation des ouvrages soit engagée sans plus attendre pour participer à la pérennisation des compétences d’une filière industrielle intégrée et responsable, forte de plus de 200 000 salariés »

Un débat nécessaire

Dans les sondages d’opinion sur l’énergie nucléaire, le thème du devenir des déchets nucléaires et du « cadeau empoisonné » fait aux futures générations est récurrent. C’est en fait l’un des principaux arguments des écologistes défavorables au nucléaire (il y en a des favorables !), entendons l’un des principaux arguments sérieux auxquels faut répondre ! Ce débat sur le PNGMDR répond à cette préoccupation légitime, il est nécessaire et utile. Les écologistes partisans du démantèlement des centrales peuvent d’ailleurs difficilement s’en désintéresser… et certains ont choisi d’y participer.
Il a le mérite de montrer l’existence de solutions techniques sûres et acceptables, selon les différents types de déchet. Construction d’une piscine supplémentaire, nécessité d’adopter la directive européenne (« seuil de libération ») sur le retraitement des déchets non ou très faiblement (inférieurs à la radioactivité naturelle), enfouissement en argile profonde avec réversibilité partielle semblent faire consensus chez les experts.

Il restera à trouver le courage politique de les mettre en œuvre.

N.B. : sur ce sujet comme sur les autres, ne pas hésiter à consulter les threads twitter de Tristan Kamin. : @Tristankamin 

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samedi 13 juillet 2019

L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) juge le nucléaire nécessaire pour répondre au défi climatique


Il y a quand même quelque chose qui bouge dans le débat climatique, une évidence qui enfin, contre l’ignorance, contre les marchands de peur, contre les margoulins de l’éolien, contre le fanatisme de certains écologistes s’impose : le rôle indispensable de l’énergie nucléaire. Lorsque c’est l’Agence Internationale de l’Energie qui l’affirme, il est difficile de l’ignorer (rapport du 28 mai 2019 : L’énergie nucléaire dans un système énergétique propre ».

Et c’est ainsi que des media très très prudent, quasi-officiels comme Connaissance des énergies ou Le Monde de l’énergie se sentent quand même obligés de rendre compte des analyses de l’AIE, avec il est vrai quelques pincettes ou plutôt guillemets incongrus. Ainsi, pour Connaissances des énergies :

Le recours au nucléaire jugé « nécessaire » par l'AIE dans la transition bas carbone

Ben oui, quoi : nécessaire, indispensable, essentiel, primordial, obligatoire, vital….

Résumé du rapport de l’AIE : 1) Augmenter de 80% la production nucléaire d’ici à 2040        

Le parc nucléaire mondial est actuellement composé de 452 réacteurs répartis entre 31 pays. En 2018, ce parc a généré près d’un dixième de l’électricité dans le monde (18% dans les économies qualifiés d’« avancées » par l’AIE. Les filières « bas carbone » dans leur ensemble (nucléaire et renouvelables) ont compté pour 36% de la production mondiale d’électricité l’an dernier. Cette contribution était  identique il y a 20 ans , déplore l’AIE, la croissance des productions éolienne et solaire n’ayant depuis que compensé « le déclin » du nucléaire. Les chantiers de nouvelles centrales nucléaires ont « considérablement ralenti au cours des années 1980 » et plus encore dans les années 1990. Les nouvelles constructions ont connu un nouvel essor dans les années 2000 dans les « économies en voie de développement », indique l’AIE

Commentaire : donc la consommation carbonée et par conséquent les rejets de gaz à effet de serre n’ont pas bougé d’un poil ; malgré tout le battage autour des énergies renouvelables, il n’y a pas de décarbonation de l’énergie. Ben oui, et l’explication est assez simple :  témoin l’Allemagne et sa mirifique transition énergétique à quelques 33% de renouvelables. Pour chaque GW de renouvelable non pilotable, il faut également garder ou construire  un GW de pilotables ; et en Allemagne, c’est du gaz ou du charbon : pas bon du tout pour le climat ; voire même criminel !

Dans son rapport, l’AIE estime que le recours à l’énergie nucléaire lors des dernières décennies a permis d'éviter l’émission supplémentaire de 63 milliards de tonnes de CO2 entre 1971 et 2018. « Sans nucléaire, les émissions liées à l’électricité aurait été supérieures de près de 20% durant cette période et le total des émissions liées à l'énergie de 6% », estime l’AIE. Selon l’AIE, l’Union européenne a évité d’émettre près de 22 milliards de tonnes supplémentaires de CO2 en ayant recours au nucléaire entre 1971 et 2018, ce qui équivaut à plus de 40% des émissions liées à son secteur électrique durant cette période.

Commentaire : Merci la France, Merci le nucléaire ; sans lui, le défi du réchauffement climatique serait encore plus dur …

Selon l’Agence, pour respecter les engagements climatiques,  la part des sources de production bas carbone devrait être portée à 85% de la production électrique mondiale à l’horizon 2040 pour se rapprocher des objectifs internationaux de lutte contre le dérèglement climatique. Dans cette optique, la production électrique devrait être décarbonée à un rythme « trois fois plus rapide qu’à présent.L’AIE juge en particulier qu’il serait nécessaire d’augmenter de 80% la production nucléaire mondiale d’ici à 2040

Une des recommandations centrales de l’AIE dans son nouveau rapport  est d’autoriser les extensions de durée de vie des centrales existantes « aussi longtemps que possible » au regard de la sûreté des installations. Cette décision est « considérablement moins coûteuse que la construction de nouvelles centrales », souligne l’AIE qui met en garde contre les nombreuses fermetures de réacteurs prévues dans les économies « avancées ».
L'AIE appelle dans le même temps à soutenir les nouvelles constructions de réacteurs nucléaires, en s’assurant que « les processus d'obtention de licences ne conduisent pas à des retards de projets et à des augmentations de coûts non justifiées par des exigences de sûreté ». L’Agence appelle également à encourager l’innovation dans de nouvelles conceptions de type « SMR » (petits réacteurs modulaires) et souligne l’importance de « maintenir le capital humain » et les capacités d’ingénierie dans la filière nucléaire.

Résumé du rapport de l’AIE : 2) Une condamnation énergique des politiques de réduction        du nucléaire  – donc de la PPE française.

Malgré son habituelle prudence toute diplomatique, l’AIE est quand même particulièrement claire. Elle constate que l’énergie nucléaire est une ressource énergétique en perte de vitesse : le vieillissement du parc nucléaire mondial et le faible nombre de projets électronucléaires en cours de construction entraînent une réduction de la part de l’atome dans le mix électrique mondial et que c’est pourtant la tendance inverse qui serait souhaitable dans le cadre de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
La part du nucléaire dans l’approvisionnement mondial en électricité a diminué ces dernières années (…).  Cette tendance a donc freiné la transition vers un système électrique propre : malgré la croissance de l’énergie solaire et éolienne, la part des énergies décarbonées dans le mix électrique mondial en 2018, 36%, est la même qu’il y a 20 ans”, expliquent les auteurs du rapport. L’AIE estime que pour accélérer la décarbonation de notre société, et notamment du secteur de la production d’électricité, il est aujourd’hui indispensable d’enrayer la chute du nucléaire ; d’autant plus qu’il s’agit d’un outil quasiment indispensable pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport à la période préindustrielle : sans nucléaire, les experts de l’AIE estiment en effet que l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris coûtera beaucoup plus cher et demandera des efforts trop importants à la communauté internationale.
Si la tendance au déclin du nucléaire se confirme, le parc électronucléaire mondial verra sa puissance diminuer de plus de 60% au cours des 20 prochaines années… ce qui augmentera considérablement les émissions de dioxyde de carbone !

Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence, appelle ainsi les gouvernements à modifier leurs politiques énergétiques et à reconsidérer le rôle du nucléaire dans le secteur de la fourniture d’électricité.
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Enfin, l’AIE attire l’attention des gouvernements sur l’importance de maintenir les compétences et l’expertise des professionnels du secteur nucléaire.

En effet, et nous avons vu comment en France l’étouffement du nucléaire, par refus des financements nécessaires, de lancer de nouveaux projets toujours indéfiniment retardés, cette tactique hypocrite des écologistes facilitées par la lâcheté, l’ignorance et la démagogie des politiques a failli mettre à bas l’industrie nucléaire français.

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vendredi 12 juillet 2019

Le nucléaire et la canicule


Excellente lecture d’été et de chaleur de la part du non moins excellent Sylvestre Huet, sur son blog du Monde :

L’électricité pendant la canicule

Extraits : « Quelles sont les moyens de production d’électricité décarbonés les plus adaptés à une période de canicule ? L’épisode que vient de vivre la France permet d’apporter quelques réponses, valables uniquement pour son système électrique…
Les données en temps réel de RTE permettent de visualiser l’origine de l’électricité toute la journée du pic de canicule, le vendredi 28 juin. Production à 15h : nucléaire 68%, hydraulique 11%, solaire 10%, gaz 7%  , éolien 2%.

L’hydraulique ? L’hydroélectricité dépend du débit des rivières et des fleuves, et du stock des lacs artificiel. Si le premier est utilisé comme un moyen « fatal », le second est géré en fonction de prévisions de court et long terme visant à utiliser ce stock de la façon la plus efficace possible. Durant cet épisode de canicule, les débits étaient… de saison. Assez faibles sur les cours d’eau alimentés par les pluies, plutôt plus élevé que la moyenne en cette saison sur le Rhône en raison de fonte des neiges tardives. Gérée habilement, l’hydraulique a non seulement fourni de 5 700 MW à 11 475 MW, soit de 11% à 17% de la production mais aussi assuré l’essentiel du réglage fin de l’équilibre entre production et consommation, gage de la qualité de l’électricité dont la tension demeure ainsi très stable. Un rappel salutaire au moment où la menace d’une vente à l’encan de l’usage des barrages à de multiples producteurs sous prétexte de concurrence ne pourrait se traduire que par une sous-optimisation de leurs usages (pour l’électricité, l’agriculture, les loisirs…).

 L’éolien ? Cela va dépendre de la configuration météo. Si la canicule provient du passage d’une masse d’air très chaud – comme pour celle de la semaine dernière – il y aura donc du vent. Pas nécessairement beaucoup, puisque les éoliennes ont produit entre 800 et 5600 MW de mercredi à samedi dernier (sur une puissance installée de 15 475 MW , soit entre 2 et 10% de la production totale.  Au pic de la canicule, le vendredi 28 juin, la production éolienne fut particulièrement médiocre, environ 1500 MW à 15h. Ajouter des éoliennes n’aurait pas changé grand chose aux productions les plus basses. En revanche, si c’est l’installation d’un anti-cyclone qui est la cause de cette canicule, inutile de compter sur elles. Elles seront pour la plupart paralysées, faute de vent, et sur une surface d’autant plus vaste que la canicule sera forte et de longue durée. Ce fut le cas en 2003 en Europe.

Le solaire ? Les panneaux solaires aiment le Soleil, bien sûr… mais pas la température. Leur température idéale de fonctionnement c’est 25°C. La production du parc solaire français, d’une puissance théorique maximale de 8612 MW, ne fut que d’environ 6200 MW à midi heure solaire lors des jours de canicule. Pour tomber à zéro une fois l’astre du jour passé de l’autre côté de la Terre. Mais la longueur du jour en juin fut tout de même très favorable à cette technologie qui a pu contribuer jusqu’à 10% de la production française entre 11h et 16h.

Le nucléaire !!! Les réacteurs nucléaires, eux, n’ont pas vraiment souffert de la canicule. Et fournit l’essentiel de l’électricité demandée par les usagers domestiques, professionnels ou industriels, entre 38 200 MW et 43 200 MW, et entre 64% et 78% de la production. Avec la souplesse due à la capacité à monter ou descendre la puissance des réacteurs en « suivi de charge », tant pour s’accommoder des variations de la consommation que pour compenser les hausses et les baisses des énergies intermittentes et non pilotables, solaires et éoliennes. Il est vrai que les ingénieurs d’EDF ne sont pas restés inertes après la canicule de 2003. Un plan « grands chauds » a été élaboré pour renforcer la résistance aux températures élevées de tous les équipements qui le nécessitaient. La capacité de refroidissement des aéroréfrigérants (les « tours » qui accompagnent certaines centrales) a été renforcé pour leur permettre de remplir leur office en consommant moins d’eau. Les mesures de l’effet de réchauffement du cours d’eau en aval de la centrale ont été renforcées pour s’assurer qu’aucun problème ne surgissait pour la faune et la flore. Et EDF a eu aussi un peu de chance météo pour la vallée du Rhône, le retard à la fonte de neiges en mai a fait que fin juin le fleuve était encore alimenté en eau de fonte bien fraîche. Il ne faut d’ailleurs pas exagérer les problèmes rencontrés, entre 2000 et 2017 les pertes de production d’électricité nucléaire dues aux canicules ne représentent que 0,18% du total en moyenne annuelle et 1,2% en 2003. (NB : le problème n’est pas limité au nucléaire ; les centrales thermiques, il faut aussi les refroidire..)

Une précision s’impose sur l’usage de l’eau par les réacteurs nucléaires. Pendant la canicule, des ONG, Greenpeace par exemple, présentent l’utilisation d’eau pour refroidir les centrales nucléaires comme le principal usage de l’eau en France. Une présentation carrément trompeuse. En réalité, plus de 98% de l’eau prélevée… est renvoyée immédiatement dans la rivière,  un peu plus chaude. Il est d’ailleurs à noter que, même en 2003, aucune conséquence négative pour la flore et la faune n’a été observée, même pour les réacteurs qui avaient obtenu une dérogation temporaire pour relâcher l’eau en dépassant un peu la limite réglementaire. Cela provient du fait que la part du débit du cours d’eau déviée pour refroidir les réacteurs est assez faible au regard du débit total. En général, les valeurs observées de réchauffement à l’aval de la centrale sont modestes, moins de 1,5°C pour celle du Bugey, mais on peut observer 6°C durant trois jours par an en moyenne. Enfin, les centrales de bord de mer n’ont pas d’effet thermique observable sur la flore et la faune marines.
Au total, si l’on ajoute l’apport marginal des bioénergies,  le système de production d’électricité de la France métropolitaine a encaissé sans aucun problème la canicule, a contribué à une politique climatique sérieuse puisqu’il est resté décarboné autour de 95% en permanence, et exporté une électricité tout autant décarbonée aux voisins qui en avaient besoin. »

Marci ! M. Huet !

Ca, c’est pour les Français. Voyons maintenant en Europe !

Début de canicule : l'Allemagne fait tourner son charbon et son gaz et est le plus  gros pollueur européen en valeur absolue (en intensité énergétique %CO2 produit parMWh) ...ca monte, ça monte, ça monte !
Et vous voyez la petite courbe rouge en bas, eh ben c’est nous, c’est la France



Et durant la semaine : ben, c’est de pire en pire ! Ca explose carrrément ! L’Allemagne réchauffe la Terre !
Et nous, la France ben on est toujours tout en bas. A vue de nez, 4 fois moins de CO2 que l’Allemagne par kwh !!!! Grâce au nucléaire.

Merci aux teets de Tristan Kamin et à son réseau pour ces courbes !

Et voilà pourquoi grâce au nucléaire, la France est l’un des pays les plus efficaces dans la lutte contre le réchaufffement climatique, tandis que l’Allemagne, son Energiewende et ses quelques 33% de renouvelables qui ne sont jamais là quand on en a besoin, eh bien l’Allemagne, en abandonnat le nucléaire, se spécialise tout simplement dans ce qu’elle fait de mieux, le crime contre l’Humanité