Excellente lecture d’été et de chaleur de la part du non
moins excellent Sylvestre Huet, sur son blog du Monde :
L’électricité pendant
la canicule
Extraits : « Quelles
sont les moyens de production d’électricité décarbonés les plus adaptés à une
période de canicule ? L’épisode que vient de vivre la France permet d’apporter
quelques réponses, valables uniquement pour son système électrique…
Les données en temps réel de RTE
permettent de visualiser l’origine de l’électricité toute la journée du pic de
canicule, le vendredi 28 juin. Production à 15h : nucléaire 68%,
hydraulique 11%, solaire 10%, gaz 7% ,
éolien 2%.
L’hydraulique ? L’hydroélectricité dépend du débit des rivières et
des fleuves, et du stock des lacs artificiel. Si le premier est utilisé comme
un moyen « fatal », le second est géré en fonction de prévisions de court et
long terme visant à utiliser ce stock de la façon la plus efficace possible.
Durant cet épisode de canicule, les débits étaient… de saison. Assez faibles
sur les cours d’eau alimentés par les pluies, plutôt plus élevé que la moyenne
en cette saison sur le Rhône en raison de fonte des neiges tardives. Gérée habilement, l’hydraulique a non
seulement fourni de 5 700 MW à 11 475 MW, soit de 11% à 17% de la production
mais aussi assuré l’essentiel du réglage fin de l’équilibre entre production et
consommation, gage de la qualité de l’électricité dont la tension demeure
ainsi très stable. Un rappel salutaire
au moment où la menace d’une vente à l’encan de l’usage des barrages à de
multiples producteurs sous prétexte de concurrence ne pourrait se traduire que
par une sous-optimisation de leurs usages (pour l’électricité,
l’agriculture, les loisirs…).
L’éolien ? Cela va dépendre
de la configuration météo. Si la canicule provient du passage d’une masse d’air
très chaud – comme pour celle de la semaine dernière – il y aura donc du vent.
Pas nécessairement beaucoup, puisque les éoliennes ont produit entre 800 et
5600 MW de mercredi à samedi dernier (sur une puissance installée de 15 475 MW
, soit entre 2 et 10% de la production totale.
Au pic de la canicule, le
vendredi 28 juin, la production éolienne fut particulièrement médiocre, environ
1500 MW à 15h. Ajouter des éoliennes n’aurait pas changé grand chose aux
productions les plus basses. En revanche, si c’est l’installation d’un anti-cyclone
qui est la cause de cette canicule, inutile de compter sur elles. Elles seront
pour la plupart paralysées, faute de vent, et sur une surface d’autant plus
vaste que la canicule sera forte et de longue durée. Ce fut le cas en 2003 en
Europe.
Le solaire ? Les panneaux
solaires aiment le Soleil, bien sûr… mais pas la température. Leur température
idéale de fonctionnement c’est 25°C. La production du parc solaire
français, d’une puissance théorique maximale de 8612 MW, ne fut que d’environ
6200 MW à midi heure solaire lors des jours de canicule. Pour tomber à zéro une
fois l’astre du jour passé de l’autre côté de la Terre. Mais la longueur du
jour en juin fut tout de même très favorable à cette technologie qui a pu
contribuer jusqu’à 10% de la production française entre 11h et 16h.
Le nucléaire !!! Les réacteurs nucléaires, eux, n’ont pas vraiment
souffert de la canicule. Et fournit l’essentiel de l’électricité demandée par
les usagers domestiques, professionnels ou industriels, entre 38 200 MW et 43
200 MW, et entre 64% et 78% de la production. Avec la souplesse due à la
capacité à monter ou descendre la puissance des réacteurs en « suivi de charge
», tant pour s’accommoder des variations de la consommation que pour compenser
les hausses et les baisses des énergies intermittentes et non pilotables,
solaires et éoliennes. Il est vrai que les ingénieurs d’EDF ne sont pas restés
inertes après la canicule de 2003. Un plan « grands chauds » a été élaboré pour
renforcer la résistance aux températures élevées de tous les équipements qui le
nécessitaient. La capacité de
refroidissement des aéroréfrigérants (les « tours » qui accompagnent certaines
centrales) a été renforcé pour leur permettre de remplir leur office en
consommant moins d’eau. Les mesures de l’effet de réchauffement du cours
d’eau en aval de la centrale ont été renforcées pour s’assurer qu’aucun
problème ne surgissait pour la faune et la flore. Et EDF a eu aussi un peu de
chance météo pour la vallée du Rhône, le retard à la fonte de neiges en mai a fait
que fin juin le fleuve était encore alimenté en eau de fonte bien fraîche. Il ne faut d’ailleurs pas exagérer les
problèmes rencontrés, entre 2000 et 2017 les pertes de production d’électricité
nucléaire dues aux canicules ne représentent que 0,18% du total en moyenne
annuelle et 1,2% en 2003. (NB : le problème n’est pas limité au
nucléaire ; les centrales thermiques, il faut aussi les refroidire..)
Une précision s’impose sur
l’usage de l’eau par les réacteurs nucléaires. Pendant la canicule, des ONG, Greenpeace
par exemple, présentent l’utilisation d’eau pour refroidir les centrales
nucléaires comme le principal usage de l’eau en France. Une présentation
carrément trompeuse. En réalité, plus de
98% de l’eau prélevée… est renvoyée immédiatement dans la rivière, un peu plus chaude. Il est d’ailleurs à noter
que, même en 2003, aucune conséquence négative pour la flore et la faune n’a
été observée, même pour les réacteurs qui avaient obtenu une dérogation
temporaire pour relâcher l’eau en dépassant un peu la limite réglementaire.
Cela provient du fait que la part du débit du cours d’eau déviée pour refroidir
les réacteurs est assez faible au regard du débit total. En général, les
valeurs observées de réchauffement à l’aval de la centrale sont modestes, moins
de 1,5°C pour celle du Bugey, mais on peut observer 6°C durant trois jours par
an en moyenne. Enfin, les centrales de bord de mer n’ont pas d’effet thermique
observable sur la flore et la faune marines.
Au total, si l’on ajoute l’apport marginal des bioénergies, le système de production d’électricité de la
France métropolitaine a encaissé sans aucun problème la canicule, a contribué à
une politique climatique sérieuse puisqu’il est resté décarboné autour de 95%
en permanence, et exporté une électricité tout autant décarbonée aux voisins
qui en avaient besoin. »
Marci ! M. Huet !
Ca, c’est pour les
Français. Voyons maintenant en Europe !
Début de canicule :
l'Allemagne fait tourner son charbon et son gaz et est le plus gros pollueur européen en valeur absolue (en
intensité énergétique %CO2 produit parMWh) ...ca monte, ça monte, ça
monte !
Et vous voyez la petite courbe
rouge en bas, eh ben c’est nous, c’est la France
Et durant la semaine : ben,
c’est de pire en pire ! Ca explose carrrément ! L’Allemagne réchauffe
la Terre !
Et nous, la France ben on est
toujours tout en bas. A vue de nez, 4 fois moins de CO2 que l’Allemagne par
kwh !!!! Grâce au nucléaire.
Merci aux teets de Tristan Kamin et à son réseau pour ces courbes !
Et voilà pourquoi grâce au nucléaire, la France est l’un des pays
les plus efficaces dans la lutte contre le réchaufffement climatique, tandis que
l’Allemagne, son Energiewende et ses quelques 33% de renouvelables qui ne sont
jamais là quand on en a besoin, eh bien l’Allemagne, en abandonnat le
nucléaire, se spécialise tout simplement dans ce qu’elle fait de mieux, le
crime contre l’Humanité
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