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samedi 9 octobre 2021

Bretagne et centrales nucléaires : Plogoff et l’autre Plogoff : le Carnet

Je suis un peu las pour rester poli de tous ces discours qui somment les Bretons d’accepter des parcs éoliens off-shore et de  défigurer leurs plus beaux paysages marins, leur littoral, de sacrifier leurs pêcheurs parce que l’autonomie énergétique de la Bretagne bla bla bla, et parce que les Bretons ont refusé Plogoff, le tout sur fond de culpabilisation malsaine d’un péché originel qu’il leur faudrait expier

Par exemple, communication officielle de la Région Bretagne : « Après le débat public organisé fin 2020, un appel d’offre avait, en effet, été lancé au printemps 2021 et l’État vient d’annoncer les 10 candidats pré-qualifiés pour sa réalisation. C’est une nouvelle étape pour ce projet vital dans une région de faible autonomie énergétique comme la Bretagne ». Il s‘agit de 60 gigantesques éoliennes  offshore entre Groix et Belle-Ile..

Voir par exemple sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/12/eoliennes-geantes-de-bretagne-sud-groix.html, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/01/eoliennes-geantes-de-bretagne-sud-groix.html, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/questions-aux-tetes-de-liste-elections.html



Ben non, et on peut rappeler ce que disait Edmond Hervé, ancien maire socialiste de Rennes, ancien Ministre de l’Energie : En clair, on ne peut pas parler de suffisance ou d’autosuffisance ou d’insuffisance énergétique en Bretagne en estimant par exemple que la région de Bretagne doit se suffire énergétiquement. Ceci me semble une approche totalement fausse. »

En effet, et l’on ne parle pas trop de la dépendance énergétique de la région parisienne ( ni de sa dépendance en pâté Henaff )

Retour sur Plogoff – le péché originel

https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00874/les-centrales-nucleaires-en-bretagne.html

En 1975, un accord de principe est pris entre les conseils généraux et le Conseil économique et social pour la construction d'une centrale nucléaire en Bretagne (4 unités de production de 1 300 MW chacune, soit une puissance totale de 5 200 MW). Cinq  sites sont proposés: Beg an Fry en Guimaëc, Ploumoguer, Plogoff (près de la pointe du Raz), Saint-Vio à Tréguennec et Erdeven. En 1978, après de fortes mobilisations contre ces projets dans tous les lieux envisagés, le site de Plogoff est retenu par le Conseil économique et social de Bretagne et le conseil général du Finistère. De 1978 à 1981, les oppositions à Plogoff ne cessent de se manifester et l’enquête publique se déroule dans des conditions difficiles : occupations de terrains, registres brulés, camionnettes faisant office de « mairies annexes » (protégées par des gendarmes).

On trouvera dans Plogoff, l’apprentissage de la mobilisation sociale, un récit très complet écrit par des militants antinucléaires qui donne une idée du climat de pression sur les responsables politiques

« Finalement, en novembre 1980, comme à l’automne 1979, une crise éclatait à Plogoff quand le comité de défense apprenait que deux conseillers municipaux s’apprêtaient à répondre à l’invitation d’EDF pour un voyage d’études à Clamart. Les deux conseillers municipaux s’étaient même déjà rendus à Fréjus à un congrès de l’Union nationale des élus du littoral sur le thème de l’énergie, où les élus régionaux favorables au projet de centrale avaient rencontré des membres du gouvernement. Pour le comité de défense, la situation était claire : la municipalité envoyait de petits signes, comme autant de ballons d’essai destinés à tester les réactions des habitants. Selon le comité, elle était en train de basculer dans le camp des promoteurs de l’atome. Alors qu’un conseil municipal extraordinaire se réunissait à la mairie pour examiner l’invitation d’EDF, des membres du comité de défense investissaient la réunion. Le conseil municipal se prononçait finalement contre ce voyage. Mais les invitations d’EDF étant personnalisées, chaque conseiller municipal restait libre de son propre choix. Les membres du comité de défense s’érigeaient alors en une sorte de « tribunal populaire » et demandaient des comptes aux deux conseillers municipaux en question, et aussi aux autres élus. Le ton montait rapidement. Chaque camp niait la représentativité de l’autre. Le comité de défense demandait aux élus concernés de démissionner parce qu’ils avaient trahi la mouvance antinucléaire, majoritaire dans la commune. Pour les opposants les plus acharnés, il existait une contradiction entre le fait d’afficher une position antinucléaire et le fait de répondre aux invitations d’EDF. Les élus contestaient cette position et précisaient que c’étaient eux qui représentaient officiellement la commune et non le comité de défense. »

« En passant du côté des promoteurs de l’atome, les militants sud-Finistériens du PCF avaient déstabilisé la mobilisation. Dans le Cap-Sizun, la section PCF de Plogoff avait donné son assentiment au projet, suscitant de nombreuses ruptures. Originaire d’Agen, institutrice à Audierne, la secrétaire de la section PCF de Plogoff était accusée d’avoir « trahi » …et concentrait donc sur elle la rage des opposants. Elle était accusée de « vendre Plogoff », d’approuver la centrale alors qu’elle n’avait « pas une goutte de sang capiste dans les veines… Au soir du 6 février 1981, au retour d’une occupation de la mairie de Plouhinec (Cap-Sizun), un groupe d’une centaine d’opposants avait manifesté devant le domicile de la secrétaire de section communiste de Plogoff. Ce charivari politique avait été appuyé. Il semble que la secrétaire de section et son mari aient reçu des coups »

De fait, le Parti Communiste soutient le projet de Centrale nucléaire à Plogoff avec un courage certin jusqu’en mai 1981. Les aficionados trouveront facilement des archives où George Marchais, devant 6000 militants à Rennes en janvier 81se fait applaudir frénétiquement  en martelant : « Il faut une centrale nucléaire de grande puissance en Bretagne ! A Plogoff ! »

https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00218/georges-marchais-en-meeting-a-rennes.html

C’est Mitterrand qui, tenant compte des barons socialistes locaux, enterre Plogoff  lors d’un meeting à Brest, le 9 avril 1981, en déclarant que Plogoff  ne figure ni ne figurera dans le plan nucléaire qu'il mettrait en place s'il était élu. Cette promesse sera tenue le 3 juin 1981, malgré la résistance du Secrétaire d’Etat à l’Energie, M. Lemoine, qui annonce d’abord un simple gel du projet. Lors des élections législatives, la droite et le PC reculent fortement au profit du PS.

Notons la réaction après coup de l’élu breton et Ministre de l’Intérieur de M. Giscard D’Estaing , le très rude Raymond Marcellin : « Si on avait été capable à cette époque-là de maintenir l’ordre public, comme on aurait dû le faire d’ailleurs, on aurait pu prendre ce site probablement. Mais dans la mesure même où le Conseil Municipal n’en voulait pas, pourquoi imposer à un Conseil Municipal et à un Maire une centrale nucléaire dont ils ne veulent pas ? »

Plogoff, proche du site emblématique et superbe de la pointe du Raz (à l’extrémité ouest de la Commune), à l'extrémité sud-ouest du Cap Sizun dans des paysages magnifiques était au fond vraiment mal né, et l’action contre le projet de centrale a largement mobilisé au-delà de toutes les frontières politiques,  même M. Marcellin en a finalement convenu.

Il y a beaucoup moins d’excuses pour l’abandon de l’autre Plogoff, souvent ignoré, Le Carnet

L’autre Plogoff victime de la démagogie socialiste et de la majorité plurielle, Le Carnet

 Le Carnet n’est pas exactement en Bretagne, mais sur la rive gauche de l'estuaire de la Loire, en aval de Nantes, à 7 kilomètres en aval de la centrale thermique de Cordemais, mais sur l’autre rive. Ce projet rencontre d’emblée l'hostilité des écologistes, mais  reçoit un accueil plutôt favorable des conseils municipaux de Frossay et de Saint-Viaud, ainsi que du conseil général de la Loire-Atlantique, et même d'une bonne partie de la population : ainsi, le 6 juin 1982, les habitants de Paimbœuf — où se trouve l'usine CEZUS spécialisée dans la fabrication de tubes en alliage de zirconium — se prononcent à 80 % en faveur du projet.

En janvier 1983, un dossier d'enquête publique concernant le projet du Carnet est déposé par EDF, et la première pierre de la centrale est posée symboliquement par la CGT le 18 février 1983. Cependant, cette volonté n'est suivie d'aucun lancement de travaux. En 1986, la cohabitation freine le projet, alors que le contre-choc pétrolier rend l'électricité atomique moins compétitive, poussant ainsi EDF à ralentir son programme nucléaire. Néanmoins, mars 1988, Jacques Chirac signe une déclaration d'utilité publique, après une enquête publique  qui a très peu mobilisé  (320 avis, 60 favorables et 260 défavorables).

À partir de 1988, EDF achèter les terrains en vue de la construction de la centrale, Le 3 mars 1993, le premier ministre Pierre Bérégovoy proroge le décret de 1988 autorisant les expropriations. Du 18 juin au 18 juillet 1996, une enquête publique pour « le remblaiement des zones humides [51 hectares], pour la construction d'une centrale électrique, sur le site du Carnet » est ouverte. Officiellement, il ne s'agit plus d'implanter une centrale nucléaire, mais seulement de remblayer les terrains humides (qui appartiennent à EDF) en vue de construire ultérieurement une centrale, sans qu'il soit précisé si elle sera thermique à flamme ou nucléaire.

Le scénario Plogoff bis alors se met en place avec  la campagne pour les élections législatives de 1997 : face à une équipe de droite ayant favorisé le projet d'implantation, la gauche (en l'occurrence le futur premier ministre Lionel Jospin et sa majorité plurielle) se positionne contre le projet de centrale. La mobilisation antinucléaire est soutenue par les maires socialistes de Nantes, de Saint-Nazaire et du Mans, respectivement Jean-Marc Ayrault, Joël-Guy Batteux et Robert Jarry… et par la propre ministre de l’environnement de Chirac Juppé,  Corinne Lepage.

Le 17 septembre 1997, le nouveau  premier ministre Lionel Jospin annonce que le « ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a demandé à EDF de renoncer » à son projet d'aménagement, à la satisfaction notamment de Dominique Voynet, ministre de l'environnement »

Ecolos contre écolos :

La suite est assez drôle : EDF possède toujours les terrains qui constituent un enjeu stratégique d'aménagement, face à la forte croissance de Nantes et au renouveau de Saint-Nazaire. Au début des années 2000, il est évoqué d'y implanter une ferme photovoltaïque ou une unité de test pour des hydroliennes, ou encore une ferme éolienne comportant des prototypes de très grande taille. Au début des années 2010, le site sert pour l'assemblage du prototype Haliade 150  d'éolienne qui servira au futur parc éolien au large de Saint-Nazaire et de la presqu'île guérandaise.

L’association  Sortir du Nucléaire se réjouit alors : « Après avoir repoussé un projet de centrale nucléaire : » Le Carnet s’invente un avenir écolo ». Moui.

En fait, l’Haliade 150 (mat 100m, pales : 75 m, 6mW) a été vite dépassée (en France, seule Saint Nazaire en sera équipé avec 80 machines de 6 MW, ce qui fera de Saint-Nazaire un parc déjà dépassé avant même son inauguration !). Elle est remplacée par l’Haliade X ( hauteur totale 248m , pales : 100m, puissance 13 MW).

Au Carnet,  raccordée au réseau électrique, l’Haliade a fourni de l’énergie pendant plusieurs années, …mais sa production s’est arrêtée suite à l’occupation du Carnet par des zadistes à l’été 2020 pour dénoncer  un projet du port de Nantes-Nazaire qui voulait transformer la zone en parc industriel. Compte tenu des risques en matière de sécurité, on explique chez GE avoir stoppé la machine qui, de toute façon, avait vocation à être arrêtée et déconstruite à plus ou moins brève échéance.

Les époques changent,  la CGT défendait une centrale nucléaire au Carnet, dans les années 1970, il semble maintenant que d’anciens militants soutiennent aujourd’hui, sur le même site, les opposants à un parc dédié aux énergies renouvelables. Ce n’est pas la même chose que de soutenir une centrale nucléaire des projets pharaoniques ultra subventionnés, inutiles pour assurer la sécurité énergétique et pour la décarbonation de l’électricité et catastrophiques pour l’environnement. Rappelons cet ordre de grandeur :


Il faut une centrale nucléaire de grande puissance à l’Ouest : Au Carnet !

Quelles leçons ? Avec les décisions d’abandon du Carnet, celui de Superphenix, la fermeture de Fessenheim, la stratégie de gauche plurielle, c’est-à-dire en gros l’alignement des socialistes sur les positions des écologistes bigots de EELV a été une catastrophe pour la France…et pour le parti socialiste lui-même : à lui de voir s’il veut et peut se ressaisir, certains de ses dirigeants historiques doivent être  assez malade de cette situation. A droite aussi, la démagogie écolo n’a pas été sans effets  (Corinne Lepage ministre de l’environnement et fixant la politique énergétique française) et a été aussi mortifères.

Eh oui, Il faut une centrale nucléaire de grande puissance à l’Ouest : Pourquoi pas au Carnet ! Les terrains sont prêts.

vendredi 8 octobre 2021

Taxonomie : les Pays-Bas poussent à l’inclusion du nucléaire…et demandent à la France d’agir

 Rôle possible du nucléaire dans le futur mix énergétique néerlandais 

En Septembre 2020, le Parlement néerlandais présentait un rapport sur « le  Rôle possible du nucléaire dans le futur mix énergétique néerlandais ». Principales conclusions :

« Le nucléaire est une énergie sûre, pilotable et à faible empreinte carbone, capable de fournir un flux continu et sécurisé d’électricité pour les générations à venir. Pendant plusieurs décennies, l’énergie nucléaire a été l’une des sources d’électricité les moins chères et  c’est bien toujours le cas pour les unités aujourd’hui  en fonctionnement. Comme le montrent de nombreuses études internationales, la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires en exploitation est  de toutes les alternative disponible celle qui  réduit les émissions de CO2 au coût le plus bas. »

«  Le cas  Chinois (EPR de Taishan) nous montrent que les problèmes de construction du nouveau nucléaire peuvent être résolus, ce qui permet réduire considérablement, voire de supprimer  les dépassements de temps et de coûts…Si un pays comme les Pays-Bas choisit une usine d’un nouveau prototype auprès d’un fournisseur expérimenté, on peut maintenant s’attendre à ce que les risques de retards majeurs dans la construction et de dépassements de coûts soient limités. »

« On peut s’attendre à ce que le LCOE pour une centrale nucléaire de type EPR  aux Pays-Bas (en 2040) soit de 72 €/MWh. Cette LCOE est 40 % plus élevée que la LCOE pour l’éolien off-shore, par exemple, mais il est imporant de considérer que, dans ce chiffre, les coûts système ne sont pas pris en considération. Étant donné que l’énergie nucléaire est une source d’électricité pilotable et que l’énergie éolienne et solaire ne le sont pas, les coûts du système pour l’énergie nucléaire sont inférieurs à ceux des deux autres. Grâce à cette correction des coûts du système, la LCOE* (LCOE tenant compte des coûts systèmes) pour les nouveaux nucléaires est de 74 €/MWh (gamme d’incertitude 56111 €/MWh) par rapport à l’éolien offshore 85€/MWh (gamme d’incertitude 64128 €/MWh).

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/11/role-possible-du-nucleaire-dans-le.html

La motion Erkens : travailler avec la France pour obtenir l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie

Le 10 juin 2021, Le Parlement néerlandais votait la motion Erkens :

« La Chambre, après avoir entendu les délibérations, considérant que la taxonomie de l’UE est neutre sur le plan technologique et devrait être déterminée sur la base de faits scientifiques; que l’énergie nucléaire est une source d’énergie à faible intensité de carbone; que le Centre commun de recherche, dans son rapport du début de cette année, indique que les effets de l’énergie nucléaire sont largement comparables à ceux de l’hydroélectricité et des sources d’énergie renouvelables, et que nous disposons donc d’une évaluation concluant à l’ajout de l’énergie nucléaire à la taxonomie de l’Union; appelle le cabinet à travailler en Europe avec la France et d’autres États membres qui se sont engagés dans l’énergie nucléaire pour faire de l’énergie nucléaire une partie de la taxonomie, et passe à l’ordre du jour »

Remarque Silvio Erkens est député au Parlement néerlandais depuis 2021 et membre du VVD (conservateur-libéral))

La position du ministère : profiter du report de deux mois de la taxonomie pour obtenir l’inclusion du nucléaire

Le 1er octobre 2021, le Secrétaire d’Etat aux  affaires économiques et au climat a répondu à la motion Erkens

« Votre motion appelle le cabinet à travailler en Europe, avec la France et d’autres États membres engagés dans l’énergie nucléaire, pour que l’énergie nucléaire fasse partie de la taxonomie. Conformément à cette  proposition, j’ai cherché à m’associer aux efforts de plusieurs États membres, dont la France. J’ai également indiqué dans votre Assemblée avant l’été que, comme votre commission, je soutiens le processus scientifique approfondi que suit la Commission européenne. C’est pourquoi, en  coopération avec la France et d’autres  États membres, nous mettrons en œuvre à la fois la proposition Erkens et soutiendrons le suivi du processus scientifique. J’informerai  votre Assemblée de l’évolution de la taxonomie de l’énergie nucléaire dès que la Commission européenne aura donné une réponse définitive.   Cela est prévu à l’automne.  Vous trouverez ci-dessous une explication plus détaillée du processus suivi par la Commission pour le rôle de l’énergie nucléaire dans la taxonomie….

La Commission européenne a déjà indiqué qu’elle  inclurait l’énergie nucléaire dans la taxonomie comme favorisant l’atténuation du changement climatique si le processus scientifique aboutissait à un résultat positif. Fin mars, le rapport d’expertise du CCR (Centre commun de recherche),qui portait une opinion positive de l’énergie nucléaire par rapport à la taxonomie, a été soumis par la Commission européenne à deux groupes d’experts pour évaluation.   Début   juillet, un groupe d’experts (groupe d’experts au titre de l’article 31 du traité Euratom) a donné un bilan positif, tandis que l’autre groupe d’experts (SCHEER - Comité scientifique de la santé, de l’environnement et des risques émergents)   a indiqué qu’à son avis, un complément au rapport était nécessaire dans certains domaines. »

NB : . Le SHEER ne met pas en cause la conclusion du  JRC selon laquelle il n’existe « aucune preuve scientifique que l’énergie nucléaire nuit davantage à la santé humaine ou à l’environnement que les autres technologies de production d’électricité déjà incluses dans la taxonomie » mais fait un distinguo avec le critère DNSH considéré dans l’absolu : ne pas causer de dommage important ». Casuistique assez étrange,

Pour une discussion cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/07/taxonomie-de-la-finance-durable-rapport.html

 « La Commission européenne a également indiqué qu’elle souhaitait prendre une décision sur la taxonomie concernant l’atténuation du changement climatique après l’été. Une majorité d’États membres ont veillé à ce que l’entrée en vigueur de la taxonomie telle qu’elle était en place jusqu’à présent soit reportée d’au moins 2 mois. C’est principalement parce que ces États membres veulent aborder les points en suspens (et plus politiques) de la taxonomie, tels que l’énergie nucléaire, le gaz naturel, la foresterie et l’agriculture, en même temps que les autres sujets de la taxonomie sur l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci. »

« Comme votre ministre,le cabinet est favorable à une taxonomie neutre sur le plan technologique, dans laquelle les activités économiques sont évaluées sur la base de critères scientifiques. En raison de l’importance d’une introduction rapide de la taxonomie, les Pays-Bas n’étaient pas favorables au report de la taxonomie…  Maintenant que ce report est acté, il offre à la Commission Européenne et aux experts concernés la possibilité de parvenir à un avis équilibré sur l’énergie nucléaire. Le contenu du rapport scientifique du CCR et l’avis des groupes d’experts indiquent que l’énergie nucléaire doit être incluse dans la taxonomie. J’inviterai donc la Commission européenne à publier dès que possible une version de la taxonomie incluant le nucléaire. « 

La lettre peut être trouvée sur le site de We Care

https://www.wecareeu.org/uploads/1/2/4/7/124770859/lid_erkens_c.s._over_kernenergie_onderdeel_van_de_taxonomie_laten_zijn_kamerstuk_21501-33-864.pdf

NB :En cas de non inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne, les Pays-Bas envisageraient...de définir leur propre taxonomie verte, cf. blog sur la rapport KPMG (voir ci après)

lundi 4 octobre 2021

Il faut faire Cigéo ! C'est la meilleure solution pour les générations futures ! Contribution à l’enquête sur la déclaration d‘utilité publique (2)

 Suite de https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/il-faut-faire-cigeo-cest-la-meilleure.html pour l’explication.

Fin des contributions 23 octobre, 12 heures- ça s’approche !

Registre numérique : https://www.registre-numerique.fr/dup-cigeo/deposer-son-observation

1) Contexte de l’enquête :  Au début, beaucoup de contributions généralement bien argumentées, dont celle de François-Marie Bréon,  avec une majorité  assez large de partisans. Puis, au fur et à mesure, un flot de contributions toutes sur le même modèle et reprenant le même texte : Les 100 raisons de ne pas construire CIGéo.

Bon, je vous cite les 9 premières :

« 1 - parce que c'est un projet hors norme. 2 - parce que c'est un projet illusoire. 3 - parce que c'est une mission impossible. 4 - parce que c'est une immense supercherie. 5 - parce qu'il y a trop d'incertitudes. 6 - parce qu'il y a trop de réserves. 7 - parce qu'il y a trop de problématiques majeures. 8 - parce que c'est une impasse : l'ANDRA veut nous faire croire qu'elle maîtrise complètement la radioactivité. 9 - parce que personne au monde ne sait neutraliser la radioactivité des déchets radioactifs. On ne sait que les stocker en attendant que leur activité décroisse jusqu'à l'acceptabilité. »

(NB : ben oui, c’est justement pour ça que l’on fait Cigéo)

Et les 4 dernières : « 96 - parce que les ONG comme Greenpeace ont bien étudié le projet et sont opposées à la construction de CIGéo.97 - parce que les mouvements politiques et les partis politiques comme EE-LV, La France Insoumise, NPA, Nouvelle Donne, Génération.s, etc. ont bien étudié le projet et sont opposés à la construction de CIGéo.98 - parce que les laboratoires indépendants comme la CRIIRAD et l'ACRO ont bien étudié le projet et sont opposés à la construction de CIGéo.99 - parce que la communication de l'ANDRA sur ce projet applique la règle bien connue : "Plus c'est gros, plus ça passe !", notamment lors du webinaire du 9 septembre dernier : l'ANDRA ne voit aucun obstacle à la construction de CIGéo. 100 - parce que, comme l’a rapporté Takeo Okada, archevêque de Tokyo, le Pape François a critiqué l’énergie nucléaire en la comparant à la Tour de Babel : quand les hommes tentent d’atteindre le paradis, ils créent leur propre destruction. « Les humains ne devraient pas enfreindre les Lois de la nature créées par Dieu »

Bon, on voit le niveau, arrêtons de se faire du mal. Au milieu de ce fatras, quelques questions ou remarques plus sérieuses concecrant par exemple les dégagements d’hydrogènes, mais auxquels l’Andra a déjà répondu, cf. par exemple le dossier très bien fait : https://www.andra.fr/cigeo/la-surete-anticiper-les-risques

Les opposants de Cigéo et la violence

Cette manipulation de l’enquête publique sur la DUP de Cigéo se situe dans la continuation de l’action des adversaires de Cigéo : perturbations du débat sur la Politique de gestion des Déchets radioactifs organisées par le (CNDP  Commission Nationale du Débat Public), avec plusierss réunions qui n’ont pu se tenir, ou dans des conditions fortement dégradées (Lille, Valence, Bar-le-Duc, Bagnols-sur-Cèze et Lyon), dont justement celles consacrées à l’enfouissement géologique profond, refus de participer à la conférence citoyenne sur la phase pilote, et, sur place de nombreuses violences ayant abouti finalement à des condamnations  de prison ferme un peu inattendues compte-tenu de l’indulgence généralement manifestée pour ce type de délit ( 2 « opposants » au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont été condamnés à neuf et douze mois de prison ferme, et quatre autres à des peines de six à neuf mois avec sursis). Il ya vaitvdéjà u en 2018 une condamnation à trois mois de prison ferme pour violences sur des gendarmes lors de l'évacuation du bois Lejuc. Ce sont ces occupants du Bois Lejuc qui ont dévasté et tenté d’incendier un hôtel alors que douze personnes (employés de l’Andra majoritairement) y dormaient (ils avaient ouvert tous les robinets et tout coulait à flot, partout. Et surtout, ils ont épandu une bouteille et demi d'essence qu'ils ont allumé" - François Maltrud, gérant de l'hôtel-restaurant)



https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/03/le-nucleaire-et-ses-dechets-un-grand.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/08/conference-citoyenne-sur-la-phase.html

Une partie des opposants à Cigéo refusent en fait tout débat, et même les empêchent, occupent illégalement et avec violence une Zone à défendre » depuis 2018 et ont recours à des violences inadmissibles .

Cigéo et les élus.

Le Conseil départemental de la Meuse soutient le projet. Son président Jérôme Dumont s’exprime ainsi :  «Les déchets sont là. Et l’enfouissement est bien moins dangereux que le stockage actuel en surface. Autant en faire une opportunité de développement économique et technologique de notre territoire » et soutient le développement d’une véritable filière nucléaire dans ce département très rural. Le Conseil départemental recommande toutefois vigilance toute particulière dans la gestion des eaux de la zone puits afin de modifier au minimum le régime de débits de l’Ormançon

Le Conseil  Départemental de la Haute-Marne a rendu un avis favorable le 19 février dernier à l’unanimité (32 voix pour) moins deux abstentions : «le projet CIGÉO pouvant, compte tenu de son dimensionnement et des incidences pour notre territoire, être reconnu d’utilité publique »

Le Conseil Régional du Grand Est a également rendu un avis favorable

Cinq communes concernées (Gondrecourt-le-Chateau, Saint-Joire, Cirfontaines-en-Ornois, Gillaumé et Saudron) ont voté un avis favorable.

Deux communes ont refusé de se prononcer (jugeant le délai irréaliste (Houdelaincourt) ou qu’il ne revenait pas aux Conseillers municipaux de se prononcer sur un tel projet, alors que la ministre de l’écologie ( Barbara Pompili) avait déjà affirmé que le projet irait à son terme

Quatre communes (Bure, Horville-en-Ornois, Mandres-en-Barrois et Ribeaucourt) ont émis un avis défavorable. Lorsqu’on regarde les motifs, ils n portent pas vraiment sur le projet lui-même, mais sur certaines de ses conséquences et modalités et ne sont pas fondamentalement différents des réserves des communes qui votent pour. Ainsi, Bure s’inquiéte de ce que la DUP minimiserait les risques encourus par le rejet des eaux de CIGEO, et trouve insuffisant  le plan mis en place pour la gestion de l’eau potable, s’indigne de ce que  « CIGEO s’approprie les routes, les chemins sans concertation ni avis » et demande des précisions sur les retombées fiscales. La question des ouvrages d’art à réaliser et de leurs emplacements, des nuisances et horaires du trafic ferroviaire, des perturbations possibles sur les ressources en eau, la reforestation après travaux   et la fiscalité sont en fait ominprésentes. Seuls Bure mentionne «  Aucune étude sérieuse ne démontre clairement l’absence de risques sanitaires sur la population ». Donc très majoritairement, pas de remise en cause du projet lui-même, mais plutôt de certaines modalités et une demande de davantage de concertation. 

Notons que  dès 2007, l'Andra a mis en place un Observatoire pérenne de l'environnement (OPE) pour étudier les caractéristiques environnementales d’un territoire de 900 km² à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Au sein de cette zone, des études plus détaillées sont mensur un secteur de référence d’environ 240 km2. L’OPE s’intéressera à l’évolution dans le temps des milieux naturels et organismes (eau, air, sol, flore, faune, bactéries), ainsi que des activités humaines. Cet outil est unique en France de par la surface du territoire étudié et la durée d'études envisagée (100 ans).