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mercredi 9 octobre 2013

L’idolâtrie des index

On a pu lire et entendre partout qu’il existait un indicateur de compétitivité de Davos, et que ce méchant indicateur indiquait justement que la compétitivité (industrielle, des services, touristique ?) de la France avait encore diminué, qu’elle se situait maintenant derrières celle des Emirats Arabes Unis ( pour l’industrie pétrolière, c’est sûr), bref qu’il y  avait le feu au lac.

Il serait quand même indispensable et de saine hygiène mentale, qu’avant de commenter  a satiété de tels « index ou indicateurs », media et hommes politiques expliquent comment ils sont faits. Dixit le cher Auguste (Comte), qui dénonce « l’usage spécieux du langage algébrique, si souvent employé de nos jours à déguiser la médiocrité intellectuelle sous la prétendue profondeur…, susceptible comme tout autre, et même davantage de dégénérer en un verbiage vide d’idées ». Vide d’idées, mais souvent plein d’intentions manipulatoires !

Donc se méfier de tout prétendu index dont on ne sait pas comment il a été construit. Et un grand merci à  l’économiste Michel Husson, du conseil scientifique d’Attac, qui remplit son rôle indispensable d’enseignement populaire en décrivant dans le Monde du 13 septembre la manière dont est construite cet « indicateur de compétitivité ».
Il s’agit simplement d’interview de dirigeants d’entreprises de chaque pays considéré (et non d’étrangers, ce qui serait peut-être plus intéressant). Donc, les patrons français reconnaissent bénéficier d’infrastructures de qualité (France 4ème), mais sont entravés par une fiscalité défavorable à l’investissement privé (France 137ème sur 148 !). Mais peut-être que l’un est la conséquence de l’autre ?

Les patrons français  se plaignent des relations conflictuelles avec leurs salariés (France 135ème ???), des règles trop strictes de licenciement (144ème rang), des charges sociales (127ème rang)
Par contre, ils trouvent que leur (celle des dirigeants) culture d’entreprise est bonne (21éme rang) , qu’ils (les dirigeants) sont innovants ( 19ème rang - ils innovent tout seuls ?) et adoptent facilement les nouvelles technologies ( 17ème rang)

Cet index est sans doute révélateur… mais davantage sur l’état d’esprit des patrons que sur la compétitivité. D’autant qu’il ne semble pas mentionner un des principaux problèmes français : le manque de financement de la recherche, du développement et de l’innovation (capital risque, accès difficile au crédit, saupoudrage public, amorçage…)