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dimanche 22 mars 2020

Le nucléaire et ses déchets (3) : En avant pour Cigéo !


Les déchets ultimes du nucléaire : l’ampleur du problème

Comme toute activité, l’industrie nucléaire génère des déchets. L’Andra a mis en place des solutions de stockage définitif pour les déchets de très faible, faible et moyenne activité à vie courte, soit 90 % du volume de déchets radioactifs produits en France. Ces déchets, qui représentent une quantité réduite (de l’ordre de 2 kg par an et par personne), sont conditionnés et stockés en surface dans trois centres exploités par l’Andra. Ils seront surveillés durant toute la durée de la décroissance de leur radioactivité, comme c’est le cas du centre de stockage de la Manche aujourd’hui. Après, ben, ils sont plus radioactifs.

La filière nucléaire a développé des solutions technologiques permettant le recyclage des combustibles usés, dont 96 % sont valorisables (plutonium et uranium dits de retraitement). Actuellement, 10 % de l’électricité nucléaire française est produite à partir de matières recyclées (combustible MOX à base d’oxydes de plutonium et d’uranium appauvri). Ces solutions permettent de diviser par 5 le volume des déchets ultimes à vie longue, dits déchets MA-VL et HA-VL et surtout d’enlever le plutonium. Celui-ci est particulièrement intéressant comme combustible dans des réacteurs de 4ème génération, ou pour usage militaire (oui, la France est aussi une puissance nucléaire militaire, c’est un héritage de son histoire et de la volonté d’indépendance gaulliste  qui lui accorde une importance internationale au-delà de son importance économique). Par ailleurs, cela permet de diminuer considérablement la demi-vie radioactive des déchets retraités des 600.000 ans du plutonium à moins de 20.000 ans pour revenir à la radioactivité de l’uranium naturel.

Parlons ordre de grandeurs : ce savoir-faire unique de l’industrie française en matière de retraitement des déchets a pour résultat de générer un volume minimal de déchets de haute ou moyenne activité à vie longue (HA/MA-VL). Ils représentent 3% des déchets radioactifs  (mais 95% de la radioactivité, c’est l’intérêt du retraitement). Pour un ordre de grandeur, l’électricité consommée par une personne pendant 50 années génère un peu moins de 500 g de déchets à vie longue. Pour l’ensemble du parc nucléaire français depuis qu’il fonctionne, c’est l’équivalent d’une piscine olympique. Le tweetos Laydgeur, qui a l’art de générer des images illustrant magnifiquement les ordres de grandeur en a fait ça : l’ensemble des déchets à stocker définitivement générés depuis le début du fonctionnement du parc nucléaire français, c’est ce cube rouge placé sur le Vieux-Port (fictivement)



Admettons quand même que le problème ne parait pas démesuré….


Et cette remarque encore ; le nucléaire ne contribue ni au réchauffement climatique, ni à la pollution de l’air (il n’émet ni particules fines, ni SOX, ni NOX). Les déchets qu’’il émet sont soigneusement déclarés, contrôlés et traités : les autorités de sureté et les exploitants savent où est le moindre mg d’uranium, de plutonium et autres actinium. Les déchets des fossiles, on sait aussi où ils sont : ils s’accumulent par tonnes dans nos poumons !

Le confinement des déchets : le stockage en couches géologiques profondes

Le but du confinement des déchets ultimes du nucléaire (haute ou moyenne activité à vie longue) est de faire en sorte qu’ils n’entrent pas en contact avec la biosphère (organismes vivants et leurs milieux de vie) avant d’avoir perdu leur toxicité radioactive. Ceci est réalisé par la mise en œuvre de nombreuses barrières  (colis, ouvrages, couverture, géologie) qui permettront de faire en sorte que ces déchets n’auront en conséquence aucun impact sanitaire.

Les déchets sont vitrifiés. On possède maintenant  un large recul sur cette solution imaginée dans les années 60 et validée par la France puis par l’ensemble de la Communauté internationale. Les verres alumino-borosilicatés ont été retenus comme le matériau de confinement des solutions de produits de fission, en raison de la souplesse de leur structure désordonnée qui permet de confiner de nombreux éléments chimiques. Les radionucléides participent à la structure du verre, il ne s’agit donc pas d’un simple enrobage, mais d’un confinement à l’échelle atomique extraordinairement efficace : ces verres sont thermiquement, chimiquement et radioactivement stables à l’échelle de 100.000 ans !!



Ils sont ensuite coulés dans des conteneurs en acier inoxydable pour manutention, transport et entreposage, et en prévision du stockage. Ces conteneurs ont une durée de vie supérieure à  10.000 ans et placés dans des matrices en béton.  Des contrôles seront mis en place : l’Andra refuserait tout colis qui présenterait des caractéristiques rédhibitoires pour la sûreté du stockage et son producteur devrait revoir son conditionnement. La question s’est posée pour des colis bitumineux peu nombreux pouvant dégager de l’hydrogène ; l’Andra  a fixé une limite stricte aux quantités d’hydrogène émises par chaque colis, évitant tout danger d’explosion.



Au bout  de vingt ans d’études, une solution s’est imposé qui a fait l’unanimité de l’ASN, des experts nucléaires aux USA, en Chine, en Russie, en Finlande, en Suisse, au Japon, au Canada, en Australie  qui se sont tous décidés en faveur de l’enfouissement en formation géologique profonde des déchets HA et MA-VL.

Le confinement des déchets : le stockage en couches géologiques profondes

Selon l’Agence internationale pour l’énergie atomique, les objectifs spécifiques du stockage définitif sont de «confiner les déchets ; d’isoler les déchets de la biosphère accessible et réduire sensiblement la probabilité et toutes les conséquences possibles d’une intrusion humaine par inadvertance dans les déchets ; d’empêcher, réduire et retarder la migration des radionucléides à tout moment des déchets vers la biosphère accessible ; de faire en sorte que les quantités de radionucléides qui parviennent dans la biosphère accessible du fait d’une migration quelconque depuis l’installation de stockage définitif soient telles que les conséquences radiologiques possibles sont à un faible niveau acceptable à tout moment.»

En France, après des années d’étude, c’est un confinement extrêmement favorable qui a été choisi à Bure (Meuse) dans des couches géologiques profondes argileuses à 500 mètres de profondeur- l’argile est une structure géologique très stable et très imperméable.

Les radioéléments stockés ( grâce au retraitement) mettent moins de 15000 ans pour revenir à une radioactivité de bruit de fond.

La stabilité des couches géologiques type Cigéo est de l’ordre de :100 millions d’années. 100 millions d’années contre 15.000 ans


Donc, on peut entendre les réticences exprimées par certains citoyens du Grand Débat, et expliquer. Avec le confinement profond on ne cache rien, on n’oublie rien, on ne lègue rien. : on laisse la géologie régler un problème géologique.

Avec le retraitement et l’enfouissement profond, nous ne laissons pas le problème à nos descendants, nous le règlons. Un modeste volume de déchet radioactif sera confiné durant un temps beaucoup plus que nécessaire pour que tout danger disparaisse.

C’est au contraire si nous ne faisons pas cet enfouissement profond que nous ous débarrassons du problème sur nos descendants. 

« Cigéo, dont la forme la plus sûre est “non réversible”, soit pour nous et les générations futures notre meilleure solution d’aujourd’hui et réponde parfaitement à l’objectif: isoler définitivement de la biosphère des déchets hautement radioactifs le temps que leur radio-toxicité décroisse et disparaisse naturellement?»  (J. L.  Salanave)

D’autant que cet système de confinement des déchets radioactifs a en quelque sorte été déjà testé et validé par la nature ….cf Oklo au Gabon, voir blog suivant

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