Un désastre pour les Parisiens
Après avoir géré pendant
dix ans le service de vélo en libre-service parisien, l’entreprise JCDecaux a
perdu l’appel d’offres en avril 2017 au profit de Smovengo (qui réunit la PME
montpelliéraine Smoove, les espagnols Mobivia et Moventia et Indigo, leadeur du
parking). Le plannig initial était le suivant : Le planning officiel était le suivant : fin
du dématèlement des Cvlocity (Decaux) fin janvier 2018,installation de la
moitié des Smovengo en janvier et l’autre moitié au cours du premier trimestre.
Mi mai 2016, nous en sommes à lors que
le mouvement social est entré dans sa quatrième semaine, seules 675 stations
sont ouvertes alors que le plan initial prévoyait la mise en place de 1400
stations fin mars. Mais station ouverte ne signifie pas que l’on puisse y
prendre des vélos : Smovengo a annoncé le retrait de 1500 à 2000 vélos
électriques et 3000 vélos bloqués en station en raison d'erreurs informatiques,
notamment, sur environ 9000 déployés ! Seules 11 stations électrifiées
sont en état de marche ; la solution provisoire des stations sur batterie se
révèle un bricolage répugnant qui ne fonctionne pas. Et les vélos électriques
sont pour l’instant retirés !
Le
printemps arrive et les parisiens ne peuvent pratiquement pas utiliser de
velib- le service a d’ailleurs proposé, pour ceux qui en font la demande, de
rembourser les trois premiers mois ; c’est bien le minimum, mais encore
faut-il que les abonnés le demandent en s’inscrivant sur le site
Un désastre pour les salariés
A la catastrophe
industrielle se joint une catastrophe sociale. Il faut voir avec quelle morgue le
président du consortium Smovengo , Yann Marteil, dans un article du Monde du 6 novembre 2017 s’adressait aux
salariés de Velib Decaux: « Les anciens JC Decaux doivent postuler sans tarder à Smovengo », en expliquant que,
contrairement aux pratiques habituelles, les salariés ne seront pas repris,
leurs contrats de travail ne seront pas transférés, ils doivent démissionner
pour être repris, et il n‘y aura pas de la place pour tout le monde !
Et effectivement sur ce terrain là, c’est aussi une
catastrophe au point que depuis le 17 avril, soit plus de trois semaines, les
nouveaux salariés de Smovengo sont en grève, , franchement, on les comprends :
sous-effectifs, et pas qu’un peu : « On est passé de trois cents agents de
terrain sous la direction de JC. Decaux, à moins d’une centaine actuellement. ».
« On nous avait dit qu’on nous reprenait aux mêmes conditions, mais Smovengo
nous a imposé de nouveaux horaires ». 70 % des agents travaillent de nuit ;
or la majoration des salaires de
nuit a considérablement baissé, passée de 45 % à Cyclocity à 10 % à
Smovengo. Et pour les week-end, il n’y a plus du tout de majoration, zero !
Le panier-repas, lui, est passé de
12 euros à 5,73 euros. Les arrêts de travail se sont multipliés
amplifiant un sous-effectif chronique…d’autant que les agents sont en première ligne
pour éprouver la mauvaise humeur des parisiens, certes justifiée, mais pas
contre eux.
Résultat : pour arranger le tout, une
grève des salariés de Smovengo- une cinquantaine, soit 85 % ! des agents
de terrain, selon les responsables du mouvement) à faire grève. Et pour gaire
mieux : Smovengo a assigné 37 employés grévistes sont
assignés au tribunal correctionnel de Paris.
Un gaspillage écœurant
Commentaire d’un internaute : Si on résume : on avait un système qui
fonctionnait globalement bien qu'on fout en l'air. On avait des bornes qui
auraient pu être adaptées à d'autres vélos, on les détruit et on les change
avec des travaux colossaux. On avait des vélos qui remplissaient leur fonction,
on les jette. On avait un abonnement raisonnable, il augmente... On avait des
salariés qui connaissaient leur boulot, on les vire !! Qu'est ce qu'on dit ?
MERCI HIDALGO !!
Un appel d’offre étrange
En effet ; et
l’on peut se demander quel mécanisme d’appel d’offre peut au juste arriver à un tel désastre ; ce n’est ni
le mieux disant ni en terme de services, ni de prix, ni pour les salariés. Challenge (7 juillet 2017) rapporte de
bien curieux ou affligeants renseignements : La décision s’est faite
essentiellement sur le coût , et
contre l’avis de la SNCF et de la RATP ; entre les deux offres « s'est
fondé sur un dumping social, avec une proposition excluant la reprise de
l'ensemble des personnels et reposant sur de nouvelles équipes inexpérimentées,
moins nombreuses et à des conditions sociales et salariales dégradées ". Et les dirigeants de JCDecaux, assez furieux, «
n'ont pas compris pourquoi le tribunal administratif n'avait pas fait grief à
Smoovengo de refuser de s'engager à reprendre leurs 350 salariés, en conformité
avec le Code du travail, et n'avait pas jugé décisif le fait que Nicolas
Mercat, qui a participé à l'élaboration de l'appel d'offres par le syndicat
francilien, soit le frère de Laurent Mercat, patron de Smoove et porte-parole
du groupement vainqueur ».
Et il n’y pas que cela, mais
aussi une gouvernance financière pour le moins étrange. Toujours, Challenge
(7 juillet 2017) : Dans l'alliance Smoovengo, il y a aussi le groupe de
services automobiles Mobivia, l'espagnol Moventia et Indigo (ex-Vinci Park).
Quels sont leurs liens financiers? "Je
ne sais pas qui est qui et qui fait quoi, reconnaît Véronique Haché, la
bien peu curieuse directrice du syndicat Autolib'Vélib'Métropole, qui a signé
et gérera le contrat. Ce qui nous importe, c'est d'avoir eu des garanties
financières ». Et en fait, la fameuse start up Smoove (qui dira le mal qu’a
fait l’éloge imbécile systématique des start-up- seuls survivent les 0.1% qui
réellement le méritent !) parait maintenant complètement effacée car
intégrée dans Mobivia, qui appartient à la galaxie Mulliez (Norauto, Midas,
Drivy).
Autre bizarrerie : le Figaro du
01/01/2918 testait les vélos Smoove à Montpellier, là où ils sont nés ; le
moins qu’on puisse dire est que le résulat n’était guère convaincant : « ce
matin là une panne affectait l'ensemble du réseau, ce qui rendait toute
location impossible. De plus, un tiers des vélos que nous avons ensuite utilisé
avait un problème technique: absence de freins ou vitesses cassées pour la
plupart. Autre gros souci: nous nous sommes trouvés plusieurs fois face à des
stations pleines ou des stations... vides. Par conséquent, impossible de
prendre ou de rendre un vélo selon le cas. Nous avons également rencontré
plusieurs problèmes avec des vélos qui ne se débloquaient pas facilement de
leur point d'attache. Le service de communication de société TaM qui exploite
les transports publics de Montpellier avec Transdev n'a pas souhaité répondre à
nos demandes malgré une dizaine de tentatives. Quant à la société Smoove, son
dirigeant Laurent Mercat, que nous avons rencontré, rejette les responsabilités
de ces dysfonctionnements sur TaM…
Rendez-nous
Decaux ! Decaux, lui, avait rempli plus que correctement le contrat de dix ans
qu'il avait conclu en 2007, donnant son essor à un nouveau mode de transport
urbain, en rapportant toujours de l'argent à Paris, au point que Bertrand
Delanoë, lorsqu'il était maire, a pu en faire profiter les communes voisines.
Mais le fiasco en est à un tel point que même ce retour parait impossible.
Un fiasco total qui jette espérons-le le dernier pavé sur la tombe des
espoirs de réélection d’Anne Hidalgo : Ya basta !
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