Se mobiliser
pour l’Euro
Le débat ou plutôt l’absence de débat sur l’euro devient
de plus en plus inquiétant, et surtout
l’impréparation et disons l’arrogance et le mépris envers le Front National
qui mènent à la catastrophe.
Résumé à ma manière des épisodes précédents : Marine
Le Pen annonce qu’elle préparerait une sortie de l’euro. Réponse reprise en
perroquet par tous les arrogants : pauvre populiste à la petite cervelle,
la dette, libellée en euro, va devenir insupportable.
Réponse de Marine Le Pen : eh bien non, la dette est
libellée en monnaie nationale. La dette contractée en euros sera remboursée en
nouveau franc quelle que soit sa valeur, et nul n’aura à y redire.
Eh bien tous durent convenir qu’elle a raison, et ce fut
dévastateur.
Alors les arrogants, qui n’avaient pas compris la leçon
et ne bossaient toujours pas leur sujet, répondirent. : Ah oui, mais dès
le lendemain, il sera impossible d’emprunter, même à des taux rédhibitoires,
sur les marchés.
Réponse de Marine Le Pen, toujours avec une longueur
d’avance : Eh bien non, parce que justement nous n’emprunterons plus sur
les marchés internationaux. Le retour au nouveau franc géré par la Banque de
France permettra de revenir aux méthodes antérieures : la mobilisation de
l’épargne des Français et surtout la libre impression de monnaie – la planche à
billets ;
Et à nouveau les arrogants durent convenir que c’était
possible ; et ce fut à nouveau dévastateur.
Ils répondirent alors que c’était enclencher les cycles
infernaux de dévaluation/ inflation et la ruine des épargnants
Réponse de Marine Le Pen : Oui, mais voyez-vous
l’euro depuis un an a baissé de près de 30% par rapport au dollar, et personne,
dans la vraie vie courante, ne s’en est aperçu ! De telles dévaluations
sont donc parfaitement supportables.
Et dans la bande des prestigieux économistes et grands
dépendeurs d’ andouilles, il
ne s’en n’est pas trouvé un pour lui faire remarquer qu’elle venait ainsi de
sortir l’un des meilleurs arguments… en faveur de l’euro ! Rien !
Nada !
Oui, L’un des
meilleurs arguments… en faveur de l’euro pour au moins deux raisons. Car en effet, l’euro a bien perdu
depuis un an près de 30% par rapport au dollar et cela n’a pas eu grand effet
sur notre vie courante. Mais c’est que l’euro est la monnaie commune d’une zone
économiquement intégrée dans laquelle, à la louche, chaque pays effectue plus
de 70% de ses échanges avec les
autres ! Il en irait tout autrement si par malheur les projets de nouveau
franc de Mme Le Pen se concrétisaient – car c’est la quasi-totalité des
échanges de la France, avec les autres pays européens qui s’en trouveraient
affectés et la quasi-totalité de nos importations qui se renchériraient d’un
coup, provoquant inflation, perte de pouvoir d’achat, spoliation des
épargnants. Un des meilleurs arguments en faveur de l’euro car il démontre qu’il est donc possible, si on le
décide, de mener une politique de dévaluation compétitive de l’euro
parfaitement supportable- surtout pour la France un peu moins sensible au cours
du pétrole et du gaz que les autres, grâce au nucléaire. Mais la dévaluation
compétitive du nouveau franc serait une catastrophe pour les Français et
surtout les épargnants…
Cet argument, personne ne le lui a opposé ; et là
encore, l’effet a été dévastateur.
L’ultime
argument de Marine Le Pen
Cet argument de la dévaluation indolore de l’euro, nous
ferions mieux de parier qu’elle aura l’intelligence de ne pas le
reprendre ; et l’on peut prévoir quel sera le prochain, beaucoup plus
redoutable :
Lorsqu’une monnaie se trouve beaucoup trop forte pour
l’économie qui la sous-tend, il existe deux moyens pour y remédier et restaurer
sa compétitivité : l‘un est la
dévaluation, et c’est ce qui nous est
interdit par l‘euro, l’autre est la déflation, la réduction des
coûts , des salaires, des filets de sécurité sociaux. C’est cette
politique d’austérité qui a été menée avec une férocité inouïe, avec les
conséquences que l‘on sait en Europe du
Sud, certes, mais aussi en Angleterre et en Allemagne, avec la multiplication
des travailleurs pauvres, pour ne pas dire indigents.
Alors dira Marine Le Pen, quelle est donc la moins pire
des deux politiques ?
Et la réponse est tout sauf évidente ; et à mon avis
elle ne peut consister qu’à lui concéder ceci : oui, il faudra un
changement total de la gestion de l’euro, ou alors, effectivement, il vaudra
sans doute mieux en sortir. Mais heureusement, ce changement, même trop tardif,
est en cours.
Une politique
de l’Euro, pour sauver l’Euro
Mais la vraie réponse est me semble-t-il celle-ci :
contrairement aux affirmations des déclinistes, nous ne sommes pas condamnés à
une alternative entre deux solutions détestables. Il dépend encore de nous de
sauver l’Euro, pour le meilleur. Mais
les arrogants devront reconnaître que, dans une zone euro hétérogène, la
gestion de l’euro ne pouvait être qu’un compromis délicat, alors qu’il a été
géré à la manière et au profit exclusif des Allemands, que c’était le meilleur
moyen d’arriver à la catastrophe actuelle, et que cela doit changer. Cela a d’ailleurs
commencé, et après avoir laissé se développer une crise grecque jusqu’au danger
extrême une crise grecque qui aurait dû
être traitée à moindre mal, trop tardivement, le cap a complètement changé :
mécanisme de stabilité monétaire, rachat massif des dettes, injections super
massives de liquidités. Tout ce que la Banque Européenne s’interdisait, sous la
pression allemande, elle l’a fait brutalement et rapidement, saisie d’une
véritable débauche, sans que ce changement n’ait été expliqué et discuté. Il
était surement nécessaire, mais jusque quand, à quel rythme, avec quelle
ampleur ? Alors oui, il faudra que les dirigeants européens s’entendent
sur une politique de l’euro et l’expliquent.
Et que l’on arrêt de croire et de faire croire que la
politique monétaire n’est pas de la politique, et qu’une banque centrale ne
fait pas de politique.
Et oui, l’Euro est aussi une question politique ! Et c’est une question d’indépendance !
Qui ne se souvient de cette déclaration cynique d’un Secrétaire d’Etat
américain : le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème !.
Eh bien, c’est aussi, et peut-être majoritairement contre cela que l’euro s’est
fait- et qu’il doit continuer à exister.
Enfin, comment penser que le nouveau franc permettrait à
la France, à la France seule, ô mânes de Maurras, de retrouver une souveraineté
monétaire et économique ? Nous avons vu au contraire comment des firmes
françaises et européennes ont été purement et simplement rackettées par le
gouvernement américain en punition du non-respect d’embargo purement
américains, sans légitimité internationale, contre certains pays…parce que ces
échanges avaient eu lieu en dollars ! Avec la politique néo
isolationniste que semble prendre l’Amérique, la perte irrévocable de son
statut d’hyper puissance, il existe une vraie opportunité pour qu’un euro
intelligemment géré devienne ce qu’il commence à être de plus en plus une
véritable monnaie de réserve internationale qui permettra la fin d’un
impérialisme américain brutal et inacceptable. Il est possible et
désirable de mettre fin à l’hégémonie du dollar tout en évitant de la remplacer
par l’hégémonie d’une monnaie Asie pacifique que préparent lentement mais
surement les Chinois. Le monde a besoin de plusieurs monnaies de référence,
l’Europe a besoin de la sienne, et ce ne sera surement pas le nouveau franc de
Mme Le Pen.
Je ne suis pas économiste, mais je suis avec passion les
problèmes économiques et politique. J’ai peut-être mal employé quelques termes,
me suis peut-être trompé sur le fond . Si quelqu’un peut et veut mieux faire,
bienvenue !
Mais ce débat sur l’Euro avec le Front National, pas
seulement d’ailleurs, avec tous les Français, il faut l‘avoir ! Et vite !
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