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samedi 25 mars 2017

Débattre sérieusement avec le Front National sur l’Euro

Se mobiliser pour l’Euro

Le débat ou plutôt l’absence de débat sur l’euro devient de plus en plus inquiétant, et surtout  l’impréparation et disons l’arrogance et le mépris envers le Front National qui mènent à la catastrophe.

Résumé à ma manière des épisodes précédents : Marine Le Pen annonce qu’elle préparerait une sortie de l’euro. Réponse reprise en perroquet par tous les arrogants : pauvre populiste à la petite cervelle, la dette, libellée en euro, va devenir insupportable.

Réponse de Marine Le Pen : eh bien non, la dette est libellée en monnaie nationale. La dette contractée en euros sera remboursée en nouveau franc quelle que soit sa valeur, et nul n’aura à y redire.

Eh bien tous durent convenir qu’elle a raison, et ce fut dévastateur.

Alors les arrogants, qui n’avaient pas compris la leçon et ne bossaient toujours pas leur sujet, répondirent. : Ah oui, mais dès le lendemain, il sera impossible d’emprunter, même à des taux rédhibitoires, sur les marchés.

Réponse de Marine Le Pen, toujours avec une longueur d’avance : Eh bien non, parce que justement nous n’emprunterons plus sur les marchés internationaux. Le retour au nouveau franc géré par la Banque de France permettra de revenir aux méthodes antérieures : la mobilisation de l’épargne des Français et surtout la libre impression de monnaie – la planche à billets ;

Et à nouveau les arrogants durent convenir que c’était possible ; et ce fut à nouveau dévastateur.

Ils répondirent alors que c’était enclencher les cycles infernaux de dévaluation/ inflation et la ruine des épargnants

Réponse de Marine Le Pen : Oui, mais voyez-vous l’euro depuis un an a baissé de près de 30% par rapport au dollar, et personne, dans la vraie vie courante, ne s’en est aperçu ! De telles dévaluations sont donc parfaitement supportables.

Et dans la bande des prestigieux économistes et grands dépendeurs d’ andouilles, il ne s’en n’est pas trouvé un pour lui faire remarquer qu’elle venait ainsi de sortir l’un des meilleurs arguments… en faveur de l’euro ! Rien ! Nada !

 Oui, L’un des meilleurs arguments… en faveur de l’euro pour au moins deux raisons. Car en effet, l’euro a bien perdu depuis un an près de 30% par rapport au dollar et cela n’a pas eu grand effet sur notre vie courante. Mais c’est que l’euro est la monnaie commune d’une zone économiquement intégrée dans laquelle, à la louche, chaque pays effectue plus de  70% de ses échanges avec les autres ! Il en irait tout autrement si par malheur les projets de nouveau franc de Mme Le Pen se concrétisaient – car c’est la quasi-totalité des échanges de la France, avec les autres pays européens qui s’en trouveraient affectés et la quasi-totalité de nos importations qui se renchériraient d’un coup, provoquant inflation, perte de pouvoir d’achat, spoliation des épargnants. Un des meilleurs arguments en faveur de l’euro car  il démontre qu’il est donc possible, si on le décide, de mener une politique de dévaluation compétitive de l’euro parfaitement supportable- surtout pour la France un peu moins sensible au cours du pétrole et du gaz que les autres, grâce au nucléaire. Mais la dévaluation compétitive du nouveau franc serait une catastrophe pour les Français et surtout les épargnants…
Cet argument, personne ne le lui a opposé ; et là encore, l’effet a été dévastateur.

L’ultime argument de Marine Le Pen

Cet argument de la dévaluation indolore de l’euro, nous ferions mieux de parier qu’elle aura l’intelligence de ne pas le reprendre ; et l’on peut prévoir quel sera le prochain, beaucoup plus redoutable :

Lorsqu’une monnaie se trouve beaucoup trop forte pour l’économie qui la sous-tend, il existe deux moyens pour y remédier et restaurer sa compétitivité  :  l‘un est la dévaluation, et c’est ce qui nous est  interdit par l‘euro, l’autre est la déflation, la réduction des coûts , des salaires, des filets de sécurité sociaux. C’est cette politique d’austérité qui a été menée avec une férocité inouïe, avec les conséquences que l‘on sait en  Europe du Sud, certes, mais aussi en Angleterre et en Allemagne, avec la multiplication des travailleurs pauvres, pour ne pas dire indigents.

Alors dira Marine Le Pen, quelle est donc la moins pire des deux politiques ?

Et la réponse est tout sauf évidente ; et à mon avis elle ne peut consister qu’à lui concéder ceci : oui, il faudra un changement total de la gestion de l’euro, ou alors, effectivement, il vaudra sans doute mieux en sortir. Mais heureusement, ce changement, même trop tardif, est en cours.

Une politique de l’Euro, pour sauver l’Euro

Mais la vraie réponse est me semble-t-il celle-ci : contrairement aux affirmations des déclinistes, nous ne sommes pas condamnés à une alternative entre deux solutions détestables. Il dépend encore de nous de sauver l’Euro, pour le meilleur.  Mais les arrogants devront reconnaître que, dans une zone euro hétérogène, la gestion de l’euro ne pouvait être qu’un compromis délicat, alors qu’il a été géré à la manière et au profit exclusif des Allemands, que c’était le meilleur moyen d’arriver à la catastrophe actuelle, et que cela doit changer. Cela a d’ailleurs commencé, et après avoir laissé se développer une crise grecque jusqu’au danger extrême une crise grecque  qui aurait dû être traitée à moindre mal, trop tardivement, le cap a complètement changé : mécanisme de stabilité monétaire, rachat massif des dettes, injections super massives de liquidités. Tout ce que la Banque Européenne s’interdisait, sous la pression allemande, elle l’a fait brutalement et rapidement, saisie d’une véritable débauche, sans que ce changement n’ait été expliqué et discuté. Il était surement nécessaire, mais jusque quand, à quel rythme, avec quelle ampleur ? Alors oui, il faudra que les dirigeants européens s’entendent sur une politique de l’euro et l’expliquent.

Et que l’on arrêt de croire et de faire croire que la politique monétaire n’est pas de la politique, et qu’une banque centrale ne fait pas de politique.

Et oui, l’Euro est aussi une question politique !  Et c’est une question d’indépendance ! Qui ne se souvient de cette déclaration cynique d’un Secrétaire d’Etat américain : le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème !. Eh bien, c’est aussi, et peut-être majoritairement contre cela que l’euro s’est fait- et qu’il doit continuer à exister.

Enfin, comment penser que le nouveau franc permettrait à la France, à la France seule, ô mânes de Maurras, de retrouver une souveraineté monétaire et économique ? Nous avons vu au contraire comment des firmes françaises et européennes ont été purement et simplement rackettées par le gouvernement américain en punition du non-respect d’embargo purement américains, sans légitimité internationale, contre certains pays…parce que ces échanges avaient  eu lieu en dollars ! Avec la politique néo isolationniste que semble prendre l’Amérique, la perte irrévocable de son statut d’hyper puissance,  il existe une vraie opportunité pour qu’un euro intelligemment géré devienne ce qu’il commence à être de plus en plus une véritable monnaie de réserve internationale qui permettra la fin d’un impérialisme américain brutal  et inacceptable. Il est possible et désirable de mettre fin à l’hégémonie du dollar tout en évitant de la remplacer par l’hégémonie d’une monnaie Asie pacifique que préparent lentement mais surement les Chinois. Le monde a besoin de plusieurs monnaies de référence, l’Europe a besoin de la sienne, et ce ne sera surement pas le nouveau franc de Mme Le Pen.

Je ne suis pas économiste, mais je suis avec passion les problèmes économiques et politique. J’ai peut-être mal employé quelques termes, me suis peut-être trompé sur le fond . Si quelqu’un peut et veut mieux faire, bienvenue !

Mais ce débat sur l’Euro avec le Front National, pas seulement d’ailleurs, avec tous les Français, il faut l‘avoir ! Et vite !


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