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mardi 25 février 2020

Invasion de criquets en Afrique et bonne conscience écologique- ou comment les écologistes européens se fichent de tuer des centaines de milliers d’Africain.


Une invasion biblique de criquets pèlerins menace la sécurité alimentaire en Afrique de l’Est

Alors là, on ne rit plus, c’est la grosse catastrophe style plaie d’Egypte qui arrive. Depuis plusieurs semaines, d’épais nuages de criquets affamés se sont répandus depuis l’Éthiopie et la Somalie jusqu’au Kenya et l’Ouganda, dévastant de larges zones de cette région. L’ONU a fait part, lundi, de sa vive inquiétude.

Ce sont des essaims de criquets d’une ampleur historique, totalisant plusieurs milliards d’insectes qui se sont répandus depuis l’Éthiopie et la Somalie jusqu’au Kenya et l’Ouganda depuis dimanche 9 février. Pour donner un ordre de grandeur, l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a estimé qu’un seul de ces essaims couvrait une surface de 2.400 km2, la taille du Luxembourg. Cet  essaim contiendrait quelque 200 milliards de criquets - et chacun dévore chaque jour l’équivalent de son propre poids (deux grammes), soit un total de 400.000 tonnes de nourriture. Il est capable de parcourir 150 kilomètres par jour.

L’Éthiopie et la Somalie - où les autorités ont décrété l’urgence nationale - n’avaient pas vu d’essaims de criquets pèlerins d’une telle ampleur depuis 25 ans, et le Kenya n’avait pas eu à affronter de menace acridienne d’une telle force depuis 70 ans, selon la FAO. Au Kenya,ce sont  les éleveurs qui sont frappés de plein fouet par une invasion qui détruit les moyens de subsistance de leurs animaux – un impact d’autant plus élevé que les éleveurs venaient de subir trois années de sécheresse et qu’il faut habituellement jusqu’à cinq ans pour se remettre d’une telle épreuve.

Selon l’ONG Acted, 65% de la production agricole dans le comté de Madera, au Kenya, est affectée par cette invasion. En Somalie, dans la région de Gedo, «entre 35% et 60% des zones de productions agricoles ont été endommagées depuis le début de cette crise». Acted rappelle que ce nouveau fléau «pourrait aggraver la faim et la malnutrition dans une région où 25,5 millions de personnes sont déjà en situation de grave insécurité alimentaire». Le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock, a aussi fait part de sa vive inquiétude : « Il y a 13 millions de personnes dans ces pays concernés qui ont des difficultés d’accès à la nourriture. Dix millions de ces personnes résident dans des zones touchées par les criquets». En précisant avoir débloqué récemment en urgence 10 millions de dollars pour cette calamité, le responsable de l’ONU a averti que «si une réponse rapide» n’intervenait pas, la communauté internationale allait être confrontée à «un énorme problème plus tard dans l’année».

Fenitrothion et pyrifos- les  héros de la lutte anti criquet, des molécules qui sauvent les hommes !

Laissez-moi alors vous présenter fénitrothion et chlorpyrifos-ethyl. Bon, pour n’importe quel chimiste, ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, et ils n’ont pas l’air très sympa (de fait, ils sont toxiques mais….

Le fénitrothion est très efficace contre les criquets, à condition d’être utilisé assez tôt.. Il tue les criquets dans les quarante minutes à six heures de pulvérisation, à condition d’être utilisé assez tôt. Les effets du fénitrothion  varient de 85 à 74% sur P. tschadensis respectivement aux phases I (1-12 jours) et II (16-24 jours) et de 76 à 65 % sur P. grandis mixta aux mêmes intervalles de temps.  Avec le chlorpyrifos éthyle, ces effets ont fluctué de 85 à  76% sur P. tschadensis (de la phase I à la phase II) et de 69 à 79% sur P. grandis mixta (phase I à phase II). Après, chacun a ses charmes en termes d’inconvénients. Il semble que le fénitrothion soit un peu moins persistant dans les sols (disparition en en quelques jours), et moins soluble dans l’eau. Cependant, il est hautement écotoxique pour les abeilles, mortel par contact au μg/litre pour les invertébrés aquatiques, et à partir d'une centaine de μg/L pour les poissons.

Donc la seule solution pour éviter une gigantesque famine en Afrique, c’est de les pulvériser, et vite. Chaque jour, quelques (cinq actuellement)  avions sillonnent le ciel, en larguant des centaines de litres, y compris sur les zones habitées : pour les autorités, la fin justifie les moyens. En quelques heures, les pesticides peuvent tuer les criquets de la zone ciblée. En deux semaines, les réserves du Kenya ont été épuisées.

Heureusement, le gouvernement kenyan a pu  acheter en urgence du fénitrothion  au Japon.

Pourquoi au Japon ? Ben, c’est qu’il est interdit en Europe, comme maintenant le pyrifos. Notons que ça n’a pas toujours été le cas et que, par exemple, en 1988, la Commission Européenne se vantait d avoir  décidé l'envoi de fénitrothion au Niger, au Tchad et au Soudan (30.000 litres environ pour chaque pays) à partir d'un stock d'urgence constitué dans la Communauté, une intervention représentant une contribution de l'ordre d'environ 500.000 Ecus.

Ben oui, mais depuis la bonne conscience écolo est passé par là, st s’il n’en tenait qu’aux écolos bobos, à EELV, à Greenpeace et à leurs complices, s’il n’en tenait qu’à l’Europe…Eh bien, les Africains pourraient bien crever ! En masse. Heureusement, il y a le Japon (et sans doute la Chine, mais en ce moment, elle a ses propres problèmes)




Des campagnes irresponsables- le cas du chlorpyrifos

En 2016, suite à un reportage du magazine télévisé alarmiste Cash Investigation, le Ministère de l'Agriculture envisage l'interdiction du Chlorpyriphos. Cette interdiction devient effective, sauf pour la culture de l'épinard (NB, j’ai toujours su qu’il fallait se méfier des épinards, mais surtout des brocolis…qu’est-ce qu’on met sur les brocolis, dîtes- moi, Cash investigation ?)

Ensuite, le chlorpyrifos va être interdit dans l’Union européenne à partir de 2020. Une évaluation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait conclu, début août, qu’il présentait « des risques pour la santé » (exact). Les réglementations entérinant la décision devraient être formellement adoptées en janvier 2020, selon la Commission. Les Etats membres interdiront alors les produits contenant les substances au niveau national, cette action relevant de leur compétence. Ils pourront accorder un « délai de grâce » de trois mois pour apurer les stocks. A la suite de quoi les produits ne pourront plus ni être mis sur le marché ni être utilisés dans l’UE.

Les ONG écolos bigots ont salué « une victoire pour les générations futures ». « L'Europe démontre (enfin) son leadership sur les questions de santé publique, afin de prouver aux citoyens qu'elle peut les protéger, qu'elle peut défendre leurs droits face à l'avidité morbide de quelques multinationale.

Un compromis a cependant été imposé par le Sénat : il est possible que l’interdiction soit décalée à 2025 et de proposer des dérogations, sans date limite, aux entreprises qui engagent, dans un délai de six mois après la publication de la loi, des investissements dans des solutions de substitution, notamment dans le biocontrôle et la recherche. 

Le président de l'UIPP (Union des industries de protection des plantes) Nicolas Kerfant, a souligné  « Nous avons absolument besoin d'une définition européenne du biocontrôle" et d'une "vision claire" de ce que le gouvernement veut faire en matière d'agroécologie, a-t-il prévenu, sinon "nous ne pourrons pas lancer de programmes de recherche engageant nos entreprises sur 15 ans ».

Commentaire : Ben, je dirais que c’est le bon sens même !

Un autre amendement a provoqué un vif débat : la France devrait pouvoir  continuer, pour au moins trois ans, de fabriquer sur son sol des pesticides interdits dans l'Union Européenne qu'elle pourra ensuite exporter dans les pays étrangers.

Commentaires scandalisés des écolos bigots. On distinguera Brune Poirson : « C'est une décision qui s'explique mais c'est une décision que je regrette…Ça m'énerve parce que c'est encore ce point noir là que toutes nos oppositions vont utiliser pour faire croire qu'on ne fait rien sur les questions climatiques en France. (...) Nous sommes le gouvernement qui est (sur le) pied de guerre sur la question climatique et nos oppositions utilisent des petites choses pour faire un écran de fumée »

???? M’enfin, quel est le lien avec la transition Climatique ? Décidément, entre Elisabeth borne, Emmanuelle Wargon, Brune Poirosn, ce ministère, c’est le grand concours du n’importe quoi et de la Fake science.

Et quand même,  la situation africaine devrait les faire réfléchir.  Et il n’y a pas que la situation africaine..

Pour freiner l'épidémie de chikungunya à  la Réunion de 2000 à 2006, le fenitrothion  a été utilisé à très grande échelle (264 kg de matière active importés à La Réunion rien qu'en 2003) en mobilisant d'importants moyens militaires (40 brigades d’intervention actives du 23 janvier au 15 février 2006)

Bref, à force d’ignorance, de propagande, de fanatisme écolo bigots, on peut se donner bonne conscience en interdisant des molécules. Sauf qu’interdire, c’est ignorer que certains pays peuvent avoir un besoin urgent et vital de ces produits tant qu’on n’a pas mieux !

Et c’est comme cela qu’en toute bonne conscience, on peut condamner à mort des milliers d’hommes.

Cela ne signifie pas qu’il ne faut rien faire. On peut diminuer et surtout rationaliser l’usage de ces molécules. On peut, et on doit aussi encourage la recherche de nouveaux composés aussi efficaces mais moins toxiques… mais cela supposerait d’arrêter cet immonde agrobashing contre les industries agroalimentaires - comment pourraient-ils investir dans des recherches qui peuvent durer de dix à quinze ans si la démagogie écolo veut leur disparition ?

On trouvera aussi une discussion intéressante sur le sujet dans Europe’s anti-science plague descends on Africa, https://www.europeanscientist.com/en/features/europes-anti-science-plague-descends-on-africa/James Njoroge

Extrait : « L’Europe est assez riche pour décimer sa propre agriculture et devenir encore un plus grand importateur net de produits alimentaires qu’elle ne l’est déjà. Pour les Africains sans un tel luxe, c’est une question de vie ou de mort.
L’Europe a été paralysée par des affirmations fantaisistes et sans fait d’ONG militantes qui font avancer les agendas politiques. Il faut qu’elle se réveille… Le monde naturel et organique sans pesticides ni OGM qu’ils promeuvent est arrivé en Afrique. C’est un nuage de destruction. Le reste du monde doit prendre des mesures pour éviter que cette crise ne devienne la pire forme de tragédie, une crise qui aurait pu être évitée. »

Ben, non, ni  l’Europe, ni la France n’ont pas les moyens de devenir antiscience, et l’Afrique encore moins. Ce serait un vrai crime contre l’esprit et l’Humanité.  



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