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samedi 4 septembre 2021

Des environnementalistes contre l’éolien off shore : La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages : avis sur l’éolien en mer

La CSSPP contre l’industrialisation de la mer

Le billet précédent https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/france-nature-environnement-la-bonne.html traitait de la forfaiture de la Fédération Nature Environnement (FNE) sur les sujets de l’éolien off-shore et des positions contraires d’autres associations comme Sea Shepherd

Maintenant, c’est une vénérable institution dédiée à la défense des paysages (à l’époque, on ne parlait pas encore environnement…) qui s’attaque à la sulfateuse à la politique de l’éolien off-shore). La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages a été instituée par la loi du 2 mai 1930 réorganisant la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire et pittoresque. Elle comporte huit membres représentant les ministères  chargés de l’environnement, l’architecture, l’urbanisme, les collectivités locales, le tourisme, l’agriculture, les transports), quatre députés, quatre sénateurs, quatorze personnalités qualifiées.

Donc, la CSSPP a émis le 16 juin 2021 un avis assez roboratif sur ce qu’il faut bien appeler les conséquences d’une industrialisation de la mer pour le patrimoine naturel et paysager

Avis du 16 juin 2021 de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages (CSSPP) sur l’éolien en mer

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

 Résumé  et principales propositions

- La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages s’inquiète du développement des projets éoliens offshore tels que proposés par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, et du potentiel jusqu’à 57 GW suite aux propositions de la Commission Européenne pour 2050, qu’elle juge disproportionnés eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager.

NB : Pour fixer les ordres de grandeur , le projet de 62 éoliennes en baie de Saint-Brieuc  représente seulement 0,5 GW installés, tout comme celui d’Yeu-Noirmoutier - –donc plus de 100 Saint-Brieuc !

 - La Commission estime que la transition énergétique ne doit pas conduire à porter gravement atteinte au littoral français dont la valeur paysagère, artistique, mémorielle et touristique est au premier plan en Europe, sous peine de remettre en cause plus d’un siècle d’efforts constants de protection du littoral par l’Etat.

 - La Commission recommande la prise en compte du paysage dès l’état des lieux des Documents Stratégiques de Façades au moment des choix des zones ayant vocation à accueillir de l’éolien en mer, et que l’éolien flottant à grande distance des façades du littoral français soit privilégié.

-Enfin la Commission souligne que pour de nombreux projets, le ministère de l’environnement  propose des distances plus (trop) proches des côtes que la plupart des autres pays européens (de 30 à 20 km voire 10 km pour Dunkerque, ce qui provoque un conflit violent avec les Belges)

Ainsi, la Commission appelle :

-  à généraliser une cartographie précise des sites à enjeux paysagers sur le littoral, depuis lesquels la valeur du regard terrestre sur la mer et la contemplation de la mer sont importantes, tels que les sites classés, les fronts de mer ou les belvédères, les pointes, les caps et les îles.

- à  tenir systématiquement compte du paysage et de l’ensemble des impacts sur le paysage au niveau national et au niveau déconcentré DREAL-DIRM-DDTM, en amont des projets, au moment des choix des zones ayant vocation à accueillir de l’éolien en mer :

« Il est nécessaire que cette prise en compte intervienne dès la phase d’élaboration de l’état des lieux des Documents Stratégiques de Façades, dans une perspective de grand paysage, et soit présentée lors des concertations sur les macro-zones et de l’élaboration des études techniques, y compris aux Commissions départementales de la nature, des paysages et des sites (CDNPS)… ces apports devront faire partie des documents nécessaires produits par les maitres d’ouvrage lors des débats publics qui, depuis la loi ESSOC, sont situés en amont du choix des zones d’appels d’offre par le ministre ».

Extraits significatifs

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

« La Commission estime que les paysages littoraux se caractérisent par un rapport unique entre un trait de côte fini et un horizon marin infini, une harmonie du mariage entre la terre et la mer. En s’imposant entre les deux, les éoliennes en mer modifient radicalement la nature et la valeur de ces paysages maritimes, jusqu’alors non industrialisés. Visibles depuis la côte, nos eaux territoriales participent pleinement à la qualité de nos paysages terrestres côtiers. Les paysages marins et leur littoral, peints par les plus grands artistes tels Monet, Maufra, Moret, Gauguin, Turner, ont une valeur artistique, touristique et mémorielle inestimable. »

Commentaire : exemple pour Bretagne Ouest (Groix-Belle Ile), on parle de ça  (Port-Coton à Belle-Île)


« La Commission considère que le développement de l’éolien en mer a un impact important sur le paysage, en raison de la taille des éoliennes, de leur mouvement et de l’absence d’écrans végétaux ou de reliefs contrairement aux paysages terrestres, qui les rendent visibles parfois jusqu’à 70 km (ex : études menées en Bretagne Sud qui permettent d’estimer la visibilité depuis la côte). L’ensemble de ces éléments, le clignotement des éoliennes et, dans certains cas, les effets de reflets sur l’eau, peuvent entrainer une pollution visuelle et lumineuse, notamment nocturne. »

Commentaire : Sur de nombreux dossiers, et en particulier sur Groix-Belle-Île, il a été montré que les photomontage de la maitrise d’œuvre réalisés par Géophom, dont les promoteurs éoliens sont les clients, minimisent l’impact visuel par divers moyens : surexposition, gabarit sous-estimé, vision panoramique…

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/01/eoliennes-geantes-de-bretagne-sud-groix.html

 


« Certains membres de la Commission estiment que le choix des sites des premiers parcs a été fait sans tenir suffisamment compte de ces enjeux paysagers (Fécamp, Courseulles, Saint-Nazaire, Yeu-Noirmoutier, Dieppe le Tréport, Saint-Brieuc et Dunkerque), pour beaucoup en face de sites classés voire mémoriels (plages du débarquement), et trop proches des côtes (de 30 à 20 km voire 10 km pour Dunkerque) »

Commentaires : c’est beaucoup plus proche que dans les pays nordiques

« La Programmation Pluriannuelle de l’Energie révisée en 2020 prévoit notamment des zones d’implantation d’éoliennes s’étendant des côtes d’Aquitaine jusqu’au Pas-de-Calais ainsi qu’en Méditerranée ; elle ne doit pas remettre en cause les efforts constants de protection des paysages du littoral par l’Etat, depuis la loi de 1906 relative à la protection des sites, puis complétés par l’action du Conservatoire du Littoral et la loi Littoral. Ils estiment que ces conséquences seront décuplées avec les propositions communiquées en 2020 par la Commission Européenne pour 2050 selon lesquelles la France disposerait d’un potentiel jusqu’à 57 GW en offshore, autant que le parc nucléaire français »

« La Commission souligne que depuis la loi pour un État au service d’une société de confiance de 2018 (ESSOC), les débats publics préalables sur de vastes zones potentielles permettent aux services de l’Etat de prendre du recul et d’intégrer ces enjeux paysagers majeurs. En 2020, ces enjeux ont également été pris en compte lors des débats publics en Normandie pour défendre un classement UNESCO à l’initiative d’un élu local ou en Bretagne Sud, par des associations de protection de la nature et des paysages. »

Certains membres de la Commission remarquent que malheureusement le choix final de la « zone ministre » pour lancer l’appel d’offre notamment en Bretagne sud est encore trop près des côtes, alors que la technologie de l’appel d’offre concerne l’éolien flottant et que la macro-zone s’ouvrait bien plus au large. Pourtant dès les premiers débats publics, l’enjeu paysager a été au cœur des échanges, et a cristallisé les oppositions et les principaux recours juridiques.

Commentaire : Ce massacre d’un des plus beaux paysages marins est insupportable et inconcevable : il s’agit  d’une soixantaine d’éoliennes flottantes de plus de 200 mètres de hauteur entre Belle-Ile-en-Mer et Groix ! François Goulard : « Ce projet serait un crime contre une nature d’une beauté insurpassable. Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé ».

Sur ces sujets , voir aussi https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/10/non-limplantation-des-60-eoliennes.html, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/10/eolien-maritime-la-mer-nest-pas-vide-et.html, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/les-plans-delirants-dune-lunion.html

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