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lundi 29 juin 2015

Réforme du collège : arrêter tout


Le gouvernement est-il devenu suicidaire ? N’entend-t-il pas ces milliers de conversations dans les familles inquiètes, désemparées, en colère devant une réforme du collège qui supprime  ce qui fonctionnait bien ( les classes européennes ou bilingues) et permettait à chaque collège, même dans les zones les plus démunies d’offrir à tous une filière méritocratique ; au premier rangs desquels les familles moyennes et même populaires qui se demandent si cette fois elles ne vont pas quitter massivement  le service public ; ces réformes qui, au rebours de ce qu’il faudrait faire, en remettent encore dans ce qui a été fait depuis vingt ans et ne fonctionne pas, en remettent dans l’idéologie de Bourdieu et disciples, supprime encore du temps consacré aux apprentissages fondamentaux, à la culture classique, « culture de classe et instrument de la domination bourgeoise ». Le rapport Bourdieu de 1985 condamnait  « l’importance excessive accordée à la trilogie « lire, écrire, compter » peut à bon droit être considérée comme l’un des facteurs de l’échec scolaire » ; il a été vraiment catastrophique, d’autant qu’il a été étendu à tous les apprentissages élémentaires et à la culture générale et classique ; sauf que l’avenir est bien sombre pour ceux qui ne maîtrisent pas ces codes. Le gouvernement n’entend-t-il pas  la colère de ces enseignants, qui depuis des années tentent de faire encore leur métier et résistent courageusement aux délires des pédagos de la rue de Grenelle, enseignants ratés qui n’ont pas vu une classe depuis longtemps et qui, pour ne pas s’avouer leurs échecs, années après années, réformes après réformes, font tout pour saborder ce qui fonctionne encore malgré eux (excellent dossier dans Marianne du 26 juin sur le manque de sérieux scientifique de la plupart des théories de ces fameux pédagogues, le fait notamment que le nombre d’heures de français lors de la scolarité jusqu ‘au collège a diminué d’un tiers en trente ans et ce constat d’Antoine Prost : C’est comme si  l’on avait obligé tous les élèves à sauter une classe. Nous avons organisé l’échec ») Rappelons encore que Laurent Lafforgue (médaille Fields) a été exclu du Haut Conseil à l’Education pour avoir déclaré : « notre système  éducatif public est en voie de destruction totale à cause des experts du ministère de l’éducation ».
Il est tout de même significatif que de l’inconscience française que le gouvernement s’apprête à bouleverser Polytechnique, mais qu’il se garde bien de toucher aux premiers cycles des Universités ! constate Julliard dans Marianne. Il y a décidément chez ces gens de la rue de Grenelle comme une sorte de désir de terre brulée. Viva la Muerte de la culture, de l’intelligence, de l’exigence, du travail.
Le choix de Manuel Valls d’imposer par décret une réforme refusée par les parents et une grande partie des enseignants, qui divise à ce point la gauche elle-même (Ségolène, Royal Jack Lang, Julien Dray ont exprimé de fortes réserves), et surtout qui divise les intellectuels de gauche dont beaucoup sont vents debout est une erreur profonde. Comme l’a dit Julien Dray, on ne peut pas passer de force sur un tel sujet- heureusement, l’éducation passionne encore beaucoup de gens. On dirait que ce gouvernement a décidé de se couper de ses plus fidèles soutiens. Là-dessus, la ministre perd ses nerfs et traite de pseudo-intellectuels les adversaires de la réforme ; compliment pour compliment, c’est elle la pseudo-ministre, qui défend avec une morgue incroyable et une incompétence totale des projets qu’on a préparé pour elles, avec des arguments qu’on a préparé pour elle, brave petite soldate obéissante. On n’attend pas d’un ministre qu’il soit l‘esclave de son administration, mais bien qu’il défende et impose un projet dont il est porteur et responsable devant l’opinion ; et il est assez emblématique, et terrible pour cette gauche qui compte tout de même tant d’enseignants dans ses rangs, que le ministère de l’éducation ait été confié à quelqu’un qui n’a strictement aucune idée, aucun projet, aucune ambition  en matière d’éducation ( à part la lutte contre les préjugés sexistes – oui, une pseudo-ministre. Qu’en pense M. Peillon, le premier ministre de gauche à avoir reconnu que les  résultats des élèves français sont de plus en plus mauvais ?
A noter cette proposition décoiffante de Jacques Julliard : raser la rue de Grenelle, c’est-à-dire remplacer le ministère de l’éducation par un Haut-Commissaire, nommé pour cinq ans, choisi de manière non partisane. Et celle-ci, très raisonnable, de Julien Dray ; le principal problème du collège étant l’hétérogénéité des élèves sortant du primaire, réinstaurer des « sixièmes de transition » (il n’emploie pas le terme, mais c’est de cela qu’il s’agit)  pour accorder une année supplémentaire à ceux qui ne pourraient pas suivre sans cela. A un autre niveau, c’est ce qu’ont fait les lycées parisiens les plus prestigieux, en classes préparatoires – notamment commerciales et littéraires : ils ont créé une année de » propédeutique » pour permettre aux meilleurs élèves  de lycées peu favorisés de s’intégrer dans les meilleurs conditions. Voilà le type de mesures intelligentes et justes, lesquelles ne viennent surtout pas de la rue de Grenelle, mais de proviseurs et de professeurs innovants et courageux.
Bref, lorsque le ministère, et surtout la ministre de l’éducation déclarent la guerre à l’intelligence, mécaniquement ils deviennent bêtes. Et il est urgent d’arrêter l’actuelle réforme des collèges.
 

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