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dimanche 16 octobre 2016

Vive les trente-cinq heures

Les trente-cinq heures, la meilleure mesure pour l’emploi et les salariés

Pourquoi les trente-cinq heures sont-elles vouées aux gémonies ? France Stratégie a fait évaluer le CICE en 2013-2014 par deux centres de recherche (Liepp de sciences-po et Tepp du CNRS)  et Marianne (7 octobre 2016) a eu la très bonne idée d’en comparer l’effet sur l’emploi avec les trente-cinq heures de Lionel Jospin (1997) et la défiscalisation des heures supplémentaires  de Nicolas Sarkozy (2007).
Il est clair qu’en matière d’emplois créés ou préservés les trente-cinq heures sont de loin la mesure la plus bénéfique : 220.000 fin 2000, 350.000 en 2005 ; et ceci, pour un coût modeste : le coût de 12.5 milliards d’euros n’est plus après déduction des recettes supplémentaires (cotisations supplémentaires, indemnités chômage en moins) que de 3.5 milliards d’euros. Le CICE est loin d’avoir créé autant d’emplois (75.000) et pour un coût beaucoup plus élevé ; nous sommes loin des 200.000 envisagés par M. Sapin. Quant aux heures supplémentaires défiscalisées, elles ont détruit des emplois -30.000. Le surplus de pouvoir d’achat qu’elles ont pu apporter a coûté très cher ! Le CICE avait pour but premier de renforcer les marges des entreprises qui pourraient ainsi investir et créer des emplois. Entre 2012 et 2015, les marges des entreprises ont effectivement progressé de 1.5 points, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Pour cette première partie de la politique de l’offre, c’est un plein succès à un coût toit de même élevé 18 milliards de subventions Mais la suite - la création d’emplois- ne vient pas et de fait, lorsqu’on essaie de voir à quoi ont pu bien servir ces milliards du CIPE, la réponse est très inquiétante. Contrairement à ce qui était espéré, ils ne sont pas passés dans les investissements des entreprises, qui ont stagné ! Pas dans les hausses de salaires, personne ne les a vues ! Contrairement à ce que certains critiques de gauche dénoncent presque mécaniquement, pas non plus dans les dividendes ! Pas dans les stocks non plus, qui ont été un peu reconstitués, il n’y en a pas pour dix-huit milliards ! Aucun effet significatif sur le chiffre d’affaire, le profit, le taux de marge, la rentabilité, la productivité ! Nada ! Alors, la réponse proposée par Philippe Askenazy (de l’Ecole d’Economie de Paris, et l’un des économistes les plus intéressants à suivre en matière d’évaluation des politiques économiques) est extrêmement inquiétante et signifierait un échec total de cette politique de l’offre : les milliards du CIPE seraient passé dans des baisses de prix permettant aux entreprises à très court terme de gagner des parts de marché, mais en renforçant une spirale déflationniste inquiétante et mortifère pour l’économie !

Le politique et la science économique

Au-delà de ce dossier d’évaluation et de comparaison des  trente-cinq heures, rappelons-le la seule mesure qui ait été efficace économiquement et répondant à un besoin social, la seule mesure réellement progressiste  en faveur des salariés qui ait été prise depuis longtemps, apparaît un phénomène inquiétant dans les relations entre politiques et économistes. Il semble que les politiques soient de plus en plus nombreux à croire les prétentions de certains économistes à la scientificité de leur discipline et se raccrochent en désarroi complet à leurs théories et solutions auxquelles ils en arrivent à accorder  la même confiance qu’à la loi de la gravitation universelle ou les principes de la thermodynamique. Or, nous sommes loin  de la caractéristique d’une science selon Auguste Comte, « savoir pour prévoir, afin de pourvoir » comme on peut le constater régulièrement.  De fait, la politique économique et ses effets dépendent étroitement d’un contexte encore bien plus complexe qu’un milieu biologique et elle ne sera jamais qu’une science secondaire, une science appliquée dont l’application justement laisse forcément place à un certain empirisme, à une incertitude  fondamentale irréductible, car aucun contexte ne se répète exactement. C’est en cela que réside et résidera  toujours la responsabilité propre, le risque, la servitude du politique, l’appréciation du contexte. Il est néanmoins assez facile de comprendre que les trente-cinq heures ont été un succès en raison d’un contexte de reprise plus favorable à l’emploi et aux salariés, que persister dans la défiscalisation coûteuse des heures supplémentaires dans un contexte de réduction d’activité ne pouvait être que catastrophique pour l’emploi et que si le CICE a pour effet d’alimenter une spirale déflationniste, alors il est aussi catastrophique.

Dans ces conditions, on ne peut avoir qu’infiniment de mal à comprendre pourquoi cette surenchère à droite contre les trente-cinq heures, le pire étant encore ce Grand cerveau malade d’Alain Juppé, qui nous conduira, droit dans ses bottes , à un blocage total pire que 1995  





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