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vendredi 18 novembre 2016

EDF : Y-a-t-il un pilote aux manettes ?

Un des meilleurs moyens de rendre un individu ou une organisation complètement fou ou folle est de multiplier les injonctions contradictoires. C’est ce qui se passe avec EDF, sommé de fermer Fessenheim mais sans que ça coûte rien, sommé de diminuer la part du nucléaire mais de devenir un leader des nouveaux réacteurs EPR, sommé de jouer le jeu de la concurrence tout en subventionnant ses concurrents, sommé de prendre un risque considérable, mais peut-être justifié, avec le projet Hinkley Point d’EPR anglais, mais sans pouvoir le financer librement, sommé de privatiser ses barrages hydrauliques tout en les gardant dans le service public etc., etc.

Pillage du service public

Bon témoignage  de cette pression qui monte, le communiqué de presse aseez énerve de Fprce Ouvrière énergie de ce début novembre :
« Prenez une ministre de l’écologie qui veut soumettre les centrales électriques au charbon à une taxe CO2, favorisant ainsi les importations allemandes d’électricité, beaucoup plus émettrices de dioxyde de carbone compte tenu de la part importante de production pour partie au lignite, qui elles ne sont pas taxées,
 Incorporez de la langue de bois ministérielle en vous inquiétant de l’approvisionnement hivernal d’Electricité suite à la fermeture temporaire de plusieurs centrales nucléaires et à celle dogmatique de Fessenheim,
 Ajoutez en même temps la loi NOME de 2010, qui oblige d’EDF à vendre un quart de sa production nucléaire à ses concurrents ; son système spéculatif, l’ARENH, qui permet aux concurrents d’EDF d’acheter le MWh à 42€ et de le revendre à 80€ sans que cela soit lié à leurs besoins ou contraintes d’approvisionnement,
 Mélangez avec une bonne poignée de sourde oreille, en refusant de rencontrer FO pour discuter des dangers économiques, sociaux et sociétaux dus aux restructurations des groupes EDF et ENGIE, ainsi qu’à la fragilisation du service public républicain du secteur de l’énergie.
 Grâce à cette recette subtile, Ségolène vient de réaliser le pillage du service public de qualité connu et reconnu par les usagers de l’électricité. »

La loi Nome

Rappelons l’absurdité que constitue la loi Nome, qui a déjà fait l’objet d’un commentaire sur ce blog. La loi NOME (nouvelle organisation du marché de l’électricité) résulte d’une directive européenne de 2009. Par la volonté idéologique de créer un marché concurrentiel artificiel dans des conditions impossibles (un bien non stockable, avec une forte intensité de capital fixe), l’investissement réalisé par le contribuable français dans le parc nucléaire est indûment confisqué par Direct Energie et autres Poweo, le prix payé par le consommateur est indûment relevé, et, plus grave encore, les capacités d’investissement en recherche et en production d’EDF sont gravement obérées et ne lui permettront plus de préparer le nucléaire de l’avenir. En effet, EDF est contraint par la loi NOME à vendre à  ses concurrents l’électricité à prix bradé et bien en-dessous du coût de production ( 42 euros le MWh – pas gênés, les concurrents en question réclamaient 32 euros), et se voit donc contraint d’augmenter ses propres tarifs pour le public – et ceci d’autant plus que ses concurrents remporteront des parts de marché , ô magie de la concurrence !). Quant à l’Allemagne, autre grand pays visé par l’absurde directive européenne… elle s’est simplement assise dessus en jouant de sa constitution fédérale et du fait que son marché de l’électricité comptait déjà plusieurs acteurs…un seul par état !
C’était d’ailleurs l’avis d’Emmanuel Macron lors de son  audition en 2014 devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblé Nationale : « la dérégulation du marché date notamment de la loi NOME de 2010. On a fait des erreurs collectivement ces dernières années, on a pris des décisions pour mettre un plafond avec l’ARENH et on a empêché EDF de profiter des prix de marché élevés, mais il n’y a pas de prix plancher et donc EDF n’est pas protégée des effets des prix qui baissent. ». On ne sache pas qu’il ait fait grand-chose.


Et EDF, cet ex-fleuron technologique et scientifique de la France, ce service public efficace et peu cher, qui, en particulier, grâce à l’effort nucléaire, a assuré aux Français une électricité abondante et bon marché s’enfonce de plus en plus dans la crise. Une crise due à l’idéologie perverse de la commission de Bruxelles et à la pusillanimité des politiques français.


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