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lundi 3 avril 2017

Un progrès majeur pour les diabétiques : les capteurs de glucose en continu

Le laboratoire Abbott  a inventé des capteurs de glucose en continu. Composés d’une pastille jetable de la taille d’une pièce de 2 euros qui se fiche sur le haut du bras, ils contiennent une puce permettant de lire le taux de glucose dans le sang à l’aide d’un scanner de poche équipé d’un petit écran. Gérard Raymond, le président de l'Association française des diabétiques (AFD) explique  : « C'est une innovation capitale, car on n'a plus besoin de se piquer quatre ou cinq fois par jour le bout du doigt pour contrôler sa glycémie. La surveillance est permanente, non invasive, et vous pouvez véritablement devenir acteur de votre santé, souligne-t-il. Plus besoin de piqûres et de bandelettes. Mieux encore que de  de faciliter la vie des diabétiques, ce nouveau dispositif améliore leur santé en permettant la mesure en continu du glucose : les femmes enceintes et les enfants, dont le diabète est souvent difficile à équilibrer, sont les premiers à pouvoir profiter de cette méthode. Plusieurs études indiquent que les fluctuations glycémiques dans l’enfance, qu’elles soient dans le sens d’hyper- ou d’hypoglycémies, entraînent des modifications cérébrales. Il existe 20000 enfants diabétiques en France, dont la moitié sont déjà équipés de pompe. Permettant de visualiser la concentration à un instant donné, mais aussi sur toute une période, ces capteurs donnent par exemple, au réveil, la courbe des 8 dernières heures et renseigne sur les hypoglycémies et hyperglycémies nocturnes.

Mais des progrès refusés aux diabétiques français

Ces nouveaux  dispositifs sont déjà remboursés aux Pays-Bas, en Suède, en Slovénie, en Italie. Et en France ?  une demande de prise en charge en procédure accélérée !!! a été déposée,
… en 2010, au titre du forfait innovation. I semble qu(elle se soit perdue dans les méandres administratifs et les demandes d’études complémentaires sans fin", reprochent les associations- En fait l’Assurance Maladie traine des pieds pour éviter le remboursement.   Les industriels demandent aujourd’hui une inscription au remboursement par le circuit traditionnel, en espérant que la procédure sera plus rapide.
De fait, la plupart des services de diabétologie utilisent déjà ces capteurs, sur leurs fonds propres. Ils en équipent leurs patients pendant quelques semaines, dans un but pédagogique, pour leur apprendre à réguler le débit de leur pompe, ou diagnostique, pour repérer la survenue d’hypoglycémies. Il semble que 25.000 patients aient adopté le glucomètre et paient de leur poche les consommables (les puces). Mais quelque 300.000 Français qui ne peuvent se le permettre continuent à mesurer leur taux de sucre en se piquant le doigt et en déposant la goutte de sang sur une bandelette-traitement plus pénible, moins fiable, moins précis – mais remboursé
Cette situation s’éternise, au désespoir des patients, en raison d’un bras de fer entre l‘industriel et l’assurance-maladie. Abbott commercialise déjà en France son produit à 1.500 euros par an, quand le payeur public demande pas loin de 650 euros par an, c'est-à-dire le tarif des dispositifs dominants aujourd'hui- ce qui signifie tout simplement que l’innovation thérapeutique ne serait pas récompensée. Mes associations de malades estiment cependant que même au prix demandé par Abbott, le système de santé français serait encore largement  bénéficiaire si l’on prend en compte les interventions du Samu, les journées d’hospitalisation et les arrêts de travail évités.
Certains ne se privent pas de dénoncer les « abus » des laboratoires pharmaceutiques, mais c’est ignorer les faramineuses dépenses en recherche pour trouver de nouveaux traitements contre le diabète, depuis des dizaines d’années, en vain. Alors, si l’innovation thérapeutique n’est pas récompensée à juste prix, elle s’arrêtera tout simplement- déjà les dépenses de recherche des big pharma diminuent et celles-ci les externalisent. Après il existe sans doute des  marges de négociations qui doivent prendre en compte des accords prix-volumes ( plus le traitement est prescrit, plus son coût diminue) et des négociations groupées entre pays européens comparables seraient sans doute utiles ; il faut aussi tenir compte que la concurrence et l’apparition d’autres acteurs feront à terme baisser les prix, ce qui implique qu’il est normal que le premier inventeur bénéficie d’une juste rétribution de son invention.

Mais de plus en plus la France se distingue par des retards et des entraves à la mise à disposition des produits innovants, à la colère justifiée des patients. C’est la conséquence logique d’une absence de politique du médicament et pharmaceutique en général , voire, au contraire, d’une politique qui les sacrifie systématiquement en priorité dans le financement de la santé. C’est dommage, car un médicament ou un dispositif médical efficace, c’est beaucoup moins cher que des hospitalisations. Combien ces traitements anti-ulcères  ont-ils fait gagner, en confort de vie aux patients, et à l ‘assurance maladie en opérations évités ?

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