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mardi 20 juin 2017

Chers amis allemands (1) une relation problématique

Une relation problématique

J’aime assez l’Allemagne, j’aime bien votre sérieux et votre décontraction, j’apprécie vos villes et votre culture- j’étais encore à Berlin il y quelques jours. Une chose m’a d’ailleurs amusé : vos journaux éprouvaient visiblement quelque peine à traduire « France Insoumise »  qu’ils laissaient entre guillemets, non traduit, et en expliquant que c’était quelque chose comme rebelle, mais pas tout à fait. Ce concept vous pose visiblement quelques problèmes !

Eh bien des problèmes il y en d’autres. Vous vous réjouissez de la victoire d’Emmanuel Macron, pensant qu’il sera un fidèle soutien de votre Europe libérale. Ne vous réjouissez pas trop vite. La victoire d’Emmanuel Macron n’ a pas été une victoire de soutien à son programme, elle a été une victoire de la peur, peur au premier tour des électeurs de gauche qui ont craint un second tour Le Pen Fillon, et des électeurs de droite qu’on a affolés avec une second tour Mélenchon Le Pen ; et le second tour encore plus.- mais avec tout de même un tiers des votants prêts à quitter l’Euro et la communauté européenne. Logiquement, les Français ont donné à leur Président les moyens de gouverner ; mais l’abstention record montre à l‘évidence qu’il n’a aucune majorité, aucun accord pour réaliser ce type de réformes qui vous plait tant, telle la démolition du code du travail.

Ne vous trompez pas. Une grande partie des Français ont voté contre l’ Euro et la Communauté européenne ; ce n’est pas qu’ils soient prêts  à quitter l’un et l’autre de gaité de cœur ; je pense d’ailleurs que si on leur posait la question, ils répondraient que ce n’est pas tant quitter les institutions européennes qu’ils souhaitent, mais bien plutôt vous en expulser, tant vous vous êtes, une fois de plus,  rendus insupportables. Et quant à ceux qui ont voté Macron, ne croyez pas qu’ils vous apprécient beaucoup plus ; un certain nombre d’entre eux l’ont fait parce qu’ils croient ou espèrent qu’il saura enfin adopter envers vous une attitude ferme !

Encore une fois, je ne pense pas être germanophobe. Mon nom laissera peut-être penser que j’appartiens davantage à la sphère méditerranéenne, mais, en passant, j’ai au moins autant de sang et de famille alsacienne que sudiste. Et en ce qui me concerne, mais pas seulement moi, je pense qu’il est minuit moins cinq, que ce sont les cinq dernières années que nous nous et nous vous donnons  encore pour que la politique européenne change radicalement . Sinon, bye , bye  euro et communauté européenne, ou ce qu’il en restera. Parce qu’il vaudra mieux tout détruire et laisser à la génération suivante le soin de  reconstruire sur des bases totalement différentes.

Un de vos grands hommes d’Etat vient de mourir.   Helmut Kohl ( et Helmut Schmitt avant lui) avaient une vraie vision politique, ont vraiment fait avancer l’Europe – et parfois contre l’avis des économistes, eux savaient, pour l’avoir vécu dans leur chair, que la politique a son domaine propre, ne se réduit pas à l’économie. Ils savaient l’importance de bâtir une Europe où les peuples européens vivraient en bonne intelligence, en bonne société, en égalité et partageraient de plus en plus un avenir commun. Quel contraste avec Angela Merkel, avec votre Mutti, épicière bas de plafond, qui ne conçoit l’Europe qu’à la manière allemande, défendant, oh combien efficacement, les intérêts allemands ; ce qui est bien normal  puisque vous êtes les meilleurs des Européens, ceux que tout le monde devrait imiter, à nouveau, oh combien, sûrs de vous et dominateurs. Angela Merkel  a réussi cela, vous êtes à nouveau détestés, et si la construction européenne s’arrête, votre responsabilité historique, à nouveau, sera écrasante.

Il me semble d’ailleurs que c’est la si sympa Mutti  qui a politiquement tué Helmut Kohl, et que celui-ci n’avait grande considération pour elle.


Alors qu’est-ce qui ne va pas ? La suite au prochain blog. Un indice. J’ai été de ceux qui ont cru à la nécessité de l’Euro, pour des raisons politiques, parce que je ne supportais plus cette apostrophe du ministre américain de l’économie de Nixon : « le dollar c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Eh bien, vous nous dîtes maintenant « l’euromarck, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ». 

Ça va pas le faire !



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