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vendredi 30 juin 2017

La CGC change ! Le florilège Hommeril

Depuis 2016 et l’arrivée à sa tête d’un géologue, ex de Péchiney où il a pu constater les dégâts de la politique européenne, François Hommeril, le ton de la CGC s’est fait nettement plus revendicatif, et retrouver la forme de certains de ses anciens grands dirigeants, tel Jean-Luc Cazettes, quoique sur un fond assez différent.

Florilège de François Hommeril, dans divers média :

Sur les cadres :

 « Depuis vingt ou trente ans, quand on regarde les salaires d’entrées de grilles, l’augmentation de la pression, la souffrance au travail, les injonctions paradoxales, on voit que les cadres ont dégusté. On a réussi à faire passer dans les têtes que le progrès de tous, ce serait la régression de chacun. Ça me surprend beaucoup »

« Jamais la CFE-CGC ne s'associera à une réforme dont le but serait de faire régresser les salariés. Les réformes « courageuses » pendant que les dividendes explosent, c'est fini »


Sur la loi El Khomri

« Cette loi travail restera dans l’histoire comme un exemple assez extraordinaire de tout ce qu’il ne faut pas faire. Sur le fond, c’est un peu le magasin des antiquités du néolibéralisme : on va chercher dans les tiroirs ce qui a été fait ou pas encore fait dans les autres pays et on dit que grâce à ça il va y avoir un impact sur l’emploi. C’est totalement faux. Il y a énormément d’amateurisme de la part de nos dirigeants politiques. Cela montre à quel point ils sont déconnectés. »

Sur les ordonnances Macron  et les indemnités de licenciement

« Nous, nous sommes radicalement contre le plafonnement des indemnités. Il faut de toute façon un motif pour licencier les gens. Il n'y a pas lieu de créer des plafonnements des indemnités. Nous avons de bonnes idées sur ce qui aiderait les entreprises. Il faut s'attaquer à la cause. Les indemnités ne sont qu'une conséquence d'un désordre à l'intérieur de l'entreprise »

« Les salaires des patrons s'envolent mais l'indemnité que va toucher la personne licenciée abusivement va être plafonnée ?

Sur le code du travail ou comment le compliquer à force de simplifications !

« Il y a plusieurs initiatives qui ont été prises ces derniers temps pour donner au code du travail une forme plus simple et plus accessible. Cette simplification doit être examinée dans un sens où les droits des salariés seraient préservés et non pas précarisés. On crée des exemptions qui créent la complexité du droit du travail. C'est ce qu'on a fait depuis vingt ans !

Penser que le chômage en France est dû au code du travail est un pur fantasme

Il faut arrêter de dire n'importe quoi sur le marché du travail, lisez les études, cessez les caricatures, en réalité le marché du travail en France est aussi flexible que partout ailleurs. La seule question du Code du travail n'est pas celle qui préoccupe les entreprises. Ce qu'il faut faire c'est aider les entreprises à faire face à l'ensemble de leurs contraintes réglementaires et administratives. Il faut aussi aller voir du côté de la fiscalité

Sur la politique Macron :

« On a en face de nous des interlocuteurs légitimes qui ont envie de réussir. Je ne fais pas le constat avant l'accident. Je suis prêt à faire des efforts pour ne pas mettre en difficulté le nouveau chef de l'Etat dès le début. Ceci dit je ne suis pas dupe face au fait qu'une grande partie des sujets sur la table résultent des injonctions européennes. Ca n'a pas changé : aux Grecs on demande toujours de vendre le Parthénon et aux Français de réformer le code du travail ».

Le matraquage des classes moyennes engendre des monstres politiques- la double peine

Ce ton nouveau est assez compréhensible, les cadres sont victimes d’une double peine.
Dans leur vie professionnelle,  de plus en plus, les cadres, fidèles à leurs entreprises, à leurs collègues, à leurs équipes, se trouvent en désaccords profonds avec des hauts dirigeants qui proclament comme un idéal les entreprises sans usines, sacrifient la stratégie et le long terme au gains financiers à court terme et les salariés aux actionnaires, quand ils n’ont pas un comportement de mercenaires dicté par leur propre avidité et les rémunérations  indécentes qu’ils s’octroient.
Dans leur vie personnelle, ils font partie d’une classe moyenne particulièrement touchée par les augmentations d’impôts, passées et à venir, avec un patrimoine généralement immobilier, non délocalisables. Ils ont souvent investi dans l’éducation de leurs enfants, et malgré cela, ; voient ceux-ci menacés de précarités et de déclassement social par l’ ultra flexibilité qu’on prétend nous imposer ( alors que son effet sur l’emploi est fortement contesté, cf blogs précédents)

Oui, le matraquage des classes moyennes engendre des monstres politiques, et si les cadres s sont jusqu’à présent  peu manifestés politiquement, cela  pourrait changer ! M. Hommeril visiblement s’en rend compte, et c’est pourquoi il vaudrait mieux l’écouter, lui et la CFE-CGC.

PS : deux informations assez symboliques dans Le Monde de ce jour (30 juin 2017)

-         -  L’Union des Entreprises de Proximité (artisanat et professions libérales, soit ces très petites entreprises où se trouverait un gisement important d’emplois, s’affirme inquiète par rapport à l’importance nouvelle des accords d‘entreprises et demande un dispositif spécial pour les PME, un accord cadre de branche …Vive la branche, donc !


-             -  La première (la première !) loi de la présidence Macron concernera le retour des interdictions de manifester pour les personnes susceptibles «  de constituer une menace pour l’ordre public ». Ceci, bien sûr au nom de l’état d’urgence et de la lutte contre le terrorisme…sauf que la précédente version avait surtout été utilisée pour les manifestations contre la loi travail, et avaient été censurées par le Conseil Constitutionnel ! 




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