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mercredi 27 septembre 2017

Sauver le Musée des Tissus de Lyon

La grande histoire du Musée des Tissus
J’étais à Lyon pour un congrès et disposais d’une fin d’après-midi libre avant mon retour. Recherchant sur une base purement de proximité de la gare une visite possible, je choisis le Musée des Tissus- sans trop savoir à quoi m’attendre Aidé de Google map, je découvris assez facilement un charmant hôtel particulier, l’Hotel de Villeroy, construit au début des années 1730 par Claude Bertaud de la Vaure, , et qui fut durant tout le XVIIIème la résidence des gouverneurs de Lyon. Dans ce cadre magnifique, se situe l(une des plus vastes et des plus anciennes collections consacrée aux tissus, magnifiquement exposée. Et j’eus en plus la chance de bénéficier d’une visite commentée par le Conservateur qui accueillait ce jour là un groupe d’experts japonais des tissus anciens – ce fut passionnant et mémorable
Ce n’est qu’en 1950  que le Musée des Tissus s’est installé à l’Hotel de Villeroy- il résidait auparavant au Palais du Commerce d’où il fut évacué pour en protéger les collections en 1939. L’idée et la première réalisation datent de la fin de la révolution et des débuts de l »Empire, où Napoléon et son ministre de l’Intérieur, le chimiste Chaptal, veulent relever dans tout le pays les fabriques ruinées par la Révolution et relancer une idustrie française de prestige. Camille Pernon lui-même, célèbre marchand-fabricant d’étoffes, fournisseur des cours d’Europe, du Premier Consul puis de l’Empereur, soutient cette idée au début du XIXe siècle.
En 1806 et en 1814, sur l’ordre du ministre de l’Intérieur, le Préfet du Rhône presse la Chambre de Commerce et d’Industrie de recueillir des échantillons des produits de l’industrie exécutés dans le département. La Chambre demande par ailleurs, le 2 juillet 1829, au ministre du Commerce et des Manufactures d’établir à Lyon une collection d’étoffes de soie, de coton, de laine et de châles provenant des manufactures étrangères. La Chambre réalise elle-même ce vœu en 1834 et en 1846 en organisant des expositions de soieries étrangères. Celle de 1846 montrait le matériel exceptionnel collecté en Chine par la première mission commerciale (1843-1846), et les pièces les plus exceptionnelles furent acquises par la Chambre.
En août 1848, elle faisait aussi l’achat de dessins et d’étoffes provenant de l’ancienne maison Dutillieu, conduite à la liquidation, puis, en 1850, du petit « musée de fabrique » d’Auguste Gautier. Avec l’exposition Universelle de Londres de 1850 comme déclencheur ( les soyeux lyonnais comprirent l’intérêt de mieux faire connaitre et mettre en valeur leur activité),  il revint au Second Empire de parachever l’idée du Premier et de créer en 1856 un Musée d’Art et d’Industrie, dont l’objet était trop vaste et qui se spécialisera heureusement dans les tissus en  devenant en1891, le musée historique des Tissus de Lyon.
Une collection unique en Péril
Au fil des ans et de l’évolution du projet primitif la collection s’est considérablement agrandie à partir d’un fonds remarquable constitué par les archives d’anciennes maisons, les chefs-d’œuvre anciens collectés par les industriels eux-mêmes ou les pièces les plus intéressantes de la production étrangère. La Chambre de Commerce acquiert en 1862 la totalité de la collection constituée par le dessinateur de fabrique Jules Reybaud, qui comprend des centaines de textiles anciens et modernes, des milliers de documents graphiques européens ou extrême-orientaux et de nombreux dessins de fabrique. En 1875, elle entre en possession d’une partie de la collection de textiles médiévaux du chanoine Franz Bock. Les dons des fabricants viennent compléter, au gré des Expositions universelles, les fonds déjà constitués. En 1889, par exemple, la soierie lyonnaise a été particulièrement saluée par le jury de l’Exposition de Paris. Les principales maisons offrent au musée les laizes les plus remarquables produites à cette occasion. Emile Guimet convainc la Chambre de financer les fouilles menées par Albert Gayet sur le site mythique d’Antinoé, en Moyenne Égypte, et dès 1898-1899, la plus importante collection de textiles de la fin de l’Antiquité, provenant des nécropoles de cette ville, rejoint le musée. Les acquisitions sont constantes et intelligentes ; ainsi en 1999, des archives de la maison Bianchini-Férier, témoignant notamment de la collaboration de la maison avec l’artiste Raoul Dufy rejoignent le Musée.
Aujourd’hui riche d’une collection de près de deux millions cinq cent mille œuvres, le fonds du musée des Tissus est une référence mondiale pour la conservation, l’étude et la connaissance du textile. Le Musée des tissus retrace 4.500 ans d'histoire du textile, de la tunique en lin datant de 2.150 avant notre ère aux derniers tissus composites utilisés dans l'aéronautique, en passant par de multiples soieries précieuses. Parmi les chefs d’œuvre, cette toile de lin représentant la déesse Isis et la tenture aux poissons  ( Egypte, époque Ptolémaïque), les Plaisirs du roy Henry médaillon du Combat de l'ours, commanés par Diane de Poitiers pour son amant royal, des robes de Cour masculines de la dynastie Qing…
Mais voilà, si rien n’est fait, ce musée va disparaître ! Depuis 2014, la CCI, qui en est propriétaire affirme qu’elle ne peut plus financer son déveoppement. Et depuis 2014, le Musée survit dans un état précaire, avec la ville de Lyon la Région et l’Etat qui se refilent indignement la patate chaude et se défilent, promettant un financement si l’autre en apporte un. La situation a fini par susciter la colère d’un grand lyonnais habituellement assez flegmatique, Bernard Pivot : « Fermer le Musée des tissus, ce serait un crime culturel… Lyon est la capitale de la soie. Ça paraît invraisemblable, absolument dingue, que ce musée, qui fait partie du patrimoine lyonnais et recèle tant de merveilles, soit fermé. Et fermé par des Lyonnais"

Er que fait Gérard Collomb, qui a peu glorieusement laissé se dégrader la situation ? Nos modernes libéraux ne sont même pas capables de protéger, ni même sans doute d’apprécier l’activité, le patrimoine industriel, la culture de leurs ancêtres marchands soyeux lyonnais.



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