Déjà il y a cinq ans,
la Cour
des comptes fustigeait le caractère « difficilement
atteignable » des objectifs de la France en
matière d'implantation d'éoliennes, panneaux solaires et autres dispositifs de
production d'énergie verte, ainsi que le « montant très élevé des
engagements financiers consentis par l'État ». Cinq ans après, le constat a
empiré et ils fustigent une politique qui reste incohérente, inefficace et
extrêmement coûteuse et réclame enfin une
stratégie énergétique cohérente.
Energies renouvelables : De l’argent qui a coulé
à flot pour un résultat nul
Pour la seule
année 2016, la Cour des comptes estime la somme des dépenses publiques
consacrée aux énergies renouvelables à 5,3
milliards d'euros. En 2023, si l'effort se poursuit, cette somme pourrait
atteindre 7,5 milliards. Cette facture
s'explique par un soutien financier massif de l’Etat très mal calibré. Surtout
avant 2011, il a mis en place des aides, comme des tarifs garantis de rachat de
l'électricité ou des subventions pour des résultats dont le moins qu’on puisse
dire est qui ne sont pas à la hauteur, dénonce la Cour des comptes :
l'État doit ainsi
payer chaque année 2 milliards
d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!.
Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4
milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.
Plusieurs appels
d'offres pour des éoliennes implantées en mer sont remis en cause par le
gouvernement actuel, tant les conditions tarifaires étaient avantageuses.
L'éolien offshore est
l'archétype de ces dysfonctionnements. Aux tarifs accordés en 2012 et 2014, les
six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an
sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix
énergétique !!! Alors que les parcs ne verront pas le jour avant 2020
ou 2021, ces tarifs (de 190 euros/MWh en moyenne) apparaissent aujourd'hui
exorbitants
Aller, on compare au
nucléaire pour s’amuser ? Eh ben, solaire plus éolien, c’est davantage sur
cette période que le grand carénage (50 à75 milliards). Mais le nucléaire, lui,
produit 80% de l’électricité et, en fait, ne devrait pas diminuer beaucoup (et rester
largement au-dessus de 50%)
Et tiens, une autre donnée pour s’amuser : l’équivalent en photovoltaïque de la production d’électricité
d’une centrale nucléaire de 1 300 MW nécessiterait une surface au sol de
l’ordre de 68 km2 . la superficie de la commune de Nantes !!!!
Une politique incohérente….
L’incohérence, c’est
la très démagogique et imbécile décision de descendre à 50% de nucléaire. La
Cours des Comptes confrme une évidence : « Ce dernier objectif [la
baisse du nucléaire] n'est pas compatible avec la trajectoire d'augmentation
des capacités d'énergies renouvelables. » En clair : on n'arrivera
pas à réduire si rapidement la part du nucléaire en si peu de temps, parce que
les capacités hydrauliques, éoliennes ou solaires ne seront pas suffisantes.
D'où la leçon administrée par la Cour des comptes : « Il conviendrait
donc de définir une stratégie énergétique cohérente »...En effet !
Bien plus, la
diminution du nucléaire serait négative pour les engagements climatiques français.
Pour atteindre l’objectif de 50 % de nucléaire d’ici 2025, la France devrait fermer 23 à 27 réacteurs nucléaires
et,serait obligée de recourir à des centrales à charbon et à des centrales au
gaz pour assurer sa sécurité d’approvisionnement, ce qui conduirait à une
hausse des émissions de gaz à effet de serre. Ce serait une folie pure,
économique et écologique, et, souligne la Cour, « les acteurs du monde de
l’énergie – même au sein des administrations intéressées – sont nombreux à ne
pas avoir cru dans les objectifs et la trajectoire définis par la PPE (Programmation
de la Politique Energétique) En effet !
Qui n’a pas permis de faire émerger des champions
nationaux
Malgré les milliards déversés, la Cour des Comptes constate que faute d’avoir établi une stratégie claire
et des dispositifs de soutien stables et cohérents, le tissu industriel
français ait peu profité du développement des Energies Renouvelables et que la
France ne soit pas parvenue à se doter de champions européens dans ce secteur. La
France ne compte aujourd’hui aucun ensemblier d’éoliennes terrestres et a perdu
ses champions sur l’éolien, partis chez Siemens ou chez General Electric ;
et pour le solaire, ce sont les Chinois qui grâce à une politique industrielle
volontariste et rationnelle et à leurs terres rares ont tout emporté ! Quelques
petit innovateurs subsistent :
Compte-R (chaudière biomasse de grande puissance), Poma70 (éoliennes
terrestres renforcées ou adaptées aux plafonds aéronautiques bas), DualSun
(panneaux solaires hybrides), Photowatt (fabrication intégrée de modules photovoltaïques)…
Autres incohérences : emploi et coûts réels
Emplois : La Cour fustige également le
flou considérables des prévisions ( déjà
démenties par le flop industriel décrit
ci-dessus) et même du suivi des emplois créés par les Energies
Renouvelables ; l’ADEME estimait le nombre d’emplois directs liés aux
marchés des EnR hors biocarburants sur le territoire national en 2016 à 79 000,
en hausse de 30 % par rapport à l’année 2006…mais seuls 15 % (12 000) peuvent
ainsi être considérés comme des emplois industriels. Face à cela, on ne met
jamais en balance le nombre d’emplois industriels bien payés qui seront
détruits dans le nucléaire (220 000 emplois directs et indirects)
Coûts : la Cour signale que pour
l’instant les coûts d’adaptation du réseau à l’arrivée des énerges
renouvelables n’est jamais mentionné, ni pris en compte. L’Ademe l’estime de 13 à 18 €/MWh pour 30%
d’eénergies renouvelable- ce qui double
le coût de l’acheminement et représente de 15 à 20% d’augmentation
automatique et inévitable !
De même, les solutions d’autoconsommation ont
aujourd’hui une attractivité financière qui repose en partie sur l’absence de
paiement du tarif d’utilisation du réseau.
Enfin, il y a tout de même une incohérence
fondamentale à vouloir réduire le poids du nucléaire tout en expliquant que
c’est une énergie qui, du fait de sa compétitivité, perturbe la concurrence….
Des problèmes différents selon les pays :
La Cour des comptes met en cause également la
cohérence des aides de l'Etat, concentrées pour l'essentiel (4,4 milliards
d'euros) sur les EnR électriques, alors que 567 millions seulement vont vers
les EnR thermiques, qui représentent
pourtant 60% de la production nationale… Plus de la moitié de l’énergie
consommée en France l’est sous forme de chaleur (50,6 %), devant l’électricité
(34,2 %) et les transports (13,2 %). D4autre part La prépondérance de l’énergie
de source nucléaire en France conduit en effet à ce que l’électricité française
produite soit décarbonée à 98 % et que les émissions de gaz à effet de serre
françaises du fait de la production électrtique soient donc limitées
comparativement aux autres pays de l’UE.
En France, pour lutter contre la pollution, contre le
réchauffement climatique et pour faire des économies, ce n’est pas à la
production électrique qu’il faut s’intéresser, mais au thermique et au
transport ! En Allemagne et en Angleterre, c’est le
contraire !
L’exemple suédois est souvent mis en avant,
mais si les Energies Renouvelables ont atteint en Suéde en 2016 près de 54 % de la
consommation énergique finale de la Suède.c(est parce que celle-ci dispose
d’une énergie renouvelable pilotable et stockable, c’est l’énergie
hydroélectrique qui représente 47 % de
l’électricité produite en Suède. Et contrairement à beaucoup de pays européens,
ce n’est pas grâce à la multiplication de dispositifs de soutien que la Suède
est parvenue à développer massivement sa production d’énergies renouvelables
mais, dès 1991, via une taxe carbone élevée (120 €/tCO2)
Recommandations de la Cour des Comptes :
Afin d’éclairer les décisions publiques
prises à l’avenir, la Cour considère désormais indispensable de calculer et révéler le coût complet du mix énergétique
programmé et les soutiens publics induits, et d’asseoir les décisions de
programmation énergétique sur ces informations. En effet- et de le comparer
au nucléaire !
La Cour formule en outre les recommandations
suivantes : accroître les moyens du fonds chaleur pour atteindre les objectifs
de développement fixés aux EnR thermiques ; définir une stratégie énergétique
cohérente entre les objectifs de production d’énergies renouvelables (EnR)
électriques et le nucléaire dans le mix ; - clarifier les objectifs industriels
français associés au développement futur des EnR.