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dimanche 13 mai 2018

Raisons de détester l’Eurokom 4 : Petits problèmes avec la démocratie


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

Le vers était dans la graine- l’histoire mouvementée des traités européens

Traité de Maastricht en 1992 : Pour trois pays, la population vote directement - Eh bien sur les trois, deux se prononcent de justesse,  l’Irlande et la France – bon, on va pas chipoter mais qui pourra nier ce que ce oui timide doit à la prostate de Mitterrand, l’annonce de sa maladie venant briser la dynamique du non en voie de l’emporter ? Et un, le Danemark s’y oppose ! c’est non ! Alors ce traité gravé dans le marbre, qu’on ne peut pas toucher sans tout détruire, eh bien, on va accorder au Danemark des conditions tout à fait particulières : l’accord d’Édimbourg de 1992 octroie au Danemark des options de retrait concernant la monnaie unique, la politique de sécurité et de défense commune, la coopération judiciaire et policière, et la citoyenneté européenne.

Et pourquoi seulement au Danemark ?

Le traité de Nice, en 2001, a été rejeté par les Irlandais, le premier peuple à voter ! Les dirigeants de l’Union européenne, craignant la contagion à d’autres pays, déclarent que toute renégociation du Traité de Nice est exclue et que le calendrier des adhésions de nouveaux membres est maintenu – Tout se fit alors par voie parlementaire et l’on évita soigneusement les referendums. . La faible participation irlandaise a alors servi de prétexte à la tenue d’un nouveau référendum, qui a donné une majorité en faveur du traité - pour aider à ce résultat, les dirigeant européens, avec la déclaration du Conseil européen de Séville (21 juin), garantissent la neutralité de l’Irlande alors que l’Union commence à élaborer une Politique étrangère.

Et ça s’améliore pas avec  les traités de Rome en 2004 puis de Lisbonne en 2007 : le premier ayant été refusé par référendum par les Néerlandais et les Français, le traité de Lisbonne, assez similaire, a été directement ratifié par les parlements (sauf en Irlande, où il y eut un referendum).

 Pour la France, de nombreux observateurs considèrent que cet événement provoqua une  crise ouverte de la démocratie en France, avec des élites politiques coupées des peuples, poursuivant obstinément des projets qui ne sont plus approuvés par ceux-ci, et des partis que le système de vote rends ultra majoritaires ne pouvant plus prétendre représenter les électeurs sur des sujets primordiaux.
La notion de la démocratie professée par les principaux responsables européens parait assez problématique, cf. M. Jean-Claude Juncker à la suite du rejet du traité de Rome : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » Et M. Junker est un multirécidiviste sur ce point !

L’action de la Troïka en Grèce

L’intervention de la Troïka (es experts représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) a été marquée par des relations de conditionnalité entre États et par un fonctionnement empreint d’opacité.
Critique de Joseph Stiglitz ( Le Monde03.07.2015) : « L’euro fonctionne sur la base de règles contraires à la démocratie… Ce que l'on voit aujourd'hui, 16 ans après que l'eurozone a institutionnalisé les relations entre ses membres, est l'antithèse de la démocratie : de nombreux leaders européens veulent voir la fin du gouvernement de gauche mené par Aléxis Tsípras ».  Dans un article dans La Tribune, le journaliste Romaric Godin affirme que la BCE « sort de son rôle purement monétaire et devient un acteur politique de l'affaire grecque. Elle tente de maintenir la Grèce dans la zone euro en se débarrassant du gouvernement Tsípras » en ayant gelé le plafond de l'accès des banques grecques à la liquidité d'urgence (le programme ELA), ce qui a conduit à la mise en place d'un contrôle des capitaux et à la fermeture des banques, de manière à peser sur le scrutin en faveur du « oui »,

Raté : les Grecs ont voté très majoritairement : Non !  (61%). Mais ça n’a servi à rien. Le lendemain du résultat, le ministre des finances grec,Yánis Varoufákis, héros de la campagne du non, qui insupportait les dirigeants de l’Union Européenne démissionnait et le gouvernement Tsipras se trouvait contraint en fait de suivre la politique qu’il avait refusé par referendum.

 Le Parlement européen et les assistants parlementaires eurosceptiques

En 2014, le Parlement Européen, sur dénonciation anonyme, lance une enquête de l’Office antifraude sur l’utilisation du financement des assistants parlementaires par le Front National, qui n’auraient pas vraiment travaillés pour l’Europe, ou pas beaucoup, ou pas seulement - 20 des 24 assistants parlementaires des députés européens FN figuraient dans l'organigramme du parti.  En attendant un éventuel procès, le Front National  se voit forcé de rembourser des sommes importantes.
A cela,  le Front national avait beau jeu de répondre que, mandatés par ses électeurs, ses élus ne sont pas censés travailler pour les institutions européennes, mais assez généralement contre elles ! Il y avait évidemment là comme un parfum de règlement de compte politique, car enfin, le Parlement Européen n’avait ciblé que deux partis eurosceptiques, l’UKIP et le Front National. On ne pouvait qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées contre des partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada, nichts, niente…  d’équivalent à reprocher à aucun autre parti, dans aucun autre pays ??).

Nous n’avons pas tardé à avoir la réponse : le Front National, mauvais joueur,  s’est livré à une dénonciation assez efficace et argumentée du Modem, qui avait à peu près les mêmes pratiques, dénonciation vite confirmée par les enquêtes des media. Premier résultat : la  position impossible des ministres Modem dans le gouvernement français et démission générale en particulier de M. Bayrou et de Mme de Sarnez !

En fait, il est clair que les Institutions Européennes ont un vrai problème de démocratie, et qu’elles ont visiblement du mal à comprendre que des députés élus par des électeurs qui contestent ces institutions remplissent leur mandat conformément au vœu de leurs électeurs. Il y a quelque paradoxe à reprocher aux élus Front national de ne pas se comporter en partisans de l’Eurocom !

Catalogne – des élections avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil !

Et pour finir, un spectacle inouï que l’on croyait impossible dans notre grande Europe démocratique : des élections « libres » avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil ! C’est en Catalogne où les élections régionales menées sous l’impulsion de Madrid qui a pris le contrôle des institutions gouvernementales catalanes se sont déroulés en 2018 avec huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, en prison, et 5 ex-ministres, dont l’ancien président Carles Puigdemont en exil.

Depuis le temps que l’Eurokom, la grande Europe démocratique, ne  cesse de vouloir affaiblir les Etats en encourageant les grandes régions à davantage d’autonomie, en finançant des représentations, des organisations culturelles et politiques autonomistes,  des ambassades des régions, on se serait attendu à des réactions de condamnation. Mais voilà, les indépendantistes catalans ne sont décidément plus en odeur de sainteté depuis que Madrid obéit très bien aux injonctions européennes.
Alors, la communauté Européenne annonce qu’ une Catalogne indépendante - même si sa séparation d'avec l'Espagne était reconnue, ce qui est loin d'être le cas - serait automatiquement exclue de l'UE.  Et palme de l’humour gris, M. Junker, représentant du Luxembourg (400.00 habitants) prend position contre l’indépendance de la Catalogne au motif que « l’Union européenne deviendrait trop complexe pour gouverner si elle était pleine de petits pays. » Il semble d’ailleurs que des fonds de l’Union Européenne aient été utilisés pour financer plus ou moins directement Ciudadamos, le parti indépendantiste, via  le Fonds Européen de développement régional !!! (http://gentiumlaw.com/news/jean-claude-juncker-et-la-crise-catalane/)

Il faut sortir de cet Eurokom là !



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