Europe et Eurokom
Dans un de mes précédents blogs, je
m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a
donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité
géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses
institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à
construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je
propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et
l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.
Le vers était dans la graine- l’histoire mouvementée des traités
européens
Et
pourquoi seulement au Danemark ?
Le
traité de Nice, en 2001, a été rejeté par les Irlandais, le premier peuple à
voter ! Les dirigeants de l’Union européenne, craignant la contagion à
d’autres pays, déclarent que toute renégociation du Traité de Nice est exclue et
que le calendrier des adhésions de nouveaux membres est maintenu – Tout se fit
alors par voie parlementaire et l’on évita soigneusement les referendums. . La
faible participation irlandaise a alors servi de prétexte à la tenue d’un
nouveau référendum, qui a donné une majorité en faveur du traité - pour aider à
ce résultat, les dirigeant européens, avec la déclaration du Conseil européen
de Séville (21 juin), garantissent la neutralité de l’Irlande
alors que l’Union commence à élaborer une Politique étrangère.
Et ça
s’améliore pas avec les traités de
Rome en 2004 puis de Lisbonne en 2007 : le premier ayant été refusé par
référendum par les Néerlandais et les Français, le traité de Lisbonne, assez
similaire, a été directement ratifié par les parlements (sauf en Irlande, où il
y eut un referendum).
Pour la France, de nombreux observateurs
considèrent que cet événement provoqua
une crise ouverte de la démocratie en
France, avec des élites politiques coupées des peuples, poursuivant obstinément
des projets qui ne sont plus approuvés par ceux-ci, et des partis que le
système de vote rends ultra majoritaires ne pouvant plus prétendre représenter
les électeurs sur des sujets primordiaux.
La notion de la démocratie professée par les principaux
responsables européens parait assez problématique, cf. M. Jean-Claude
Juncker à la suite du rejet du traité de Rome : « Il ne peut y avoir de choix
démocratique contre les traités européens » Et M.
Junker est un multirécidiviste sur
ce point !
L’action de la Troïka en
Grèce
L’intervention de la Troïka (es experts
représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le
Fonds monétaire international) a été marquée par des relations de
conditionnalité entre États et par un fonctionnement empreint d’opacité.
Critique de Joseph Stiglitz ( Le Monde03.07.2015) : « L’euro
fonctionne sur la base de règles contraires à la démocratie… Ce que l'on voit
aujourd'hui, 16 ans après que l'eurozone a institutionnalisé les relations
entre ses membres, est l'antithèse de la démocratie : de nombreux leaders européens
veulent voir la fin du gouvernement de gauche mené par Aléxis Tsípras ». Dans un article dans La Tribune, le
journaliste Romaric Godin affirme que la BCE « sort de son rôle purement monétaire et devient un acteur politique de
l'affaire grecque. Elle tente de maintenir la Grèce dans la zone euro en se
débarrassant du gouvernement Tsípras » en ayant gelé le plafond de l'accès des
banques grecques à la liquidité d'urgence (le programme ELA), ce qui a conduit
à la mise en place d'un contrôle des capitaux et à la fermeture des banques, de
manière à peser sur le scrutin en faveur du « oui »,
Raté : les Grecs ont voté très majoritairement : Non ! (61%). Mais ça n’a servi à rien. Le
lendemain du résultat, le ministre des finances grec,Yánis Varoufákis, héros de
la campagne du non, qui insupportait les dirigeants de l’Union Européenne
démissionnait et le gouvernement Tsipras se trouvait contraint en fait de
suivre la politique qu’il avait refusé par referendum.
Le Parlement européen et les assistants parlementaires eurosceptiques
En 2014, le Parlement Européen,
sur dénonciation anonyme, lance une enquête de l’Office antifraude sur
l’utilisation du financement des assistants parlementaires par le Front
National, qui n’auraient pas vraiment travaillés pour l’Europe, ou pas
beaucoup, ou pas seulement - 20 des 24 assistants parlementaires des députés
européens FN figuraient dans l'organigramme du parti. En attendant un éventuel procès, le Front
National se voit forcé de rembourser des
sommes importantes.
A cela, le Front national avait beau jeu de répondre
que, mandatés par ses électeurs, ses élus ne sont pas censés travailler pour
les institutions européennes, mais assez généralement contre elles ! Il y
avait évidemment là comme un parfum de règlement de compte politique, car
enfin, le Parlement Européen n’avait
ciblé que deux partis eurosceptiques, l’UKIP et le Front National. On ne
pouvait qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées contre des
partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada, nichts,
niente… d’équivalent à reprocher à aucun
autre parti, dans aucun autre pays ??).
Nous n’avons pas tardé à avoir la
réponse : le Front National, mauvais joueur, s’est livré à une dénonciation assez efficace
et argumentée du Modem, qui avait à peu près les mêmes pratiques, dénonciation vite
confirmée par les enquêtes des media. Premier résultat : la position impossible des ministres Modem dans
le gouvernement français et démission générale en particulier de M. Bayrou et de Mme de Sarnez !
En fait, il est clair que les
Institutions Européennes ont un vrai problème de démocratie, et qu’elles ont visiblement du mal à
comprendre que des députés élus par des électeurs qui contestent ces
institutions remplissent leur mandat conformément au vœu de leurs électeurs.
Il y a quelque paradoxe à reprocher aux élus Front national de ne pas se comporter
en partisans de l’Eurocom !
Catalogne – des
élections avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil !
Et pour finir, un
spectacle inouï que l’on croyait impossible dans notre grande Europe
démocratique : des élections « libres » avec les principaux dirigeants d’un des
partis en prison ou en exil ! C’est en Catalogne où les élections régionales
menées sous l’impulsion de Madrid qui a pris le contrôle des institutions
gouvernementales catalanes se sont déroulés en 2018 avec huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol
Junqueras, en prison, et 5 ex-ministres, dont l’ancien président Carles
Puigdemont en exil.
Depuis le temps que
l’Eurokom, la grande Europe démocratique, ne cesse de vouloir affaiblir
les Etats en encourageant les grandes régions à davantage d’autonomie, en
finançant des représentations, des organisations culturelles et politiques
autonomistes, des ambassades des régions, on se serait attendu à des
réactions de condamnation. Mais voilà, les indépendantistes catalans ne sont
décidément plus en odeur de sainteté depuis que Madrid obéit très bien aux
injonctions européennes.
Alors, la communauté
Européenne annonce qu’ une Catalogne indépendante - même si sa séparation
d'avec l'Espagne était reconnue, ce qui est loin d'être le cas - serait
automatiquement exclue de l'UE. Et palme
de l’humour gris, M. Junker, représentant du Luxembourg (400.00 habitants)
prend position contre l’indépendance de la Catalogne au motif que « l’Union
européenne deviendrait trop complexe pour gouverner si elle était pleine de
petits pays. » Il semble d’ailleurs
que des fonds de l’Union Européenne aient été utilisés pour financer plus ou
moins directement Ciudadamos, le parti indépendantiste, via le Fonds Européen de développement
régional !!! (http://gentiumlaw.com/news/jean-claude-juncker-et-la-crise-catalane/)
Il faut sortir de cet Eurokom là !
Il faut sortir de cet Eurokom là !
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