Europe et Eurokom
Dans un de mes précédents blogs, je
m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a
donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité
géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses
institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à
construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je
propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et
l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.
L’euro, c’est l’austérité
Soyons clair,
dès le début, il a été entendu que l’euro devait être géré comme l’était le
deutschmark, avec cette volonté de l’Allemagne, pour des raisons historiques
obsessionnelles d’avoir un « euro » fort. Résultat : lorsqu’une
monnaie se trouve beaucoup trop forte pour l’économie qui la sous-tend, celle
de l’ensemble de la zone euro, il existe deux moyens pour y remédier et
restaurer sa compétitivité : l‘un est la
dévaluation, et c’est ce qui nous est
interdit par l‘euro, l’autre est la déflation, la réduction des coûts ,
des salaires, des filets de sécurité sociaux. C’est cette politique d’austérité
qui a été menée avec une férocité inouïe, avec les conséquences que l‘on sait
en Europe du Sud, en Grèce, en Espagne,
en Italie, certes, mais aussi en Angleterre et en Allemagne, avec la
multiplication des travailleurs pauvres, pour ne pas dire indigents – et c’est
cela que l’on nous propose comme modèle !
Et ne parlons
même pas du traitement indigne qui a été infligé à la Grèce, un traitement avec
la volonté de punir et d’humilier, tellement que même le FMI s’était indigné d’une méthode
contreproductive qui a fini par coûter beaucoup plus cher à toute l’Europe. Là,
l’Euro, ce n’est plus l’austérité, c’est la sauvagerie ! : forte hausse du
chômage dans toutes les catégories sociales, doublement des cas de suicides,
une hausse des homicides, une augmentation de 50 % des infections au virus HIV,
des gens, des morts faute de soin.
Et la crise
grecque a rapporté près de 8 milliards à la BCE !
La réalité de l’euro,
c’est l’explosion de l’Europe, pas la convergence
Patrick Artus au Rendez-vous de l’Histoire
de Blois (1017) : l’idée vendue par les promoteurs de l’euro que celui-ci
entrainerait une convergence des économies n’était qu’une escroquerie, démentie
par les théories économiques les plus solides. Une même monnaie pour des
économies hétérogènes entraine au contraire une divergence et une
spécialisation des économies. Donc ce qui était prévisible, avec l’Euro,
l’Allemagne renforce son industrialisation, l’Espagne et l’Italie se
désindustrialisent et se spécialisent… dans quoi : le tourisme et les
primeurs et fruits à bas coût… Et la France dans quoi ? le tourisme, la
viticulture, la gastronomie, quelques services publics, un peu d’agriculture.-(cf
Houellebecq !)
Si des pays se spécialisent à l’excès,
leurs structures économiques deviennent très différentes. Cela entraîne une
divergence des niveaux de revenus entre les différents pays, prévisible et
inévitable ! Il était assez naïf de croire que du moment qu’on a la même
monnaie on a la même économie… c’est une terrible erreur d’analyse de
ne pas avoir réfléchit à l’hétérogénéité engendrée par la spécialisation des
nations membres.
Donc, le principal bénéfice attendu de
l’euro, le marché unique, a en fait très mal fonctionné, et seulement au profit
de l’Allemagne. L’Euro, c’est comme l’Allemagne et le foot du monde d’avant ,
tout le monde joue, à la fin c’est l’Allemagne qui gagne
La zone euro meurt d’un manque de solidarité et de l’égoïsme allemand
Pour remédier à l’hétérogénéité
engendrée par la spécialisation des économies, il faut à l’intérieur d’une
union monétaire hétérogène un mécanisme qui permet des transferts massifs et
automatiques des fonds des zones les
plus riches vers les zones les plus pauvres. C’est exactement ce qu’on observe
aux Etats-Unis où les transferts entre Etats sont énormes ; si un Etat
perd un euro, le système fédéral lui rapporte 60 cents (en Europe, pour un euro
perdu c’est un cent seulement…)
La grande crise pour l’Europe de 2011 à 2014 résulte de ce que l’Allemagne
a cessé de prêter au pays du Sud. De façon brutale, le déficit extérieur
de ces pays n’a plus été financé, ce qui les a obligé à le réduire en
contractant les dépenses intérieures. L’austérité européenne est en fait une
conséquence de l’arrêt brutal du financement allemand, soit l’égoïsme d’une
des nations les plus riches qui a le plus bénéficié des avantages du marché
unique sans en subir les inconvénients. Et pourtant, l’Allemagne n’a pas hésité .à ces transferts massifs
pour financer sa réunification, que les autres pays européens dont la France ont
aussi financés par des taux d’intérêts anormalement élevés…Mais fallait-il s’attendre
à autre chose ?
L’euro a raté son internationalisation
Un des grands arguments en faveur de l’euro
était la volonté d’échapper à l’hégémonie du dollar en matière de règlements
internationaux.- le dollar, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème proclamait
le ministre des Finances de Nixon !
Or l’euro a complètement raté son internationalisation,
et les échanges. En fait, depuis sa
création en janvier 1999, la place de l’euro dans les échanges internationaux n’a
cessé de décliner ! – au point qu’il est clair aujourd’hui que la monnaie
qui fera inexorablement concurrence au dollar, c’est le yuan que la Chine
internationalise très progressivement et prudemment.
Sur ce plan là aussi, l’euro est un échec. Et un échec qui nous coûte cher :- En 2014, la
banque BNP Paribas a ainsi dû verser 8,9 milliards de dollars pour des
transactions menées hors des États-Unis, avec des pays sous embargo américain,
comme l'Iran. Et nous le réalisons à nouveau, avec la rupture par les USA de l’accord
avec l’Iran et, par exemple ; Total qui se voit contraint de céder ses
parts de champ pétrolier …à la Chine.
Une anecdote : Poutine, lors de l’affaire
Ukrainienne, au pire de ses relations avec l’administration Obama, menace Mme
Clinton de transférer ses contrats pétroliers et gaziers du dollar vers l’Euro.
Réponse de Mme Clinton : c’est beau, la solidarité orthodoxe, mais vous
voulez vraiment utiliser la monnaie de la Grèce ! Et Poutine ne fit rien.
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