Le langage des truqueurs- l’Europe et l’Eurokom
La campagne
européenne commence bien, c’est-à-dire n’importe comment. En meeting à Epinal
le 15 avril, Emmanuel Macron a répondu ainsi à l’interpellation d’un homme qui se plaignait « qu’avant l’euro le Picon coûtait
5 francs au comptoir et maintenant trois fois plus » : « l’Europe nous a évité
de nous refaire la guerre depuis soixante-dix ans, ce qui n’était jamais
arrivé. Rappelez-vous cela face à votre Picon la prochaine fois ».
Bravo pour l’argument
, car enfin, quelle condescendance et quelle ineptie! Si l’interpellateur a
sans doute quelque raison de se plaindre du prix du Pïcon bière, la réponse de
M. Macron est inepte pour une foultitude de raisons.
Si nous ne
sommes pas fait la guerre en Europe, en effet, le France a cependant connu la guerre
d’Indochine (47 674 morts, et les prisonniers 10. 000 à Dien Bien Phu,
traités dans des conditions criminelles-seulement 4000 reviendront de
captivité). Et la guerre d’Algérie (30,00 victimes). Ce n’est pas que je
sache l’Europe qui nous a sorti de ces guerres. Si nous ne sommes pas fait la
guerre, la France fait toujours la Guerre au Mali, en Irak, en Syrie, et elle
est bien seule ; ce n’est pas l’Europe, pourtant tout entière menacée par
l’intégrisme islamique, qui l’aide beaucoup.
Si nous ne
sommes plus fait la guerre en Europe, c’est quand même beaucoup grâce aux
Russes et aux Américains qui ont permis la défaite nazie, pas grâce à la
Commission de Bruxelles. Si nous ne
sommes pas fait la guerre en Europe, c’est quand même beaucoup grâce à Patton
et à Churchill qui ont très vite compris le danger stalinien, grâce à Truman et
à sa réponse au blocus de Berlin qui marque un coup d’arrêt à l’expansionnisme
stalinien. Pas grâce à la Commission de Bruxelles !
Si nous ne
sommes plus fait la guerre en Europe, c’est grâce à la politique de
réconciliation franco allemande menée par de Gaulle et Adenauer, pas grâce à la
Commission de Bruxelles ! C’est aussi grâce au fait qu’il est extrêmement
rare que 1° des démocraties ; 2° en déclin démographique se fassent la
guerre.
Alors il
faudrait quand même à la fin distinguer entre l’Europe, réalité géographique,
historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions
(notamment la Commission européenne), voués uniquement à construire un grand
marché selon les conceptions et les recettes du libéralisme le plus fanatique,
selon le dogme d’une véritable secte libérale ; car enfin il est trop
facile de jouer sur les mots et de
confondre sans cesse sciemment les deux : vous vous opposez à la politique
de la communauté Européenne devient vous vous opposez à l’Europe !
Puisqu’apparemment c’est trop exiger de nos politiques truqueurs que de dire
Communauté Européenne, proposons un nouveau vocable. Il y aurait l’Europe réelle des peuples et des nations et puis
l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.
Les raisons de détester l’Eurokom- début d’une série
Et comme
décidément les truqueurs me chauffent de plus en plus, il n’est pas impossible
que je me décide à recenser les nombreuses raisons de détester l’Eurokom. Et
puisqu’on parlait de guerre :
Raison n°1 : la faillite de l’Eurokom en Yougoslavie-150.000
morts
Car enfin
l’Europe de ces dernières années a toute de même connu une guerre en
Yougoslavie (dix ans de 1991 à 2001, 150 000 morts !!!! dont deux tiers de civils, 4 millions de personnes déplacées). Alors
certes, le conflit n’a pas dégénéré en guerre mondiale (était-ce seulement
concevable !) mais il s’agit tout de même d’un échec sanglant de
l’Eurocom, qui aurait pu dès le début, à peu de frais, par une politique ferme
dissuader Milosevic de se lancer dans l’aventure. Au lieu de cela, de nombreux
Serbes sont toujours persuadés que par impuissance ou, sciemment, par calcul, on
a laissé dégénérer la situation pour permettre à une Otan qui n’avait plus
aucune utilité ni justification de se remettre en selle et de perdurer.
Raison n°2 : le fiasco du tribunal
international sur l’ex-Yougoslavie
Rappelons - la mort en détention du dirigeant Serbe plusieurs fois élus
président, Milosevic, après que sa santé n’ait pas permis la tenue d’un procès
en bonne forme, et que ses demandes de soins en Russie aient été plusieurs fois
refusée. Presque un assassinat légal donc, et ceci alors que finalement la
Serbie a été jugée non coupable de génocide et qu’il fut reconnu « qu’il n’y a pas suffisamment de preuves
dans ce dossier pour constater que Slobodan Milošević avait donné son accord au
plan commun qui visait à expulser définitivement les Musulmans et les Croates
de Bosnie du territoire revendiqué par les Serbes ». Déjà au moment du procès,
l’hebdomadaire britannique Sunday Times estimait que « plus de 80 % des déclarations de
l’accusation auraient été rejetées par un tribunal britannique comme étant de
simples ouï-dire ».
- Ante Gotovina, un
général croate accusé de crimes contre l'humanité sur les Serbes de Croatie,
qui dans un premier temps fut condamné à 24 ans de prison, puis libéré en appel, en novembre 2012 - ce qui
ressemblait davantage à une loterie qu’à une justice à vrai dire impossible.
-la libération de Ramush Haradinaj, un des principaux chefs militaires des
albanais du Kosovo qui est libéré car les neuf témoins dont trois protégés par
la mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) qui
devaient comparaître contre lui ont été assassinés ou sont morts dans des
conditions suspectes. Carla Del Ponte, ancien procureur auprès du tribunal :
« certains juges du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie avaient peur que les
Albanais viennent eux-mêmes s'occuper d'eux
- et, pour terminer, le jour même de la
fermeture du tribunal, de la fin du dernier procès, le suicide en plein
tribunal, le 29 novembre 2017 du Croate lobodan Praljak
La conclusion factuelle et modérée de la page Wikipedia
résume bien « Le tribunal aura donc échoué dans son objectif principal : réconcilier les Serbes, Monténégrins, Croates, Bosniaques et Albanais ».
Chers
hauts fonctionnaires, chers hauts dirigeants de l’Eurokom, une simple vérité à
l’épreuve de l’histoire, que connaissent tous les dirigeants politiques dignes
de ce nom : lorsqu’on veut réconcilier, on ne
fait pas des tribunaux, on fait des lois d’amnistie ou de prescription
Cette remarque encore d'Hubert Védrine : nos relations avec la Russie sont plus froides que froides, je veux dire plus froides qu'en pleine guerre froide, à la grande période de l'URSS, qui occupait toute de même la moitié est de l'Europe.
Faut le faire, non ?
Décidément, il faut sortir de cet Eurokom !
Cette remarque encore d'Hubert Védrine : nos relations avec la Russie sont plus froides que froides, je veux dire plus froides qu'en pleine guerre froide, à la grande période de l'URSS, qui occupait toute de même la moitié est de l'Europe.
Faut le faire, non ?
Décidément, il faut sortir de cet Eurokom !
aussi sur https://eurokomonaimepas.blogspot.com/2019/01/presentation-de-ce-blog-debattre-de.html
RépondreSupprimer