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dimanche 20 mai 2018

Energies renouvelables : le rapport décoiffant de la Cour des Comptes 2018


Déjà il y a cinq ans, la Cour des comptes  fustigeait le caractère « difficilement atteignable » des objectifs de la France en matière d'implantation d'éoliennes, panneaux solaires et autres dispositifs de production d'énergie verte, ainsi que le « montant très élevé des engagements financiers consentis par l'État ». Cinq ans après, le constat a empiré et ils fustigent une politique qui reste incohérente, inefficace et extrêmement coûteuse et  réclame enfin une stratégie énergétique cohérente.

Energies renouvelables : De l’argent qui a coulé à flot pour un résultat nul

Pour la seule année 2016, la Cour des comptes estime la somme des dépenses publiques consacrée aux énergies renouvelables à 5,3 milliards d'euros. En 2023, si l'effort se poursuit, cette somme pourrait atteindre 7,5 milliards. Cette facture s'explique par un soutien financier massif de l’Etat très mal calibré. Surtout avant 2011, il a mis en place des aides, comme des tarifs garantis de rachat de l'électricité ou des subventions pour des résultats dont le moins qu’on puisse dire est qui ne sont pas à la hauteur, dénonce la Cour des comptes :

l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!. Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4 milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.

Plusieurs appels d'offres pour des éoliennes implantées en mer sont remis en cause par le gouvernement actuel, tant les conditions tarifaires étaient avantageuses. L'éolien offshore est l'archétype de ces dysfonctionnements. Aux tarifs accordés en 2012 et 2014, les six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix énergétique !!! Alors que les parcs ne verront pas le jour avant 2020 ou 2021, ces tarifs (de 190 euros/MWh en moyenne) apparaissent aujourd'hui exorbitants

Aller, on compare au nucléaire pour s’amuser ? Eh ben, solaire plus éolien, c’est davantage sur cette période que le grand carénage (50 à75 milliards). Mais le nucléaire, lui, produit 80% de l’électricité et, en fait, ne devrait pas diminuer beaucoup (et rester largement au-dessus de 50%)

Et tiens, une autre donnée pour s’amuser : l’équivalent en photovoltaïque de la production d’électricité d’une centrale nucléaire de 1 300 MW nécessiterait une surface au sol de l’ordre de 68 km2 . la superficie de la commune de Nantes !!!!

Une politique incohérente….

L’incohérence, c’est la très démagogique et imbécile décision de descendre à 50% de nucléaire. La Cours des Comptes confrme une évidence : « Ce dernier objectif [la baisse du nucléaire] n'est pas compatible avec la trajectoire d'augmentation des capacités d'énergies renouvelables. » En clair : on n'arrivera pas à réduire si rapidement la part du nucléaire en si peu de temps, parce que les capacités hydrauliques, éoliennes ou solaires ne seront pas suffisantes. D'où la leçon administrée par la Cour des comptes : « Il conviendrait donc de définir une stratégie énergétique cohérente »...En effet !

Bien plus, la diminution du nucléaire serait négative pour les engagements climatiques français. Pour atteindre l’objectif de 50 % de nucléaire d’ici 2025, la France devrait fermer 23 à 27 réacteurs nucléaires et,serait obligée de recourir à des centrales à charbon et à des centrales au gaz pour assurer sa sécurité d’approvisionnement, ce qui conduirait à une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Ce serait une folie pure, économique et écologique, et, souligne la Cour, « les acteurs du monde de l’énergie – même au sein des administrations intéressées – sont nombreux à ne pas avoir cru dans les objectifs et la trajectoire définis par la PPE (Programmation de la Politique Energétique) En effet !

Qui n’a pas permis de faire émerger des champions nationaux

Malgré les milliards déversés, la Cour des Comptes constate que faute d’avoir établi une stratégie claire et des dispositifs de soutien stables et cohérents, le tissu industriel français ait peu profité du développement des Energies Renouvelables et que la France ne soit pas parvenue à se doter de champions européens dans ce secteur. La France ne compte aujourd’hui aucun ensemblier d’éoliennes terrestres et a perdu ses champions sur l’éolien, partis chez Siemens ou chez General Electric ; et pour le solaire, ce sont les Chinois qui grâce à une politique industrielle volontariste et rationnelle et à leurs terres rares ont tout emporté ! Quelques petit innovateurs subsistent :  Compte-R (chaudière biomasse de grande puissance), Poma70 (éoliennes terrestres renforcées ou adaptées aux plafonds aéronautiques bas), DualSun (panneaux solaires hybrides), Photowatt (fabrication intégrée de modules photovoltaïques)…

Autres incohérences : emploi et coûts réels

Emplois : La Cour fustige également le flou considérables des prévisions  ( déjà démenties par le flop  industriel décrit ci-dessus) et même du suivi des emplois créés par les Energies Renouvelables ; l’ADEME estimait le nombre d’emplois directs liés aux marchés des EnR hors biocarburants sur le territoire national en 2016 à 79 000, en hausse de 30 % par rapport à l’année 2006…mais seuls 15 % (12 000) peuvent ainsi être considérés comme des emplois industriels. Face à cela, on ne met jamais en balance le nombre d’emplois industriels bien payés qui seront détruits dans le nucléaire (220 000 emplois directs et indirects)

Coûts : la Cour signale que pour l’instant les coûts d’adaptation du réseau à l’arrivée des énerges renouvelables n’est jamais mentionné, ni pris en compte.  L’Ademe l’estime de 13 à 18 €/MWh pour 30% d’eénergies renouvelable- ce qui double le coût de l’acheminement  et représente de 15 à 20% d’augmentation automatique et inévitable !
De même, les solutions d’autoconsommation ont aujourd’hui une attractivité financière qui repose en partie sur l’absence de paiement du tarif d’utilisation du réseau.

Enfin, il y a tout de même une incohérence fondamentale à vouloir réduire le poids du nucléaire tout en expliquant que c’est une énergie qui, du fait de sa compétitivité, perturbe la concurrence….

Des problèmes différents selon les pays :

La Cour des comptes met en cause également la cohérence des aides de l'Etat, concentrées pour l'essentiel (4,4 milliards d'euros) sur les EnR électriques, alors que 567 millions seulement vont vers les EnR thermiques, qui représentent pourtant 60% de la production nationale… Plus de la moitié de l’énergie consommée en France l’est sous forme de chaleur (50,6 %), devant l’électricité (34,2 %) et les transports (13,2 %). D4autre part La prépondérance de l’énergie de source nucléaire en France conduit en effet à ce que l’électricité française produite soit décarbonée à 98 % et que les émissions de gaz à effet de serre françaises du fait de la production électrtique soient donc limitées comparativement aux autres pays de l’UE.

En France, pour lutter contre la pollution, contre le réchauffement climatique et pour faire des économies, ce n’est pas à la production électrique qu’il faut s’intéresser, mais au thermique et au transport ! En Allemagne et en Angleterre, c’est le contraire !

L’exemple suédois est souvent mis en avant, mais si les Energies Renouvelables ont atteint en Suéde  en 2016 près de 54 % de la consommation énergique finale de la Suède.c(est parce que celle-ci dispose d’une énergie renouvelable pilotable et stockable, c’est l’énergie hydroélectrique qui représente  47 % de l’électricité produite en Suède.  Et  contrairement à beaucoup de pays européens, ce n’est pas grâce à la multiplication de dispositifs de soutien que la Suède est parvenue à développer massivement sa production d’énergies renouvelables mais, dès 1991, via une taxe carbone élevée (120 €/tCO2)

Recommandations de la Cour des Comptes :

Afin d’éclairer les décisions publiques prises à l’avenir, la Cour considère désormais indispensable de calculer et révéler le coût complet du mix énergétique programmé et les soutiens publics induits, et d’asseoir les décisions de programmation énergétique sur ces informations. En effet- et de le comparer au nucléaire !

La Cour formule en outre les recommandations suivantes : accroître les moyens du fonds chaleur pour atteindre les objectifs de développement fixés aux EnR thermiques ; définir une stratégie énergétique cohérente entre les objectifs de production d’énergies renouvelables (EnR) électriques et le nucléaire dans le mix ; - clarifier les objectifs industriels français associés au développement futur des EnR.



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