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samedi 27 octobre 2018

Le nucléaire, seul espoir pour sauver le climat


Le rapport du Giec : le nucléaire, seule solution permettant de respecter les accords de Paris.

Selon un rapport des Nations unies publié le 8 octobre, maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5°C nécessite une forte augmentation de la production d’énergie nucléaire. Ce rapport spécial « Réchauffement de la planète de 1,5°C » du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait été commandé par les gouvernements lors des négociations de Paris sur le climat en 2015. Une étude précieuse pour orienter le sommet de la COP24 à Katowice, en Pologne, en décembre.
En décembre 2015, la signature de l’accord de Paris avait permis de fixer pour objectif un réchauffement global des températures terrestres limité à 2°C à l’horizon 2100, et si possible à 1,5°C. C’est au regard de cet objectif ambitieux que le GIEC vient de publier un nouveau rapport. Celui-ci étudie donc les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à contenir la hausse de la température globale à 1,5°C à l’horizon de la fin du siècle. A la lecture du rapport, il y a urgence à agir. Les experts du GIEC estiment en effet que le réchauffement global à 1,5°C sera atteint plus tôt que prévu, entre 2030 et 2052.

Dans son résumé aux décideurs, le GIEC propose 4 scénarios permettant de limiter la hausse globale de la température à 1,5°C à l’horizon 2100. On trouve ces scénarios dans le Résumé à l’intention des décideurs..
Tous les scénarios du GIEC nécessitent plus de nucléaire : Le nucléaire augmente dans les quatre scénarios par rapport à 2010, de 59-106% d’ici 2030, de 98-501% d’ici 2050. Ce scénario inclut d’ailleurs la hausse la plus notable (+501%) à l’horizon 2050 de la production nucléaire. Ainsi le respect des objectifs climatiques nécessitera de multiplier par six les capacités nucléaires mondiales.

Les commentaires du GIEC sur le nucléaire : il faut commencer maintenant les nouveaux EPR !

Dans son rapport, au chapitre 4, le GIEC rappelle que « dans les années 1960 et 1970, la France a mis en œuvre un programme visant à obtenir rapidement près de 80% de son électricité du nucléaire sous 25 ans, mais le décalage actuel entre la prise de décision et la mise en service des installations est de 10 à 19 ans ». Le rapport précise d’ailleurs que le rythme actuel de déploiement de l'énergie nucléaire est « limité dans de nombreux pays par l'acceptabilité sociale » liée à des préoccupations relatives aux risques d'accident et à la gestion des déchets radioactifs.
« Bien que l'évaluation comparative des risques montre que les dangers pour la santé sont faibles par unité de production d'électricité et que les besoins en terrains sont inférieurs à ceux d'autres sources d'énergie, les processus politiques déclenchés par les préoccupations de la société dépendent des moyens propres à chaque pays pour gérer les débats politiques autour des choix technologiques et de leurs impacts environnementaux », conclut le rapport du GIEC.

Nucléaire et Climat : la lettre des scientifiques aux chefs d’Etat.

Un groupe international d'experts du climat et de l'énergie a écrit aux principaux chefs d’Etat, le premier dans la liste étant Macron, en raison des accords de Paris et parce que la France apparait comme un modèle en matière de décarbonation de l’énergie, en raison de l’importance du secteur nucléaire.
A Monsieur le Président de la République Emmanuel Macron
Monsieur le Président,

Nous vous écrivons en tant qu'environnementalistes, écologistes et climatologues pour vous féliciter de votre victoire dans l'élection présidentielle et pour applaudir votre politique en faveur d'une taxe carbone. Personne n'a autant fait que la France pour diffuser une énergie propre sur un réseau électrique. Sachant cela, nous vous écrivons également pour vous faire part de notre inquiétude devant votre décision d'éloigner la France d'une production nucléaire propre.

Peu de pays ont fait plus que la France pour démontrer les bénéfices humanitaires et environnementaux obtenus par la création d'une société fortement dotée d'électricité nucléaire. Non seulement la France a été l'hôte de conférences sur le climat des Nations Unies, elle est aussi un des pays développés dont les émissions de dioxyde de carbone par habitant sont les plus faibles.

Toute réduction de la production nucléaire en France aura pour effet d'augmenter la production d'électricité par des combustibles fossiles, donc la pollution, au vu des faibles facteurs de charge et de l'intermittence du solaire et de l'éolien. L'Allemagne en est l'illustration parfaite. Ses émissions n'ont pratiquement pas changé depuis 2009 et ont, en fait, augmenté tant en 2015 qu'en 2016, à cause des fermetures de centrales nucléaires. En dépit d'une augmentation de la puissance installée solaire de 4%, et de celle de l'éolien de 11%, la production de ces deux sources a baissé de 3 et 2% respectivement du fait qu'il y a eu moins de soleil et de vent en 2016 qu'en 2015.

Et là où la France a une électricité parmi les moins chères et les plus propres d'Europe, celle de l'Allemagne est une des plus chères et plus sales. L' Allemagne a dépensé près de 24 milliards € de plus que le prix de marché en 2016 pour ses seuls prix garantis d'achat des renouvelables mais ses émissions ont stagné. Il est à prévoir que l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs de réduction d'émissions de 2020, et de loin. Malgré des investissements énormes dans les renouvelables, seulement 46% de l'électricité allemande sont issus de sources d'énergie propre, à comparer aux 93% de la France.

Le solaire et l'éolien peuvent jouer un rôle important en France. Cependant, si la France devait investir dans le solaire et l'éolien de façon comparable à l'Allemagne, il faudrait s'assurer que ces investissements augmentent la part d'énergie propre de la France et ne la diminuent pas malencontreusement. Les renouvelables peuvent contribuer à une électrification plus poussée des transports, celle-ci étant déjà bien entamée avec le réseau ferré mais pouvant être poursuivie avec les véhicules individuels.

Un remplacement du nucléaire par des combustibles fossiles et des renouvelables nuirait considérablement à l'économie française de trois façons : augmentation des prix de l'électricité pour les ménages et l'industrie, la fin des exportations lucratives d'électricité et - peut-être le plus important - la destruction de la filière nucléaire française à l'export. Si le parc nucléaire français est contraint de fonctionner avec un facteur de charge réduit, la filière nucléaire française en sera paralysée par une augmentation de ses coûts et une réduction de ses revenus. A terme, cela conduira à des niveaux de sûreté inférieurs et à une réduction des possibilités de financement de la recherche, du développement, ainsi que des efforts pour l'exportation des technologies nucléaires françaises. Les pays qui cherchent à construire de nouvelles centrales nucléaires veulent, avec raison, savoir que le produit que la France leur vend est un produit dont la France elle-même profite.

Le programme nucléaire français a, par le passé, été l'objet d'admiration dans le monde. La France a fait la preuve, dans les années 1970 et 1980 qu'il est de fait possible pour un pays industrialisé de décarboner son secteur électrique. Pour la France, la prochaine étape, nécessaire afin de contribuer à la lutte contre le changement climatique et pour l'amélioration de la qualité de l'air, est d'augmenter sa production d'électricité propre à partir de toutes les sources non-fossiles et de réduire massivement l'utilisation des combustibles fossiles dans les secteurs du chauffage et des transports. L'électricité nucléaire devra y jouer un rôle central.

Exemples de signataires: James Hansen, Climate Science, Awareness, and Solutions Program, Columbia University, Earth Institute, Columbia University, Kerry Emanuel, Professor of Atmospheric , Science, Massachusetts Institute of Technology, Steven Pinker, Harvard University, author of Better Angels of Our Nature, Richard Rhodes, Pulitzer Prize recipient, author of Nuclear Renewal and The Making of the Atomic Bomb, Erle C. Ellis, Ph.D, Professor, Geography & Environmental Systems, University of Maryland, Joe Lassiter, Professor, Harvard Business School…

Fermeture de Fessenheim : une erreur industrielle, une hérésie climatique, une gabegie économique

Suite à l’action en justice de la CFE-CGC, le décret de Ségolène Royal actant la fermeture de Fessenheim a été annulé. Une action remarquable et une déclaration tout aussi remarquable et courageuse de la part d’un syndicat qui n’est pas connu comme spécialement revendicatif ( mails il semble que cela change avec leur nouveau président François Hommeril.

Le Conseil d’État fait une leçon de droit public à Ségolène ROYAL et la CFE Énergies obtient l’annulation du décret abrogeant l’autorisation d’exploitation

Fruit d’un caprice politique, le décret de Ségolène ROYAL actant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim a été annulé par le Conseil d’État. La CFE Énergies avait en effet saisi le Conseil d’État en mai 2017 pour faire annuler ce décret où l’État s’était arrogé des droits que la loi ne lui conférait pas, c’est-à-dire de décider à la place de EDF uniquement dans un but politique à quelques jours des élections.

Le 9 avril 2017, Ségolène Royal avait publié en urgence un décret portant abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim, n’hésitant pas à cumuler passage en force, déni de gouvernance et précipitation. La CFE Énergies avait alors dénoncé un décret aussi illégal que précipité. Aucune urgence ne justifiait la précipitation avec laquelle ce décret a été publié, hormis de sombres considérations de tactique politicienne ou d’agitation médiatique en pleine campagne électorale.
La CFE Énergies a contesté cet excès de pouvoir pour non-respect du cadre juridique de la demande d’abrogation qui ne peut qu’émaner de l’exploitant EDF, et non de l’administration. Elle avait donc déposé auprès du Conseil d’État un recours en annulation d’un décret illégal. Suivant l’avis du rapporteur public, le Conseil d’État vient d’annuler le décret contesté par la CFE Énergies, en se rangeant à nos arguments.

Pour la CFE Énergies et les salariés qui persistent à considérer que la fermeture de la centrale
nucléaire de Fessenheim est une erreur industrielle, une hérésie climatique, une gabegie économique et une énorme injustice pour les salariés d’EDF et de la filière nucléaire française, c’est une victoire à la fois juridique mais aussi politique. En matière énergétique, ce sont le pragmatisme, la raison et l’esprit de responsabilité qui doivent plus que jamais prévaloir au moment où le GIEC tire la sonnette d’alarme climatique.

Si la CFE Énergies fait aujourd’hui de l’accompagnement des salariés sa priorité pour qu’ils ne paient pas les pots cassés d’une décision politique irresponsable, elle considère que la décision du Conseil d’État doit conduire chacun à mettre l’intérêt général, l’urgence climatique, l’impératif industriel et la souveraineté énergétique au cœur des décisions.

A l’heure où il rend ses derniers arbitrages sur la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, le Gouvernement doit tirer les conséquences de cette décision du Conseil d’État pour faire les bons choix, de manière rationnelle, pragmatique et responsable. Cela vaut à la fois pour l’avenir du parc nucléaire français, celui des centrales charbon ou l’indispensable évolution de la régulation du système électrique français avec l’objectif de favoriser les investissements industriels de long terme nécessaires à la décarbonation de l’économie.

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Raisons de détester l’Eurokom-14 : L’Europe de la connaissance a fait plouf !


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

L’agenda de Lisbonne . Plouf ! Echec complet !

De tous les sujets traités dans cette série de blogs, c’est peut(être celui qui me touche de plus prêt, et ce sera la plus simple à écrire et le plus rapide tant l’échec est patent. Souvenons-nous ! En mars 2000 était organisé un Conseil européen à Lisbonne, au cours duquel était affirmé l’ « agenda de Lisbonne », soit  l'objectif de « faire de l'économie de l'Union européenne  l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale »

Une priorité des priorités était fixée, devant  permettre d’atteindre ces objectifs : celle de consacrer 3% du PIB à la recherche et au développement (R&D). Un objectif indispensable critique, qui n’avait rien de trop ambitieux ; il laisse cependant l'UE loin derrière le Japon (3,8 %) et les USA, par exemple.
Parmi les initiatives phares de l’agenda de Lisbonne figurait  l'Union de l'innovation. Présentée en octobre 2010 par la Commission, elle devait concentrer les efforts de l’Europe (et sa coopération avec les pays tiers) sur des défis tels que le changement climatique, la sécurité énergétique et alimentaire, la santé et le vieillissement de la population. Elle devait permettre  au secteur public d’intervenir pour stimuler le secteur privé et pour lever les obstacles qui empêchent les idées d'accéder au marché (manque de financement, morcellement des systèmes de recherche et du marché, sous-utilisation des marchés publics pour l’innovation…)

Ah, et aussi, pour rempli le défi de l’Europe de la connaissance, il était affirmé que l’Europe  avait  besoin d’un million de chercheurs supplémentaires…

Et aussi ceci : Le financement de la R&D par le secteur privé devra passer de 56%, valeur enregistrée en 2002, à 66% de l’investissement total dans la R&D

Où en sommes-nous ?

La Suède (3,25% du PIB) et l'Autriche (3,09% du PIB) sont les deux seuls pays parmi les 22 qui ont atteint les objectifs de Lisbonne ( lesquels, rappelons-le devaient être atteint en 2010 !!). Elles sont suivies de l'Allemagne (2,94% du PIB). A l'inverse, la Lettonie (0,44%), la Roumanie (0,48%), et Chypre (0,50%) se placent en bas de tableau. Pour la France, Eurostat indique que les dépenses ont représenté 2,22% du PIB selon des données pour 2015 ( ce qui fait que, en France, les dépenses en R&D n’ont pas augmenté depuis 1996 ( 20 ans de perdus pour la mirifique Europe de la Connaissance !) La moyenne européenne se situe à 2,03%- bien, bien loin des 3% !

Nous avons perdu vingt ans ; Pendant ce temps, quel que soit leur président les USA ont continué à nous surpasser (2.80%), le Corée et le Japon nous écrasent (respectivement 4.23% et 3.29% du PIB) et la Chine nous a dépassé (2.07%). Vous avez pas remarqué la disparition de Nokia, remplacé par Samsung et maintenant HuaWei ?

Le financement de la R&D par le secteur privé en France (et ce n‘est pas le pire !- ni le meilleur) est….toujours de 59 %, soit une augmentation d’un poil de iota en 18 ans. Et attention : il y a là dedans (et heureusement ) 5.2 milliards d’euros de crédit impot recherche (donc avancés par l’Etat)- sur 46.4 milliards de dépenses totales de recherche développement.

Autre exemple : l’agenda de Lisbonne devait permettre au secteur public d’intervenir pour stimuler le secteur privé. Fruit d’un rapport présenté en 2004 par M. Jean-Louis Beffa, la France avait mis en place une  Agence de l’innovation industrielle (AII), qui devait susciter, identifier et sélectionner des programmes susceptible de conduire à des innovations de rupture (programmes mobilisateurs pour l’innovation industrielle,PMII), pour lesquels les financements publics et privés sont défaillant,  participer à leur financement et procéder au contrôle et à l'évaluation périodique de ces programmes. C’était un pas dans la bonne voie, et que croyez-vous qu’il arriva ? Au nom de la concurrence libre et non faussée, et des « distorsions de concurrence » que ce programme pouvait, selon elle, entrainer, la Commission européenne, et tout particulièrement la Commissaire à la concurrence n’a cessé d’entraver le fonctionnement de l’AII qui a jeté l’éponge au bout de deux ans pour revenir à la vielle habitude inoffensive du saupoudrage type Oseo.

Et il n’y a aucun signe que cela va changer.

Un fonctionnement bureaucratique… Quand une présidente du Conseil Européen de la Recherche pète les plombs…

« Le travail de l'agence de financement scientifique de l'Europe a été marqué par les tensions actuelles avec la Commission et des règles bureaucratiques "stupides", ont affirmé des représentants de l'agence aux eurodéputés. Helga Nowotny, qui a été nommée présidente du Conseil européen de la recherche (CER) le mois dernier, souhaite que l'organisation naissante devienne une installation autonome et permanente dans le paysage scientifique complexe de l'UE. Elle a affirmé que le travail de l'agence avait été entravé par la bureaucratie bruxelloise. S'adressant à la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie du Parlement cette semaine (7 avril), elle a affirmé que la structure du CER était défectueuse à la base. Selon ses propos, cela a conduit à une relation compliquée entre les parties scientifique et administrative de l'agence et a créé des problèmes entre le CER et la Direction Générale recherche de la Commission européenne. Elle a décrit la transition du CER en tant qu'agence exécutive de plutôt douloureuse et a blâmé l'esprit bureaucratique de la Commission européenne…

Yves Mény, auteur d‘un rapport sur le CER, parle d’ une bureaucratie fondée sur la méfiance, et a mis l'accent sur les frustrations dues aux règles "stupides" de la bureaucratie imposées aux chercheurs et aux rédacteurs. Les efforts effectués pour que le CER entre en concurrence avec le National Science Foundation (NSF) américain vont échouer à moins que le problème de la bureaucratie ne soit combattu. Si l'agence exécutive a juste pour rôle de servir une bureaucratie encore plus large, ce n'est même plus la peine d'y penser – l'agence ne deviendra pas une organisation de recherche reconnue, a-t-il prévenu.

Depuis ces critiques de 2012, il ne semble pas que le Conseil Européen de la recherche se soit, en quoi que ce soit, hissé au niveau de la NSF….

Les financements par projets- inefficace et bureaucratique

La secte libérale a depuis les années 80 progressivement imposé son idéologie et sa méthode, la nouvelle gestion publique (new public management) qui nie, ou en tous cas minimise, toute différence de nature entre gestion publique et gestion privée. Dans le domaine de la recherche, où il est particulièrement peu adapté, cela se traduit par la suppression quasi-totale des financements récurrents et le recours quasi-exclusif au financement par projets.

Alors s’enclenche une catastrophe bureaucratique  : la réduction des budgets récurrents des unités de recherche pousse de plus en plus les équipes à monter des projets ; les volumes financiers ne suivant pas – ou étant même en réduction – le taux moyen de réussite s’effondre ; un temps considérable est investi par les équipes pour monter des projets qui ont très peu de chances d’aboutir ; le mécanisme de sélection est très lourd ; le montant moyen des projets financés est en baisse. L’efficience globale s’effondre. Bien plus, le formatage des projets de recherche amène à privilégier la faisabilité opérationnelle à l’intérêt scientifique.

On oblige du coup de plus en plus de chercheurs à monter des projets institutionnellement complexes pour répondre à des appels concurrentiels pour des recherches ne nécessitant pas forcément de monter de tels projets ; et ensuite on ne donne pas à ces mécanismes de financement sur projet les moyens cohérents avec leurs ambitions. C’est un mécanisme inefficace  il a été estimé que plus de 35% des ressources sont dépensées en gestion bureaucratique avant même le début du projet…). Dès lors que l’équilibre entre financement structurel et financement par appel à projets est déséquilibré, que le rapport entre projets déposés et projets retenus est déraisonnable, que les volumes unitaires de chaque projet sont faibles et ne permettent pas de « rentabiliser » le coût de sélection sur un volume financier suffisant, c’est la recette pour l’enlisement, le gâchis  et la démotivation.

Et c’est aussi pour cela que l’Europe de la recherche s’est ensablée ! Et ce n’est pas un hasard si l’un des rares succès en matière d’Europe de la recherche, l EMBL (laboratoire européen de biologie moléculaire), a été créé en 1974 sur des principes totalement différents, voire opposés….

Une logorrhée insupportable

L’Europe de la recherche, l’Europe de la connaissance, à l’aune même des objectifs qu’elle s’était fixée à Lisbonne est un échec complet. Cela n’empêche pas les institutions européennes de produire une vérité diarrhée textuelle, une logorrhée verbale et écrite, qui devient de plus en plus insupportable tant elle s’éloigne de toute réalité. Extraits :

« Le programme Horizon 2020, doté de 80 milliards d'euros pour la période 2014-2020, s'axe par ailleurs autour de trois grands piliers : l'excellence scientifique, qui doit permettre de renforcer la position de l'UE dans le domaine scientifique, la primauté industrielle, afin de renforcer l'innovation industrielle et les défis de société. »

« L'Espace européen de la recherche définit la voie européenne vers l'excellence dans la recherche et est un moteur essentiel de la compétitivité européenne à l'ère de la mondialisation. »

« Afin d'atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne en matière d'excellence scientifique et d'innovation, plusieurs organes ont été créés : le centre commun de recherche (JRC), le Conseil européen de la recherche, l'Agence exécutive pour la recherche, l'agence exécutive pour les PME, l'agence exécutive "Innovation et réseaux" et enfin l'Institut européen d'innovation et de technologie »

(Ah, oui, en matière de créations de machins bureaucratiques, l’ Union Européenne doit être championne du monde)

Il serait peut-être intéressant de se pencher sur ce que fait la Chine, qui nous dépasse n. Le Conseil des affaires d’Etat, principal organe administratif et politique de Chine,  qui définit la politique nationale et étrangère, prépare le plan et le budget de l’Etat et joue un rôle central dans la définition de la stratégie nationale de recherche. Au plus haut niveau. Eux croient à la recherche !

Il faut sortir de cette Europe là.


Raisons de détester l’Eurokom-13 : la politique de recherche, l’exemple d’Ariane


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

Ariane : 300, 301…..

Le mardi 25 septembre à 19 h 38 en heure locale de Guyane, soit le mercredi  26 à 0 h 38 en Métropole, le vol VA243 a pris le chemin de l'espace, avec deux satellites à bord, destinés à l'orbite géostationnaire et représentant 10,8 tonnes. Le lanceur lourd a envoyé Horizon 3e sur son orbite de transfert 28 minutes plus tard et largué le second, Azerspace-2/Intelsat 38, 42 minutes après le décollage.

Cette mission qui s’est superbement déroulé présentait un caractère particulier : elle était la centième mission pour Ariane 5 et, en même temps, la 300ème pour l’ensemble de la famille Ariane, qui se compose du lanceur lourd Ariane 5, du lanceur moyen Soyouz et du lanceur léger Vega.
Tiens, à propos pas un commissaire européen, ni un sous-commissaire, ni un représentant du Parlement Européen (ni d’ailleurs un président de la République, ni un ministre, pas même un ministricule) envoyé à Kourou pour féliciter les équipes d’Ariane Space).

Soit, un anniversaire raté : mais il était encore possible de se rattraper avec le 3O1 ème tir d’Ariane, dans la nuit du 19 au 20 octobre 2018, premier acte réussi d’une mission mixte européenne et japonaise prévue pour durer sept ans, l’exploration de la planète Mercure par la sonde BepiColombo. Eh ben, non, toujours personne !

Ah mais il y a peut-être une explication ? C’est que ce succès du programme Ariane qui donne à l’Europe un accès autonome à l’espace (alors que les Américains ne peuvent plus accéder à la station spatiale internationale depuis l’arrêt des navettes !)  ne doit pratiquement rien à l’Europe

Les autres pays d’Europe n’ont pas de politique spatiale !

En même temps que ce 101ème tir, l’excellent périodique La Tribune publiait une interview de l'ancien président du CNES Yannick d’Escatha, qui redressa le CNES en 2003, après l’échec du premier vol de qualification d’Ariane 5. Extraits :

« Il y avait alors au CNES une vraie crise morale profonde, qui était liée à la fois à l'échec du premier vol de qualification d'Ariane 5 ECA en décembre 2002, à une sur-programmation (le CNES avait lancé plus de programmes que ses finances ne le lui permettaient), et au contexte interne (fronde contre Alain Bensoussan, le précédent président »

« Quand j'ai pris la présidence du CNES, il y avait beaucoup d'interrogations en France et en Europe : est-ce qu'on peut continuer la filière lanceurs ? Est-ce qu'on en est capable techniquement et industriellement ? Est-ce qu'on est capable de la financer ? Les autres Etats européens seront-ils d'accord pour nous aider, sachant que la France ne pouvait pas supporter toute seule la filière. Les Etats membres de l'ESA (Agence Spatiale Européenne), tous autant qu'ils étaient, étaient ébranlés et s'interrogeaient sur la continuité de cette filière ».

« J'étais là pour l'Etat français. C'est l'Etat qui m'avait demandé de prendre en charge ce dossier dans toutes ses dimensions, stratégiques, de souveraineté, économiques, industrielles, scientifiques et technologiques. Je n'étais pas un spécialiste du spatial, je ne connaissais pas les lanceurs, mais j'ai eu très vite une conviction : le seul pays d'Europe qui avait une vraie politique spatiale complète, qui avait la volonté de maîtriser l'espace de bout en bout, depuis l'accès à l'espace jusqu'aux nombreuses applications, était la France, et, juste derrière, il y avait l'Italie. Et c'est à peu près tout. Les autres pays d'Europe ont des politiques industrielles, des stratégies d'utilisation et de business de l'espace qui sont très honorables et très sérieuses - ce n'est pas un jugement de valeur - mais ça ne fait pas une politique spatiale »

Conclusion : ce magnifique succès qu’est Ariane, sans laquelle l’Europe n’aurait pas d’accès autonome à l’ Espace ne doit rien aux Institutions européennes, rien à l’Eurokom. Il doit tout à un programme industriel gaullien, typiquement français, plus quelques alliés tels l’Italie qui joua un rôle important.

Il doit y avoir une politique spatiale européenne ! Ariane 6 doit continuer Ariane 5

En décembre 2014, l'Europe spatiale a décidé à Luxembourg de se doter d'un nouveau lanceur beaucoup moins coûteux que l'actuelle Ariane 5. L'objectif est de réduire les coûts de 50%, alors que l'Europe spatiale est sous la pression de la concurrence internationale dans le domaine des lanceurs, notamment celle du groupe américain SpaceX. (Le lanceur réutilisable SpaceX d’Elon Musk a mis beaucoup plus de temps à décoller que prévu, il vient seulement de faire son premier vol avec un étage réutilisé, et iln’est pas du tout sûrt que cette stratégie du lanceur réutilisable soit le meilleure – cf. l’échec final de la pourtant superbe navette US !)

Ariane Group a donc mis au point Ariane 6 et un programme conséquent est déjà prévu : 14 lanceurs ; premier tir en 2020,  cinq en 2021 et huit en 2022. Cette échéance de 2020, nécessaire au programme commercial d’Ariane et à la continuité du programme, sera-t-elle tenue ?

Comme d’habitude, avec l’Europe, c’est dans la crise permanente et l’incertitude, au dernier moment, que se prennent les décisions. En juin 2018,  les 22 Etats membres de l'Agence spatiale européenne ont donné leur accord au financement du programme de transition qui permettra, entre 2020 et 2022,de basculer progressivement d'Ariane 5 à Ariane 6 et se sont engagés sur une nouvelle étape de financements de 300 millions d'euros pour cette transition mais, aussi, pour le nouveau moteur à propergol solide P120C commun aux premiers étages des fusées Vega et Ariane 6.

Il est déjà difficile de réussir un programme avec une telle gestion, mais il y a plus grave. Pour pouvoir commander la fusée Ariane 6 par lots, afin de baisser le coût de fabrication, Ariane Group doit pouvoir compter sur un engagement de commandes d’environ cinq tirs par an. Or cela a été refusé et  Il semble qu'Arianespace devra prendre son bâton de pèlerin pour négocier les contrats un à un, sans garantie des Etats..

La fusée Ariane va donc devoir se débrouiller avec des aides bien inférieures à celles dont bénéficie son concurrent américain SpaceX. Pour comparaison, un récent rapport de la Nasa s'est ému des montants à SpaceX, qui  avait bénéficié de 8,1 milliards de dollars de contrats publics. Les lancements institutionnels, véritables mannes à subvention représentent 57% de tous les lancements aux Etats-Unis, 79% en Russie et 89% en Chine, contre 27% seulement en Europe. Et les lancements militaires, Elon Musk les  facture au prix fort (quatre fois celui des lancements commerciaux. Si c’est pas de la subvention déguisée !

L’Europe doit à Ariane, entre autre, le système d'observation de la Terre Copernicus et le système mondial de communications mobiles (norme GSM) et le système de radionavigation par satellite GALILEO,

Or pourtant, ainsi que le montre le manque de tirs garantis pour Ariane 6, comme le dénonçait M. D’ d’Escatha, l’Europe n’a pas de politique spatiale, contrairement aux USA, à la Chine, à la Russie, au Japon, à l’Inde. Elle est possiblement en train de faire échouer Ariane 6 et de disparaître complètement de l’Espace. Si la France devait se retrouver trop seule, Bruno Le Maire a indiqué qu’il  pourrait imposer la fin du programme.

L’Europe n’a pas de politique spatiale, Pas plus d’ailleurs qu’elle n’a de politique de recherche et de développement (cf. blog suivant).



lundi 22 octobre 2018

Raisons de détester l’Eurokom-12 : la politique énergétique


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

L’Europe met le paquet vers toujours plus de libéralisation

La commission européenne a livré en 2018 son 4ème paquet (le Winter Package !) de recommandations et directives  intitulé « une énergie propre pour tous les européens ». Ces textes ont vocation à devenir – après vote du parlement européen, puis du conseil, des règlements d’application immédiate dans tous les secteurs concernés ou des directives à transposer en droit français avant mise en œuvre.
L’Europe de l’Energie (après celle de la métallurgie et du charbon !) s’est mise en route au début des années 1990. Le premier paquet concerna la libéralisation du marché de l’énergie ; le deuxième paquet (2003 ) a organisé un accès régulé des tiers au marché et la libéralisation pour tous les particuliers. Le troisième paquet (2009) a imposé l’indépendance des GRT (réseaux de transport) et un réseau européen de  gestionnaires de réseaux de transport, l’ENTSOs. 

Donc l’Europe ne s’est soucié jusqu’à présent  que d’une seule chose :la dérégulation du secteur de l’énergie, démanteler le service public, piller le patrimoine des citoyens des différents états au service de firmes privées.  

Ce quatrième paquet énergie,  aussi l’occasion de montrer comme l’Europe (l’Eurokom) dysfonctionne. Ce sont 5000 pages porteuses d’éléments à forts impacts pour l’avenir des salariés, des entreprises, des clients, qui vont encore plus dans le sens de la libéralisation du marché de l’énergie et de la dérèglementation, au point de mettre en péril l’accès égal de tous à l’énergie, et d’ailleurs l’accès à l’énergie tout court.   Or  parmi les rapporteurs des textes au parlement européen, il n’y a aucun parlementaire français, et  selon la pratique européenne, Il ne faut pas compter sur des marges de manœuvre possibles lors de la déclinaison !!! au parlement français – il sera alors trop tard. Et le calendrier politique en France ne facilite pas l’implication des hommes politiques français- à l’exception notable des Sénateurs de l »’Ancien Monde » ( c’est-à-dire pas des beni oui oui du libéralisme d’En Marche) qui à travers un rapport sénatorial très fourni ont publié une très sévère et inquiète mise en garde : cf. Rapport n°435 de la Commission des Affaires économiques, 22 février 2017, L. Poniatowski, J. Bizet et M. Delebarre)

Les points principaux mis en avant dans ce quatrième paquet par la Commission sébatoriales sont les suivant :

La suppression des tarifs régulés, tel que les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité

Les textes demandent un arrêt immédiat des tarifs particulier réglementés de l’électricité et du gaz. Outre les pertes de part de marché attendues pour les entreprises et l’impact sur les emplois commerciaux du segment particulier, la mesure est sans justification dès lors que ces tarifs sont contestables par les fournisseurs alternatifs. Leur suppression expose le consommateur d’autant plus   que d’autre mesures rendent obligatoires de proposer au consommateur une tarification dynamique (indexée sur le prix marché) et qu’une autre prévoit le déplafonnement total des prix de gros de l’électricité et l’interdiction d’un prix plancher…
Une tarification dynamique qu’es aco ? une étude de la CRE (Commission de régulation de l’énergie) montre qu’un pic extrême aboutirait à multiplier par 1000 la valeur du prix horaire, soit en une heure l’équivalent d’une semaine ou un mois de consommation. C’est lorsque vous aurez vraiment besoin de chauffage que vous le paierez très très cher !!!!

Les Mécanismes de capacité remis en cause et les contrat long terme non confortés… Vers le black out 
!
Les mécanismes de capacité (ils sont indispensables pour assurer la sécurité d’approvisionnement électrique aux périodes de pointe de consommation), dans un contexte durablement marqué par l’essor de la production d’électricité intermittente  devraient se trouver confortés. Pourtant il n’en est rien : conditionnés à la réalisation d’une étude à l’échelle européenne, révisés annuellement  et qui plus est sans  cadre de réciprocité entre états membres, comment pourraient-ils conforter les investissements et mener une politique de long terme ?
De manière assez étrange, les mécanismes de capacité allemands reposant sur des centrales à charbon !!!! se trouvent confortés tandis que ceux d’EDF seraient invalidés. Comme quoi le lobbying européen est important et certains le pratiquent mieux que d‘autres.

Droit des « communautés d’énergies renouvelables » de produire, consommer, stocker et vendre de l’énergie… mais aucune étude sur la stabilité du réseau et la fin de l’égalité tarifaire (péréquation géographique)

Avec le développement des ENR et leurs intégrations  le droit des « communautés d’énergies renouvelables » de produire, consommer, stocker et vendre de l’énergie est affirmé (ainsi que le  droit à l’autoconsommation d’ENR individuelle et collective et à la vente des surplus d’électricité). L’encadrement de ces nouveaux modèles énergétiques plus décentralisés est absolument nécessaire pour préserver la solidarité entre les territoires et la péréquation tarifaire. Aucune des conséquences possibles et gravissimes sur l’optimisation des réseaux et la sécurité même de l’approvisionnement ne sont envisagées, non plus que sur la robustesse du mode de financement des réseaux. Fort légitimement, le Sénat s’est intéressé aux effets néfastes attendus sur l’égalité entre les territoires et la péréquation et a publié un rapport très critique sur la quatrième paquet.

Tout cela s’ajoute au lourd bilan des paquets précédents.

Le lourd bilan des paquets précédents : la loi Nome !

La mécanique (made in Bruxelles) infernale de la loi Nome (la libéralisation) est implacable : Lorsque les coûts de production d’EDF sont supérieurs à ceux d’un marché surcapacitaire, EDF n’a pas le droit de vendre à perte à ses clients, mais doit produire à perte pour ses « compétiteurs » qui, eux, feront des bénéfices, en revendant à un coût supérieur auquel EDF les livre.  Et lorsque les coûts de production d’EDF sont inférieurs à ceux du marché, EDF est obligé de vendre une partie de son électricité à ses compétiteurs.

Exemple tiré de La France dans le Noir (remarquable ouvrage de M. Hervé Machenaud  ( Les Belles Lettres)  « C’est ainsi qu’avec les premiers froids de l’hiver 2016 et l’indisponibilité d’un certain nombre de centrales nucléaires, les prix ont beaucoup monté en Europe , en particulier sous l(effet des importations réalisées par EDF. . Les concurrents d’EDF se précipitent sur son électricité nucléaire titre Le Figaro du premier décembre. Pourquoi se gêneraient-ils ? Acheter 42 euros un MWh qu’ils vont revendre (éventuellement à EDF) 70 euros n’est-il pas tentant ?... Un monde de fous ! « Obliger EDF à vendre à ses concurrents à 42 euros le MWh risque de peser sur sa rentabilité  déclare Paul Marty, analyste chez Moody’s.

Exemple par l’absurde : le premier janvier 2018, il faisait relativement bon, il y avait du vent. Production très importante éolienne en France et en Europe, sauf qu’il n’ y avait aucun besoin industriel et peu de vesoin domestique. Résultat sur le marché  l’électricité était achetée à 82 euros le MW par EDF (prix garantis Cochet oblige) et vendue à -15 euros ! le MW, ce qui coûte aux Français 97 euros le Mw ! Le lobby des margoulins de l’éolien remercie bien l’Europe et les Verts !

Le lourd bilan des paquets précédents :  la privatisation des barrages hydroélectriques.

Donc la Commission Européenne  a décidé d’imposer la concurrence sur l’énergie hydroélectrique. Pourtant, il s’agit d’un marché naturellement limité et concernant des ressources publiques – 1) on ne peut pas construire autant de barrages que l’on veut. 2) C’est une industrie où la sécurité est primordiale et le profit ne peut être le seul moteur – les barrages ont tué plus que le nucléaires. 3) C’est un secteur qui a été relativement négligé ces dernières années et qui nécessite de gros investissements.
Eh bien, rien n’ y fait, et la très redoutable et rigide  Commissaire à la Concurrence, Margareth Vestager a expédié en novembre 2015 un véritable missile : « La Commission considère que les mesures par lesquelles les autorités françaises ont attribué à EDF et maintenu à son bénéfice l’essentiel des concessions hydroélectriques en France sont incompatibles avec l’article 106 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ». A l’inverse de ce pays socialo-bolchevik, qu’est la Suisse, qui défend et investit généreusement dans son service public d’Etat de l’électricité hydraulique, l’Europe nous impose un bradage et une dégradation de l’hydroélectrique. Inquiets, révoltés, déboussolés, les hydrauliciens  d’EDF ont fait, coup sur coup, deux grèves très suivies, dans une indifférence  assez générale (plus de 60% de grévistes)
L’énergie est trop sérieuse pour être abandonnée au marché, surtout si l’on veut respecter les objectifs de la COP21. EDF doit pouvoir rester un champion de l’hydraulique en France et à l’étranger

La folie de la secte libérale de l’Eurokom

C’est donc une concurrence non pas normale, mais de nature parasitaire, qu’a mis en place la folle  politique européenne de libéralisation de l’énergie. C’est une recette infaillible vers la catastrophe économique et sociale. Il suffisait de savoir comment a tourné la déréglementation de l’électricité en Californie en 1990 ; en moins de dix ans, elle a provoqué une catastrophe nécessitant la fin de l’expérience, avec de nombreuses pannes, des prix en hausse et un parc de production fortement dégradé. Pourquoi ? Les producteurs privés n’ont eu aucun intérêt à des investissements lourds pour maintenir ou améliorer la production et la distribution de l’électricité… puisqu’il leur suffisait de vendre de plus en plus cher une électricité de moins en moins abondante !

Toutes les caractéristiques, toutes, absolument toutes, du « marché » de l’électricité : produit non stockable, besoin d’adaptation immédiate à la demande, lourds investissements et grande intensité capitalistique, garantie d’approvisionnement, garantie absolue de sécurité, égalité des clients et des territoires, besoin essentiel de l’industrie et des particuliers pointent vers ceci : le marché de l’électricité n’est pas un marché comme les autres, il ne  peut pas, quant à son cœur de métier, être libéralisé.

Mais la secte libérale de l’Eurokom ne veut rien entendre et met le paquet vers toujours plus de libéralisation. Il faut les arrêter, et sortir de cette Europe-là.

Quelques commentaires du rapport sénatorial (Rapport n°435 de la Commission des Affaires économiques- très instructif sur le mode de gouvernement de l’Eurokom.

« Le dogme selon lequel le marché pur serait gage d’harmonie absolue pour tous les consommateurs, les producteurs et les territoires inspire largement les textes. Le passage de compétences en principe partagées entre l’état et l’UE à une compétence européenne quasi exclusive se fait sentir sur un certain nombre de points. L’utilisation excessive des normes et règlements au détriment d’une ambition politique est évidente. »

« On regrettera cependant qu’un tel volume (5000 pages), en partie justifié par la technicité des sujets abordés, rende malgré tout difficile son appropriation par les citoyens. J’ajoute que cela fait déjà presque trois mois que les textes ont été présentés et que de nombreux volets ne sont pour autant toujours pas traduits en français !
L’électricité est un bien de première nécessité, ce que la Commission européenne semble oublier… »

« En matière de compétence européenne sur l’énergie, nous sommes passés d’une compétence partagée à une compétence imposée ! »

« Toute évaluation de la politique européenne, et en particulier, un bilan indépendant de la Commission des étapes précédentes de la politique de libéralisation de l’énergie s’avère impossible à obtenir : « Mon intention était que la Commission européenne nous fournisse un rapport avec des chiffres sur longue période, couvrant l’ensemble de l’Europe, pour comparer les objectifs initiaux et les résultats de la construction du marché intérieur de l’électricité. »
Ce dernier texte était une proposition d’amendement de M.  Montaugé, sénateur socialiste. Refusé car impossible : la Commission ne fournit aucune évaluation de ses politiques

Il y a comme un petit problème, non ?????



dimanche 21 octobre 2018

Jours de colères (2) : Je ne veux pas manger Halal !


L’abattage Halal, même si vous l’ignorez, même si vous n’en voulez pas !

Un jour de colère, provoqué par la conjonction  de deux informations :

1) Hakim El Karoui, travaillant pour l’Institut Montaigne, à propos de l'organisation de l'islam de France, propose d’instaurer une taxe sur le Halal, pilotée par une institution nouvelle chargée d’organiser et de financer le culte musulman. Ce rapport remis au président Macron correspond à sa volonté, affirmée devant les parlementaires réunis en Congrès, : « à l’automne, l’islam de France sera organisé ».
Le rapport préconise la taxation des produits halal, qui pèse cinq à six milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année en France. La présidence de la République et la république en marche (vers quoi, au fait), ont confirmé qu’il s’agit d’une piste sérieuse.

 2) Hebdomadaire Marianne, 11 october 2018 : interview d’une bouchère de l’est parisien : « On ne travaille qu’avec des abattoirs de province, notamment Alençon, parce que nous ne voulons pas que les bêtes que nous vendons passe par le circuit halal, systématique en ile de France. Mon mari était carrossier. Quand il a fait sa reconversion, il a visité un de ces abattoirs, il est revenu traumatisé par la souffrance des bêtes qu’on n’étourdissait pas . Il a failli tout lâcher. »

Ainsi, on propose de financer l’islam en pérennisant une pratique barbare, génératrice d’immense souffrance, dangereuse d’un point de vue sanitaire et  qu’il faudrait  interdire (quelques pays européens l’ont déjà fait). Et au passage, on apprend que, certains abattoirs jugeant que gérer une chaine d’abattage Halal et une chaine avec étourdissement préalable coutait trop cher…sont passés à une pratique exclusivement halal. Donc, sans le savoir, sur toute une partie de territoire (l’Île de France, notamment !!), il n’y a que de l’abattage Halal. Et bien sûr, les consommateurs ne sont pas prévenus, et soutiennent ainsi des pratiques qui leur répugnent, mangent une viande non conforme à leurs souhaits et à leurs habitudes, et, cerise, sur le gâteau, financent le culte musulman.

L’abattage Halal, réalité et dangers !

Le principe de l’abattage halal est le suivant : l’animal n’est pas du tout étourdi préalablement à la saignée, alors que la pratique de l’étourdissement existe chez nous depuis toujours. On pratique directement un égorgement large jusqu’aux vertèbres sectionnant toutes les structures anatomiques, et notamment l’œsophage et la trachée. L’animal est tourné vers la Mecque et le sacrificateur musulman doit être en « état de pureté rituelle ».
Le vétérinaire Alain de Peretti précise : « En abattage traditionnel, l’animal étourdi est décontracté, et la saignée peut se faire de façon très précise et se limite aux vaisseaux. L’œsophage est ligaturé. Après l’étourdissement, il est immédiatement suspendu pour être saigné. L’opération est extrêmement propre : le sang s’écoule sur le caillebotis et est parfaitement récupéré.
– En abattage halal, on égorge jusqu’à la vertèbre : l’artère carotide, la veine jugulaire, la trachée et l’œsophage sont totalement sectionnés. A partir de l’œsophage, des souillures de régurgitation de l’estomac vont venir salir toute la zone, aller dans la trachée jusqu’au poumon puisque l’animal respire toujours, et possiblement aller contaminer le reste de la carcasse. L’animal est immobilisé dans un piège rotatif, qui génère un stress énorme puisqu’il se retrouve en position inversée. La saignée se fait dans un bain de sang terrible, et ce sang est répandu sur tout le piège. Or, le piège ne peut être nettoyé à chaque animal, donc les animaux se succèdent et baignent dans un « bouillon de culture de sang, de déjections liées à la peur, de régurgitation, et tout ça reste joyeusement mélangé à température durant toute une journée… ». L’animal met au minimum un quart d’heure avant de mourir.

En décembre 2006, l’Académie vétérinaire de France a alerté sur les dangers de l’abattage sans étourdissement. Les risques bactériens sont multiples : souches mutées d’Escherichia Coli, salmonelles, staphylocoques dorés, et même les prions. L’abattage halal est aujourd’hui montré du doigt comme une cause possible des augmentations d’épidémies de gastro-entérites. L’absence des règles les plus élémentaires d’hygiène augmente aussi  considérablement le risque de résistance des bactéries aux antibiotiques.

Les dangers sanitaires réels de l’abattage Halal sont minorés dans la cuisine traditionnelle arabe car les viandes y sont très cuites. Mais attention : amateurs de steak tartares ou de bavettes saignantes, vous mettez votre santé en danger, puisque vous avez une grande chance de consommer de la viande halal sans le savoir !

Les pouvoirs publics sont parfaitement au courant, ainsi la circulaire ministérielle du 23 avril 2007 impose que la viande des cantines soit fortement cuite. Enfants de nos cantines,, si vous ne trouvez que  de la semelle infâme dans vos assiettes, vous savez pourquoi !

L’abattage halal, symbole et conséquence de la barbarie intégriste.

L'abattage sans étourdissement préalable est interdit en Suisse depuis 1893, en Norvège depuis 1929, en Suède depuis 1937, au Danemark depuis 2014, ainsi que l'Islande et le Liechtenstein. Aux Pays-Bas les abattoirs halal et casher seront obligés d’étourdir l’animal si celui-ci n’a pas perdu connaissance dans les quarante secondes qui suivent l’égorgement. En dehors de l'Europe, la Nouvelle-Zélande impose l'étourdissement depuis 2010. Et Australie, la quasi-totalité des abattoirs pratiquent l'étourdissement avant l'abattage.
Jamais en retard d’une lâcheté, la Commission Européenne, contrairement à ce demandaient certains députés, a refusé de légiférer et a seulement publié quelques propositions, dont celle de « développer les recherches sur l’étourdissement réversible chez les ovins et les bovins », de « procéder à une évaluation du dispositif de traçabilité et en améliorer le fonctionnement », de « poursuivre le débat avec les communautés religieuses et les scientifiques au sein du comité national d’éthique des abattoirs », et enfin de « prévoir, sous le contrôle de l’État, une formation pratique des sacrificateurs et subordonner l’agrément religieux à la détention établie de cette compétence technique »…ce qui revient en fait à officialiser et maintenir l’abattage Halal ( un halal modéré !!!).

La situation de barbarie et de tromperie actuelle n‘a rien d’inévitable. Elle constitue tout d’abord une formidable régression, un désaveu et l’annihilation d’un combat de plus de cinquante ans, celui de l’ OABA (l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs). Se donnant pour mission que «les bêtes qui nous nourrissent aient une vie et une mort sans souffrance», l'Oaba fut à l'origine du décret de 1964 rendant obligatoire l'étourdissement des bêtes avant leur égorgement, un progrès décisif repris par Bruxelles en 1974, et aujourd’hui remis en cause, par la conjonction de l'industrialisation du marché de la viande et de la montée de l'intégrisme religieux. Et dans ces conditions il ne faut pas s’étonner que des associations plus activistes que l’Oaba s’imposent.

Mais surtout, les musulmans peuvent parfaitement se passer de l’abattage halal. Il existait depuis longtemps en France une possibilité de dérogation à la loi commune permettant à l'abattage rituel (kasher et halal) d'échapper à l’obligation d’étourdissement. Et depuis très longtemps, les musulmans de France ne s'en prévalaient pas, suivant les consignes de la Grande Mosquée de Paris qui acceptait l'étourdissement, comme beaucoup de musulmans progressistes en Europe (Danemark, Suède, Allemagne, Suisse, Autriche) ou même dans certains pays musulmans (Jordanie, Indonésie, Malaisie).

Mais la montée des Frères musulmans et leur emprise sur le Conseil français du culte musulman ont entrainé le décuplement de l'abattage halal, aujourd'hui pratiqué dans plus de la moitié des abattoirs pour ruminants. La massification de la dérogation a eu un effet démobilisateur, tant sur le personnel (pourquoi respecter la bête sur une chaîne quand on s'en passe sur une autre ?) que sur des patrons d'abattoir pressés par la guerre des bas prix et qui ont sauté sur l'occasion de faire de la dérogation la règle : généraliser l'abattage halal coûte moins cher que de faire deux chaînes distinctes en réduisant les frais de personnel et de nettoyage. Autre remarque : lorsque le Danemark a récemment défendu l’abattage halal, les autorités religieuses musulmanes du pays ont simplement fait savoir qu’ils se plieraient à la loi…

Cette barbarie en regain récent de l’abattage halal est un marqueur de la barbarie intégriste, non de l’islam. Cette formidable régression s’impose en raison de la propagande islamiste, de l’avidité de certains prêts à tout tolérer pour préserver leurs gains, mais aussi et surtout de  la lâcheté de la société française et de la plupart de ses intellectuels, se conchiant à l’idée d’être accusés d’islamophobie.

Rappelons la position de l’impeccable Charb (martyr de l’intégrisme islamiste)  : «Les élus de la République devraient militer pour l'interdiction totale de l'abattage rituel, non seulement au non de la souffrance animale, mais aussi parce que la loi doit être la même pour tous.»

L’abattage Halal doit être interdit, et surement pas servir de financement à l’islam en France.

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