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samedi 27 octobre 2018

Raisons de détester l’Eurokom-13 : la politique de recherche, l’exemple d’Ariane


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

Ariane : 300, 301…..

Le mardi 25 septembre à 19 h 38 en heure locale de Guyane, soit le mercredi  26 à 0 h 38 en Métropole, le vol VA243 a pris le chemin de l'espace, avec deux satellites à bord, destinés à l'orbite géostationnaire et représentant 10,8 tonnes. Le lanceur lourd a envoyé Horizon 3e sur son orbite de transfert 28 minutes plus tard et largué le second, Azerspace-2/Intelsat 38, 42 minutes après le décollage.

Cette mission qui s’est superbement déroulé présentait un caractère particulier : elle était la centième mission pour Ariane 5 et, en même temps, la 300ème pour l’ensemble de la famille Ariane, qui se compose du lanceur lourd Ariane 5, du lanceur moyen Soyouz et du lanceur léger Vega.
Tiens, à propos pas un commissaire européen, ni un sous-commissaire, ni un représentant du Parlement Européen (ni d’ailleurs un président de la République, ni un ministre, pas même un ministricule) envoyé à Kourou pour féliciter les équipes d’Ariane Space).

Soit, un anniversaire raté : mais il était encore possible de se rattraper avec le 3O1 ème tir d’Ariane, dans la nuit du 19 au 20 octobre 2018, premier acte réussi d’une mission mixte européenne et japonaise prévue pour durer sept ans, l’exploration de la planète Mercure par la sonde BepiColombo. Eh ben, non, toujours personne !

Ah mais il y a peut-être une explication ? C’est que ce succès du programme Ariane qui donne à l’Europe un accès autonome à l’espace (alors que les Américains ne peuvent plus accéder à la station spatiale internationale depuis l’arrêt des navettes !)  ne doit pratiquement rien à l’Europe

Les autres pays d’Europe n’ont pas de politique spatiale !

En même temps que ce 101ème tir, l’excellent périodique La Tribune publiait une interview de l'ancien président du CNES Yannick d’Escatha, qui redressa le CNES en 2003, après l’échec du premier vol de qualification d’Ariane 5. Extraits :

« Il y avait alors au CNES une vraie crise morale profonde, qui était liée à la fois à l'échec du premier vol de qualification d'Ariane 5 ECA en décembre 2002, à une sur-programmation (le CNES avait lancé plus de programmes que ses finances ne le lui permettaient), et au contexte interne (fronde contre Alain Bensoussan, le précédent président »

« Quand j'ai pris la présidence du CNES, il y avait beaucoup d'interrogations en France et en Europe : est-ce qu'on peut continuer la filière lanceurs ? Est-ce qu'on en est capable techniquement et industriellement ? Est-ce qu'on est capable de la financer ? Les autres Etats européens seront-ils d'accord pour nous aider, sachant que la France ne pouvait pas supporter toute seule la filière. Les Etats membres de l'ESA (Agence Spatiale Européenne), tous autant qu'ils étaient, étaient ébranlés et s'interrogeaient sur la continuité de cette filière ».

« J'étais là pour l'Etat français. C'est l'Etat qui m'avait demandé de prendre en charge ce dossier dans toutes ses dimensions, stratégiques, de souveraineté, économiques, industrielles, scientifiques et technologiques. Je n'étais pas un spécialiste du spatial, je ne connaissais pas les lanceurs, mais j'ai eu très vite une conviction : le seul pays d'Europe qui avait une vraie politique spatiale complète, qui avait la volonté de maîtriser l'espace de bout en bout, depuis l'accès à l'espace jusqu'aux nombreuses applications, était la France, et, juste derrière, il y avait l'Italie. Et c'est à peu près tout. Les autres pays d'Europe ont des politiques industrielles, des stratégies d'utilisation et de business de l'espace qui sont très honorables et très sérieuses - ce n'est pas un jugement de valeur - mais ça ne fait pas une politique spatiale »

Conclusion : ce magnifique succès qu’est Ariane, sans laquelle l’Europe n’aurait pas d’accès autonome à l’ Espace ne doit rien aux Institutions européennes, rien à l’Eurokom. Il doit tout à un programme industriel gaullien, typiquement français, plus quelques alliés tels l’Italie qui joua un rôle important.

Il doit y avoir une politique spatiale européenne ! Ariane 6 doit continuer Ariane 5

En décembre 2014, l'Europe spatiale a décidé à Luxembourg de se doter d'un nouveau lanceur beaucoup moins coûteux que l'actuelle Ariane 5. L'objectif est de réduire les coûts de 50%, alors que l'Europe spatiale est sous la pression de la concurrence internationale dans le domaine des lanceurs, notamment celle du groupe américain SpaceX. (Le lanceur réutilisable SpaceX d’Elon Musk a mis beaucoup plus de temps à décoller que prévu, il vient seulement de faire son premier vol avec un étage réutilisé, et iln’est pas du tout sûrt que cette stratégie du lanceur réutilisable soit le meilleure – cf. l’échec final de la pourtant superbe navette US !)

Ariane Group a donc mis au point Ariane 6 et un programme conséquent est déjà prévu : 14 lanceurs ; premier tir en 2020,  cinq en 2021 et huit en 2022. Cette échéance de 2020, nécessaire au programme commercial d’Ariane et à la continuité du programme, sera-t-elle tenue ?

Comme d’habitude, avec l’Europe, c’est dans la crise permanente et l’incertitude, au dernier moment, que se prennent les décisions. En juin 2018,  les 22 Etats membres de l'Agence spatiale européenne ont donné leur accord au financement du programme de transition qui permettra, entre 2020 et 2022,de basculer progressivement d'Ariane 5 à Ariane 6 et se sont engagés sur une nouvelle étape de financements de 300 millions d'euros pour cette transition mais, aussi, pour le nouveau moteur à propergol solide P120C commun aux premiers étages des fusées Vega et Ariane 6.

Il est déjà difficile de réussir un programme avec une telle gestion, mais il y a plus grave. Pour pouvoir commander la fusée Ariane 6 par lots, afin de baisser le coût de fabrication, Ariane Group doit pouvoir compter sur un engagement de commandes d’environ cinq tirs par an. Or cela a été refusé et  Il semble qu'Arianespace devra prendre son bâton de pèlerin pour négocier les contrats un à un, sans garantie des Etats..

La fusée Ariane va donc devoir se débrouiller avec des aides bien inférieures à celles dont bénéficie son concurrent américain SpaceX. Pour comparaison, un récent rapport de la Nasa s'est ému des montants à SpaceX, qui  avait bénéficié de 8,1 milliards de dollars de contrats publics. Les lancements institutionnels, véritables mannes à subvention représentent 57% de tous les lancements aux Etats-Unis, 79% en Russie et 89% en Chine, contre 27% seulement en Europe. Et les lancements militaires, Elon Musk les  facture au prix fort (quatre fois celui des lancements commerciaux. Si c’est pas de la subvention déguisée !

L’Europe doit à Ariane, entre autre, le système d'observation de la Terre Copernicus et le système mondial de communications mobiles (norme GSM) et le système de radionavigation par satellite GALILEO,

Or pourtant, ainsi que le montre le manque de tirs garantis pour Ariane 6, comme le dénonçait M. D’ d’Escatha, l’Europe n’a pas de politique spatiale, contrairement aux USA, à la Chine, à la Russie, au Japon, à l’Inde. Elle est possiblement en train de faire échouer Ariane 6 et de disparaître complètement de l’Espace. Si la France devait se retrouver trop seule, Bruno Le Maire a indiqué qu’il  pourrait imposer la fin du programme.

L’Europe n’a pas de politique spatiale, Pas plus d’ailleurs qu’elle n’a de politique de recherche et de développement (cf. blog suivant).



1 commentaire:

  1. aussi sur https://eurokomonaimepas.blogspot.com/2019/01/presentation-de-ce-blog-debattre-de.html

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