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dimanche 25 novembre 2018

Après les gilets jaunes du fuel, les gilets jaunes électriques


La fermeture de centrales nucléaires, c’est l’assurance d’une explosion du prix de l’électricité

En France, le parc électronucléaire est constitué de 58 réacteurs en activité, répartis dans 19 centrales. Deux de ces réacteurs sont implantés sur la commune de Fessenheim dans le Haut-Rhin (en Alsace). Disposant chacun d’une puissance électrique de 900 MW, ils ont fourni, en cumul, près de 2,4% de la production électrique française en 2015 et 1,6% de celle-ci en 2016. En 2016, la centrale nucléaire de Fessenheim a généré près de 8,4 TWh, soit l'équivalent d'environ 65% de la consommation alsacienne d'électricité. Près de 1 100 personnes travaillent en permanence sur le site (850 salariés d’EDF et près de 250 salariés permanents d’entreprises extérieures). Lors des arrêts pour maintenance, il s’ y ajoute 600 à 2 000 personnes supplémentaires, issues de sociétés prestataires. Au niveau local, la centrale de Fessenheim représente 47,1 millions d’euros en 2016, dont 15,9 millions d'euros au titre de la taxe sur les installations nucléaires, 14,3 millions de redevance voie navigable et 2,1 millions d’euros de taxe foncière. Les investissements moyens dans la centrale (maintenance et amélioration de la sûreté) ont représenté  128 millions d’euros en 2016.

EDF souhaitait poursuivre l’exploitation au-delà de 40 ans, pour une durée minimale de 50 ans. L’Autorité de Sûreté Nationale (ASN) a validé cette prolongation à chacune de ses visites décennales, la dernière d’entre elles ayant été effectuée en 2009/2010 pour le réacteur 1 et en 2011/2012 pour le réacteur 2 de la centrale. Fermer Fessenheim n’est donc pas une question de sécurité !

Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi ? Un remplacement progressif du nucléaire par de l’éolien stocké coûte donc environ 6 fois plus qu’avec du nucléaire à 60 ans, sans faire rien gagner sur les émissions de CO2 par ailleurs. Avec le photovoltaïque les investissements seraient multipliés par un facteur 5 à 10 par rapport à l’éolien (donc 50 par rapport au nucléaire), à consommation identique ! En passant, lorsqu’on s’inquiète avec un peu de raison du dérapage de la construction de l’EPR, eh bien, l’EPR, son coût il peut dériver encore 5 fois, 10 fois, il sera encore moins cher que les énergies renouvelables, compte-tenu du flux d’électrons qu’il relâchera !

Ce qui veut dire aussi que la fermeture de centrales nucléaires, si elle devait être actée par la PPE, c’est l’assurance d’une explosion du prix de l’électricité. Après les gilets jaunes de l’essence, préparez-vous aux gilets jaunes de l’électricité.

Et aux restrictions autoritaires ! Remember : Le compteur Linky est prévu pour pouvoir vous « effacer » du réseau !

Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi ? Eh bien, dans l’immédiat, par les centrales au charbon (voire au lignite !) allemandes, les plus polluantes et les carbonnées qui soient. Vive la pollution en Alsace et en France !

Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi pour les travailleurs d’EDF, pour les habitants de la région ? Ben, on sait pas trop ! Et si ce sont 4, 6 centrales nucléaires de plus qu’on ferme ?

Fermer Fessenheim, c’est un scandale écologique, économique, social, sanitaire, c’est une absurdité idéologique, c’est une magouille pour complaire aux écologistes bigots et rétrogrades et scientifiquement ignares. C’est révoltant et inacceptable, c’est brader le patrimoine technologique français et les efforts de nos parents qui ont construit le nucléaire français.
Et fermer d’autres centrales nucléaires, encore plus ! Le nucléaire est certes hors de prix, mais les alternatives non carbonées sont bien plus chères !

 « Tout le monde est d’accord pour  réduite la part du nucléaire à 50% » Eh bien non !

C’est une des  déclarations de Hulot, qui prend de plus en plus l’aspect d’un prophète sectaire et déjanté bourré de tics, jouant et rejouant l’annonce de l’Apocalypse, manipulant les peurs, jouant sur l’indignation (parfois justifiée), la colère, la culpabilisation,  en perpétuelle séquence émotion, ce qui le dispense de toute raison et de toute argumentation scientifiquement fondée.

Non M. Hulot, tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la part du nucléaire à 50% dans la production électrique, et en particulier pas les scientifiques du Giec. Tous les scenarios du GIEC qui permettent de limiter la hausse de la température moyenne du globe à moins de 1.5° en 2100 ; tous ! incluent une augmentation significative de la part du nucléaire ! (de 59-106% d’ici 2030, de 98-501% d’ici 2050. Le respect des objectifs climatiques nécessitera de multiplier par six les capacités nucléaires mondiales. Et pour la France, la recommandation spécifique est de commencer dès maintenant la construction de nouveaux EPR, compte-tenu des délais de mise en route effective  pour des raisons plus administratives que techniques !). Nous sommes déjà exemplaires sur le plan de la décarbonation de l’électricité (mais pas sur celui des transports, du diesel, de l’isolation thermique), pourquoi revenir en arrière et priver la France d’une énergie durable, décarbonnée, économiquement très compétitive,  pourvoyeuse d’emplois durables et qualifiés, bonne pour le climat et la pollution, et dont nous étions les leaders mondiaux, avec une solide expertise !
Et pas plus l’ensemble des scientifiques internationaux qui ont adressé au Pt Macron une lettre pour lui faire part de leur inquiétude devant votre décision d'éloigner la France d'une production nucléaire propre, soulignant que « toute réduction de la production nucléaire en France aura pour effet d'augmenter la production d'électricité par des combustibles fossiles, donc la pollution ».

Et pas plus les dizaines de milliers de citoyens français (~40.000) et les centaines d’organisations représentatives, bons connaisseurs des problématiques énergétiques) , qui ont tenu à participer au Grand Débat sur la PPE ( programmation de la politique énergétique), qui à la grande surprise du rapporteur et du gouvernement, ont contesté  « la cohérence des deux objectifs de décarbonation et de modification du mix (notamment baisse du nucléaire ». Conclusion du rapporteur : « Une offensive forte pour remettre en cause la loi elle-même ainsi que ceux qui l’incarnent ou la pilotent », et notamment la baisse de la production nucléaire. Puisque c’est lui qui le dit !

Et pas plus cette syndicaliste de l’alliance UNSA/CFE-CGC (Mme Autissier), qui signe dans Le Monde du 25 novembre 2018 une tribune justement intitulée, « Non, tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la part du nucléaire ». Citations : « Pour réduire la part du nucléaire à 50 % de la production totale à l’horizon de 2030, Ampère préconise la fermeture de 16 réacteurs entre 2020 et 2030, réduisant le parc nucléaire de 63 gigawatts (GW) à environ 50 GW. Pour arriver à 50 % d’électricité nucléaire en 2035, Volt préconise pour sa part la fermeture de 9 réacteurs et un parc nucléaire de 55 GW.

De tels scénarios conduiront inéluctablement à des arrêts d’activité dans nos régions et généreront des pertes d’emplois – avec leurs conséquences sur la vie locale. Le scénario Ampère entraînera la suppression de 70 000 à 120 000 emplois directs, indirects et induits, tandis que le scénario Volt ferait perdre entre 35 000 et 65 000 emplois. En outre, ces scénarios détruiront à terme la filière de recyclage de l’uranium, dont la France est l’incontestable leader, avec des conséquences désastreuses sur l’activité industrielle en Normandie et dans la vallée du Rhône. »
« Alors que la France aspire à promouvoir l’activité industrielle nationale et à faire vivre ses territoires tant malmenés par la désindustrialisation, cherche-t-on à casser une industrie qui se déploie sur l’ensemble du pays ? Rappelons que 40% des emplois de la filière nucléaire sont situés en Rhône Alpe et en Provence Cote d’Azur, un quart en Île de France, 20% en Normandie… La filière fournit des emplois durables, particulièrement aux jeunes générations,.. »

Et pas plus cette syndicaliste CGT (Mme Cailletaud), qui s’exprime dans le même numéro du Monde dans une tribune intitulée la France doit se doter d’un service public de l’énergie, : Sortir du fissile n’est pas climato-compatible. La France, qui a encore des compétences  précieuses en la matière porte une responsabilité particulière. Il est donc plus que jamais d’actualité que la PPE prenne en compte  les réalités techniques et économiques pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux et se débarrasse des points de vue idéologiques.

Trente ans de dérèglementation du secteur de l’énergie ont conduit à la déstructuration, à l’affaiblissement des énergéticiens européens, à la fragilisation de notre sécurité et de notre indépendance énergétique, qui a diminué de deux points de CO2 en 2016 et à l’augmentation des coûts.
Non à la scission d’EDF ! …Garantir simultanément des dividendes élevés et une forte valorisation boursière du titre d’EDF est  peu compatible avec les besoins très lourds et à long terme d’une  entreprise comme EDF… Le caractère stratégique de l’énergie implique d’avoir une vision systémique servie par un pôle public répondant aux besoins et aux enjeux du XXIème siècle » En effet !

Et pas plus la fédération FO mines énergie, au discours particulièrement net, courageux, compétent et argumenté ( eh oui, vivent les corps intermédiaires, malgré leurs défauts !) :

«  FO Énergie et Mines rappelle son désaccord constant avec l’atteinte d’un objectif de 50 % de part du nucléaire dans le mix électrique, lequel ne repose sur aucune considération objective. La définition d’une politique énergétique doit être fondamentalement pragmatique et reposer sur l’analyse de la contribution réelle des différents moyens de produire l’électricité à la lutte contre le réchauffement climatique. La montée en puissance des énergies intermittentes et la réduction de la part du nucléaire n’améliorent en rien le bilan CO2 de notre pays. Comme l’a rappelé la Cour des Comptes, l’accélération du développement des énergies renouvelables intermittentes génère des coûts élevés qui pèsent largement sur les ménages. Elle amplifiera le déficit commercial de notre pays et présente à terme des risques géopolitiques avérés (terres rares quasi exclusivement concentrées en Chine). Elle porte également un risque sur la sécurité d’approvisionnement de notre pays en l’absence de solution économiquement abordable en matière de stockage.

Notre pays peut compter aujourd’hui sur un parc nucléaire performant qui a contribué à faire de la France un des pays européens où l’électricité - hors taxes - est l’une des moins chères d’Europe et sur la troisième filière industrielle de France, qui emploie 220 000 salariés. FO Énergie et Mines considère qu’au point de vue économique, social et environnemental ,la fermeture pour des raisons politiques d’une centrale nucléaire serait une absurdité et un gâchis pour notre pays, sa compétitivité et le pouvoir d’achat des Français. FO s’y opposerait alors de toutes ses forces avec les personnels. »

Le nucléaire reste une énergie d’avenir et il importe en conséquence, pour maintenir les compétences, de lancer parallèlement un programme de construction de nouveaux réacteurs."

« Tout le monde est d’accord pour  réduite la part du nucléaire à 50% » Eh bien non ! (bis)

Cf. sur un ton moins revendicatif mais sur le fond aussi critique la tribune de l‘expert Jacques Percebois, Coresponsable du pôle Transitions énergétiques à la Chaire Économie du Climat (Paris-Dauphine), qui s’exprime sur le très officiel et très gouvernemental Connaissance des énergies. Citation :
« La presse a évoqué hier trois scénarios envisagés par le gouvernement quant à l’évolution du nucléaire en France. Le scénario retenu sera officialisé la semaine prochaine lors de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Dans les trois cas, il est prévu de fermer entre 11 et 14 réacteurs avant fin 2035 (en incluant les 2 tranches de Fessenheim dont l’arrêt est déjà acté) sur les 58 réacteurs en activité. Dans les trois cas, la part du nucléaire devrait baisser à 50% de la production d’électricité mais à des dates un peu différentes : 2035 dans le scénario « Hulot/Rugy » et le scénario dit « intermédiaire », et 2040 dans le scénario « Bercy ».

Dans les trois cas, la part des renouvelables devrait atteindre 40% de la production d’électricité contre 18% environ aujourd’hui, mais là encore à des dates un peu différentes : 2030 dans le premier scénario, 2032 dans le second et 2034 dans le troisième.
La vraie divergence entre ces scénarios ne tient pas aux dates, assez proches, de réduction de la part du nucléaire mais au fait que seul le troisième scénario envisage de façon explicite de construire de nouveaux réacteurs : 4 EPR, 2 vers 2034-2035 et 2 vers 2040-2041.

Dans les deux premiers scénarios, on donne l’impression que le nucléaire est à échéance plus ou moins lointaine condamné à disparaître en France. Seul le troisième maintient le cap nucléaire tout en réduisant la voilure.
Plusieurs questions devront être explicitées :

Sur quelle base d’évolution de la demande d’électricité ces scénarios ont-ils été construits ? Maintient-on l’hypothèse d’une demande d’électricité stable, voire en baisse ? Quid des nouveaux besoins liés à la mobilité électrique et aux objets connectés ? (NB un message électronique avec pj standard équivaut à la consommation d'une ampoule de 60W pendant 25 minutes- et les besoins des blogs chain font déjà exploser les besoins en serveurs...)

Quels réacteurs seront fermés ? Si ce sont les plus anciens, cela concerne les réacteurs dits « moxés ». Si tel est le cas, ne risque-t-on pas de mettre en péril le retraitement du combustible donc toute la filière « aval » du cycle ? La France a choisi le cycle fermé du combustible avec recyclage de l’uranium et du plutonium, ce qui permet d’économiser de l’uranium et de réduire le volume des déchets à stocker.

Si l’on veut maintenir les compétences dans le nucléaire, renvoyer à 2035 la construction de nouveaux réacteurs n’est-il pas trop tardif ?

ll faudra aussi se prononcer sur le choix de l’après EPR : maintient-on le cap de la « Génération IV » (les RNR) ? Le projet Astrid est-il abandonné, repoussé ? Qu’en est-il des nouvelles technologies du type SMR (Small Modular Reactors) ? Un regard sur ce qui se fait à l’international, en Russie, en Chine et aux États-Unis sera nécessaire à ce niveau si l’on veut rester dans la course. Mais le veut-on ?

Comme on le voit, beaucoup de questions demeurent en suspens et devront être débattues en rappelant que la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité à la réalisation de laquelle le nucléaire contribue fortement en France.



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