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mardi 22 janvier 2019

Raisons de détester l’Eurokom-26 : l’idéologie austéritaire, quoi qu’il en coûte !


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

L’austérité comme  unique stratégie

L’Union européenne s'est également dotée d'une « stratégie 2020 » pour remplacer celle de Lisbonne. Elle impose un pacte de stabilité sur les finances publiques. Elle a mis au point un instrument de gouvernance impitoyable, le « semestre européen », un semestre de coordination durant les six premiers mois de l'année, sur lequel vient se greffer un « pacte pour l’Euro plus » concernant 23 Etats. En matière budgétaire, des sanctions financières sont maintenant prévues. Le six pack adopté par le Parlement européen en septembre dernier donne de très larges compétences aux responsables des Affaires économiques et financières de la Commission européenne (Ecofin). Ils peuvent obliger les pays à supprimer les déséquilibres budgétaires et/ou macroéconomiques, sous peine de sanctions. Le Conseil Ecofin établit un tableau de bord pour chaque Etat membre et ainsi fournit les moyens de comparer les Etats membres les uns aux autres.

Tout ceci organise et encourage le dumping social. En effet, ces instruments visent à rassurer les marchés et les services financiers en faisant de la réduction des dettes publiques une priorité tout en organisant le transfert des capitaux publics vers le capital privé et les marchés financiers. Ce contexte de rigueur a des répercussions sur les politiques sociales nationales et sur les droits du travail et de la protection sociale des Etats membres. Les derniers actes adoptés par les instances européennes préconisent des actions précises en matière sociale comme une augmentation de l’âge de la retraite, une retraite par capitalisation, une modération salariale c'est-à-dire un blocage voire une baisse des salaires, notamment de la fonction publique, une privatisation des services publics, et enfin une décentralisation de la négociation collective vers le niveau de l’entreprise au détriment des branches. La conformité à la notion de travail décent ou d’emploi de qualité et donc la légitimité des déréglementations massives du droit du travail sont aujourd’hui questionnables. Mais au-delà, on ne peut que s’interroger de manière plus fondamentale sur l’adéquation d’une réponse à la crise en termes de flexibilisation du marché du travail qui alimente une explosion des inégalités comme des insécurités dans la plupart des pays analysés.

De fait, les politiques de flexicurité, que d’aucuns contestaient, se sont quasiment volatilisées pour revenir à une flexibilité pure et dure.

La nouvelle Union qui se prétend de « stabilité et de croissance » fait l’impasse sur une dimension sociale dynamique. Si cela se confirmait c’est non seulement le modèle social européen qui serait en question mais aussi un facteur essentiel de notre performance globale. (cf. C. Teissier et al, “ Quel droit social en Europe après la crise ?)

Nous voyons bien d’où vient la politique brutale et régressive des ordonnances Macron : elle n’est que la traduction française de la stratégie 2020, la stratégie austéritaire de la secte libérale au pouvoir à la Commission.

Le pire est que toutes les études montrent que  la situation de l’emploi dans les pays de l’Union  ne dépend pas des législations de protection d’emploi, systématiquement visées par les mesures type Macron de la Commission mais bien plus de l’état général de l’économie ! 

L’austérité en Grèce : un échec cruel, une catastrophe sociale, économique, sanitaire

Entre 2007 et 2015, le PIB grec a baissé de près de 35%, le chômage se situe toujours aux alentours de 20% (le chômage des jeunes avoisine quant à lui les 50%) et la dette est stable… à 180%, loin, très loin du seuil sacré des 60% demandés par les critères de convergence. Si la situation financière de la Grèce ne s’est pas aggravée, c’est grâce à la communication de la BCE, et en particulier grâce au célèbre « whatever it takes » de Mario Draghi qui a promis en 2012 de sauver l’euro à tout prix. 300.000 jeunes ont émigré pour construire leur vie ailleurs. La pauvreté et les inégalités se sont accrues.  Les hôpitaux manquent de médicaments et de médecins et les services publics se sont détériorés. Pour remplir les caisses de l'Etat,  les impôts ont explosé, du moins pour les salariés et les retraités et la TVA n'a cessé d'augmenter (24 % actuellement pour le taux principal).

Bien plus, l’austérité a en priorité frappé les plus pauvres et provoqué l’explosion des inégalités. Selon un rapport de l'institut Hans Böckler, depuis le début de la crise les impôts ont augmenté de 337 % pour les plus pauvres contre seulement 9 % pour les plus riches, et les 10 % les plus pauvres ont perdu en moyenne 86 % de leurs revenus, contre 17 à 20 % pour les 30 % les plus riches

Partout en Europe, l’austérité a entrainé une aggravation de l’état sanitaire ; en Grèce, ce fut une véritable catastrophe. Selon une étude britannique, on constate depuis le début de la crise  un doublement des cas de suicides, une hausse des homicides, une augmentation de 50 % des infections au virus HIV. Faute de moyens de subsistance, le recours à la prostitution est également en augmentation. Certains patients ont dû réduire leurs dépenses de base comme le chauffage ou la nourriture pour pouvoir continuer à suivre leurs traitements médicaux. Faute de moyens, certains hôpitaux en viennent à emprunter à d'autres hôpitaux du matériel médical, ou même à demander à leurs patients de l'acheter eux-mêmes. En raison d'une trésorerie insuffisante ou d'un manque de personnel, des hôpitaux ont dû fermer ou arrêter temporairement leurs activités dans tout le pays. La part du prix des médicaments que les patients doivent payer, officiellement de 25 %, se monte dans les faits à 40 ou 60 %. La compagnie pharmaceutique Merck a annoncé qu'elle ne livrerait désormais plus le médicament anticancéreux Erbitux aux hôpitaux publics grecs, en raison de leurs difficultés de paiement. En 2012, des cas de paludisme ont été détectés en Grèce, une première depuis 37 ans. La mortalité infantile a progressé de 43 % !

Et pour quels résultats ? Le FMI a reconnu en 2013  qu'il avait plongé la Grèce dans une crise bien plus grave que nécessaire en sous-estimant l'impact des premières mesures de restrictions budgétaires. Le FMI a fait une sorte de Mea Culpa, pas la Commission Européenne qui persist et signe ! Certains économistes doutent du sauvetage réel de la Grèce. L'étalement des prêts jusqu'en 2032 n'a selon eux fait que reporter une nouvelle crise. Le mur de dettes fragilisera à nouveau la Grèce et l'Europe dans 14 ans...

L’austérité en Espagne- la catastrophe bis

L’Espagne a connu une politique d’austérité depuis 2008.Toutes les recettes de la secte libérale sont mises en action, que ce soit par les socialistes de Zapattero ou les Populaires de Rajoy. En mai 2010, José Luis Zapatero annonce plusieurs mesures d'austérités, correspondant à 1,5 % du PIB, comprenant des baisses salariales des salariés publics, un arrêt de la valorisation des retraites, une réforme du droit du travail , l’augmentation de l'âge légal de départ de 65 à 67 ans. Ça, c’est pour les « socialistes ». Aux Populaires reviennent les couples claires (bizarrement,  les coupes claires sont celles qui assombrissent le plus le futur) ; en 2011, 8,9 milliards de coupes budgétaires et de 6,3 milliards de hausses d'impôts ; en 2012, les budgets des ministères sont réduits de 17 % en moyenne afin de réaliser 27,3 milliards d'économie en plus de 12,3 milliards de hausse de prélèvement.

Bilan : Le budget estime la récession de l'économie en 2012 à 1,7 %. Le taux de chômage est de 17,4 % en mars 2009, près de 2 millions de personnes ont alors perdu leur travail sur cette dernière année, et près de 4 millions de personnes sont au chômage. Le taux de chômage passe à 20 % au premier trimestre 201017, et est de 24,4 % en mars 2012. À la fin 2012, les salaires du secteur public sont coupés de 5 %, en plus de la suppression du 14e mois représentant 7,1 % du salaire public moyen. À la même époque, le chômage des moins de 25 ans est de 55 %, c’est le taux de chômage le plus important de l’Union européenne après la Grèce. En Andalousie, le chômage atteint 33 %. Selon un rapport de Caritas, trois millions d'Espagnols, soit 6,4% de la population, ont sombré dans l'extrême pauvreté, avec, comme en Grèce, une aggravation considérable de l’état sanitaire.

Cette crise a provoqué un phénomène migratoire inédit d’émigration.  Au 1er janvier 2013, il y avait 1,93 million d'Espagnols installés à l'étranger, un chiffre en hausse de 6,3% sur un an ; 1,2 million seraient partis en Amérique (du sud et du nord) et 600.000 en Europe. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Il y eut des économistes pour se féliciter d’une « inversion de la courbe du chomage ; en réalité, phénomène inédit depuis plus d’un siècle, c’est la population active qui baissait. !
Cette politique de rigueur extrême imposée par l’Europe était d’autant moins nécessaire que si le déficit en 2009  s’élevait à  s'élève à 11,2 % du PIB, bien au-delà de la limite des 3 % du pacte de stabilité européen, l’Espagne avait au début de cette crise une dette représentant 36,2 % de son PIB.. Le 15 juin 2012, la dette publique de l’Espagne représentait 71,1 % de son PIB, soit encore moins que la moyenne de la zone euro, qui avait une dette publique de 88 % de son PIB.
Finalement, le gouvernement Rajoy, dès 2012, commençait à appliquer de timides mesures de relance, et la situation espagnole s’améliora peu à peu.

L’austérité en Italie : la fin du pacte de stupidité.

Une violente politique d’austérité a été mise en place par le gouvernement de Mario Monti, l’ancien membre de la Commission Européenne et pratiquement imposé par elle. Elle laisse l’Italie exsangue. Son gouvernement, sans la moindre légitimité populaire, procède alors à une réduction brutale de la dépense publique, entreprend de défaire un peu plus le statut des travailleurs (l’Italie a connu les ordonnances Macron avant Macron) et engage une réforme des retraites profondément inique : la loi Fornero. Mario Monti laisse au pays la pire récession connue depuis la guerre, après celle de 2008-2009. Le revenu par habitant, lui, recule au niveau de 1997 !

Sur la période 2011-2016, l’activité du pays recule de 0,4% par an en moyenne. La crise a un effet marqué sur l’investissement en Italie : il a baissé de 2,7% en moyenne par an. L’investissement en biens d’équipement s’est en particulier contracté de 1,5% par an en moyenne entre 2011 et 2016 (tiens, ça n’aurait pas un lien avec l’effondrement meurtrier du viaduc de Gênes ?- 43 morts). Par ailleurs, l’investissement en construction a chuté de 4,6% en moyenne par an depuis 2011, soit bien davantage qu’en France (–0,4%).  Le fort repli de l’investissement tient surtout aux conditions de financement qui se sont nettement dégradées en Italie.

L’Italie a perdu 600 000 emplois industriels et un quart de sa production industrielle depuis le début de la crise économique, l’industrie représente 16% de la valeur ajoutée. Elle dispose encore d’une véritable capacité industrielle. Le chômage, lui, dépasse les 11% de la population active et atteint 34% des jeunes actifs !

C’est rare de trouver un économiste qui conteste fortement la politique de la secte libérale de la Commission et qui, en plus, ose des prédictions qui seront avérées. Donc blog de Bertrand Chokrane PDG d'une société d'analyse financière intitulé Cette austérité qui désagrège l'Europe du 19/08/2016.

Extraits :

Lundi 8 août, la Cour de Cassation italienne validait la tenue d'un référendum portant sur la réforme de la Constitution. Si le résultat de cette consultation populaire est négatif, Matteo Renzi devra se retirer du pouvoir, conformément à sa promesse, ce qui aurait pour conséquences de nouvelles élections et une victoire possible des partis politiques eurosceptiques tels que celui de Beppe Grillo...

L'Italie a voulu devenir un bon élève... En effet, l'Italie a suivi les injonctions austéritaires à la lettre depuis des années. Aujourd'hui en 2016, il est temps de juger les résultats obtenus, et ils ne sont pas brillants. Certes, l'Italie affiche un déficit budgétaire de 2,6%, soit en deçà des 3% requis, ce qui représente un effort considérable pour la population, et par delà les statistiques, une souffrance humaine qui n'est pas calculée.

Mais aujourd'hui, la pauvreté atteint un niveau record. On dénombre près de 5 millions de pauvres dans toute la péninsule transalpine. Plus grave encore, la dynamique économique se trouve sur une pente descendante, ce qui laisse peu d'espoirs d'amélioration. Car l'Italie est en train de décrocher par rapport à ses homologues européens. De 2001 à 2014, l'Italie est le pays dont le PIB par tête a progressé le plus faiblement. Les PME et les TPE italiennes qui autrefois formaient un tissu industriel dynamique sont fragilisées par cette politique restrictive et leurs faillites ébranlent un secteur bancaire trop émietté pour résister.

La banque Monte dei Paschi di Siena a été sauvée in extremis. Mais le monde de la finance est inquiet, à l'instar du FMI qui a rendu un rapport en juillet dernier et de la Banque nationale du Canada qui dresse un portrait peu rassurant. Dans la foulée, l'agence de notation DBRS envisage d'abaisser sa note A low à BBB high.
Avec une croissance au ralenti (0,8% en 2015) et un endettement public équivalent à 132% de son PIB, quelle marge de manœuvre reste-t-il ? Cette politique d'austérité absurde accroit le chômage et la pauvreté, de ce fait, elle ralentit la croissance.

Pourquoi tant de sacrifices ? Car finalement, la population se demande si la construction européenne vaut tous les sacrifices qu'elle exige... Et pour quelle raison ? Puisque la politique d'austérité, entrainant le ralentissement de la croissance, la hausse du chômage et de la pauvreté, ne porte pas ses fruits, pourquoi persévérer ?

Eh oui, Matteo Renzi a effectivement été dégagé, et sans ménagement, lui qui pourtant traitait le pacte de stabilité de « pacte de stupidité », mais qui n’a pas su mettre en place une politique clairement alternative. Et c’est ce que, conformément à la volonté du peuple italien essaie de faire la coalition « populiste » Ligue de Nord- 5 étoiles.
On a vu la réaction de la Commission qui pour la première fois, faisant usage des institutions de la stratégie 2020 et du six packs a osé rejetter le budget italien, avec menaces de sanction ! A suivre !

La politique alternative du Portugal et la remise en cause de l’austérité

Le Portugal a été le premier à remettre complètement en cause la politique d’austérité imposée par la Commission, dès 2015, avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche. Ce fut un succès. En à peine deux ans, le Portugal a totalement relancé sa croissance. Le taux de chômage est passé de 17 à 8% depuis 2015, et s'accompagne d'une progression notable de la croissance du PIB, évaluée pour 2017 à 2,5%. À titre de comparaison, la moyenne des membres de la zone euro est de 1,9%, et seulement 1,5% pour la France.
Et pourtant, lors de l’arrivée au pouvoir en 2015 d’Antonio Costa, beaucoup prédisaient un échec rapide en raison de son caractère trop hétérodoxe et, notamment, trop dispendieux. Les agences de notation ont placé le Portugal sous surveillance !Toutes ces prédictions se sont révélées fausses parce que le Portugal avait besoin d’un soutien à sa demande, et non d’une cure d’austérité pour améliorer une compétitivité externe qui le maintient dans une gamme de produits bas de gamme néfastes pour le niveau de vie des Portugais et l’économie portugaise.

C’est dire combien la politique de Macron en France apparait complètement à contretemps !

La zone euro va se transformer en « vaste maison de redressement ».

Laissons la conclusion à un blog passionnant sur les problématiques européennes, et qui est loin généralement d’être hostile la politique européenne (https://www.taurillon.org/contre-la-politique-d-austerite-en-europe). Extraits :

Entre 2007 et 2015, le PIB grec a baissé de près de 35%, le chômage se situe toujours aux alentours de 20% (le chômage des jeunes avoisine quant à lui les 50%) et la dette est stable… à 180%, loin, très loin du seuil sacré des 60% demandés par les critères de convergence. Si la situation financière de la Grèce ne s’est pas aggravée, c’est grâce à la communication de la BCE, et en particulier grâce au célèbre « whatever it takes » de Mario Draghi qui a promis en 2012 de sauver l’euro à tout prix. La Grèce n’est pas le seul pays concerné, l’Espagne et Chypre connaissent toujours des taux de chômage (respectivement à 17% et à 11%) et d’endettement élevés (autour de 100% dans les deux pays). L’émigration des jeunes diplômés de ces pays est en outre fortement pénalisant pour la croissance future.

La politique s’austérité appliquée en Europe ces dernières années accumule les défauts : outre son effet pro-cyclique freinant la reprise de la croissance sur l’ensemble du continent européen, son corpus idéologique semble être dépassé par les différentes crises depuis 2008 et contesté par un nombre toujours plus élevé de citoyens. De plus, les résultats de ces politiques dans les pays concernés sont catastrophiques, elles n’ont pas permis la baisse de la dette et ont énormément entravé la reprise. Malgré toutes ces charges, l’UE persiste à poursuivre dans la direction d’une rigueur budgétaire irrespirable. Dès lors, il ne faudra pas s’étonner qu’au bout d’un moment, le point de rupture soit réellement atteint et que les citoyens européens rejettent violemment le projet européen dans sa totalité.

La création d’un Fonds Monétaire Européen et d’une mission de surveillance économique qui ne dit pas son nom vont faire entrer la rigueur budgétaire dans les traités européens, autrement dit au sommet de la hiérarchie des normes de l’UE tout en refusant catégoriquement un budget de la zone euro et donc la possibilité de créer une politique économique cohérente au sein de la zone monétaire (la politique monétaire est unique mais les politiques budgétaires sont encore largement nationales). Ce qui fait dire à Jean Quatremer que la zone euro va se transformer en « vaste maison de redressement ».

Il faut sortir de cet Eurokom




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