Energiewende : « tout est en train de
dérailler »
"Travail bâclé in
Germany". Voilà à peu près ce que signifie le titre de couverture
du tout dernier numéro du Spiegel, le plus puissant hebdomadaire allemand.
En arrière-plan, on voit une forêt d’éoliennes cassées et de pylônes
électriques déconnectés. Une image qui en dit long sur la conscience
qu’a aujourd’hui l’opinion allemande de l’échec de l’"Energiewende",
ce basculement énergétique décidé par notre voisin au début du millénaire et
radicalement accéléré en 2011 après la décision d’Angel Merckel de sortir du
nucléaire. Dès 2018, l’Allemagne avait dû admettre que ses objectifs de
réduction d’émission de gaz à effet de serre ne seraient pas tenus dans les
délais annoncés –elle avait même ouvert de nouvelles mines de charbon...
Aujourd’hui, les experts sont en mesure de dresser un bilan des huit premières
années de la transition accélérée voulue par Berlin, et il est à peu près
désastreux. "Tout le projet est en train de dérailler", écrit
le Spiegel.
Et ce n’est pas exagéré : L’Allemagne a investi depuis 2010 plus de 30 milliards par an dans le bastringue et l’on prévoit une facture globale de plus de 500 milliards à l’horizon 2025 –pour partie constituée de subventions et crédits publics, pour le reste financé par les ménages et les entreprises sous forme de hausse de prix. Une étude chiffre même à plus de 3.000 milliards d’euros (oui, 3.000 milliards!) les investissements requis d’ici à 2050, si l’Allemagne persiste dans son intention d’accroissement de la part du solaire et de l’éolien dans son mix énergétique. Des sommes faramineuses. Or, le résultat est spécialement déprimant: malgré les centaines de milliards déjà mis sur la table, les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne sont au même niveau… qu’en 2009. L’Allemagne s’est certes hérissée d’éoliennes et elle accueille des milliers de km2 de panneaux solaires. Mais beaucoup ne sont pas reliés au système de distribution, ou pas convenablement, faute que le réseau ait suivi. En outre, là où elles sont connectées, ces installations ne couvrent les besoins que de manière intermittente (pas de solaire la nuit, pas de vent quand il ne souffle pas…) ce qui requiert, en complément et faute que le stockage soit rentable ou même possible, des capacités complémentaires souvent fossiles (affreux charbon et horrible lignite en tête). Une bérézina.
(cf. Philippe Manière, https://www.challenges.fr/energie-et-environnement/allemagne-la-gueule-de-bois-de-la-transition-energetique_655346)
Sortie du charbon en Allemagne : objectif
2038. Près de
20 ans pour sortir du charbon
En Allemagne, la commission
« croissance, changement structurel et emploi » a remis son rapport
définitif( le 26 janvier. Elle y propose que la production
d’électricité à partir du charbon soit arrêtée d’ici à fin 2038
Explications.
En 2018, le charbon (lignite et houille réunis) a compté pour
près de 38% de la production allemande d’électricité. Selon la
commission mise en place en juin 2018 par Angela Merkel pour préciser les
contours d’une « sortie du charbon », il est possible pour
l’Allemagne de se passer de ce combustible à l’horizon 2038.
La commission y propose, dans un premier
temps, de réduire d’ici à fin 2022 de plus de 12,5 GW la puissance totale du
parc allemand de centrales à charbon (qui avoisine actuellement 42,6 GW). Entre
2023 et fin 2030, les arrêts de centrales au charbon devraient se poursuivre à un
niveau assez similaire (portant ainsi à près de 17 GW la puissance cumulée du
parc charbon à fin 2030).
La commission indique que sa feuille de
route devra faire l’objet d’examens réguliers (en 2023, 2026 et 2029) par des
experts indépendants afin de tenir compte des évolutions du système électrique
et en particulier des conséquences de la sortie du
nucléaire prévue à l’horizon 2022 (cette énergie comptait encore pour 13,3% de la production
électrique allemande en 2018).
Le gouvernement devrait suivre ces
différentes recommandations (qui n’ont pas de caractère contraignant NB
le charbon et le lignite allemand, ça peut donc durer encore plus, plus
longtemps….) issues d’un compromis entre les différentes parties prenantes.
Pour compenser la sortie du charbon et du nucléaire, l’Allemagne parie sur un
développement massif des énergies renouvelables : le pays s’est fixé pour
objectif de produire 65% de son électricité à partir de ces filières en 2030
(contre environ 40% en 2018).
Quel coût pour la « transition » ?
Au cours des 20 prochaines années, au
moins 40 milliards d’euros d’aides fédérales sont envisagées pour accompagner
la sortie du charbon dans les régions charbonnières (est et ouest de
l’Allemagne). Des négociations vont avoir lieu avec les exploitants de
centrales (« plus les centrales seront arrêtées tardivement, plus la
compensation sera faible »). Aux premiers rangs de ces
exploitants figure RWE qui juge pour sa part « raisonnable de
réexaminer en 2032 » (tiens, tiens, y-a-bon lignite) la date de
sortie du charbon.
La commission appelle par ailleurs à
préserver les consommateurs allemands (entreprises et ménages) de la
hausse des prix de l’électricité associée à une sortie « accélérée »
du charbon. Elle estime à ce titre qu’« une subvention d’au moins
2 milliards d’euros par an est nécessaire pour compenser cette augmentation ».
Les ménages allemands sont d’ores et déjà les Européens qui paient leur
électricité le plus cher après le Danemark : 0,30 €/kWh au 1er semestre
2018 selon les dernières données d’Eurostat, soit 70% de plus qu’en France.
Tiens, tiens, ça a peut-être à voir avec
le fait que la part des renouvelables dans le mix électrique outre-rhin a
approximativement doublé depuis le début des années 2010, et qu’en plus le coût associé aux réseaux électriques
est particulièrement élevé, notamment en raison du raccordement onéreux des
parcs éoliens offshore.
La sortie du charbon en Allemagne
sera donc difficile et coûteuse, reconnaît la commission, mais nécessaire en
vue de réduire les émissions allemandes de gaz à effet de serre. L’an dernier,
le gouvernement avait reconnu son incapacité à atteindre l'objectif de 40%
de réduction des émissions nationales d’ici à 2020 (par rapport à 1990)…
Ben oui, ils ont même pas commencé à
diminuer. Non seulement, mais ces dernières années ils ont continué à ouvrir à
tire larigo des mines de charbon et de lignite, tant que c’était encore
autorisé. Donc, forcément, ça leur prendra encore plus de temps à sortir du
charbon ( on va quand même pas les fermer tout de suite celles qui viennent
d’ouvrir….)
A partir d’une situation similaire, le
Royaume-Uni est sorti de la production électrique à partoir du charbon en
quatre ans. Donc c’est possible… à condition de mettre en place une taxe
carbone et d’investir dans le nucléaire. (cf.) https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/02/leurope-de-lenergie-encore-un-echec.html
Bilan : avec son Energiewende tout
renouvelable, l’Allemagne ne baisse pas ses émissions de CO2 par habitant qui
restent supérieures d’un tiers à celles de la France et ceux-ci payent pourtant
leur électricité 70% plus cher qu’en France. Face à cette catastrophe,
l’Allemagne continue et retarde indéfiniment sa sortie du charbon. Et fuck the
climate
Disons le, avec son Energiewende si
renouvelable, si applaudie par les écologistes irresponsables ( ils ne le sont
pas tous), avec ses si plébiscités,, si populaires, si présentés comme modèles
Grunen tout verts, l’Allemagne continue dans sa spécialité historique, le crime
contre l’humanité
Tiens, une leçon pour nos politiciens,
qu’ils comprendront peut-être…
Australie : Transition énergétique : mieux qu’un long
discours, une élection…
(cf. Michel Gay, https://www.contrepoints.org/2019/05/23/345042-transition-energetique-mieux-quun-long-discours-une-election)
J’avais dans un blog précédent (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2018/01/electricite-vers-le-grand-noir-le.html)
exposé comment l’Australie du sud ( un des Etats Australiens), parti dans un
délire écolo-affairiste, avait décidé de devenir un champion de l’éolien et du
solaire ( et pourtant ils sont pas défavorisés dans ces domaines..).
Ayant eu la très mauvaise idée de dépasser
les 40% d’éolien, ils ont récolté ce qu’ils sont semé, c’est-à-dire des effondrements
systémiques du réseau une fois, deux fois, trois fois, des black out total,
plus de jus, plus rien, même dans les hopitaux.
A cela s’est ajouté un quadruplement
du prix de l'électricité facturé aux particuliers et des consommateurs
pauvres ne pouvant plus payer leurs factures….
Alors, ils ont fait quoi ? Ben,
relancé le charbon !
Et puis vote il y a eu, élections
fédérales le 18 mai 2019. La coalition du Parti Libéral au pouvoir de Tony
Morrisson était donnée perdante par tous les sondages qui prédisaient une large
victoire du Travailliste Bill Shorten… qui a finalement perdu.
La raison : Bill Shorten ambitionnait
de faire de l’île une « superpuissance des énergies renouvelables..
»…A la vue de l’expérience sudiste,
les électeurs ont bien compris et bien choisi : ils ont rejeté une
ruineuse politique climatique fondée sur des énergies éoliennes et
photovoltaïques entraînant une hausse du prix de l’électricité et des coupures
de courant et cette raison semble bien le principal facteur expliquant le
retournement inattendu (par les sondages) des électeurs.
Déjà, le 9 octobre 2017, le journal The
Australian qualifiait le développement des éoliennes et panneaux
photovoltaïques de « plus grande escroquerie mondiale ».
Allez, on résiste pas au plaisir :
Morrison, Centre droit, 76 députés ; Shorten, Centre Gauche, 67
députés ; Di Natale , Verts, 1 député
Après une expérience
douloureuse, il y en a qui ont compris …