Dernières chroniques de l’absurdité et un rapporteur courageux !
Ceux
qui ont suivi les épisodes précédents comprendront : non pas pour en finir
avec le glyphosate (un des herbicides les plus efficaces et les moins dangereux
pour la santé et l’environnement, mais pour en finir avec le sujet du
glyphosate).
Donc
trois dernières nouvelles :
1) le
30 avril, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA)
continue de constater qu’il n’y a pas de risques pour la santé publique lorsque
le glyphosate est utilisé dans le respect des normes et que le glyphosate n’est
pas cancérigène. Elle recommande cependant de nouvelles mesures d’utilisation
pour réduire son risque environnemental et notamment l’impact de l’herbicide
sur les insectes pollinisateurs. »
L’EPA signe et resigne et
confirme et reconfirme très courageusement le point de vue de l’Autorité
Européenne de sécurité des aliments (EFSA), de l’Agence Européenne des produits
chimiques (ECHA), des agences similaires suisse, australienne, canadienne et à
vrai dire de toutes les agences , qui a
également conclu à l’absence de preuve de danger du glyphosate. Bien évidemment,
tous vendus, stipendiés par Monsanto
2) Le 14 mai, troisième
condamnation pour le Roundup et Monsanto- Bayer : un jury américain l’a
condamné lundi à verser 2 milliards de dollars à un couple de septuagénaires
atteints d’un cancer.
Les procès en sorcellerie
continuent. Au nom de quoi et comment, avec quelle compétence un juge peut-il
ainsi décider à l’encontre de toutes les autorités scientifiques
légitimes ? Il y a là une forfaiture grave qui devrait lui valoir
révocation. C’est une fois de plus le triomphe de l’obscurantisme. Et c’est extrêmement
grave ! Demain les mêmes juges, le même type de juge condamnera des
fabricants de vaccin ( provoquant l’autisme ! hein Mme Rivasi), des
fabricants d’antennes électriques, de micro ondes, de laser sur n’importe
quelle absurdité scientifique !
3)13 mai : Annonce du
rapport de l’Office français parlementaire d’évaluation des choix scientifiques
et technologiques et un beau barouf à propos des déclarations du rapporteur
Pierre Médevielle sénateur de Haute-Garonne : « aucune étude
scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité, ni en France, ni en
Europe ni dans le monde…Le glyphosate est moins dangereux que la
charcuterie » Tollé général !
Rappelons que M. Médevielle
est pharmacien de profession, impliqué depuis longtemps dans l’évaluation scientifique,
et qu’il sait un peu ce qu’est un cancérogène, et comment on le caractérise.
Une autre membre de la
Commission, Anne Genetet a également une formation scientifique, de médecin. Si
elle n’a pas pris la parole le 13 mai, voici ce qu’elle déclarait peu de temps
avant : « À ce jour, seul le Centre international de recherche sur le
cancer, qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a classé en
2015 ce produit comme cancérogène probable, contre l’avis de toutes les agences
sanitaires (en Europe et aux États-Unis) chargées de l’homologation des
pesticides. Rappelons au passage que le caractère cancérogène supposé concerne
l’exposition directe. Ce n’est pas le fait de manger un produit qui a poussé
dans un champ traité qui pourrait poser problème. Rappelons aussi que l’OMS a
classé la viande rouge comme cancérogène probable, exactement au même niveau
que le glyphosate. Il faut donc comprendre cette qualification à la hauteur de
ce qu’elle signifie. »
C’est assez clair, non !
Alors, M. Médevielle s’est
fait crucifier sur le thème : il a pété un plomb, le rapport parlementaire
ne parle pas du tout de cela, il s’agit simplement d'éclairer le Parlement
sur 'l'indépendance et l'objectivité des agences européennes chargées d'évaluer
la dangerosité des substances mises sur le marché'.
Or,
dans le rapport, on trouve ceci, un simple rappel factuel :
« Les agences ont donc
jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate
dans les conditions normales d’exposition de cette substance….. »
Et
d’autre part, même si les rapporteurs proposent des améliorations dont
certaines sont déjà d’ailleurs mises en œuvre, la tonalité est générale est
quand même celle de la reconnaissance du professionnalisme et de la qualité du
travail des agences :
« Les vingt dernières années ont été marquées en France et
au sein de l’Union européenne par une institutionnalisation de l’expertise des
risques autour d’agences spécialisées, combinant l’application de méthodes de
plus en plus sophistiquées et la standardisation des techniques et des
référentiels. »
Donc, même si les propos de M. Médevielle ne sont pas
dans le rapport, ils en découlent assez logiquement, et sa conclusion semble
partagée par les rapporteurs ayant une culture scientifique. Et j’ajouterai par
l’immense majorité de tous les scientifiques de quelque compétence sur le sujet
qui se sont intéressé au dossier
Parmi
les crucificateurs, on distinguera Cedric Villani, président de l’Office
français parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui a fait preuve en l’occurrence de
lâcheté et de démagogie insignes. Merci la twittosphère qui a vivement réagi,
par exemple : « Vous faites hontes à l’éthique scientifique en
respectant si peu les travaux de vos confrères biologistes chimistes et
agronomes…. Vous leur crachez à la figure »
Pas
mieux à dire. On peut être très grand mathématicien et petit homme, c’était un
peu le cas de Laplace…dont Villani préside l’Institut.
Les recommandations du rapport :
1) Donner aux agences la possibilité de déclencher des
études destinées à améliorer la connaissance des dangers et des expositions, à
travers un fonds de recherche inter-agences. 2) Mettre en commun dans des
systèmes d’information partagés les études et données disponibles sur
l’ensemble des produits réglementés.3) Mieux identifier les effets de
perturbation endocrinienne, les effets cancérogènes, mutagènes ou génotoxiques
en les quantifiant précisément et en développant des outils de compréhension
des risques cumulés. 4) Développer les
méthodes alternatives à l’expérimentation animale pour l’identification des
risques sanitaires et environnementaux ; 5) Encourager la mise à jour régulière des
lignes directrices pour ne pas retarder l’adoption de nouvelles méthodes et de
tests sensibles et fiables. 6) Développer les instruments de surveillance en
situation réelle des effets des produits réglementés : vigilances,
biosurveillance, études épidémiologiques. Améliorer la transparence des travaux
d’évaluation . 7) Mettre à disposition du public l’intégralité des données
figurant dans les dossiers soumis aux agences d’évaluation, afin de permettre
une contre-expertise citoyenne.8) Faire la transparence sur les liens d’intérêt
et contrôler les liens d’intérêt déclarés dans le cadre d’obligations
déontologiques fortes pesant sur les personnels et experts des
agences.Conforter les agences dans leur rôle d’expertise des risques.9)
Renforcer l’attractivité pour les scientifiques de la participation aux travaux
d’expertise menés par les agences.10) Structurer le dialogue entre organes
d’évaluation, pour
éviter les divergences d’appréciation sur les risques qui
perturbent la prise de décision.11) Donner aux agences des compétences étendues
pour l’identification des risques émergents. Rendre l’évaluation des risques
accessible et compréhensible. 12) Mieux structurer le débat public sur les
risques, en amont des prises de décision. 13) Expliquer et clarifier les
résultats des évaluations de risques effectuées par les agences.
Rien
de révolutionnaire donc, des remarques de bon sens, des missions renforcées qui
impliqueraient, notons-le, des moyens renforcés, des vœux désirables, mais
pieux en l’état des techniques, une meilleure communication (pas si facile, si
l’autorité scientifique est systématiquement mise en doute par les bigots et
les complotistes de tous poils)
En plus général et en plus court, je proposerais ceci : l’évaluation
des risques est un service public qui doit être correctement assuré. Mais comme
on a affaire à des gouvernements qui n’aiment pas beaucoup la notion de service
public….
Notons, en ce qui concerne le CIRC, la seule
agence à avoir classé le glyphosate comme cancérigène probable (comme la viande
rouge et le travail de nuit, rappelons-le), deux remarques assez assassines du
rapport : « Il a ainsi été reproché au CIRC d’avoir fait participer à
ses travaux le Dr Christopher Portier, impliqué par ailleurs dans des lobbies
antiglyphosate et intervenant dans des procédures judiciaires lancées contre
les fabricants de glyphosate ; - enfin, le classement des agents cancérogènes
par le CIRC fait lui aussi l’objet d’une remise en cause, considérant qu’il ne
s’agit que d’un classement théorique, qui ne prend pas en compte la réalité des
expositions de l’homme aux différents agents ou encore la fréquence et la
gravité des cancers pouvant être causés par les agents incriminés.
En guise de
remarques finales ( mais j’ai bien peur d’tre obligé d’y revenir !^
Monsanto
a-t-il truqué les tests réglementaires relatifs aux glyphosate ( comme
Volkswagen avec ses moteurs) : Non,
mille fois non !
Monsanto
a-t-il eu connaissance de tests prouvant la toxicité ou le caractère
cancérigène du glyphosate, et les a-t-il dissimulé : Non !
N’importe quel chercheur ne peut que s’indigner et
s’inquiéter de l’utilisation qui a été
faite lors d’un des procès de mels internes qui ne montraient qu’une discussion
normale entre une directrice scientifique tempérant le langage quelque peu
enthousiaste d’une responsable de marketing..
Existe-t-il
des tests prouvant le caractère cancérogène du glyphosate ? Non ! Et pourtant,
c’est peut-être la molécule qui a été la plus étudiée !
Existe-t-il
des études épidémiologiques faisant ressortit un caractère cancérigène du glyphosate ?
Non ! ( il existe un avis minoritaire discordant sur l’une des
études)
Concernant un produit
aussi répandu que le glyphosate, l étude épidémiologique parait
évidemment la voix royale pour vérifier l’absence de toxicité/pouvoir
cancérogène. Le rapport parlementaire rappelle à juste titre que ce n’est pas
si facile : « l’épidémiologie trouve aussi seslimites en matière
d’évaluation des risques. Ainsi, dans sa fiche-repère « pesticides et risques
de cancer », l’Institut national du cancer indique bien que si « les études
épidémiologiques attestent d’un lien entre l’exposition aux pesticides,
notamment en milieu professionnel, et l’apparition de cancers, elles doivent
être regardées avec précaution. En effet, leurs principales limites concernent la
difficulté d’établir un lien avec des molécules précises, la caractérisation de
l’exposition aux pesticides chez un individu tout au long de sa vie, en
incluant les périodes critiques (grossesse, enfance), et les multiexpositions.
De plus, les personnes sont exposées potentiellement à d’autres facteurs de
risque (exposition à d’autres substances chimiques telles que solvants,
rayonnements ultraviolets, zoonoses, polluants atmosphériques, médicaments,
tabagisme, alcool […]. La complexité des expositions multiples et séquentielles
au cours de la vie à ces produits appelle une réflexion spécifique en matière
de recherche ».
Il existe d’excellents didacticiels sur la notion de
puissance statistique d’une étude. Compte-tenu de son utilisation, les données
épidémiologiques sur le glyphosate sont très très puissantes, donc le risque de
ne pas voir une éventuelle toxicité est très très faible .
En l’état actuel des connaissances, rien ne permet
d’affirmer que le glyphosate est cancérigène !
Les agences d’évaluation
ont-elles recopiés in extenso des études fournies par Monsanto ?
Oh là là Messieurs, attention, là on atteint des sommets de mauvaise
foi, d’ignorance de manipulation !
La réponse est… évidemment oui ! Les études réglementaires et leurs conclusions
sont censées être reproduites telles quelles et d’ailleurs, autant que
possible, sont fournies sous des formats non modifiables afin de préserver
l’intégrité des données ! On peut ensuite les commenter, mais à part…
Faut-il faire
davantage confiance aux tests de Monsanto ou aux tests pratiqués par des
laboratoires universitaires ?
Accrochez-vous ! La réponse est évidemment aux tests de Monsanto…qui ne sont
d’ailleurs pas les test de Monsanto, mais les tests imposés à Monsanto par la réglementation. Ils
sont standardisés, calibrés, parfaitement reproductibles, leur interprétation
est immédiate, leur pertinence quant aux effets biologiques certaine et
universellement reconnue.
Les chercheurs eux
testent des protocoles, nouveaux, originaux, que seuls de petites équipes
maitrisent. Leur pertinence quant aux effets toxiques chez l’homme est
incertaine, pas encore reconnue…. Ce n‘est pas un vain mot : les instances
universitaires se trouvent confrontées à une très sérieuse crise de la reproductibilité (plus de 60% des études
non reproduites précisément dans la cas du cancer !)
Toutes les
agences officielles considèrent qu’il n’existe aucune preuve de la toxicité ou
du caractère cancérigène du glyphosate sauf le CIRC qui le place en cancérigène
probable (et no certain !). Qui ment ?
Probablement personne, mais il existe des avis plus pertinents
que d’autres ! Selon le CIRC, le glyphosate le classement en cancérigène
problème du glyphosate rappelons-le, dans la même catégorie que le travail de
nuit ou la viande rouge. Le CIRC s’efforce
d’estimer un risque global tenant compte de la cancérogénicité « intrinséque »
et de l’exposition au produit de la population : ainsi s’explique que des
produits fortement cancérigènes mais très peu utilisés se retrouvent dans la
même catégorie qu’un produit extrêmement utilisé mais dont la cancérogénicité
intrinsèque est non démontrée. De plus, le CIRC n’utilise pas toutes les
données les plus sûres des enquêtes réglementaires, ce qui est quand même un
peu fâcheux. Ce classement du CIRC fait l’objet d’une remise en cause, considérant
qu’il ne s’agit que d’un classement théorique, qui ne prend pas suffisamment en
compte la réalité des expositions de l’homme aux différents agents (par rapport
aux études épidémiologiques) ou encore la fréquence et la gravité des cancers
pouvant être causés par les agents incriminés (par rapport aux études
biologiques).
Mon opinion : C’est en fait une espèce de cote mal
taillée, qui est tout de même utile pour un grand nombre de substances, mais
qui ne fonctionne pas dans le cas de substances très étudées et très répandues.
Les décisions
de justice condamnant Monsanto à de fortes indemnisation pour des cas de
cancers sont –elles basées sur des preuves scientifiques ?
Non, pas la moindre. Pas plus qu’elles ne sont basées sur
la moindre preuve de fraude. Ces décisions à l’encontre du consensus
scientifique reconnu sont une véritable menaces pour la santé publique (
demain, les vaccins ? les médicaments, les ondes radios, les lasres, l’électricité..)
Et l’immense
scandale des Monsanto papers ? Monsanto a-t-il empêché des études sur le
caractère mutagène et génotoxique du glyphosate ?
Non, Monsanto n’a rien empêché du tout, et comment l’aurait-il
pu ? Par contre, oui, il a surveillé et critiqué, et souvent à juste
titre, les milliers d’études qui paraissaient ( et qu’il n’a pas empêchées !).
Commentaire du rapport sénatorial : « Les
Monsanto papers mettent surtout en évidence une pratique de la société Monsanto
consistant à suivre une stratégie de communication scientifique problématique,
reposant sur le « ghostwriting », c’est-à-dire la rédaction d’articles
favorables par l’entreprise, signés ensuite par des scientifiques de renom pour
donner une crédibilité forte aux documents ainsi publiés. Un cabinet de
consultant, Intertek, a joué ce rôle de recruteur de scientifiques destinés à
exercer une mission d’influenceur »
Ah oui, ça c’est pas bien ! Un peu agressif comme
pratique marketing ! Pas très glorieux pour certains scientifiques !
On peut (et on doit) quand même suspecter la sincérité
chez la plupart d’entre eux. Le glyphosate en tant qu’herbicide représente un
tel progrès majeur, à la fois sur le plan de l’efficacité et de la sécurité,
une telle révolution des pratiques agricoles qu’il ne peut que susciter l’enthousiasme
immense de tous ceux qui travaillent dans ce domaine. Après, le degré zéro de l’
éthique consiste quand même à écrire les papets que l’on signe et à signer les
papiers que l’on écrit….
En passant, ça irait mieux si les chercheurs n’étaient
pas obligé de passer une part considérable de leurs temps à mendier des fonds
dans une jungle bureaucratique nationale, européenne, internationale et si la
financement de la rechrche était davantage assuré par des financements pérennes !
Et le dernier
(pour l’instant) scandale sur le fichier de Monsanto sur les opposants au glyphosate ?
Ben, beauf, je sais pas moi. Que Monsanto ait maintenu
une base de données bien fournies sur les articles concernant le glyphosate et
ceux qui travaillent ou écrivent dans ce domaine, c’est quand même le BA ba ?
On douterait de leur professionnalisme s’ils ne l’avaient pas fait, non ?
Après, s’il s’agit d’un véritable fichier , avec
recherche d’informations privées, alors là c’est autre chose. Que l’on
poursuive alors Monsanto !
Pour ça et pas pour autre chose !
Le glyphosate,
pourquoi tant de haine ? A cause des OGM et cultures génétiquement
modifiées !
Ce n’est pas le glyphosate en tant qu’herbicide qui
provoque tant de passion (et c’est
pourtant cet usage qui est interdit pour les particuliers !).
C’est vraiment une molécule miracle ! Malgré tous
leurs efforts, durant plus de trente ans aucun concurrent de Monsanto n’a pu proposé
quelque chose d’approchant
C’est l’utilisation par Monsanto du glyphosate en
conjonction avec des cultures OGM résistantes au glyphosate, un véritable miracle !
Vous plantez votre maïs résistant OGM, vous passez du glyphosate, et hop, plus
de mauvaises herbes, plus de labours, un rendement augmenté de 20% à la louche,
au moins les premières années, et, cerise sur le gateau, des produits plus sûrs
moins contaminés par les mycotoxines..
Donc Monsanto et le glyphosate font l’objet d’une haine
vigilante et parfois délirante de tous les anti-OGM qui ont juré la perte de
Monsanto, la vilaine sorcière
Ce débat sur les OGM, sur leur réel intérêt ou pas, sur
leurs réels dangers, ou pas., il faudra l’avoir, mais c’est un sujet différent
de celui de la toxicité non démontrée et très improbable du glyphosate !
Et bravo au Sénateur Médevielle pour son courage !
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