Un accident à répétition n’est plus un accident
mais une négligence coupable
Oh ben là, il y en a tellement que ça va pas tenir en un seul blog. L’Incendie de Notre Dame, pour commencer !
Et tiens, une réaction, venue de très loin :
« A notre avis, l’incendie de Notre-Dame n’aurait pas dû arriver.
(…) On dit que le feu aurait pu être causé par un court-circuit sous le toit.
Si des vestiges culturels sont dévastés pour cette raison, c’est impardonnable…
Notre-Dame est un héritage culturel de l’humanité et la France a le devoir
de le protéger. Il y a beaucoup de monuments historiques de classe mondiale en
France. Il est difficile d’être rassuré quant à leur protection à l’égard de
désastres. Les dirigeants chargés [de ce patrimoine] devraient être tenus
responsables de l’incendie. Nous croyons avoir le droit moral d’en faire la
requête. »
Un peu vachard, mais combien vrai, fier et droit, et de juste et saine colère.
Qui ? Global Times, quotidien semi- officiel chinois. Merci ! Et
continuez quand même à venir nous voir !
D’autant que l’incendie de Notre Dame n’est pas
un accident !
Un accident, c’est ce qui arrive…par accident. Or les incendies sur les
chantiers patrimoniaux, en France, n’ont plus rien d’accidentel. Ainsi, presqu’en face de Notre Dame, l’hôtel
Lambert, joyau du XVIIe siècle, a été en 2013 pendant de longues heures le
proie des flammes, alors qu’un chantier contesté était mené par ses nouveaux
propriétaires qataris. L’origine précise de l’incendie n’est toujours pas
connue, mais des associations avaient dénoncé la multiplication des câblages et
autres circuits techniques dans les charpentes… tiens, tiens,
Le 15 juin 2015, un feu ravage la toiture de la basilique Saint-Donatien,
à Nantes. En moins d’une demi-heure, il ne reste presque plus rien de la
charpente. Les expertises menées sur la basilique s’accordent sur le fait que
des travaux de maintenance sont bien à l’origine du sinistre, probablement des
opérations de soudure. Quatre ans après, les travaux sont toujours en cours et
devraient coûter 9 millions d’euros.
Dans la nuit du 22 juillet 1997, un spectaculaire incendie dévaste une
partie de la toiture du Palais de Chaillot, place du Trocadéro, à Paris.
L’aile Est, touchée par les flammes, abritait le musée des Monuments français
et le musée du Cinéma. Des travaux de soudure et de couverture de la toiture
avaient été réalisés quelques heures plus tôt. Les pièces de collection ont pu
être préservées. Le 19 janvier 2016, un feu ravage le dernier étage et la
toiture de l’hôtel Ritz, encore en travaux,
Le 11 mars 2016, le feu s’est déclaré en début de soirée au premier étage
de la cathédrale Saint-Etienne, à Auxerre, suite à des travaux de
zinguerie, effectués un peu plus tôt dans la journée….
Etc, etc…Un accident qui se répète n’est plus un accident !
Qui seront les prochains ? A La Madeleine, à Paris, diverses
autorités n’ont cessé de signaler des branchements électriques aberrants et
dangereux ; Dans l’ Yonne (avec Sens, la « mère de Notre Dame
de Paris) le vicaire général Joël Rignault lance un cri d'alarme pour que les
systèmes électriques soient refaits. « Dans nos deux cathédrales à Auxerre et à
Sens, l’électricité est ancienne. Sans doute, faudrait-il urgemment regarder
l’état de santé de tout le dispositif car les installations ont été réalisées
au cours du temps et il n’y a pas forcement de vision générale. Or, on le sait,
le danger vient souvent de ces installations anciennes. Il y a urgence. Nous
lançons ces appels depuis très longtemps sans réponse pour l’instant et cela me
semble inquiétant » poursuit le vicaire général.
Et plus grave encore, ceci que révèle Le Canard Enchainé : la Sainte
Chapelle, oui la Sainte Chapelle, gravement menacée, depuis que le Palais de Justice qui l’entoure a été
désaffecté et peu surveillé, alors que
des pièces abandonnées sont remplies de débris mobiliers hautement inflammables..
Si la Sainte Chapelle flambe, dira-t-on encore que c’est un accident ?
On le sait, tous ces chantiers patrimoniaux de réfection sont à très haut
risques d’incendie. On discutera probablement longtemps de l’origine exacte (
points chauds non surveillés après soudure , électrification en dehors de toute
procédure de sécurité et même de tout bon sens de certaines cloches…), la
moindre des choses auraient été d’assurer la surveillance du chantier par un
nombre suffisant de vigiles, et assez longtemps après la fin journalière des
travaux. De multiples boutiques de luxe, en pleine crise rampante des gilets jaunes
n’hésitent pas à louer les services de vigiles samedi après samedi ; une
solution éminemment abordable pour
protéger des boutiques ne l’a pas été
pour Notre Dame !
Cet incendie de Notre Dame, au moins provoqué une saine réaction… en Espagne :
la sécurité électrique de tous les monuments sera revue a annoncé le ministre
de la culture José Guira.
Après l’incendie,
les Vandales ?
Macron intervenant pendant l’incendie a eu des propos justes et sensibles,
pour remercier les pompiers, pour évoquer notre destin commun, notre histoire
qui ne s’arrête jamais…allez 1 minute de dignité. Puis très vite après le
macronisme : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je
veux que cela soit achevé d'ici cinq années » ! Et Anne Hidalgo d’enchainer :
oui, il faut que ce soit fini pour les Jeux Olypiques »
Ben voyons ! A l’ enfant qui serre les poings en crient je veux, ma
grand-mère répondait : « le roi disait : nous voulons »
Puisqu’il en est incapable, reprenons à Natacha Polony dans Marianne (25
avril 2019) les paroles que l’on aurait aimé entendre : « Cela
prendra le temps qu’il faudra, quarante, cinquante ans, si nécessaire, nous y
mettrons notre ardeur et notre savoir-faire , et nous rebâtirons ».
Nous aurions aimé que ce chantier dépasse le temps d’un mandat, pour que l’annonce
soit pleinement désintéressée, qu’elle appartienne on à un homme politique qui
joue les prochaines élections, mais au Président de la république française »
En effet. Mais non ! . Un projet de loi spécial Notre-Dame de Paris
a été présenté mercredi 24 avril en conseil des ministres. Celui-ci donne « la
possibilité au gouvernement de prendre par ordonnance les mesures d’aménagement
ou de dérogation nécessaires pour faciliter la réalisation des travaux » de
l’édifice », autrement dit de s’affranchir des procédures en vigueur en
matière de monuments historiques, et en particuliers des avis et conseils des
architectes du patrimoine.
Même le gentil Stéphane Bern s’en est inquiété : « une loi
d’exception, cela nous inquiète. Le risque est de créer des précédents. Il y a
beaucoup de précipitation. Les lois d’exception, ça m’angoisse toujours », Même
le très courtisan Jack Lang ( il tient à ses postes) a réagi : « Nous
avons, par le passé, mené à bien des chantiers d’ampleur sans avoir besoin
d’une telle disposition,. En neuf mois, nous avons redoré ainsi le dôme des
Invalides en 1988, et, en quatre ans, nous avons restauré la totalité du palais
du Louvre sans aucune dérogation. De même la cathédrale de Strasbourg et
beaucoup d’autres chantiers. »
Avant l’annonce de ce projet de loi, la Fédération des professionnels de
la conservation-restauration (FFCR) avait regretté mercredi être exclue du
débat sur la restauration de Notre-Dame. « Nous avons constaté l’absence totale
du terme conservation-restauration au sein des débats, [alors] qu’en matière de
préservation, de conservation ou encore de reconstruction seuls le temps long
et la concertation garantissent une prise en compte globale, réfléchie,
harmonieuse et pérenne des enjeux », déplorait un communiqué de la profession.
Bref, si Notre Dame survit à l’incendie, elle risque de ne pas survivre
au vandalisme macronien !
Réaction sur twitter : « Ha bah oui, le chiffre rond du monsieur, c'est quand même
plus important que les règles de sécurité, de protection de l'environnement,
d'étude du matériel archéologique et ce qui aurait pu être un chantier modèle pour
démontrer les avancées techniques en restauration scientifique !
En effet, cette restauration à l’identique aurait pu être un sacré défi
pour démontrer le savoir faire de nos artisans et spécialistes du patrimoine !
Sur les
donations effectuées : « Où sont tous ceux qui se scandalisent des dons des mécènes
pour Notre-Dame pour s'indigner de la défiscalisation massive pour des Jeux
Olympiques à plus de 6 milliards ? Notre-Dame de Paris est donc beaucoup moins
importante que cet événement éphémère et ruineux ?
Ou si l’on veut en unités Neymar, c’est deux Neymar…
La Charpente :
Dans le dernier Kaufmann (comme d’habitude instructif et agréab) : Venise à double tour : « Rien
de plus admirable que la charpente d’une église. Dans ma vie, j’en ai exploré
deux : la Cathédrale Saint-Etienne de Bourges et l’Eglise Saint Sulpice de
Paris. C’est dans les combles que bat le cœur de ces immenses constructions.
Leur principe de vie. On y entend nettement le pouls, cette circulation de soufflerie
continue et régulière qui s’insinue entre poutres et solives.. »
En bois et à l’identique !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.