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mardi 28 mai 2019

EnergieWende : un modèle à ne pas suivre. Et la leçon australienne

Energiewende : « tout est en train de dérailler »

"Travail bâclé in Germany". Voilà à peu près ce que signifie le titre de couverture du tout dernier numéro du Spiegel, le plus puissant hebdomadaire allemand. En arrière-plan, on voit une forêt d’éoliennes cassées et de pylônes électriques déconnectés. Une image qui en dit long sur la conscience qu’a aujourd’hui l’opinion allemande de l’échec de l’"Energiewende", ce basculement énergétique décidé par notre voisin au début du millénaire et radicalement accéléré en 2011 après la décision d’Angel Merckel de sortir du nucléaire. Dès 2018, l’Allemagne avait dû admettre que ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre ne seraient pas tenus dans les délais annoncés –elle avait même ouvert de nouvelles mines de charbon... Aujourd’hui, les experts sont en mesure de dresser un bilan des huit premières années de la transition accélérée voulue par Berlin, et il est à peu près désastreux. "Tout le projet est en train de dérailler", écrit le Spiegel.

Et ce n’est pas exagéré : L’Allemagne a investi depuis 2010 plus de 30 milliards par an dans le bastringue et l’on prévoit une facture globale de plus de 500 milliards à l’horizon 2025 –pour partie constituée de subventions et crédits publics, pour le reste financé par les ménages et les entreprises sous forme de hausse de prix. Une étude chiffre même à plus de 3.000 milliards d’euros (oui, 3.000 milliards!) les investissements requis d’ici à 2050, si l’Allemagne persiste dans son intention d’accroissement de la part du solaire et de l’éolien dans son mix énergétique. Des sommes faramineuses. Or, le résultat est spécialement déprimant: malgré les centaines de milliards déjà mis sur la table, les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne sont au même niveau… qu’en 2009. L’Allemagne s’est certes hérissée d’éoliennes et elle accueille des milliers de km2 de panneaux solaires. Mais beaucoup ne sont pas reliés au système de distribution, ou pas convenablement, faute que le réseau ait suivi. En outre, là où elles sont connectées, ces installations ne couvrent les besoins que de manière intermittente (pas de solaire la nuit, pas de vent quand il ne souffle pas…) ce qui requiert, en complément et faute que le stockage soit rentable ou même possible, des capacités complémentaires souvent fossiles (affreux charbon et horrible lignite en tête). Une bérézina.


Sortie du charbon en Allemagne : objectif 2038. Près de 20 ans pour sortir du charbon

En Allemagne, la commission « croissance, changement structurel et emploi » a remis son rapport définitif( le 26 janvier. Elle y propose que la production d’électricité à partir du charbon soit arrêtée d’ici à fin 2038  Explications.

En 2018, le charbon (lignite et houille réunis) a compté pour près de 38% de la production allemande d’électricité. Selon la commission mise en place en juin 2018 par Angela Merkel pour préciser les contours d’une « sortie du charbon », il est possible pour l’Allemagne de se passer de ce combustible à l’horizon 2038.
La commission y propose, dans un premier temps, de réduire d’ici à fin 2022 de plus de 12,5 GW la puissance totale du parc allemand de centrales à charbon (qui avoisine actuellement 42,6 GW). Entre 2023 et fin 2030, les arrêts de centrales au charbon devraient se poursuivre à un niveau assez similaire (portant ainsi à près de 17 GW la puissance cumulée du parc charbon à fin 2030).

La commission indique que sa feuille de route devra faire l’objet d’examens réguliers (en 2023, 2026 et 2029) par des experts indépendants afin de tenir compte des évolutions du système électrique et en particulier des conséquences de la sortie du nucléaire prévue à l’horizon 2022 (cette énergie comptait encore pour 13,3% de la production électrique allemande en 2018).

Le gouvernement devrait suivre ces différentes recommandations (qui n’ont pas de caractère contraignant NB le charbon et le lignite allemand, ça peut donc durer encore plus, plus longtemps….) issues d’un compromis entre les différentes parties prenantes. Pour compenser la sortie du charbon et du nucléaire, l’Allemagne parie sur un développement massif des énergies renouvelables : le pays s’est fixé pour objectif de produire 65% de son électricité à partir de ces filières en 2030 (contre environ 40% en 2018).

Quel coût pour la « transition » ?

Au cours des 20 prochaines années, au moins 40 milliards d’euros d’aides fédérales sont envisagées pour accompagner la sortie du charbon dans les régions charbonnières (est et ouest de l’Allemagne). Des négociations vont avoir lieu avec les exploitants de centrales (« plus les centrales seront arrêtées tardivement, plus la compensation sera faible »). Aux premiers rangs de ces exploitants figure RWE qui juge pour sa part « raisonnable de réexaminer en 2032 » (tiens, tiens, y-a-bon lignite) la date de sortie du charbon.
La commission appelle par ailleurs à préserver les consommateurs allemands (entreprises et ménages) de la hausse des prix de l’électricité associée à une sortie « accélérée » du charbon. Elle estime à ce titre qu’« une subvention d’au moins 2 milliards d’euros par an est nécessaire pour compenser cette augmentation ». Les ménages allemands sont d’ores et déjà les Européens qui paient leur électricité le plus cher après le Danemark : 0,30 €/kWh au 1er semestre 2018 selon les dernières données d’Eurostat, soit 70% de plus qu’en France.

Tiens, tiens, ça a peut-être à voir avec le fait que la part des renouvelables dans le mix électrique outre-rhin a approximativement doublé depuis le début des années 2010, et qu’en plus le coût associé aux réseaux électriques est particulièrement élevé, notamment en raison du raccordement onéreux des parcs éoliens offshore.

 La sortie du charbon en Allemagne sera donc difficile et coûteuse, reconnaît la commission, mais nécessaire en vue de réduire les émissions allemandes de gaz à effet de serre. L’an dernier, le gouvernement avait reconnu son incapacité à atteindre l'objectif de 40% de réduction des émissions nationales d’ici à 2020 (par rapport à 1990)…

Ben oui, ils ont même pas commencé à diminuer. Non seulement, mais ces dernières années ils ont continué à ouvrir à tire larigo des mines de charbon et de lignite, tant que c’était encore autorisé. Donc, forcément, ça leur prendra encore plus de temps à sortir du charbon ( on va quand même pas les fermer tout de suite celles qui viennent d’ouvrir….)

A partir d’une situation similaire, le Royaume-Uni est sorti de la production électrique à partoir du charbon en quatre ans. Donc c’est possible… à condition de mettre en place une taxe carbone et d’investir dans le nucléaire. (cf.) https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/02/leurope-de-lenergie-encore-un-echec.html

Bilan : avec son Energiewende tout renouvelable, l’Allemagne ne baisse pas ses émissions de CO2 par habitant qui restent supérieures d’un tiers à celles de la France et ceux-ci payent pourtant leur électricité 70%  plus cher qu’en France. Face à cette catastrophe, l’Allemagne continue et retarde indéfiniment sa sortie du charbon. Et fuck the climate

Disons le, avec son Energiewende si renouvelable, si applaudie par les écologistes irresponsables ( ils ne le sont pas tous), avec ses si plébiscités,, si populaires, si présentés comme modèles Grunen tout verts, l’Allemagne continue dans sa spécialité historique, le crime contre l’humanité

Tiens, une leçon pour nos politiciens, qu’ils comprendront peut-être…

Australie : Transition énergétique : mieux qu’un long discours, une élection…


J’avais dans un blog précédent (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2018/01/electricite-vers-le-grand-noir-le.html) exposé comment l’Australie du sud ( un des Etats Australiens), parti dans un délire écolo-affairiste, avait décidé de devenir un champion de l’éolien et du solaire ( et pourtant ils sont pas défavorisés dans ces domaines..).
Ayant eu la très mauvaise idée de dépasser les 40% d’éolien, ils ont récolté ce qu’ils sont semé, c’est-à-dire des effondrements systémiques du réseau une fois, deux fois, trois fois, des black out total, plus de jus, plus rien, même dans les hopitaux.

A cela s’est ajouté un quadruplement du prix de l'électricité facturé aux particuliers et des consommateurs pauvres ne pouvant plus payer leurs factures….

Alors, ils ont fait quoi ? Ben, relancé le charbon !

Et puis vote il y a eu, élections fédérales le 18 mai 2019. La coalition du Parti Libéral au pouvoir de Tony Morrisson était donnée perdante par tous les sondages qui prédisaient une large victoire du Travailliste Bill Shorten… qui a  finalement perdu.

La raison : Bill Shorten ambitionnait de faire de l’île une « superpuissance des énergies renouvelables..

 »…A la vue de l’expérience sudiste, les électeurs ont bien compris et bien choisi : ils ont rejeté une ruineuse politique climatique fondée sur des énergies éoliennes et photovoltaïques entraînant une hausse du prix de l’électricité et des coupures de courant et cette raison semble bien le principal facteur expliquant le retournement inattendu (par les sondages) des électeurs.
Déjà, le 9 octobre 2017, le journal The Australian qualifiait le développement des éoliennes et panneaux photovoltaïques de « plus grande escroquerie mondiale ».

Allez, on résiste pas au plaisir : Morrison, Centre droit, 76 députés ; Shorten, Centre Gauche, 67 députés ;  Di Natale , Verts, 1 député


Après une expérience douloureuse, il y en a qui ont compris …



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