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vendredi 7 juin 2019

Interdiction des moteurs essence et Diesel avant 2040 : et une loi macroniste stupide de plus !


Décidément, depuis sa pseudo-victoire aux européennes, le macronisme se sent tout revigoré  et un peu de démagogie opportuniste et écologiste aidant fonce droit devant. Donc a été voté à l’Assemblée une loi démagogique, inapplicable, stupide, dangereuse de plus : L'interdiction des moteurs essence et diesel à partir de 2040.

Un choc social énorme pour l’industrie

Décidément, si l’écologie est à la mode, on ne voit, malgré la colère toujours présente des gilets jaunes aucune remontée des préoccupations sociales. Donc, allons-y ans le brutal pour faire réaliser l’ampleur de la chose  : d’ici à une vingtaine d’années, les constructeurs automobiles ne pourront plus commercialiser de véhicules essence ou diesel. Ces derniers représentent aujourd’hui plus de 95 % des ventes.

Les enjeux sont considérables, puisque la filière automobile représente 16 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière française, avec plus de4 000 entreprises industrielles employant quelque 440 000 salariés, et, en aval, près de 130 000 entreprises de services employant 480 000 salariés.
Tiens, pour ceux qui aiment s’amuser, un extrait du rapport  de l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques sur l’arrêt de la commercialisation des véhicules thermiques en 2040.

« M. Gérard Longuet : je ne vois pas que le gouvernement pourrait, de gaieté de cœur, considérer un problème impactant 800 000 personnes sans leur donner le moindre espoir de s’en sortir. Quand, entant que ministre chargé de l’industrie, j’ai « fermé » les dernières mines de charbon, elles n’avaient plus que 10 000 salariés, c’était relativement facile. Pourtant, mon ministère a été vandalisé plusieurs fois. Le Conseil régional de Lorraine tout autant. Je pense qu’on ne peut pas dire à 800 000 personnes qu’on est en train de programmer leur disparition, sans certitude de pouvoir les sauver, et sans perspective de nouveaux métiers...

M. Cédric Villani, député, premier vice-président de l’Office. Pourtant, il va falloir gérer cette disparition. La question est : comment le faire ? (Il est bien gentil Cedric !) Gérard Longuet,. En tout cas, je pense qu’on ne peut pas ne pas montrer l’importance de ce choix, et les questions sans réponse à cet instant. »

En effet !

Et c’est pourtant ce qu’a fait la majorité macroniste de l’Assemblée! Plus dans le méptis et le et le je m’en foutisme social, c’est difficile

Un matraquage de plus pour les automobilistes

Ben oui, car le Diesel, même sans bénéficier de la prime au carburant, c’est toujours très économique. A preuve : Selon une étude réalisée par le groupe l'Argus, plus des deux tiers des automobilistes qui sont passés du Diesel au sans-plomb depuis trois ans sont déçus car ils trouvent que leur véhicule consomme trop !

Le rapport de l’Office Parlementaire estime à un faramineux plusieurs centaines de milliards d’euros le coûr de l’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2040. Qui paiera ? Ben, les automobilistes et surtout ceux qui ne le peuvent pas. A l’achat, le véhicule électrique est pénalisé : à modèle équivalent, malgré les aides gouvernementales, le surcoût moyen par rapport à une voiture thermique est  proche de 50 %.

Et cerise sur le gateau !: la décision d’arrêter brutalement le diesel a un effet pervers, celui de bloquer les innombrables propriétaires actuels de diesel dans leur choix actuel ( naguère très favorisé par l’Etat).En effet, la valeur de revente de leur véhicule est de zéro !
Alors on fera comment ? Là encore, la solution macroniste figure dans le rapport de l’Office Parlementaire :

« Les pouvoirs publics devront par conséquent faire payer à la collectivité le prix nécessaire pour que la mobilité devienne sobre en termes de carbone. M. Nicolas Meillant : Un autre levier qui pourrait encourager les consommateurs à s’équiper en véhicules électriques sont les restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants, comme celles instaurées dans la ville de Londres. Les centres-villes vont être de plus en plus dédiés aux mobilités à faibles émissions, donc à la mobilité électrique. La mairie de Paris étudie d’ailleurs l’idée de réserver les quatre premiers arrondissements aux mobilités à faibles émissions. En Allemagne, une trentaine de ont déjà pris des mesures restrictives pour les véhicules thermiques. Par exemple, à partir de janvier 2019, les véhicules diesel ne pourront plus circuler à Stuttgart, y compris sur les rocades. À Hambourg, depuis mai 2018, tous les véhicules diesel, y compris Euro 5, soit 80 % des véhicules en circulation, ne peuvent plus emprunter l’une des rues principales de la ville. Ces mesures vont se multiplier. Quand bien même le véhicule électrique serait plus cher, il conférera à son utilisateur un avantage d’utilité, grâce à son accès aux centres-villes.

Donc, manants diéselisés, interdiction de rentrer dans les villes ! Macronistes, vous voulez vraiment remplir les ronds points !

Un choix très contestable pour l’écologie

Si j’ai un moteur (le Diesel) qui consomme 30% de moins que so concurrent, si l’on effectue le traitement nécessaire à la sortie des gaz, il doit polluer 30% de moins. En tous les cas, pour le CO2 dont on nous rabat les oreilles, c’est incontestable ! Du point de vue climatique le Diesel est plus intéressant que l’essence !

Le remplacement par la voiture électrique ? Encore faut-il calculer l’analyse des émissions de CO2 tout au long de son cycle de vie, et non plus seulement en utilisation, comme actuellement. Et surtout ceci : ça dépend fortement comment l’électricité est produite ! A partir de lignite ou de carbone, c’est catastrophique ( et les allemands se fichent vraiment du monde) ; à partir de gaz ? Ben, à ce moment, il vaut beaucoup mieux des véhicules GPL ! La France est privilégiée de ce point de vue en raison de ses 75% de production électrique nucléaire. Mais alors il faut en tirer la conclusion : vouloir à la fois pousser le véhicule électrique et réduire le nucléaire est absurde au regard de l’objectif bas carbone.

Néfaste pour le climat, l’interdiction des moteurs essence et Diesel avant 2040 est –elle favorable à la santé publique ? La situation n’est pas la même dans les villes et les campagnes ; de plus, avec les nouvelles normes Euro 6, le Diesel, compte-tenu du fait répétons-le qu’il consomme 30% de moins de carburant, n’émet maintenant pas plus de particules que les moteurs à essence (en particulier, les rejets de NOx ont été divisés par deux).

Reste que la découverte chez Volkswagen de dispositifs destinés à fausser spécifiquement les résultats lors des test destinés à vérifier le respect des normes a porté un coup terrible au Diesel. Que l’on punisse sévèrement le (ou les)  tricheurs, et surtout que les Allemands se montrent un peu plus modestes sur une Deutsche Qualität de plus en plus mythique) ; mais il serait irresponsable de liquider tout un secteur qui n’est pas dépourvu d’intérêt pour la mobilité et pour l’environnement à ce prétexte.

Une loi en contradiction avec les recommandations de l’OPECST

Constatant le coût faramineux de  cette mesure d'interdiction des moteurs essence et diesel à partir de 2040, le rapport parlementaire invitait à éviter des choix précipités et néfastes et surtout à respecter la neutralité technologique :

« les rapporteurs estiment qu’il faut réaffirmer le principe de neutralité technologique, garant de la liberté des industriels de trouver les meilleures solutions, et de celle de leurs clients, d’adopter celles qui répondent le mieux à leurs besoins. À cet égard, le moteur thermique continuera à jouer un rôle, dans une période de transition, au côté des véhicules électriques à batterie, par exemple dans les véhicules hybrides rechargeables. Alimenté en bioGaz ou même GPL, le moteur thermique peut d’ailleurs être plus vertueux. La neutralité technologique permet aussi une transition plus progressive limitant les impacts sur le tissu industriel et les emplois. »

Eh ben, les députés macronistes ont fait tout le contraire ! Et leur amateurisme, et leur irresponsabilité sont telles qu’on ne sait même pas si l’interdiction qu’ils ont votée concernera les moteurs hybrides ou fonctionnant au bio-gaz !!  Si c’est le cas, cela va à l’encontre de l’évaluation pourtant déjà « audacieuse » de l’OPECST… et cela rend leur loi de toute façon inapplicable ! Une loi de papier de plus !

Le Diesel bashing. Quid de la mortalité ?

 « Le diesel-bashing repose sur une mauvaise appréciation des résultats scientifiques et condamne un secteur d’activités, non pas à cause de l’évolution naturelle de la société, ce qui conduit, en général, à une lente décroissance des productions, mais à cause d’une idéologie instrumentant les peurs »
voir là-dessus une série d’articles très intéressants et passionnés de M. Le Floc-Prigent, notamment http://loikleflochprigent.com/?p=321, http://loikleflochprigent.com/?p=865

En résumé :

Le chiffre de 48.000 morts par an dus au Diesel a été lancé par Jean-Vincent Placé, Delphine Batho et Cécile Duflot, repris par de nombreux media sans critiques et par Emmanuel Macron lui-même (Tinens, où en est la loi sur les Fake news ?).  

Aucune étude n’en apporte la preuve. La réalité semble même être complètement différente.

Même le journal Le Monde, en 2013, avait dénoncé l’usage abusif de ce bilan, martelé sur les ondes.
Ce chiffre est issu d’une manipulation d’étude de la Commission européenne sur la pollution atmosphérique. Il s’agissait en réalité de l’ensemble des morts prématurés dues à la pollution, et de plus estimée d’une manière, comment dire, assez cavalière. Commentaire « Quand sur un certificat de décès il est indiqué tuberculose comme cause de la mort, on sait à quoi s'en tenir. Quand on lit affection respiratoire chronique, aggravée par le tabagisme ou d'autres facteurs, c'est beaucoup plus difficile d'évaluer le rôle de la pollution atmosphérique, a fortiori le rôle éventuel du diesel. Les chiffres que nous avons sont des estimations entourées d'incertitudes." (Agnès Lefranc, adjointe à la direction santé et environnement de l'Institut de Veille sanitaire (INVS).

Au même moment, un article paru dans Nature a proposé un chiffrage  des décès dus aux PM 2,5 et aux NOx à 38 000/an dans le monde, dont 28 000 dans l’Union Européenne… C’est pas 48 000 pour la France seule !

En 2011, une enquête auprès de 9 villes de France (sur un total de 25 villes européennes) s’est penchée sur les effets de la pollution atmosphérique urbaine. Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse (soit 12 millions d’habitants) ont contribué à ce projet baptisé Aphekom. Les résultats ont été publiés en 2012. Résultat : L’espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville, ce qui équivaut à différer près de 3 000 décès par an, si les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 respectaient la valeur guide de l’OMS (10 µg/m3). (NB accidents domestiques 20000 morts par ans en France)

Ajoutons à cela que l’on mélange joyeusement mortalité, mortalité prématurée , mortalité évitable, qui sont des concepts statistiques  assez délicats d’interprétation (La mortalité prématurée est l’ensemble des décès survenus avant 65 ans. La mortalité évitable est définie à partir d’une répartition en trois composantes : causes de décès liées aux comportements à risque, causes de décès liées au système de soins et autres causes de décès. )

Oui, il  y a bien eu dans les campagnes contre le Diesel ce mélange maintenant systématique d’ignorance scientifique, de haine de la technique, de refus de la rationalité et de manipulation des peurs !


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