L'arrivée à partir de fin 2013
des premiers médicaments de Gilead capables de guérir l'hépatite C chronique
avait déclenché une vive polémique en raison de leurs prix initiaux, jugés
exorbitants pour la sécurité sociale: plus de 40.000 euros par patient.
Le Sovaldi de Gilead était
rappelons-le la première molécule à guérir, guérir vraiment l’hépatite C, et
ceci en quelques semaines. Il s’agissait là d’une découverte remarquable, d’une
immense avancée thérapeutique. Avant le Sovaldi (Sofosbuvir), il y avait aucune
guérison de l’hépatite C, seulement des traitements en ralentissant l’évolution.
Ces traitement de l’hépatite C reposaient sur l’interféron et la ribavirine et
nécessitaient des injections hebdomadaires pendant 48 semaines, agissaient sur environ
la moitié des patients, mais provoquaient des réactions indésirables fréquentes
entrainant l’arrêt du traitement, et parfois engageant le pronostic vital.
Ensuite, il ne restait que la greffe de foie et les traitements
immunosuppresseurs à vie. Même à quarante mille euros, même en laissant de côté
la guérison, le confort de vie, l’immense service médical rendu qu’apporte le
médicament de Gilad, même en se bornant aux simples considérations économiques,
le traitement par le Sofosbuvir à 40.000 euros était rentable pour la société,
au moins pour les cas les plus graves.
Que n’avait-on pas alors entendu ?
Certains ont voulu faire appel en justice contre le médicament à 84.000 dollars
... les clameurs anti-industrie pharmaceutique ont été abondamment et complaisamment relayées
par les « Hépatite C : le nouveau hold-up des labos », Hépatite C : le coût «
exorbitant » de nouveaux traitements dénoncé
(Le Monde) ; appel de Philippe Even, Marie-Odile Bertella-Geffroy,
Nicolas Dupont-Aignan (jamais en retard d’une démagogie) à « légalement
autoriser des laboratoires pharmaceutiques concurrents de Gilead « à produire
des génériques du sofosbuvir en leur
accordant des licences » .( c’est quitter tout système de protection
industrielle et la fin du progrès !- même l’Albanie ne fait plus ça !) etc.,
etc.
Ces déclarations devraient faire honte à leurs auteurs !
Tous seront traités et espérons-le guéri !
En raison du prix élevé (mais
répétons-le, parfaitement justifié quant au service médical rendu) le gouvernement
français s avait d'abord réservé le traitement de Gilead aux patients les plus
gravement atteints, chez lesquels il fallait absolument empêcher l’évolution
vers le cancer. Peu à peu, les prescriptions se sont élargies.
Ce qui devait se passer est
arrivé. L’invention de Gilead, une fois inventée ! et publiée comme il se
doit dans un brevet pouvait assez facilement être transférée à d’autres
molécules. Abbvie notamment a concurrencé Gilead. En mars 18, le gouvernement
français est parvenu à un accord avec Gilead et Abbvie et les médicaments de
Gilead (Sovaldi, Harvoni et Epclusa ainsi que son nouveau produit Vosevi, un
traitement de réserve pour les patients n'ayant pas répondu favorablement aux
autres traitements jusque là disponibles) et celui d’Abbvie (Maviret) seront , en plus des hôpitaux,
accessibles dans toutes les pharmacies de France, à un prix inférieur à trente
mille euros.
Le traitement miracle s’est en sorte tellement banalisé que, début juin
2019, les généralistes pourront le prescrire. Tous les patients pourront être
soignés plus facilement, partout en France.
L’éradication de l’Hépatite C
devient un objectif possible. Pour la France, le Premier Ministre et le
ministre de la Santé ont annoncé une élimination
d’ici à 2025 – c’’est désormais un objectif officiel L’hépatite C chronique,
grâce à Gilead et à ses chercheurs, infection silencieuse responsable de cirrhose
et de cancers du foie, est aujourd’hui la seule maladie virale chronique à
pouvoir être guérie. Environ 130.000 adultes restent infectés par le virus de
l'hépatite C en France métropolitaine et environ 75.000 d'entre eux
ignoreraient qu'ils le sont, selon des estimations citées par la Haute Autorité
de santé (HAS) fin 2017. Cela devient maintenant le principal défi que de les identifier
( la question du dépistage plus ou mis systématique se pose) de façon à ce qu’ils
puissent bénéficier e cett immense progrès.
Une ombre au tableau ? Ah oui,
pour certains actionnaires de Gilead, le traitement marche trop bien et trop
rapidement, ce qui diminue les profits. Pour certains, un médicament qui
guérit, c’est pas très bon.
Merci à Gilead, à ses chercheurs,
à l‘industrie pharmaceutique qui a fait magnifiquement son travail. Cela ne
pourra continuer que si les avancées thérapeutiques réelles sont justement
rémunérées.
Il nous une vraie politique du médicament qui favorise
l’innovation et ne se limite à des baisses de prix ; et de préférence
l’innovation en Europe, alors qu’une politique de dénigrement systématique et
de baisse des prix aveugle conduirait, surtout en France, à la fin de la
recherche thérapeutique – dans le pays de Pasteur et de Claude Bernard ! L’Europe, si elle
veut redorer un blason bien terni, serait bien inspirée de s’occuper de
politique de santé pour ce qui peut le plus efficacement être réalisé à son
échelle .
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