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mercredi 26 juin 2019

Pourquoi les tarifs EDF augmentent ? Magouilles et mensonges. Un système fou, fou, fou (2) !


Ou l’ARENH expliqué à vos enfants (enfin, on essaie)


L’aberration de l’ARENH : EDF subventionne ses concurrents pour qu'ils lui prennent des parts de marché.

Ce dispositif permet aux concurrents d’EDF d’acheter, à prix fixe, une partie de l’électricité nucléaire produite par l’opérateur historique dans une limite de 100 Twh par an, au total (soit un quart de la production nucléaire). C’est de toute façon tout bénef et sans risque pour les « concurrents » . Lorsque les éoliennes crachent, ils vendent de l’éolien- si ça intéresse quelqu’un. Si le prix de marché spot  passe au-dessus du prix ARENH ((42€/MWh) fortement subventionné, qui couvre à peine le coût de production d’EDF, eh bien les « concurrents » vendent du nucléaire plus cher qu’ils ne l’achètent à EDF ( et parfois, en prétendant que c’est de l’énergie verte !).Et ils peuvent le faire à chaque instant, sans délai, comme arrêter à tout instant. Jackpot !

Ce qui a fait dire au PDG d’EDF :  « Des concurrents, j’en ai, mais des concurrents qui produisent, j’en cherche » ! L’ Arenh  a été qualifiée de « vrai péril » et de « principal handicap » d'EDF, un dispositif qui revient à ce que des investissements publics subventionnent des acteurs privés dont certains disposent de moyens considérables, empêche EDF de profiter du produit de son travail et n'incite pas ses concurrents à construire de production nouvelle à leurs risques ».

A ses yeux, prolonger ce dispositif au-delà de 2025 ne serait « pas défendable » et serait même « inconvenant ». Et d'en appeler à une régulation équitable et durable qui « permette aux Français de bénéficier du nucléaire dont ils sont les propriétaires indirects au travers de l'entreprise publique EDF, qu'ils soient ou non clients d'EDF ».

L'économiste Elie Cohen estime pour sa part qu'avec ce dispositif « EDF subventionne ses concurrents pour qu'ils lui prennent des parts de marché. Elle renonce à une partie de sa rente sans compensation quand les prix de gros faiblissent alors qu'elle doit assurer seule les coûts des exigences grandissantes de sûreté ».
Et bien, que croyez-vous qu’il arrivera ?

Les « fournisseurs non producteurs » concurrents d’EDF sont si content (évidemment !) de l’ARENH qu’ils ont demandé à la fois une augmentation du plafond autorisé et le maintien du prix de vente actuel à 42 €/MWh. Pourquoi se gêner ?

Augmentation du plafond ! Bingo !  : Malgré les critiques de la CRE, Les députés de La République en Marche ont présenté, le 1er juin, un amendement  visant à rehausser le plafond de l’ARENH à 150 TWh dans le cadre du projet de loi relatif à l’énergie et au climat. Cette augmentation est souhaitée de longue date par les fournisseurs alternatifs et François de Rugy s’est lui aussi prononcé en faveur d’une hausse.

Maintien du bas tarif ! Et rebingo ! De Rugy : « Je vous le dis franchement, on ne satisfera pas» la demande de @EDFofficiel de hausse de 42 à 52 €/MWh du prix Arenh. La Commission européenne ne nous y autorisera pas, c'est très décalé avec la réalité»

Donc EDF perdra de l’argent en vendant de l’électricité à ses concurrents pour qu’ils puissent la concurrencer (puisque, plus les renouvelables augmentent, plus les coûts pour EDF augmentent. Et c’est le consommateur qui paie plus cher pour que, grace à la concurrence, des margoulins puissent piller EDF pour les vendre moins cher. Quelqu’un a compris ?

De Rugy, symbole de l’affairisme écolo et complice des margoulins des éoliennes

Article très intéressant et révélateur du Canard Enchaîné du Mercredi 19,juin : « Loi Energie Climat, des amendements d’un désintéressement total ». Extraits :
 « Alors que le projet de loi Energie- Climat doit bientôt être discuté par les députés, certains viennent de recevoir un document étonnant. Il s’agit d’un ensemble d’amendements livrés clés en main , aimablement préparés par une filiale de Total… Pas moins de huit amendements : des bouts de loi fournis avec l’indispensable exposé des motifs, le tout frappé du logo du groupe pétrolier

Ce lobbying aussi discret qu’une nappe de pétrole ne semble pas avoir effrayé tout le monde ; Pour preuve l’amendement CE590 présenté par deux députés La République en Marche Ce texte reprend l’une des principales revendications de la liasse pétrolière permettre aux concurrents d’EDF, dont Total, de racheter deux fois plus d’ »électricité d’origine nucléaire.

EDF est en effet tenu de vendre 25% de son électricité à ses concurrents au prix fort avantageux de 42 eur. le mégawatt.h. tarif fixé en 2012. Sauf que , en 2018, le coût du megawatt heure s’est envolé ( plus de 61 euros cet automne ( NB : si vous voulez comprendre pourquoi, voir le blog précédent, ou l’explication du mystère selon lequel, plus il y a d’éolien « pas cher » dans le mix électrique, plus son prix est élevé). Les rivaux d’EDF se sont donc rués sur son électricité nucléaire pas chère. Et leur demande a largement excédé le plafond annuel autorisé de 25%. … Tandis qu »un amendement gouvernemental en tient pour le relever de 50%... »

« Au fait, qui est l’auteur du document envoyé aux députés ? Un certain Antoine Alibert, chargé des affaires institutionnelles de Direct Energie.. Et où travaillait-il avant ? Auprès de la députée Europe Ecologie Les Verts Eva Sas dont il était le collaborateur parlementaire ! »

L’escroquerie de l’électricité verte

Tiens , un autre amendement déposé par des députés qui ne savent plus où ils habitent

« « l’ARENH a été établi pour permettre aux fournisseurs alternatifs d’électricité d’accéder à la production nucléaire d’EDF. L’électricité achetée par ce biais l’est à un tarif particulièrement avantageux et bien inférieur à celui du marché de l’électricité.
Ceci est contraire au principe économique des offres vertes par lequel un fournisseur achète au prix de marché de l’électricité issue de sources renouvelables, et achète en parallèle sur un autre marché la garantie d’origine liée à cette même production.

Commentaire : bravo, bien vu !

En effet, le recours à l’ARENH peut permettre un approvisionnement à un coût inférieur à celui du marché et contribue davantage au financement de la production nucléaire qu’au développement de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable, et ce contrairement à l’attente des consommateurs. »

Commentaire : tout faux ! Car enfin, c’est pas  EDF qui demande le maintien de l’ARENH !. EDF propriété des Français est pillée en étant forcée d’approvisionner à bas prix ses concurrents prétendument verts.

ARENH : réactions syndicales

Les syndicats, décrédibilisés par Macron et ses libéraux boys  comme partenaires et parties prenantes représentatives, connaissent bien le dossier et ont quelques petites choses à dire :

FO : la sécurité d’approvisionnement en danger :

En 2010, la loi NOME met en place l’Arenh (accès régulé à l’énergie nucléaire historique). Ce mécanisme permet aux nouveaux arrivants de s’approvisionner en électricité dans des conditions économiques équivalentes à celles supportées par EDF. Le prix de l’Arenh fixé par l’État à 42 € n’a pas évolué depuis 2012. En 2018, les opérateurs alternatifs ont demandé plus de 100 TWh, soit le quart de la production nucléaire d’EDF, sans obtenir satisfaction compte tenu du plafonnement légal, ils n’ont obtenu que 75 % de l’électricité demandée à 42 €…. En 2007, lors de l’ouverture du marché à la concurrence, l’AFOC avait dénoncé le manque d’incitation à investir dans la production par les défenseurs de la concurrence à outrance. Elle avait alerté en disant que tout ceci aura des conséquences graves au regard de la sécurité d’approvisionnement qui est déjà fragilisée par le manque d’investissement

L’actualité nous donne raison. En effet, le nucléaire nécessite d’énormes investissements et s’amortit sur le long terme. Le retour sur investissement est donc fort long. Or, la grande majorité des opérateurs alternatifs n’utilisent pas les marges qu’ils réalisent pour investir dans les moyens de production parce que ce qui prime à leurs yeux c’est la rentabilité financière à court terme.
Et pourtant, ces opérateurs alternatifs ont bénéficié de l’Arenh, payé par les consommateurs depuis 10 ans sans faire aucun investissement dans la production !

CGT : Quand il faut l’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité pour permettre aux fournisseurs alternatifs de faire plus de profits pour rémunérer leurs actionnaires !!!

On se retrouve avec un vrai paradoxe ! La commission européenne et les fournisseurs alternatifs d’électricité qui ont toujours vanté la concurrence « libre et non faussée » prétextant qu’elle ferait baisser les prix ont aujourd’hui besoin d’une augmentation des tarifs réglementés (fixés par les pouvoirs publics). En effet, l’augmentation tarifaire du kWh sur le marché n’est plus rentable et ampute leurs profits.

La concurrence au niveau de la production n’existe pas en réalité. Aucun fournisseur n’a construit de nouveaux moyens de production pour venir concurrencer les producteurs historiques. Toutes se sont jetées dans le marché juteux des énergies renouvelables fortement subventionnées dont la facture estimée par la Cour des comptes s’élève à 121 milliards directement prélevés sur la facture des consommateurs. Ces entreprises privées ne font que revendre de l’électricité qu’elles achètent soit à EDF jusqu’à 100 TWh maximum à un tarif en dessous des coûts de production (l’ARENH) mise en place par la loi NOME ou sur une bourse du marché de gros qui, jusque-là était en dessous du prix de l’ARENH.

Aujourd’hui, le manque d’investissement dans des moyens de production en Europe ou en France conduit à une hausse du prix du marché de gros, à plus de 56 €/MWh. Les fournisseurs alternatifs qui, jusque-là, achetaient l’essentiel de leur électricité sur ce marché, car moins chère que l’ARENH (42 €/MWh) sont pris au piège.

CFE-CGC : l’ARENH met EDF en grande difficulté

L’Alliance CFE UNSA Énergies a exprimé, une nouvelle fois, que l’urgence résidait non pas dans un meccano capitalistique précipité mais bel et bien dans une nouvelle régulation de l’AReNH, équitable, et ce, avant toute réflexion sur une adaptation de l’organisation de l’entreprise. La Direction a aussi stigmatisé un niveau de prix de l’AReNH décorrélé du coût de production et qui ne permet aucun investissement dans la maintenance du parc de production, les réseaux ou la transition énergétique. Là également, la Direction reprend un diagnostic posé depuis longtemps par l’Alliance CFE UNSA Énergies et sa revendication d’une impérieuse révision en profondeur del’AReNH. Le Groupe doit en effet investir 15 milliards d’euros par an jusqu’en 2022 sans en avoir véritablement les moyens.

Autrement dit, la CFE-CGC et les syndicats en général réclamnte une baisse du plafond de l’ARENH et une hausse de son prix. Soit le contraire de ce que fait M. De Rugy, apparemment très dévoué à ses amis affairistes écolos et qui fait tout pour qu’ils puissent continuer à piller EDF et le patrimoine des Français.


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