Puisque
la mode est à l’anti fake news, allons- y aussi sur le blog. C’est après tout
une contribution utile au débat que de tenter de rectifier les fausses idées ou
mensonges, dans les domaines scientifiques et techniques. L’idée générale sera
aussi de rappeler que l’industrie, comme la science, comme la technique est une
création de l‘Humanité pour son service. Et que des services, elle en a rendu
énormément
Obsolescence programmée
(des ampoules et cartel Phoebus)
Le
cartel Phœbus est un oligopole composé notamment de Philips, Osram et General
Electric mis en place entre 1924 et 1939 dans le but de contrôler la
fabrication et la vente des lampes à incandescence mais qui échoua finalement à
contrer l'arrivée de compétiteurs mieux offrant. Bien que peu étudié par les
historiens de l'économie (NB et pour
cause), ce cartel a fait l'objet d'un
regain d'intérêt après avoir été mentionné dans des œuvres de fiction et des
documentaires le dénonçant comme
l'une des premières tentatives et donc l'échec d'application à grande échelle
de l'obsolescence programmée, c'est-à-dire la planification industrielle
pour sciemment limiter la durabilité des lampes en empêchant les progrès
techniques qui auraient permis la fabrication de lampes plus durables. Le
cartel Phoebus figure notammnent dans le roman L'Arc-en-ciel de la gravité,
publié en 1973, qui mêle fiction et
réalité autour des théories du complot.
La
réalité : L’appellation « cartel de Phœbus » fait référence à la société
anonyme spécialement créée pour contrôler le marché mondial des lampes à incandescence
: Phœbus S.A. Compagnie Industrielle pour le développement de l'Éclairage,
fondée à Genève le 15 janvier 1925.
Le succès a été relatif : dès la fin des
années 1920, une union suédo-norvégo-danoise des entreprises (la société
d'Europe du Nord Luma Co-op) a commencé à planifier un centre de fabrication
indépendant. Les menaces économiques et de poursuites par Phœbus n'ont pas
obtenu l'effet désiré, et en 1931, les Scandinaves produisaient et vendaient
des lampes à un prix considérablement plus bas que Phœbus. L'accord initial
Phœbus expirait en 1955. Cependant, le début de la Seconde Guerre mondiale
avait fortement perturbé le fonctionnement de l'entente=. Les vestiges de
l'entente Phœbus ont repris leur activité en 1948.
Les pratiques du
cartel Phœbus ont fait l'objet en 1951 d'un rapport de la commission anti-trust
britannique. Si ce rapport dénonce une entente sur les prix qui aurait conduit
le consommateur à payer plus cher ses lampes, il réfute par contre l'accusation
d'une limitation de la durée de vie en défaveur du consommateur.
Courrier
dans la revue La Recherche, avril 2019 n° 546 :
Markus Krajewski
confirme la thèse de l'obsolescence programmée des ampoules à incandescence (La
Recherche n° 541, p. 12). Pourtant, il me semble que la normalisation
effectuée par le cartel Phoebus découlait plutôt d'un compromis entre la durée
de vie, la qualité de l'éclairage et la consommation électrique des ampoules.
Réponse de Georges Zissis, du laboratoire plasma et conversion d'énergie (université Toulouse 3
Paul-Sabatier)- un Universitaire donc. La limitation de la durée de vie des lampes à
incandescence est, en effet, un choix dicté par plusieurs facteurs. Réduire la température du filament et
augmenter la pression du gaz dans l'ampoule pourraient prolonger leur durée de
vie, mais elles seraient moins lumineuses (rouge orangé plutôt que blanches) et
moins efficaces du point de vue de la consommation électrique. Les travaux du
cartel Phoebus ont contribué à réduire les coûts de production et à démocratiser
un produit qui a équipé nos maisons pendant des décennies. Il n’est donc
pas tout à fait exact d’assimiler ce choix à de l’obsolescence programmée.
En effet, et merci à La Recherche
d’avoir publié ce rectificatif. Néanmoins, le problème reste toujours le
même : le rectificatif occupe un quart de page tandis que le Fake News
initial figure dans un article complet reprenant sans critique les thèse de Markus
Krajewski, auteur de The Great Lightbulb
Conspiracy (sic !).
Plus techniquement : En ce qui concerne les standards
de durée de vie, avant l’cccord Phœbus et jusqu’à ce jour, les ampoules à
filament habituelles sont conçues pour avoir, en moyenne, une durée de vie
minimum de 1000 heures. Il a souvent été prétendu – cependant sans preuve pour
nous – que l’organisation Phoebus avait artificiellement fixé une courte vie
aux ampoules dans le but d’augmenter le nombre d’ampoules vendues. Comme nous
l’avons indiqué au Chapitre 9, il ne peut pas y avoir de durée de vie
parfaitement adaptée aux nombreuses conditions variables que l’on trouve parmi
les consommateurs d’un pays donné, de sorte que tout standard de durée de vie
doit représenter un compromis entre facteurs contradictoires. Le B.S.I, a
toujours adopté un seul standard de durée de vie pour les ampoules a filament,
et les représentants du B.S.I, et du B.E.A., comme la plupart des fabricants de
lampes nous ont dit sous serment qu’ils considèrent 1000 heures comme le
meilleur compromis possible actuellement, et aucun élément ne nous a été soumis
pour contredire ceci. De ce fait, nous devons rejeter l’allégation fallacieuse
mentionnée plus haut.
En pratique, un
filament d’ampoule atteint une température de l’ordre de 3000 K, ce qui le condamne
à émettre plus de chaleur sous forme d’infrarouges que de lumière visible. Pour un bon rendement de la
lampe, on a tout intérêt à ce que le filament soit le plus chaud possible. Un
ensemble de relations expérimentales connues sous le nom de “lamp rerating” permettent de lier entre elles la tension
électrique à la “température de couleur du filament et à la durée de vie de
l’ampoule. Car lorsque la température se rapproche de la température de fusion,
le filament s’évapore par sublimation très vite et claque au bout d’un temps
proportionnel à la puissance -12 (environ) de la température. En clair, si on diminuait la température du filament de 6%, la durée de vie
de l’ampoule serait multipliée par 2. Mais cette baisse de température
baisserait la production de lumière de
20%, pour la même consommation d’électricité.
(cf :https://www.drgoulu.com/2011/10/16/la-veritable-histoire-de-lampoule-de
-livermore/#.XPzDilwzbIU)
Au fond le cartel Phoebus luttait déjà contre le
réchauffement climatique !
La toxicité du
glyphosate : confusion entre valeur limite d’exposition et…seuil de
détection !
Tiens, autre article de La recherche, cette fois juin 2019
Vous écrivez à propos du glyphosate que la limite
autorisée de cette substance dans l'eau de boisson serait de 0,1 µg/l (La
Recherche hors-série n° 29, p. 75). Pourtant, l'Organisation mondiale de la
Santé estime que, « dans des conditions
usuelles, la présence de glyphosate dans l'eau de boisson ne constitue pas un
danger pour la santé humaine. Dès lors, la détermination d'une valeur guide
formelle n'a pas été jugée nécessaire ». Comment cette valeur
est-elle justifiée ?
Réponse de la rédaction : Ce seuil de 0,1 µg/l n'est pas une « limite autorisée » comme l'indique
l'article, mais un seuil de qualité, fixé par l'arrêté du 11
janvier 2007, en application de la directive européenne 98/83/CE. Cette limite
n’est pas fondée sur une approche toxicologique , « elle n’a donc pas de
signification sanitaire » selon la Direction Générale de la Santé (DGS)Son
objectif est de « réduire la présence de ces composés au plus bas niveau
de concentration possible ». La DS indique que « cette limite a été fixée en tenant compte des limites
de détection des pesticides dans l’eau. »… Des travaux de révisions
de la directive européenne sont en cours mais « ils n’a mènent pas de
modification de cette valeur à ce stade des discussions… » précise la DGS
Dont acte, mais même remarque que précédemment ;
il est quand même fâcheux dans un journal de référence de la vulgarisation
scientifique de laisser passer des articles confondant seul de toxicité, Valeur limite d’exposition professionnelle et…
seuil de détection.
La fiche INRS confirme :
Valeurs Limites
d'Exposition Professionnelle : Aucune VLEP spécifique au glyphosate n’a été
établie.
Le dosage du glyphosate urinaire, en fin de poste de
travail est proposé pour la surveillance pour le suivi biologique des
expositions en milieu professionnel. Il n'existe pas de donnée qui permette
d'établir une corrélation entre l'exposition et la concentration urinaire de
glyphosate. Le glyphosate est absent des urines de la population générale non
professionnellement exposée ; Il n’existe pas de
valeur biologique d’interprétation pour ce paramètre pour la population
professionnellement exposée.
Ben oui, le glyphosate n’est pas toxique, sauf
exposition massive
Avec cette confusion entretenue entre seuil de
toxicité, valeur réglementiare d’expoistion et et seuil de détection, que
signifient donc les annonces médiatiques en série de « pisseurs
involontaires », effectuées selon quelles conditions, avec quels procédés,
selon quel étalonnage ?
A juste titre, des agriculteurs (un peu soutenus par la FNSEA – la FDSEA du
Calvados en l’occurrence ont commencé à réagir.
Xavier Hay, Bertin George et Geoffroy De Lesquen ne
s’en cachent pas. Ils utilisent du glyphosate en intercultures sur leurs
exploitations. « De façon raisonnée dans
le respect de la loi et des autorisations de mise en marché », précisent-ils. Dans un
contexte d’agribashing, les trois agriculteurs ont souhaité tester leur urine.
La FDSEA 14 a porté la démarche. Dans le Calvados, le mouvement « des
pisseurs volontaires » avait reçu un certain écho. Selon eux, la moyenne
pour le Calvados est de 1,14 ng/millilitre (35 résultats) et, à l’échelle
française, de 1.06 ng/millilitre. « Nous avons un taux de présence
glyphosate et AMPA non détectable inférieur à 0,4 ng/millilitre »,
expliquent les trois membres de la FDSEA 14.
Ce résultat les interroge.
« Comment se fait-il que 3 agriculteurs utilisateurs de glyphosate aient
un taux 4 fois inférieur à des citoyens non utilisateurs et de plus avertis sur
ce sujet ? »
Afin
d’éviter toute contestation, le test a été réalisé par un laboratoire agréé par
l’Etat, à savoir le laboratoire du CHU de Limoges. Le prélèvement a, lui, été
effectué sous le contrôle d’un médecin assermenté, le 14 mars dernier.
Xavier Hay,
Geoffroy De Lesquen et Bertin George demande
une véritable expertise scientifique cautionnée par les autorités compétentes.
« Nous dénonçons les raccourcis exprimés sur la place publique, qui
viennent contribuer une fois de plus à l’agribashing. Nous ne nous
interdisons pas de porter plainte pour calomnie scientifique et stigmatisation
envers notre profession ». Et d'ajouter "nous dénonçons les
raccourcis scientifiques".
Bravo pour
votre bon sens et votre courage
(sur ce
sujet, cf aussi https://vivrelarecherche.blogspot.com/search?q=glyphosate ;
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/04/le-glyphosate-et-les-proces-de.html)
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