Les scénarios
technologiques permettant d’atteindre l’objectif d’un arrêt de la commercialisation
des véhicules thermiques en 2040- rapport de l’Office Parlementaire
d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques.
(Suite du blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/06/interdiction-des-moteurs-essence-et.html parlant de
l’interdiction de production des moteurs
diesel été et essence à partir de 2040, introduite dans la loi mobilité votée
en juin 2019, une loi stupide de plus votée en toute méconnaissance de
cause par des députés macronistes
zombies ou playmobyl)
Un office
parlementaire sous contrainte, et qui exprime de sévères doutes.
Observons d’abord que L’OPECST (l’Office Parlementaire d’Evaluation des
Choix Scientifiques et Technologiques) a été saisi d’une manière plutôt
contrainte. Il ne s’agit pas de savoir si l’interdiction des véhicules diesel
et essence en 2040 est possible, souhaitable, efficace au regard des défis
climatiques, mais de savoir comment on la réalisera. Donc, de l’objectif
principal, on ne débattra pas, mais uniquement de ses modalités.
Cette manière
de brider l’office parlementaire est tout de même assez bizarre et bien dans la
ligne de la démocratie macronienne. On peut s’étonner qu’un scientifique comme
M. Villani accepte sans broncher ce qu’il faut bien appeler une forme
d’instrumentalisation.
Heureusement, du côté Sénat, quelques représentants politiques de
l’ancien monde ne sont pas aussi dociles, ce qui permet quand même une discussion
assez approfondie.
« Les enjeux sont considérables, puisque la filière automobile
représente 16 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière française,
avec plus de 4000 entreprises industrielles employant quelque 440 000 salariés,
et, en aval,près de 130 000 entreprises de services employant 480 000 salariés.
Au terme de leurs travaux, les rapporteurs sont globalement confiants dans la
capacité de l’industrie et de la recherche française à tirer parti des transformations
en cours dans l’industrie automobile. Néanmoins, ils considèrent qu’il convient de ne pas sous-estimer les risques
associés à un tel bouleversement »
« Les premières auditions menées par les rapporteurs ont confirmé,
d’une part, le degré très élevé
d’incertitude sur l’évolution des solutions de mobilité, aussi bien à
l’échéance de 2040 qu’à un horizon plus rapproché, d’autre part, la nécessité, pour mener à bien la
réalisation des scénarios technologiques demandés, de disposer de connaissances
approfondies de l’ensemble des solutions technologiques touchant à la mobilité,
ainsi que d’une maîtrise de la démarche d’élaboration des scénarios et des
modèles mathématiques sur lesquels ceux-ci sont fondés »
Traduction : on sait pas trop comment faire ; on sait pas quelles solutions
techniques il faut prendre, mais la seule certitude c’est que cela coutera très
cher et risque de faire disparaître un des grands secteurs industriels
français !
Incertitudes techniques :
biodiesel, électrique, hydrogène, piles
Le véhicule électrique
est-il si vertueux ? « Ramené engrammes de CO2 par miles, le constructeur Audi
évalue ses émissions aux alentours de 48 grammes pour un véhicule diesel ou
essence, de 53 pour un véhicule au gaz, et de 82 pour un véhicule électrique.
D’où provient cet écart ?Très clairement des batteries, puisqu’il faut
énormément d’énergie pour les produire. Ainsi
qu’il est souvent rappelé, un véhicule électrique ne commence à être propre
qu’à partir de 40 000 ou 60 000 kilomètres, puisque sa fabrication a nécessité
de l’énergie. Ce matin, le directeur général de l’énergie et du climat, M. Laurent Michel, soulignait la
nécessité d’aller plus loin à l’avenir dans l’analyse des cycles de vie
complets. Nous sommes complètement d’accord, pas seulement parce que cela va
à notre avantage, mais d’abord en tant que citoyens, car cela correspond à la
réalité. »
Commentaire : Ben
oui, avant de se lancer dans le tout électrique et d’abandonner le véhicules
thermiques, il faudra quand même savoir. Et savoir aussi d’où provient
l’électricité ; car le résultat n’est pas le même avec une électricité
nucléaire décarbonnée, ou une électricité produite à partir du charbon et du
lignite
Le cas du
biogaz ; une vraie opportunité pour la France, ratée pour l’instant :
La voiture thermique à biogaz peut être extrêmement vertueuse du point de
vue climatique. La France, qui est
d’être un grand pays rural, avec beaucoup de biomasse a là de grands atouts dont
nous n’avons pas profité. Les Allemands ont construit presque 10 000
méthaniseurs. Ils ont développé la méthanisation en réorientant vers celle-ci les
crédits de la politique agricole commune ! En réaffectant, subventionnés par l’Union Européenne,
des surfaces utilisées pour
l’alimentation animale ou humaine en culture énergétique, les Allemands ont en partie,
sauvé leur agriculture, et, en partie, détruit la nôtre, en créant un delta de
compétitivité.
Nous avons 63 methaniseurs.
Nous avons interdit par un vote du Parlement de réaffecter des surfaces de
cultures alimentaires en cultures énergétiques. En revanche, la France a accepté
les cultures intermédiaires qui consistent à planter, immédiatement après la
récolte de l’orge ou du blé, une culture qui sera récoltée, par exemple au mois
de mars ou d’avril, avant de semer du maïs ou des betteraves.
Commentaire :
arrêtons de diaboliser le moteur thermique ! Et comme d’hab, l’Europe est
un jeu qui se joue à 27 (ou un peu moins), et à la fin, c’est toujours
l’Allemagne qui gagne !
L’hydrogène au
doigt mouillé : « Le scénario Pro-hydrogène démontre que
cette technologie pourrait jouer un rôle important, si deux conditions étaient
réunies : des progrès techniques beaucoup plus rapides que prévu, permettant
une baisse accélérée des prix, et un fort soutien public (l’aide à l’achat retenue est de 10 000 € jusqu’en 2040. »
Commentaire : quand
l’expertise scientifique aboutit à constater que si ma tante en avait deux, on
l’appellerait mon oncle. Avec un autre paramètre caché : si on produit,
comme maintenant, de l’hydrogène à partir du méthane, le bilan climatique est
désastreux. Et à partir de l’électricité, et ben, pour le coût, c’est
absolument pas compétitif et il faudrait beaucoup d’électricité…Donc, ça dépend
aussi comment elle est produite, et l’avantage par rapport au véhicule
électrique est alors…incertain.
Faut-il tuer le moteur thermique ? : « Le moteur à combustion interne
est un avantage compétitif européen à préserver.
L’avance considérable de l’industrie automobile européenne dans le domaine des
moteurs à combustion, issue de plus d’un siècle de recherche et développement, lui a jusqu’à présent
permis de résister à la montée en puissance
des constructeurs chinois qui ne sont pas parvenus à atteindre le même
niveau de maîtrise de cette
technologie. La disparition de cet
avantage compétitif constituerait l’une des
principales conséquences d’un abandon complet du moteur à combustion au
profit du moteur électrique. Compte
tenu de la simplicité de ce dernier, et du niveau de performance élevé atteint par les produits actuellement
disponibles, par exemple en termes
de rendement, il semble en effet difficile d’espérer reconstituer un tel différentiel concurrentiel.
Une autre conséquence directe d’un abandon rapide du
moteur à combustion au profit du moteur électrique concerne les emplois du
secteur automobile. Comme l’a rappelé M. Gilles Le Borgne : « En comparant
un moteur électrique et un moteur à combustion interne de dernière génération
de trois cylindres, avec quatre soupapes par cylindre, l’ensemble des systèmes d’échappement,
une boîte de six vitesses, etc. Il n’est nullement nécessaire d’être spécialiste
pour constater que dans un cas la valeur ajoutée est beaucoup plus importante
que dans l’autre. »
« Qui
plus est, la disparition pure et simple des moteurs à combustion des véhicules
des marchés français et européen, alors que ceux-ci continueront nécessairement
à être commercialisés dans d’autres pays, impliquerait à relativement court
terme, pour des raisons de rationalisation industrielle, le transfert des
emplois correspondant vers les pays où ce type de motorisation sera toujours
demandé. »
Parmi ses
recommandations, le rapport appelle à « ne pas négliger la R&D sur les
moteurs à combustion interne.
D’une part, il est crucial d’augmenter
encore leurs performances, car ces moteurs vont constituer encore pendant une
vingtaine d’années l’essentiel du parc. Toute amélioration pendant cette
période aura des effets très significatifs sur le sentier de décarbonation.
D’autre part, parce que la filière automobile française et européenne exporte
aussi sur d’autres marchés moins contraints… »
Commentaire : alors faut-il
tuer le moteur thermique ? La réponse du rapport est plutôt non ;, et
pour de multiples raisons : écologiques ( et oui, ça dépend ce qu'on en fait et l'électricité n'est pas du tout idéel en tous cas), économiques, stratègique, besoin des utilisateurs, situation mondiale, compétition avec la Chine)
Conclusion sur ce chapitre des moteur thermiques, quels que soit leur
carburant, avant d’en venir à la multiplicité de problèmes posés par les
véhicules électriques: « Aujourd’hui, le consommateur est complètement perdu :
que doit-il acheter, avec quelle motorisation, à quel horizon de temps, à quel
coût, etc. ? » Il en va de même pour les industriels »
C’est un peu fâcheux, mais compte-tenu des incertitudes scientifiques
et technologiques, un peu inévitable. D’où :
La grande conclusion : la
neutralité technologique. En effet, et donc dans cette incertitude, les
rapporteur en appellent plusieurs fois et fortement à « réaffirmer le principe de neutralité technologique,
garant de la liberté des industriels de trouver les solutions les plus
efficaces et les moins coûteuses, et de celle de leurs clients d’adopter celles
qui répondent le mieux à leurs besoins. À cet égard, le moteur thermique continuera à jouer un
rôle, dans une période de transition, au côté des véhicules électriques à
batterie, par exemple dans les véhicules hybrides rechargeables. Il
revient aux pouvoirs publics d’imposer des objectifs, tels que la réduction des
émissions de CO2, et de laisser les acteurs libres d’innover et de choisir les
meilleurs moyens pour les atteindre, ce qui permettra d’optimiser l’impact des innovations sur la société
et l’environnement » « La neutralité technologique permet aussi
une transition plus progressive, limitant les impacts sur le tissu industriel
et les emplois »
Commentaire : Cette
neutralité technologique de bon sens, c’est qui est le contraire de ce qui a été voté par
la majorité LREM du Parlement dans la fameuse loi mobilité, la mesure couperet
d’interdiction des véhicules thermiques en 2040, démagogique, dangereuse,
idiote !
La
suite sur les défis redoutables du tout moteur électrique dans un prochain
blog.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.