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dimanche 19 mai 2019

Anti-vert ! Pour (ne pas) en finir avec le glyphosate ! Chronique du triomphe de l’ignorance


Dernières chroniques de l’absurdité et un rapporteur courageux !

Ceux qui ont suivi les épisodes précédents comprendront : non pas pour en finir avec le glyphosate (un des herbicides les plus efficaces et les moins dangereux pour la santé et l’environnement, mais pour en finir avec le sujet du glyphosate).

Donc trois dernières nouvelles :

1) le 30 avril, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) continue de constater qu’il n’y a pas de risques pour la santé publique lorsque le glyphosate est utilisé dans le respect des normes et que le glyphosate n’est pas cancérigène. Elle recommande cependant de nouvelles mesures d’utilisation pour réduire son risque environnemental et notamment l’impact de l’herbicide sur les insectes pollinisateurs. »

L’EPA signe et resigne et confirme et reconfirme très courageusement le point de vue de l’Autorité Européenne de sécurité des aliments (EFSA), de l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA), des agences similaires suisse, australienne, canadienne et à vrai dire de toutes les agences   , qui a également conclu à l’absence de preuve de danger du glyphosate. Bien évidemment, tous vendus, stipendiés par Monsanto

2) Le 14 mai, troisième condamnation pour le Roundup et Monsanto- Bayer : un jury américain l’a condamné lundi à verser 2 milliards de dollars à un couple de septuagénaires atteints d’un cancer.

Les procès en sorcellerie continuent. Au nom de quoi et comment, avec quelle compétence un juge peut-il ainsi décider à l’encontre de toutes les autorités scientifiques légitimes ? Il y a là une forfaiture grave qui devrait lui valoir révocation. C’est une fois de plus le triomphe de l’obscurantisme. Et c’est extrêmement grave ! Demain les mêmes juges, le même type de juge condamnera des fabricants de vaccin ( provoquant l’autisme ! hein Mme Rivasi), des fabricants d’antennes électriques, de micro ondes, de laser sur n’importe quelle absurdité scientifique !

3)13 mai : Annonce du rapport de l’Office français parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques et un beau barouf à propos des déclarations du rapporteur Pierre Médevielle sénateur de Haute-Garonne : « aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité, ni en France, ni en Europe ni dans le monde…Le glyphosate est moins dangereux que la charcuterie » Tollé général !
Rappelons que M. Médevielle est pharmacien de profession, impliqué depuis longtemps dans l’évaluation scientifique, et qu’il sait un peu ce qu’est un cancérogène, et comment on le caractérise.
Une autre membre de la Commission, Anne Genetet a également une formation scientifique, de médecin. Si elle n’a pas pris la parole le 13 mai, voici ce qu’elle déclarait peu de temps avant : « À ce jour, seul le Centre international de recherche sur le cancer, qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a classé en 2015 ce produit comme cancérogène probable, contre l’avis de toutes les agences sanitaires (en Europe et aux États-Unis) chargées de l’homologation des pesticides. Rappelons au passage que le caractère cancérogène supposé concerne l’exposition directe. Ce n’est pas le fait de manger un produit qui a poussé dans un champ traité qui pourrait poser problème. Rappelons aussi que l’OMS a classé la viande rouge comme cancérogène probable, exactement au même niveau que le glyphosate. Il faut donc comprendre cette qualification à la hauteur de ce qu’elle signifie. »
C’est assez clair, non !

Alors, M. Médevielle s’est fait crucifier sur le thème : il a pété un plomb, le rapport parlementaire ne parle pas du tout de cela, il s’agit simplement d'éclairer le Parlement sur 'l'indépendance et l'objectivité des agences européennes chargées d'évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché'.

Or, dans le rapport, on trouve ceci, un simple rappel factuel :

« Les agences ont donc jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate dans les conditions normales d’exposition de cette substance….. »

Et d’autre part, même si les rapporteurs proposent des améliorations dont certaines sont déjà d’ailleurs mises en œuvre, la tonalité est générale est quand même celle de la reconnaissance du professionnalisme et de la qualité du travail des agences :

 « Les vingt dernières années ont été marquées en France et au sein de l’Union européenne par une institutionnalisation de l’expertise des risques autour d’agences spécialisées, combinant l’application de méthodes de plus en plus sophistiquées et la standardisation des techniques et des référentiels. »

Donc, même si les propos de M. Médevielle ne sont pas dans le rapport, ils en découlent assez logiquement, et sa conclusion semble partagée par les rapporteurs ayant une culture scientifique. Et j’ajouterai par l’immense majorité de tous les scientifiques de quelque compétence sur le sujet qui se sont intéressé au dossier

Parmi les crucificateurs, on distinguera Cedric Villani, président de l’Office français parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui a fait preuve en l’occurrence de lâcheté et de démagogie insignes. Merci la twittosphère qui a vivement réagi, par exemple : « Vous faites hontes à l’éthique scientifique en respectant si peu les travaux de vos confrères biologistes chimistes et agronomes…. Vous leur crachez à la figure »
Pas mieux à dire. On peut être très grand mathématicien et petit homme, c’était un peu le cas de Laplace…dont Villani préside l’Institut.

Les recommandations du rapport :

1) Donner aux agences la possibilité de déclencher des études destinées à améliorer la connaissance des dangers et des expositions, à travers un fonds de recherche inter-agences. 2) Mettre en commun dans des systèmes d’information partagés les études et données disponibles sur l’ensemble des produits réglementés.3) Mieux identifier les effets de perturbation endocrinienne, les effets cancérogènes, mutagènes ou génotoxiques en les quantifiant précisément et en développant des outils de compréhension des risques cumulés. 4)  Développer les méthodes alternatives à l’expérimentation animale pour l’identification des risques sanitaires et environnementaux ; 5)  Encourager la mise à jour régulière des lignes directrices pour ne pas retarder l’adoption de nouvelles méthodes et de tests sensibles et fiables. 6) Développer les instruments de surveillance en situation réelle des effets des produits réglementés : vigilances, biosurveillance, études épidémiologiques. Améliorer la transparence des travaux d’évaluation . 7) Mettre à disposition du public l’intégralité des données figurant dans les dossiers soumis aux agences d’évaluation, afin de permettre une contre-expertise citoyenne.8) Faire la transparence sur les liens d’intérêt et contrôler les liens d’intérêt déclarés dans le cadre d’obligations déontologiques fortes pesant sur les personnels et experts des agences.Conforter les agences dans leur rôle d’expertise des risques.9) Renforcer l’attractivité pour les scientifiques de la participation aux travaux d’expertise menés par les agences.10) Structurer le dialogue entre organes d’évaluation, pour
éviter les divergences d’appréciation sur les risques qui perturbent la prise de décision.11) Donner aux agences des compétences étendues pour l’identification des risques émergents. Rendre l’évaluation des risques accessible et compréhensible. 12) Mieux structurer le débat public sur les risques, en amont des prises de décision. 13) Expliquer et clarifier les résultats des évaluations de risques effectuées par les agences.

Rien de révolutionnaire donc, des remarques de bon sens, des missions renforcées qui impliqueraient, notons-le, des moyens renforcés, des vœux désirables, mais pieux en l’état des techniques, une meilleure communication (pas si facile, si l’autorité scientifique est systématiquement mise en doute par les bigots et les complotistes de tous poils)

En plus général et en plus court, je proposerais ceci : l’évaluation des risques est un service public qui doit être correctement assuré. Mais comme on a affaire à des gouvernements qui n’aiment pas beaucoup la notion de service public….

Notons, en ce qui concerne le CIRC, la seule agence à avoir classé le glyphosate comme cancérigène probable (comme la viande rouge et le travail de nuit, rappelons-le), deux remarques assez assassines du rapport : « Il a ainsi été reproché au CIRC d’avoir fait participer à ses travaux le Dr Christopher Portier, impliqué par ailleurs dans des lobbies antiglyphosate et intervenant dans des procédures judiciaires lancées contre les fabricants de glyphosate ; - enfin, le classement des agents cancérogènes par le CIRC fait lui aussi l’objet d’une remise en cause, considérant qu’il ne s’agit que d’un classement théorique, qui ne prend pas en compte la réalité des expositions de l’homme aux différents agents ou encore la fréquence et la gravité des cancers pouvant être causés par les agents incriminés.

En guise de remarques finales ( mais j’ai bien peur d’tre obligé d’y revenir !^

Monsanto a-t-il truqué les tests réglementaires relatifs aux glyphosate ( comme Volkswagen avec ses moteurs) : Non, mille fois non !

Monsanto a-t-il eu connaissance de tests prouvant la toxicité ou le caractère cancérigène du glyphosate, et les a-t-il dissimulé : Non !

N’importe quel chercheur ne peut que s’indigner et s’inquiéter  de l’utilisation qui a été faite lors d’un des procès de mels internes qui ne montraient qu’une discussion normale entre une directrice scientifique tempérant le langage quelque peu enthousiaste d’une responsable de marketing..

Existe-t-il des tests prouvant le caractère cancérogène du glyphosate ? Non ! Et pourtant, c’est peut-être la molécule qui a été la plus étudiée !

Existe-t-il des études épidémiologiques faisant ressortit un caractère cancérigène du glyphosate ? Non ! ( il existe un avis minoritaire discordant sur l’une des études)

Concernant un produit  aussi répandu que le glyphosate, l étude épidémiologique parait évidemment la voix royale pour vérifier l’absence de toxicité/pouvoir cancérogène. Le rapport parlementaire rappelle à juste titre que ce n’est pas si facile : « l’épidémiologie trouve aussi seslimites en matière d’évaluation des risques. Ainsi, dans sa fiche-repère « pesticides et risques de cancer », l’Institut national du cancer indique bien que si « les études épidémiologiques attestent d’un lien entre l’exposition aux pesticides, notamment en milieu professionnel, et l’apparition de cancers, elles doivent être regardées avec précaution. En effet, leurs principales limites concernent la difficulté d’établir un lien avec des molécules précises, la caractérisation de l’exposition aux pesticides chez un individu tout au long de sa vie, en incluant les périodes critiques (grossesse, enfance), et les multiexpositions. De plus, les personnes sont exposées potentiellement à d’autres facteurs de risque (exposition à d’autres substances chimiques telles que solvants, rayonnements ultraviolets, zoonoses, polluants atmosphériques, médicaments, tabagisme, alcool […]. La complexité des expositions multiples et séquentielles au cours de la vie à ces produits appelle une réflexion spécifique en matière de recherche ».

Il existe d’excellents didacticiels sur la notion de puissance statistique d’une étude. Compte-tenu de son utilisation, les données épidémiologiques sur le glyphosate sont très très puissantes, donc le risque de ne pas voir une éventuelle toxicité est très très faible .

En l’état actuel des connaissances, rien ne permet d’affirmer que le glyphosate est cancérigène !

Les agences d’évaluation ont-elles recopiés in extenso des études fournies par Monsanto ?

Oh là là Messieurs, attention,  là on atteint des sommets de mauvaise foi,  d’ignorance de manipulation ! La réponse est… évidemment oui ! Les études réglementaires et leurs conclusions sont censées être reproduites telles quelles et d’ailleurs, autant que possible, sont fournies sous des formats non modifiables afin de préserver l’intégrité des données ! On peut ensuite les commenter, mais à part…

Faut-il faire davantage confiance aux tests de Monsanto ou aux tests pratiqués par des laboratoires universitaires ?

Accrochez-vous ! La réponse est évidemment aux tests de Monsanto…qui ne sont d’ailleurs pas les test de Monsanto, mais les tests imposés à Monsanto par la réglementation. Ils sont standardisés, calibrés, parfaitement reproductibles, leur interprétation est immédiate, leur pertinence quant aux effets biologiques certaine et universellement reconnue.
Les chercheurs eux testent des protocoles, nouveaux, originaux, que seuls de petites équipes maitrisent. Leur pertinence quant aux effets toxiques chez l’homme est incertaine, pas encore reconnue…. Ce n‘est pas un vain mot : les instances universitaires se trouvent confrontées à une très sérieuse crise de la reproductibilité (plus de 60% des études non reproduites précisément dans la cas du cancer !)

Toutes les agences officielles considèrent qu’il n’existe aucune preuve de la toxicité ou du caractère cancérigène du glyphosate sauf le CIRC qui le place en cancérigène probable (et no certain !). Qui ment ?

Probablement  personne, mais il existe des avis plus pertinents que d’autres ! Selon le CIRC, le glyphosate le classement en cancérigène problème du glyphosate rappelons-le, dans la même catégorie que le travail de nuit ou la viande rouge.  Le CIRC s’efforce d’estimer un risque global tenant compte de la cancérogénicité « intrinséque » et de l’exposition au produit de la population : ainsi s’explique que des produits fortement cancérigènes mais très peu utilisés se retrouvent dans la même catégorie qu’un produit extrêmement utilisé mais dont la cancérogénicité intrinsèque est non démontrée. De plus, le CIRC n’utilise pas toutes les données les plus sûres des enquêtes réglementaires, ce qui est quand même un peu fâcheux. Ce classement  du CIRC fait  l’objet d’une remise en cause, considérant qu’il ne s’agit que d’un classement théorique, qui ne prend pas suffisamment en compte la réalité des expositions de l’homme aux différents agents (par rapport aux études épidémiologiques) ou encore la fréquence et la gravité des cancers pouvant être causés par les agents incriminés (par rapport aux études biologiques).
Mon opinion : C’est en fait une espèce de cote mal taillée, qui est tout de même utile pour un grand nombre de substances, mais qui ne fonctionne pas dans le cas de substances très étudées et très répandues.

Les décisions de justice condamnant Monsanto à de fortes indemnisation pour des cas de cancers sont –elles basées sur des preuves scientifiques ?

Non, pas la moindre. Pas plus qu’elles ne sont basées sur la moindre preuve de fraude. Ces décisions à l’encontre du consensus scientifique reconnu sont une véritable menaces pour la santé publique ( demain, les vaccins ? les médicaments, les ondes radios, les lasres, l’électricité..)

Et l’immense scandale des Monsanto papers ? Monsanto a-t-il empêché des études sur le caractère mutagène et génotoxique du glyphosate ?

Non, Monsanto n’a rien empêché du tout, et comment l’aurait-il pu ? Par contre, oui, il a surveillé et critiqué, et souvent à juste titre, les milliers d’études qui paraissaient ( et qu’il n’a pas empêchées !).
Commentaire du rapport sénatorial : « Les Monsanto papers mettent surtout en évidence une pratique de la société Monsanto consistant à suivre une stratégie de communication scientifique problématique, reposant sur le « ghostwriting », c’est-à-dire la rédaction d’articles favorables par l’entreprise, signés ensuite par des scientifiques de renom pour donner une crédibilité forte aux documents ainsi publiés. Un cabinet de consultant, Intertek, a joué ce rôle de recruteur de scientifiques destinés à exercer une mission d’influenceur »

Ah oui, ça c’est pas bien ! Un peu agressif comme pratique marketing ! Pas très glorieux pour certains scientifiques !
On peut (et on doit) quand même suspecter la sincérité chez la plupart d’entre eux. Le glyphosate en tant qu’herbicide représente un tel progrès majeur, à la fois sur le plan de l’efficacité et de la sécurité, une telle révolution des pratiques agricoles qu’il ne peut que susciter l’enthousiasme immense de tous ceux qui travaillent dans ce domaine. Après, le degré zéro de l’ éthique consiste quand même à écrire les papets que l’on signe et à signer les papiers que l’on écrit….
En passant, ça irait mieux si les chercheurs n’étaient pas obligé de passer une part considérable de leurs temps à mendier des fonds dans une jungle bureaucratique nationale, européenne, internationale et si la financement de la rechrche était davantage assuré par des financements pérennes !

Et le dernier (pour l’instant) scandale sur le fichier de Monsanto sur les opposants au glyphosate ?

Ben, beauf, je sais pas moi. Que Monsanto ait maintenu une base de données bien fournies sur les articles concernant le glyphosate et ceux qui travaillent ou écrivent dans ce domaine, c’est quand même le BA ba ? On douterait de leur professionnalisme s’ils ne l’avaient pas fait, non ?
Après, s’il s’agit d’un véritable fichier , avec recherche d’informations privées, alors là c’est autre chose. Que l’on poursuive alors Monsanto !
Pour ça et pas pour autre chose !

Le glyphosate, pourquoi tant de haine ? A cause des OGM et cultures génétiquement modifiées !

Ce n’est pas le glyphosate en tant qu’herbicide qui provoque tant de passion  (et c’est pourtant cet usage qui est interdit pour les particuliers !).
C’est vraiment une molécule miracle ! Malgré tous leurs efforts, durant plus de trente ans  aucun concurrent de Monsanto n’a pu proposé quelque chose d’approchant
C’est l’utilisation par Monsanto du glyphosate en conjonction avec des cultures OGM résistantes au glyphosate, un véritable miracle ! Vous plantez votre maïs résistant OGM, vous passez du glyphosate, et hop, plus de mauvaises herbes, plus de labours, un rendement augmenté de 20% à la louche, au moins les premières années, et, cerise sur le gateau, des produits plus sûrs moins contaminés par les mycotoxines..

Donc Monsanto et le glyphosate font l’objet d’une haine vigilante et parfois délirante de tous les anti-OGM qui ont juré la perte de Monsanto, la vilaine sorcière

Ce débat sur les OGM, sur leur réel intérêt ou pas, sur leurs réels dangers, ou pas., il faudra l’avoir, mais c’est un sujet différent de celui de la toxicité non démontrée et très improbable du glyphosate !

Et bravo au Sénateur Médevielle pour son courage !

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