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lundi 6 mai 2019

Transition énergétique et production d’électricité : ça ne marche pas et c’est le gaz qui gagne !


Constat accablant et inquiétudes de l’AIE

Déclaration de Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE  (Agence Internationale de l’Energie): « C’est un cercle vicieux  Il y a trente ans, la part des fossiles dans le mix énergétique mondial était de 81 %. Depuis, malgré la baisse des coûts des énergies renouvelables, malgré les efforts fournis sur l’efficacité énergétique, cette part est toujours de… 81 %. »

Autrement dit, la part ultra-majoritaire des énergies fossiles dans la production d’électricité  dans la production d’électricité, n’a pas bougé d’un poil !

Ainsi s’enclenche un cercle vicieux souligne l’AIE : en 2018, la demande mondiale a crû de 2,3 % -cela faisait dix ans que l’humanité n’avait pas connu une telle hausse des besoins en énergie. La demande en énergie accompagne une forte croissance économique, notamment dans les pays en développement, où des centaines de millions d’humains se connectent à des réseaux d’électricité. Et cette croissance a une conséquence immédiate sur les émissions de CO2 – celles liées au secteur énergétique ont augmenté de 1,7 % en 2018, atteignant des niveaux historiques – et donc sur le changement climatique.

Une donnée d’autant plus préoccupante que le monde est entré dans une logique difficile à contrecarrer : face aux températures de plus en plus extrêmes dans un certain nombre de pays, les besoins en chauffage mais aussi en climatisation augmentent. Or l’électricité produite pour y répondre est le plus souvent issue d’énergies fossiles, comme le charbon ou le gaz, qui contribuent au réchauffement climatique
Echec au niveau mondial, échec en Europe

C’est le toujours excellent Michel Gay qui dans Contrepoints, décrypte l’impasse où nous mène l’Allemagne.(https://www.contrepoints.org/2019/05/03/343249-transition-energetique-et-le-grand-gagnant-est-le-gaz) sous ce titre : et le grand gagnant  est… le gaz ! Extraits :

« C’est l’Europe du gaz qui va se mettre en place sous la pression de l’Allemagne (alimentée par la Russie) et des autres pays européens bientôt alimentés par une noria de méthaniers américains.

C’est le gaz, bien plus que les énergies renouvelables, qui répond à la hausse de la consommation mondiale d’énergie. »
« Stefan Kapferer, directeur général de BDEW, a déclaré lors du premier jour du salon industriel de Hanovre : « Les nouvelles capacités entrant sur le marché ne suffisent pas pour compenser les diminutions successives du nucléaire et du charbon. L’Association allemande des industries de l’énergie et de l’eau (BDEW) a mis en garde sur l’écart en Allemagne entre la capacité de production classique (pilotable) d’électricité (nucléaire, charbon et gaz) et la demande d’ici 2023. Elle a exhorté les décideurs politiques à aider les investisseurs en récompensant les nouvelles capacités pilotables de production d’électricité, notamment le gaz. »
« Le gazoduc Nord stream 2 qui relie directement la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique doit être mis en service cette année, et Donald Trump milite pour l’export par bateau du gaz américain liquéfié (GNL) vers l’Europe….Le marché du gaz naturel, auparavant limité par les possibilités des gazoducs, se mondialise rapidement avec des bateaux transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) à travers le monde. »

« La Belgique a voté le 2 avril 2019 une proposition de loi qui met en place un soutien aux centrales électriques au gaz par l’intermédiaire d’un « mécanisme de capacité ». Ce dernier rémunère les installations pour la capacité à produire de l’électricité en cas de besoin et plus seulement pour l’énergie produite.
Il faut croire que l’investissement massif de ces deux pays (Allemagne et Belgique) dans les éoliennes et le photovoltaïque n’a pas porté ses fruits… »
« Et cette nouvelle dépendance au gaz russe et américain menace la France… si elle continue à vouloir détruire la centrale nucléaire de Fessenheim et 12 autres réacteurs nucléaires. »

Cette évolution européenne est une honte. Mention spéciale à l’Allemagne qui en renonçant à son nucléaire (et en le remplaçant en premier temps par du charbon, puis par du gaz) a en fait aggravé le problème climatique ; et pire encore, en agissant soigneusement au niveau européen par tous les moyens possibles pour empêcher ses voisins, la France au premier plan, de profiter de sa rente nucléaire ! L’Allemagne a quelque expérience dans le Crime contre l’Humanité, et elle a visiblement décidé de perpétuer cette tradition !

Dans le monde, l’électricité est majoritairement issue d’énergies fossiles, comme le charbon. Aux États-Unis, la production massive de gaz de schiste a fait baisser drastiquement le prix du gaz qui est venu remplacer progressivement le charbon pour produire de l’électricité. La demande a augmenté de 10 % en un an. La Chine a lancé en 2018 son plan « ciel bleu » qui organise une transition progressive du charbon (qui encore produit 68 % de son électricité) vers le gaz naturel. Les pays d’Asie du Sud-Est et l’Inde continuent donc d’augmenter leur consommation de charbon pour produire de l’électricité.

Certes, le gaz émet moitié moins de CO2 que le charbon, note le rapport de l’AIE, mais la hausse des besoins en électricité limite les effets de cette substitution.

Et tiens, absurdité européenne complémentaire : pendant que la Chine chez elle se réclame de sa politique du ciel bleu, limite drastiquement le recours au charbon et ferme un grand nombre de centrales, en commençant par les plus anciennes, les Chinois, dans le cadre des nouvelles routes de la soie ( One belt, one road prévoient de financer et construire une dizaine de centrales à charbon en Europe, en Grêce, en Roumanie, en Serbie, en Bosnie – plus de de huit compagnies chinoises sont en concurrence pour la Bosnie.. tant et si bien que ce seraient, si tous ces projets aboutissent, 4 GW de charbon qui s’ajouteraient au mix européen

Je commence à manquer de qualificatifs pour caractériser la politique énergétique européenne.

L’espoir nucléaire.

Le rapport de l’AIE note également une augmentation de la production d’électricité d’origine nucléaire au niveau mondial, avec la connexion au réseau de sept réacteurs en Chine en 2018, et le redémarrage de plusieurs réacteurs au Japon.

En réalité, masquée par les effets d’annonces « vertes » sur les énergies renouvelables, la véritable transition énergétique progresse vers un mix de gaz (émetteur de gaz à effet de serre) et de nucléaire (qui n’en émet pas). Les proportions entre ces deux sources d’énergies (pour la production d’électricité et de chaleur) seront déterminées par des choix de société, et donc par des décisions politiques (prix, dépendance nationale, sécurité d’approvisionnement, émissions de CO2,…).

Et donc si l’on prend vraiment au sérieux la nécessité de la lutte contre le réchauffement climatique ( et l’on devrait le faire),  si l’on décide que le priorité, c’est la baisse du dégagement des gaz à effet de serre et l’on devrait le décider),   la seule solution consiste en une augmentation de la production d’électricité nucléaire. Ceux qui ne veulent pas le comprendre, qu’ils ne prétendent pas lutter contre le réchauffement climatique. !

Dernier moment juste après publication de cette chronique : Dominique Seux, dans sa matinale de France Inter du 7 mai : Renouvelables, la pause (hélas)
Eh ben non, tant mieux , la réalité scientifique finit par s'imposer ;  en France, remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables soit disant, en réalité par des énergies renouvelables plus l'équivalent en gaz pour compenser leur intermittence, c'est mauvais pour le climat, mauvais pour l'économie,  mauvis pour le coût, mauvais pour l'indépendance nationale !


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