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vendredi 12 juillet 2019

Le nucléaire et la canicule


Excellente lecture d’été et de chaleur de la part du non moins excellent Sylvestre Huet, sur son blog du Monde :

L’électricité pendant la canicule

Extraits : « Quelles sont les moyens de production d’électricité décarbonés les plus adaptés à une période de canicule ? L’épisode que vient de vivre la France permet d’apporter quelques réponses, valables uniquement pour son système électrique…
Les données en temps réel de RTE permettent de visualiser l’origine de l’électricité toute la journée du pic de canicule, le vendredi 28 juin. Production à 15h : nucléaire 68%, hydraulique 11%, solaire 10%, gaz 7%  , éolien 2%.

L’hydraulique ? L’hydroélectricité dépend du débit des rivières et des fleuves, et du stock des lacs artificiel. Si le premier est utilisé comme un moyen « fatal », le second est géré en fonction de prévisions de court et long terme visant à utiliser ce stock de la façon la plus efficace possible. Durant cet épisode de canicule, les débits étaient… de saison. Assez faibles sur les cours d’eau alimentés par les pluies, plutôt plus élevé que la moyenne en cette saison sur le Rhône en raison de fonte des neiges tardives. Gérée habilement, l’hydraulique a non seulement fourni de 5 700 MW à 11 475 MW, soit de 11% à 17% de la production mais aussi assuré l’essentiel du réglage fin de l’équilibre entre production et consommation, gage de la qualité de l’électricité dont la tension demeure ainsi très stable. Un rappel salutaire au moment où la menace d’une vente à l’encan de l’usage des barrages à de multiples producteurs sous prétexte de concurrence ne pourrait se traduire que par une sous-optimisation de leurs usages (pour l’électricité, l’agriculture, les loisirs…).

 L’éolien ? Cela va dépendre de la configuration météo. Si la canicule provient du passage d’une masse d’air très chaud – comme pour celle de la semaine dernière – il y aura donc du vent. Pas nécessairement beaucoup, puisque les éoliennes ont produit entre 800 et 5600 MW de mercredi à samedi dernier (sur une puissance installée de 15 475 MW , soit entre 2 et 10% de la production totale.  Au pic de la canicule, le vendredi 28 juin, la production éolienne fut particulièrement médiocre, environ 1500 MW à 15h. Ajouter des éoliennes n’aurait pas changé grand chose aux productions les plus basses. En revanche, si c’est l’installation d’un anti-cyclone qui est la cause de cette canicule, inutile de compter sur elles. Elles seront pour la plupart paralysées, faute de vent, et sur une surface d’autant plus vaste que la canicule sera forte et de longue durée. Ce fut le cas en 2003 en Europe.

Le solaire ? Les panneaux solaires aiment le Soleil, bien sûr… mais pas la température. Leur température idéale de fonctionnement c’est 25°C. La production du parc solaire français, d’une puissance théorique maximale de 8612 MW, ne fut que d’environ 6200 MW à midi heure solaire lors des jours de canicule. Pour tomber à zéro une fois l’astre du jour passé de l’autre côté de la Terre. Mais la longueur du jour en juin fut tout de même très favorable à cette technologie qui a pu contribuer jusqu’à 10% de la production française entre 11h et 16h.

Le nucléaire !!! Les réacteurs nucléaires, eux, n’ont pas vraiment souffert de la canicule. Et fournit l’essentiel de l’électricité demandée par les usagers domestiques, professionnels ou industriels, entre 38 200 MW et 43 200 MW, et entre 64% et 78% de la production. Avec la souplesse due à la capacité à monter ou descendre la puissance des réacteurs en « suivi de charge », tant pour s’accommoder des variations de la consommation que pour compenser les hausses et les baisses des énergies intermittentes et non pilotables, solaires et éoliennes. Il est vrai que les ingénieurs d’EDF ne sont pas restés inertes après la canicule de 2003. Un plan « grands chauds » a été élaboré pour renforcer la résistance aux températures élevées de tous les équipements qui le nécessitaient. La capacité de refroidissement des aéroréfrigérants (les « tours » qui accompagnent certaines centrales) a été renforcé pour leur permettre de remplir leur office en consommant moins d’eau. Les mesures de l’effet de réchauffement du cours d’eau en aval de la centrale ont été renforcées pour s’assurer qu’aucun problème ne surgissait pour la faune et la flore. Et EDF a eu aussi un peu de chance météo pour la vallée du Rhône, le retard à la fonte de neiges en mai a fait que fin juin le fleuve était encore alimenté en eau de fonte bien fraîche. Il ne faut d’ailleurs pas exagérer les problèmes rencontrés, entre 2000 et 2017 les pertes de production d’électricité nucléaire dues aux canicules ne représentent que 0,18% du total en moyenne annuelle et 1,2% en 2003. (NB : le problème n’est pas limité au nucléaire ; les centrales thermiques, il faut aussi les refroidire..)

Une précision s’impose sur l’usage de l’eau par les réacteurs nucléaires. Pendant la canicule, des ONG, Greenpeace par exemple, présentent l’utilisation d’eau pour refroidir les centrales nucléaires comme le principal usage de l’eau en France. Une présentation carrément trompeuse. En réalité, plus de 98% de l’eau prélevée… est renvoyée immédiatement dans la rivière,  un peu plus chaude. Il est d’ailleurs à noter que, même en 2003, aucune conséquence négative pour la flore et la faune n’a été observée, même pour les réacteurs qui avaient obtenu une dérogation temporaire pour relâcher l’eau en dépassant un peu la limite réglementaire. Cela provient du fait que la part du débit du cours d’eau déviée pour refroidir les réacteurs est assez faible au regard du débit total. En général, les valeurs observées de réchauffement à l’aval de la centrale sont modestes, moins de 1,5°C pour celle du Bugey, mais on peut observer 6°C durant trois jours par an en moyenne. Enfin, les centrales de bord de mer n’ont pas d’effet thermique observable sur la flore et la faune marines.
Au total, si l’on ajoute l’apport marginal des bioénergies,  le système de production d’électricité de la France métropolitaine a encaissé sans aucun problème la canicule, a contribué à une politique climatique sérieuse puisqu’il est resté décarboné autour de 95% en permanence, et exporté une électricité tout autant décarbonée aux voisins qui en avaient besoin. »

Marci ! M. Huet !

Ca, c’est pour les Français. Voyons maintenant en Europe !

Début de canicule : l'Allemagne fait tourner son charbon et son gaz et est le plus  gros pollueur européen en valeur absolue (en intensité énergétique %CO2 produit parMWh) ...ca monte, ça monte, ça monte !
Et vous voyez la petite courbe rouge en bas, eh ben c’est nous, c’est la France



Et durant la semaine : ben, c’est de pire en pire ! Ca explose carrrément ! L’Allemagne réchauffe la Terre !
Et nous, la France ben on est toujours tout en bas. A vue de nez, 4 fois moins de CO2 que l’Allemagne par kwh !!!! Grâce au nucléaire.

Merci aux teets de Tristan Kamin et à son réseau pour ces courbes !

Et voilà pourquoi grâce au nucléaire, la France est l’un des pays les plus efficaces dans la lutte contre le réchaufffement climatique, tandis que l’Allemagne, son Energiewende et ses quelques 33% de renouvelables qui ne sont jamais là quand on en a besoin, eh bien l’Allemagne, en abandonnat le nucléaire, se spécialise tout simplement dans ce qu’elle fait de mieux, le crime contre l’Humanité

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