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mardi 13 août 2019

No Fake Science ! Quelques réflexions

No fake science !

Merci aux initiateurs de la tribune la plus intelligente, la plus utile, la plus indispensable, la plus juste, la plus courageuse, la plus originale, la plus brillante, la plus vraie, la plus justement combattive en même temps qu’équilibrée que j’ai eu le plaisir de lire depuis longtemps. Merci au journal l’Opinion de l’avoir publiée alors que d’autres journaux que l’on qualifie parfois de référence n’ont pas souhaité le faire – sans doute se sentent-ils un peu coupables de souvent maltraiter voire manipuler la science !
C’est bien sûr de la tribune No fake science que je veux parler ! Extraits :
 « Nous, scientifiques, journalistes et citoyen·ne·s préoccupé·e·s, lançons un cri d’alerte sur le traitement de l’information scientifique dans les médias, ainsi que sur la place qui lui est réservée dans les débats de société. À l’heure où la défiance envers les médias et les institutions atteint des sommets, nous appelons à une profonde remise en question de toute la chaîne de l’information, afin que les sujets à caractère scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans déformation sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être restaurée sur le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s….
Il est urgent que la place de l’information scientifique dans nos médias et dans le débat public soit revue, pour éviter de creuser le fossé entre scientifiques et journalistes. Réfléchissons ensemble à la façon de rendre à la science la place qu’elle mérite. Pour un débat public apaisé et rationnel, pour le bien de notre vie politique, pour nos concitoyen·ne·s.. »
Bon, on passera sur une légère crispation sur l’écriture inclusive, c’est trop important. En plus de sa publication, la tribune a été ouverte aux signatures de ceux qui le souhaitent – allez-y https://nofake.science/tribune/ !!! et a donné lieu à de passionnants débats sur les réseau  sociaux.
Science, opinion, société- les problématiques et propositions positivistes.

Faut-il le dire, cette tribune recoupe précisément les préoccupations principales du positiviste que je m’efforce d’être ; Extraits et principes du grand Auguste :

1) la connaissance positive : La science, par ses méthodes,  permet d’arriver à des connaissances positives (scientifique) : « certaines, précises, relatives, organisatrices », qui permettent d’agir efficacement sur le réel : « savoir pour prévoir afin de pourvoir ! »
Un mot important est ici relative : d’une part, la science permet d’établir des relations entre des phénomènes, et non de connaître la nature intime de ceux-ci ( à supposer que cela ait un sens), d’autre part, les connaissances positives sont relatives à un certain domaine, par exemple la relativité Einsteinienne n’a pas rendue fausse la mécanique newtonienne, celle-ci rendant toujours d’importants services dans son domaine de validité.

2)  La science n’est donc pas une opinion comme une autre : « Il n’y a point de liberté de conscience en astronomie, en physique, en chimie, en physiologie, dans ce sens que chacun trouverait absurde de ne pas croire de confiance aux principes établis dans ces sciences par les hommes compétents »
Mais ! :
3) Autorité scientifique et non autoritarisme :  Dans la  science,  « l’autorité nait du concours et non le concours de l’autorité » (remplacer concours par consensus, si l’on préfère!)

4) Importance de l’opinion ; rôle et nécessité du pouvoir spirituel :
« Tout le mécanisme social repose finalement sur des opinions »
« L’irrésistible puissance de l’opinion publique constitue une force vraiment coercitive, puisqu’on s’y soumet sans être touché, ni convaincu des torts correspondants »
 « Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation »

Compte-tenu de l’importance et de la  puissance de l’opinion, le positivisme pense nécessaire l’instauration d’un pouvoir spirituel :

« Il est nécessaire que le pouvoir spirituel  soit au plus haut degré une puissance d'opinion. Il agira sur l’opinion et par l’opinion »
 « L’action du pouvoir spirituel consiste essentiellement à établir par l’éducation les opinions et les habitudes qui doivent diriger les hommes dans la vie active »
« Le journalisme, nouveau pouvoir spirituel » ( si, si ! CPP, 57ème leçon, mais revu ensuite ; les journaux sont inévitablement trop liés à des pouvoirs temporels)
«  Les attributions du pouvoir spirituel positif seront au nombre de quatre : l'éducation, le conseil, la consécration et le jugement »

Les moyens du pouvoir spirituel sont l’admonestation privée, le blâme public puis l’excommunication sociale. Il peut aller jusqu’à prôner le refus de concours (grève, boycott), voire l’insurrection. Il peut aussi, mais c’est alors une forme d’échec, transmettre au bras séculier !

5) nécessité de la séparation des pouvoirs temporels et spirituels :

Le pouvoir spirituel doit être complètement séparé du pouvoir temporel, sans quoi « il n’y a pas d’alternative entre la soumission la plus abjecte et la révolte directe ».
« L’asservissement général du pouvoir spirituel au pouvoir temporel, principale cause de la plupart des aberrations, pousse spontanément à remplacer la persuasion par la violence »
« Pour se borner à conseiller, il faut ne jamais commander, même par la richesse »
 « Si l’Etat n’a pas une religion propre, il ne doit pas davantage avoir une science à lui, ni une science privilégiée «  (Laïcité selon Julio de Castilho, chef du gouvernement positiviste du Rio Grande do Sul)

Les membres du pouvoir spirituel doivent « vivre au grand jour » (traduction : transparence sur les conflits d’intérêts, les choix idéologiques, politiques, religieux, tout ce qui susceptible d’interférer avec la fonction de conseil)

6) Incarnations modernes du pouvoir spirituel comtien- le GIEC.

Face à une menace qui concerne l‘ensemble de l’humanité, des experts scientifiques s’organisent et collaborent librement entre eux, arrivent à une connaissance positive (certaine, précise, organisatrice) concernant l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique, en tirent des conclusions qu’ils s’efforcent de faire partager aux dirigeants temporels (chefs d’Etats, chefs d’entreprises) (conseil privé), et agissent de manière plus contraignante par l’opinion publique. Nous avons là un exemple presque complet du pouvoir spirituel comtien – presque, car il lui manque la sanction ultime, l’excommunication sous une forme modernisée. Cela viendra peut-être.

On peut prévoir, et ça sera une bonne chose, que naîtront des équivalents du GIEC pour la génétique, l’intelligence artificielle,…
Les comités d’éthiques, les agences de régulation (agence du médicament, de sécurité sanitaire, autorité de sécurité du nucléaire), les académies et sociétés savantes accomplissent parfois et partiellement des missions de pouvoir spirituel.
Et Wikipedia  ? sans doute aussi, et même un pouvoir spirituel de très bon aloi, plus performant qu’aucune encyclopédie du passé. Que les multiples contributeurs et éditeurs qui permettent son existence en soient remerciés !
Et les réseaux sociaux ? Un pouvoir spirituel à l’état sauvage alors ! Même si parfois, certains groupes, certains threads diffusent, autour de groupes ayant une compétence et une autorité scientifique, une information de qualité rendue plus accessible à tous !

 No Fake Science, l’opinion et les journalistes

Et maintenant, à chacun de se débrouiller avec tout ça ! Mais si vous n’êtes pas convaincu que No Fake Science et les débats qu’ils suscitent  recoupent en grande partie la problématique du pouvoir spirituel de Comte… je peux plus rien.

Typiquement, No Fake Science a rempli le rôle d’admonestation du pouvoir spirituel, et encore assez gentiment.  Il l’a fait en appelant à la conscience professionnelle des journalistes, et à leur réflexion. Et ce n’est pas simple : certains réflexes professionnels  des journalistes (la pratique du doute, la méfiance  érigée en système contre toute autorité (mais ici d’un type particulier), la confusion entre objectivité et  équilibrage des points de vue, l’absence de hiérarchisation des sources...) conduisent en effet à méconnaître la nature de l’activité scientifique  et à des biais de nature à entrainer confusion, désinformation, voire manipulation de l’opinion publique. S’y ajoutent parfois les manipulations effectives de certains lobbies (les plus efficaces ne sont pas sûrement pas les plus évidents), l’action des communicants, l’émotion devant certaines situations. Le métier n’est pas vraiment facile.

Mais l’appel à la responsabilité de No Fake Science était nécessaire, et devenait même urgent ! Une belle preuve en a été donnée, juste quelques semaines après la parution de la tribune dans l’Opinion, du délire et de la manipulation médiatique à propos du tritium dans les fleuves français.
(cf. sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/tritium-et-boule-de-gomme-les-marchands.html).

Dans ce cas d’ailleurs, l’association à l’origine de ce qu’il faut bien qualifier de véritable manipulation et les media qui l’ont relayé ont fait courir des risques à la santé publique, en conduisant certains, en période de canicule, à se priver d’eau  du robinet. L’admonestation aimable ne suffit visiblement déjà plus. La loi sur la propagation de fausses nouvelles, si elle doit être maniée avec beaucoup de prudence, est trop peu appliquée ; la notion de trouble à l’ordre public ou de mise en danger de la vie d’autrui pourrait également être évoquée.

Et tiens ! Festival au moment où j‘écris (12 aout 2019) Le matin, le Secrétaire Général des écolos Julien Bayou sur France Inter a lancé en une minutes quatre contre-vérités majeures sur le nucléaire ; sur le coût, sur la possibilité de remplacement par les énergies nouvelles (fatales !), sur le « succés » de la transition énergétique allemande, sur les fuites de tritium dans les fleuves français) sans que le présentateur ne tente de rétablir la vérité ; décidément, France Inter n’est pas No Fake Science ! Un concours avec Le Monde ?

Et le Parisien du même jour, à propos des batteries électriques : « Attention donc à ne pas répéter l'erreur consistant en France à construire 58 réacteurs nucléaires sans prendre en compte ni le stockage ni le retraitement des déchets. »
NB 1) avec Orano, la France est numéro un mondial du retraitement de déchets nucléaires ( pour l’instant…) 2) il existe un consensus international des experts sur l’enfouissement des déchets) cf therad de Tristan Kamin ou par exemple https://lenergeek.com/2019/08/02/alternatives-stockage-geologique-dechets-nucleaires-tristan-kamin/
 A la longue, c’est un peu lassant….

Adjoindre au CSA un haut conseil agissant au nom de la science ? Pour Stéphane Foucart, c’est non !

Dans le Monde du 6 juillet 2019, Stéphane Foucart se félicite que le CSA, saisit par plus de 500 plaintes,  ait refusé de rendre un avis défavorable à l’émission d’« Envoyé spécial », de France 2 (17 janvier 2019) consacrée au glyphosate et se moque de l’idée avancée par un certain nombre de scientifiques d’ « attacher au gendarme de l’audiovisuel un haut conseil à la science ».

Citation : « Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a rendu, le 1er juillet, son avis sur le dossier glyphosate d’« Envoyé spécial », diffusé par France 2 le 17 janvier 2019. Il n’a rien à reprocher au magazine, malgré la virulence des critiques formulées à son endroit – souvent sur la foi de faits imaginaires. Insatisfaits, certains ont aussitôt dénoncé un manque de jugement du CSA et réactivent cette vieille idée des académies : attacher au gendarme de l’audiovisuel un haut conseil à la science, une sorte de « ministère de la vérité scientifique ». Il faudra, dans ce cas, bien choisir les « ministres ».

Voici ce qu’a déclaré le CSA : « En premier lieu, le CSA estime que le but du documentaire était de “présenter les pratiques de la société Monsanto en matière de recherche scientifique et d’études relatives au glyphosate” et non “d’apporter un éclairage scientifique sur la dangerosité” de cet herbicide. “Dans la plupart des sujets, il était rappelé l’absence de consensus scientifique sur le caractère cancérogène du glyphosate”

Eh bien, on se dit que le CSA aurait effectivement besoin de conseils scientifiques. On a en effet bien compris que le but d’Envoyé spécial n’est pas d’apporter un éclairage scientifique  sur quoi que ce soit, mais de faire de l’audience en dénonçant des scandales, même lorsqu’ils n’existent pas, en présentant des faits détournés de leur contexte, en mettant sur le même plan toutes les opinions, quels que soient les méthodes qui ont permis de les obtenir. Il existe un test assez efficace de mesurer ce qu’apporte cette émission : lorsque vous suivez un reportage sur un sujet que vous ne connaissez pas professionnellement, vous ne pouvez manquer de vous indigner- ils sont vraiment efficaces. Lorsqu’il s’agit d’un sujet que vous connaissez…eh bien, vous vous indignez aussi tant les faits  sont distordus et les conclusions controuvées… Ceci dit, il y a temps en temps de véritables scandales dénoncés…

Sur le fond, cette vérité scientifique rappelée dans la tribune No Fake Science : « Aux expositions professionnelles et alimentaires courantes, les différentes instances chargées d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent improbable qu’il présente un risque cancérigène pour l’humain »
On peut même être plus précis : il n’ y a actuellement aucune preuve ni biologique, ni épidémiologique, pour une molécule maintenant massivement utilisée depuis plus de 40 ans
(cf. par exemple https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/04/le-glyphosate-et-les-proces-de.html)

Donc, oui le CSA n’a pas joué son rôle et cela est dommage et même dommageable : que dire si demain une émission oppose à part égale vaccins et anti-vaccins et pointe des pratiques qui peuvent être parfois contestables de l’industrie pharmaceutique sans mentionner les immenses services qu’ont rendu les vaccins à l‘humanité ?

Les sociétés savantes, les académies sur ce sujet, et sur bien d’autres semblent assez inaudibles. La société manque d’un pouvoir spirituel organisé, selon les conceptions positivistes.

Bizarrement, dans la suite de son article, Stéphane Foucart abandonne le sujet glyphosate et passe au climatoscepticisme. C’est peut-être qu’il se sent un peu…comment admonester gentiment ? un peu coupable. Car il sait très bien, et l’a lui-même avoué, ce que vaut toute la Fake Science mobilisée à propos de la toxicité du glyphosate- pas grand-chose, et que si le glyphosate a été ainsi soumis à de véritables procès de sorcières, c’est en raison de son utilisation couplée à des OGM ( en particulier proposée par Monsanto). C’est l’hostilité aux OGM et leur intérêt agricole et économique qui est le véritable moteur de la diabolisation du glyphosate ; et c’est un tout autre problème !

Donc, le grand spécialiste écolo du Monde délaisse le glyphosate et passe au réchauffement climatique et au climatoscepticisme. Suivons-le… pour voir !

Climatoscepticisme et Fake science : comment faire ? La tribune retirée de l’Actualité Chimique.
Donc Stéphane Foucart :

« Au cours des derniers mois, L’Actualité chimique (la revue de la société savante des chimistes français) a, par exemple, publié plusieurs chroniques climatosceptiques – l’une allant jusqu’à mettre sur un pied de quasi-égalité le mouvement antivaccinal et la mobilisation contre le réchauffement. En mai, sous les protestations, la publication a retiré l’un des textes litigieux.
Ce genre de situation n’a rien d’exceptionnel. Un regard rétrospectif sur la manière dont s’est propagée la vulgate climatosceptique ces dernières années suggère que ce sont des scientifiques, bien plus que des journalistes, qui en ont été les principaux moteurs. Sur le réchauffement, les tribunes ou les ouvrages les plus trompeurs ont été publiés sous d’éminentes signatures issues des sciences économiques, de la géologie, de la géographie, de la microbiologie, de la physique des semi-conducteurs, des mathématiques, de la chimie… Forts de leurs titres académiques, des scientifiques s’exprimant hors de leur champ de compétence ont largement contribué à tromper le public et les décideurs sur l’une des plus graves questions de notre temps.
En France, le principal bastion climatosceptique n’était ni une sombre église obscurantiste ni un mouvement d’homéopathes radicalisés : c’était l’Académie des sciences »

Stéphane Foucart aurait quand même pu rappeler le rôle du CEA et des climatologues français dans le GIEC et dans l’établissement de la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique : Claude Lorius, Jean Jouzel, Valérie Masson-Delmotte…

Je n’ai pas pu lire la tribune de l’Actualité Chimique à laquelle M. Foucart fait allusion…puisqu’elle a été retirée sous un torrent de protestations éclairées ( ?). Pour information, 25 chimistes membres de l’Académie des sciences, dont deux Prix Nobel ( Jean-Marie Lehn, Jean- Pierre Sauvage) ont protesté contre ce retrait.

Avant (et afin) de parvenir à une vérité scientifique (positive), il est normal que différentes hypothèses soient confrontées et que des débats aient lieu. Le principe positiviste doit s’appliquer sans restriction : « Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation ! »

Une fois une connaissance positive établie, eh bien , la beauté de la science est qu’elle n’a rien à craindre d’une critique, même mal fondée,  absurde ou malhonnête. Celui qui l’émet prend le risque du ridicule et de la marginalisation, voire de difficultés professionnelles à moins qu’il n’ait de solides arguments, et cela est juste et bon. Comme l’écrivent les Académiciens dans leur tribune : « C’est la pratique quotidienne des chercheurs, celle des séminaires dans les équipes de recherche, celle des conférences, celles des rapporteurs d’articles dans les journaux scientifiques. Nous en connaissons les règles : celui qui se permet d’émettre des doutes sur un travail sans argument ou avec des approximations évidentes peut s’attirer les remarques acerbes de ses collègues, mais il peut répondre à ses pairs, échanger avec eux. Par contre, tout argument mettant en évidence une faille dans le raisonnement va permettre immédiatement de revoir une idée, un concept, une expérience. C’est ainsi que la science avance depuis toujours. »

Donc, là encore,  aucun risque et que des avantages au principe « Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation ! », surtout concernant une publication comme l’Actualité Chimique ( sans les vexer, pas vraiment un media grand public !-NB je la lis avec plaisir, et même j’y ai publié !)

Il en irait tout autrement si un media grand public reprenait cet article de l’Actualité Chimique et la présentait comme, non pas comme ce qu’il est, un élément de débat, mais comme une opinion majoritaire de nature à remettre en cause le rôle humain dans le réchauffement climatique, ou  mieux et plus vendeur, comme une opinion minoritaire empêchée d’expression et brimée par le lobby de je ne sais pas quoi, tiens des éoliennes au hasard ! Là, le pouvoir spirituel devrait intervenir !

Confrontée au problème, la BBC a pris une position intéressante et controversée. Contrairement à ce qui a été parfois annoncé, la BBC n’a pas « banni les climatosceptiques de ses antennes » (ce que visiblement souhaiterait M. Foucart ). Son directeur de l’information, dans une instruction interne publiée début septembre, n’ a pas écrit qu'il ne faut plus jamais leur donner la parole, mais seulement qu'on n'est pas obligé, au nom d'un « équilibre trompeur », de les inviter à chaque fois qu'il est question du climat. « De la même manière, vous ne voudriez pas que quelqu'un nie que Manchester United a gagné 2-0 samedi dernier. L'arbitre a parlé. »

Cette attitude me semble parait assez équilibrée, appropriée et responsable. Elle laisse tout de même la place à des critiques de l’arbitre ou de l’arbitrage, si des éléments nouveaux et sérieux sont découverts. Si d'aventure un scientifique révélait de nouvelles données ou de nouveaux modèles de prévision qui viennent secouer le  consensus actuel, ou certains de ses éléments, sans doute pourrait-il s’exprimer. Et, bien plus, si un nouveau consensus, modifié sur certains points ou plus radicalement émergeait, la BBC agirait en conséquence.

Une remarque de Stephane Osmont dans une tribune sur le blog du point :  https://www.lepoint.fr/debats/osmont-climatosceptiques-contre-climatostresses-03-10-2018-2259784_2.php :
« Une fois qu'on a dit ça, une question se pose néanmoins : faut-il réciproquement bannir des antennes de la BBC les climatostressés, ceux qui exagèrent à dessein l'imminence et la gravité du péril climatique ? …Un certain malaise finit par s'installer quand on comprend qu'eux aussi malmènent le « consensus scientifique » en ne retenant que les plus flippants des multiples scénarios des experts internationaux du GIEC. Une petite dose de doute méthodique leur serait profitable. »

En effet. Mais surtout , maintenant, pour être cohérente, la BBC devrait appliquer le même traitement à ceux qui prétendent que le glyphosate est toxique sans apporter de nouveaux arguments validés par la communauté scientifique. Non ? Ou pour les anti-vaccins ? Ou ceux prétendent qu’il n’y a pas de solutions pour le traitement des déchets nucléaires ? Oui qui parlent de fuites de tritium ?

Dominique Meda : Combattre la fausse science ( Le Monde, 13 juillet 2019)

Extrait : « La seule manière d’empêcher la production de « fausse science » est de disposer d’institutions scientifiques puissantes, totalement indépendantes, dotées d’important moyens de financement et de scientifiques indépendants et bien payés, capables de répondre aux questions des gouvernements, des parlementaires et des citoyens … Or, comme l’ont unanimement souligné les lauréats du Prix Nobel présents à l’Elysée lors du débat organisé par la Président de la République avec des intellectuels le 18 mars, l’attractivité des carrières scientifiques est en France de plus en plus faible, et les moyens destinés à la recherche, censés atteindre 3% du PIB , n’ont jamais dépassé 2.3% depuis trente ans. La seule recherche publique atteint péniblement 0.8% et les recrutements y sont en forte baisse »
O.K pour la deuxième partie, même si le ratio public/privé n’est pas le plus défavorable en France par rapport aux pays comparables… ; de toute façon, nous sommes loin des promesses de l’agenda de Lisbonne, de l’Europe de la connaissance et de ses 3% du PIB...
Mais prétendre lutter contre la fausse science en établissant un corps de scientifiques d’Etat, chargé de la pureté de la science, éloigné de toute compromission, vivant dans une tour d’ivoire… cela me semble un peu baroque, et loin des réalités de la science réelle. Et même dangereux !« Si  l’Etat n’a pas une religion propre, il ne doit pas davantage avoir une science à lui ».

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