No fake science !
Merci
aux initiateurs de la tribune la plus intelligente, la plus utile, la plus
indispensable, la plus juste, la plus courageuse, la plus originale, la plus
brillante, la plus vraie, la plus justement combattive en même temps
qu’équilibrée que j’ai eu le plaisir de lire depuis longtemps. Merci au journal
l’Opinion de l’avoir publiée alors que d’autres journaux que l’on qualifie
parfois de référence n’ont pas souhaité le faire – sans doute se sentent-ils un
peu coupables de souvent maltraiter voire manipuler la science !
C’est
bien sûr de la tribune No fake science que je veux parler ! Extraits :
« Nous, scientifiques, journalistes et
citoyen·ne·s préoccupé·e·s, lançons un cri d’alerte sur le traitement de
l’information scientifique dans les médias, ainsi que sur la place qui lui est
réservée dans les débats de société. À l’heure où la défiance envers les médias
et les institutions atteint des sommets, nous appelons à une profonde remise en
question de toute la chaîne de l’information, afin que les sujets à caractère
scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans déformation
sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être restaurée sur
le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s….
Il
est urgent que la place de l’information scientifique dans nos médias et dans
le débat public soit revue, pour éviter de creuser le fossé entre scientifiques
et journalistes. Réfléchissons ensemble à la façon de rendre à la science la
place qu’elle mérite. Pour un débat public apaisé et rationnel, pour le bien de
notre vie politique, pour nos concitoyen·ne·s.. »
Bon,
on passera sur une légère crispation sur l’écriture inclusive, c’est trop
important. En plus de sa publication, la tribune a été ouverte aux signatures
de ceux qui le souhaitent – allez-y https://nofake.science/tribune/ !!! et a
donné lieu à de passionnants débats sur les réseau sociaux.
Science, opinion,
société- les problématiques et propositions positivistes.
Faut-il
le dire, cette tribune recoupe précisément les préoccupations principales du
positiviste que je m’efforce d’être ; Extraits et principes du grand Auguste :
1) la connaissance
positive : La
science, par ses méthodes, permet
d’arriver à des connaissances positives (scientifique) : « certaines, précises,
relatives, organisatrices », qui permettent d’agir efficacement sur le réel : «
savoir pour prévoir afin de pourvoir ! »
Un
mot important est ici relative : d’une part, la science permet d’établir des
relations entre des phénomènes, et non de connaître la nature intime de ceux-ci
( à supposer que cela ait un sens), d’autre part, les connaissances positives
sont relatives à un certain domaine, par exemple la relativité Einsteinienne
n’a pas rendue fausse la mécanique newtonienne, celle-ci rendant toujours d’importants
services dans son domaine de validité.
2) La
science n’est donc pas une opinion comme une autre : « Il n’y a point de
liberté de conscience en astronomie, en physique, en chimie, en physiologie,
dans ce sens que chacun trouverait absurde de ne pas croire de confiance aux
principes établis dans ces sciences par les hommes compétents »
Mais
! :
3)
Autorité scientifique et non autoritarisme :
Dans la science, « l’autorité nait du concours et non le
concours de l’autorité » (remplacer concours par consensus, si l’on préfère!)
4)
Importance de l’opinion ; rôle et nécessité du pouvoir spirituel :
«
Tout le mécanisme social repose finalement sur des opinions »
«
L’irrésistible puissance de l’opinion publique constitue une force vraiment
coercitive, puisqu’on s’y soumet sans être touché, ni convaincu des torts
correspondants »
« Liberté, liberté totale d’exposition, de
discussion, d’appréciation »
Compte-tenu
de l’importance et de la puissance de
l’opinion, le positivisme pense nécessaire l’instauration d’un pouvoir
spirituel :
«
Il est nécessaire que le pouvoir spirituel
soit au plus haut degré une puissance d'opinion. Il agira sur l’opinion
et par l’opinion »
« L’action du pouvoir spirituel consiste
essentiellement à établir par l’éducation les opinions et les habitudes qui
doivent diriger les hommes dans la vie active »
«
Le journalisme, nouveau pouvoir spirituel » ( si, si ! CPP, 57ème leçon, mais
revu ensuite ; les journaux sont inévitablement trop liés à des pouvoirs
temporels)
« Les attributions du pouvoir spirituel positif
seront au nombre de quatre : l'éducation, le conseil, la consécration et le
jugement »
Les
moyens du pouvoir spirituel sont l’admonestation privée, le blâme public puis
l’excommunication sociale. Il peut aller jusqu’à prôner le refus de concours
(grève, boycott), voire l’insurrection. Il peut aussi, mais c’est alors une
forme d’échec, transmettre au bras séculier !
5) nécessité de la
séparation des pouvoirs temporels et spirituels :
Le
pouvoir spirituel doit être complètement séparé du pouvoir temporel, sans quoi
« il n’y a pas d’alternative entre la soumission la plus abjecte et la révolte
directe ».
«
L’asservissement général du pouvoir spirituel au pouvoir temporel, principale
cause de la plupart des aberrations, pousse spontanément à remplacer la
persuasion par la violence »
«
Pour se borner à conseiller, il faut ne jamais commander, même par la richesse
»
« Si l’Etat n’a pas une religion propre, il ne
doit pas davantage avoir une science à lui, ni une science privilégiée « (Laïcité selon Julio de Castilho, chef du
gouvernement positiviste du Rio Grande do Sul)
Les
membres du pouvoir spirituel doivent « vivre au grand jour » (traduction :
transparence sur les conflits d’intérêts, les choix idéologiques, politiques,
religieux, tout ce qui susceptible d’interférer avec la fonction de conseil)
6) Incarnations
modernes du pouvoir spirituel comtien- le GIEC.
Face
à une menace qui concerne l‘ensemble de l’humanité, des experts scientifiques
s’organisent et collaborent librement entre eux, arrivent à une connaissance
positive (certaine, précise, organisatrice) concernant l’impact des activités
humaines sur le réchauffement climatique, en tirent des conclusions qu’ils
s’efforcent de faire partager aux dirigeants temporels (chefs d’Etats, chefs
d’entreprises) (conseil privé), et agissent de manière plus contraignante par
l’opinion publique. Nous avons là un exemple presque complet du pouvoir
spirituel comtien – presque, car il lui manque la sanction ultime,
l’excommunication sous une forme modernisée. Cela viendra peut-être.
On
peut prévoir, et ça sera une bonne chose, que naîtront des équivalents du GIEC
pour la génétique, l’intelligence artificielle,…
Les
comités d’éthiques, les agences de régulation (agence du médicament, de
sécurité sanitaire, autorité de sécurité du nucléaire), les académies et
sociétés savantes accomplissent parfois et partiellement des missions de
pouvoir spirituel.
Et
Wikipedia ? sans doute aussi, et même un
pouvoir spirituel de très bon aloi, plus performant qu’aucune encyclopédie du
passé. Que les multiples contributeurs et éditeurs qui permettent son existence
en soient remerciés !
Et
les réseaux sociaux ? Un pouvoir spirituel à l’état sauvage alors ! Même si
parfois, certains groupes, certains threads diffusent, autour de groupes ayant
une compétence et une autorité scientifique, une information de qualité rendue
plus accessible à tous !
No Fake
Science, l’opinion et les journalistes
Et
maintenant, à chacun de se débrouiller avec tout ça ! Mais si vous n’êtes pas
convaincu que No Fake Science et les débats qu’ils suscitent recoupent en grande partie la problématique
du pouvoir spirituel de Comte… je peux plus rien.
Typiquement,
No Fake Science a rempli le rôle d’admonestation du pouvoir spirituel, et
encore assez gentiment. Il l’a fait en
appelant à la conscience professionnelle des journalistes, et à leur réflexion.
Et ce n’est pas simple : certains réflexes professionnels des journalistes (la pratique du doute, la
méfiance érigée en système contre toute
autorité (mais ici d’un type particulier), la confusion entre objectivité
et équilibrage des points de vue,
l’absence de hiérarchisation des sources...) conduisent en effet à méconnaître
la nature de l’activité scientifique et
à des biais de nature à entrainer confusion, désinformation, voire manipulation
de l’opinion publique. S’y ajoutent parfois les manipulations effectives de
certains lobbies (les plus efficaces ne sont pas sûrement pas les plus
évidents), l’action des communicants, l’émotion devant certaines situations. Le
métier n’est pas vraiment facile.
Mais
l’appel à la responsabilité de No Fake Science était nécessaire, et devenait
même urgent ! Une belle preuve en a été donnée, juste quelques semaines après
la parution de la tribune dans l’Opinion, du délire et de la manipulation
médiatique à propos du tritium dans les fleuves français.
(cf.
sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/tritium-et-boule-de-gomme-les-marchands.html).
Dans
ce cas d’ailleurs, l’association à l’origine de ce qu’il faut bien qualifier de
véritable manipulation et les media qui l’ont relayé ont fait courir des
risques à la santé publique, en conduisant certains, en période de canicule, à
se priver d’eau du robinet.
L’admonestation aimable ne suffit visiblement déjà plus. La loi sur la
propagation de fausses nouvelles, si elle doit être maniée avec beaucoup de
prudence, est trop peu appliquée ; la notion de trouble à l’ordre public ou de
mise en danger de la vie d’autrui pourrait également être évoquée.
Et
tiens ! Festival au moment où j‘écris (12 aout 2019) Le matin, le Secrétaire
Général des écolos Julien Bayou sur France Inter a lancé en une minutes quatre
contre-vérités majeures sur le nucléaire ; sur le coût, sur la possibilité de
remplacement par les énergies nouvelles (fatales !), sur le « succés » de la
transition énergétique allemande, sur les fuites de tritium dans les fleuves
français) sans que le présentateur ne tente de rétablir la vérité ; décidément,
France Inter n’est pas No Fake Science ! Un concours avec Le Monde ?
Et
le Parisien du même jour, à propos des batteries électriques : « Attention donc
à ne pas répéter l'erreur consistant en France à construire 58 réacteurs
nucléaires sans prendre en compte ni le stockage ni le retraitement des
déchets. »
NB
1) avec Orano, la France est numéro un mondial du retraitement de déchets
nucléaires ( pour l’instant…) 2) il existe un consensus international des
experts sur l’enfouissement des déchets) cf therad de Tristan Kamin ou par
exemple
https://lenergeek.com/2019/08/02/alternatives-stockage-geologique-dechets-nucleaires-tristan-kamin/
A la longue, c’est un peu lassant….
Adjoindre au CSA un
haut conseil agissant au nom de la science ? Pour Stéphane Foucart, c’est non !
Dans
le Monde du 6 juillet 2019, Stéphane
Foucart se félicite que le CSA, saisit par plus de 500 plaintes, ait refusé de rendre un avis défavorable à
l’émission d’« Envoyé spécial », de France 2 (17 janvier 2019) consacrée au
glyphosate et se moque de l’idée avancée par un certain nombre de scientifiques
d’ « attacher au gendarme de l’audiovisuel un haut conseil à la science ».
Citation
: « Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a rendu, le 1er juillet, son
avis sur le dossier glyphosate d’« Envoyé spécial », diffusé par France 2 le 17
janvier 2019. Il n’a rien à reprocher au magazine, malgré la virulence des
critiques formulées à son endroit – souvent sur la foi de faits imaginaires.
Insatisfaits, certains ont aussitôt dénoncé un manque de jugement du CSA et
réactivent cette vieille idée des académies : attacher au gendarme de
l’audiovisuel un haut conseil à la science, une sorte de « ministère de la vérité
scientifique ». Il faudra, dans ce cas, bien choisir les « ministres ».
Voici
ce qu’a déclaré le CSA : « En premier lieu, le CSA estime que le but du
documentaire était de “présenter les pratiques de la société Monsanto en
matière de recherche scientifique et d’études relatives au glyphosate” et non “d’apporter un éclairage scientifique
sur la dangerosité” de cet herbicide. “Dans la plupart des sujets, il était
rappelé l’absence de consensus scientifique sur le caractère cancérogène du
glyphosate”
Eh
bien, on se dit que le CSA aurait effectivement besoin de conseils scientifiques.
On a en effet bien compris que le but d’Envoyé spécial n’est pas d’apporter un
éclairage scientifique sur quoi que ce
soit, mais de faire de l’audience en dénonçant des scandales, même lorsqu’ils
n’existent pas, en présentant des faits détournés de leur contexte, en mettant
sur le même plan toutes les opinions, quels que soient les méthodes qui ont
permis de les obtenir. Il existe un test assez efficace de mesurer ce
qu’apporte cette émission : lorsque vous suivez un reportage sur un sujet que
vous ne connaissez pas professionnellement, vous ne pouvez manquer de vous
indigner- ils sont vraiment efficaces. Lorsqu’il s’agit d’un sujet que vous
connaissez…eh bien, vous vous indignez aussi tant les faits sont distordus et les conclusions
controuvées… Ceci dit, il y a temps en temps de véritables scandales dénoncés…
Sur
le fond, cette vérité scientifique rappelée dans la tribune No Fake Science : « Aux expositions
professionnelles et alimentaires courantes, les différentes instances chargées
d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent improbable qu’il
présente un risque cancérigène pour l’humain »
On
peut même être plus précis : il n’ y a actuellement aucune preuve ni
biologique, ni épidémiologique, pour une molécule maintenant massivement utilisée
depuis plus de 40 ans
(cf.
par exemple https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/04/le-glyphosate-et-les-proces-de.html)
Les
sociétés savantes, les académies sur ce sujet, et sur bien d’autres semblent
assez inaudibles. La société manque d’un pouvoir spirituel organisé, selon les
conceptions positivistes.
Bizarrement,
dans la suite de son article, Stéphane Foucart abandonne le sujet glyphosate et
passe au climatoscepticisme. C’est peut-être qu’il se sent un peu…comment
admonester gentiment ? un peu coupable. Car il sait très bien, et l’a lui-même
avoué, ce que vaut toute la Fake Science mobilisée à propos de la toxicité du
glyphosate- pas grand-chose, et que si le glyphosate a été ainsi soumis à de
véritables procès de sorcières, c’est en raison de son utilisation couplée à
des OGM ( en particulier proposée par Monsanto). C’est l’hostilité aux OGM et
leur intérêt agricole et économique qui est le véritable moteur de la diabolisation
du glyphosate ; et c’est un tout autre problème !
Donc,
le grand spécialiste écolo du Monde délaisse le glyphosate et passe au
réchauffement climatique et au climatoscepticisme. Suivons-le… pour voir !
Climatoscepticisme et
Fake science : comment faire ? La tribune retirée de l’Actualité Chimique.
Donc
Stéphane Foucart :
«
Au cours des derniers mois, L’Actualité chimique (la revue de la société
savante des chimistes français) a, par exemple, publié plusieurs chroniques
climatosceptiques – l’une allant jusqu’à mettre sur un pied de quasi-égalité le
mouvement antivaccinal et la mobilisation contre le réchauffement. En mai, sous
les protestations, la publication a retiré l’un des textes litigieux.
Ce
genre de situation n’a rien d’exceptionnel. Un regard rétrospectif sur la
manière dont s’est propagée la vulgate climatosceptique ces dernières années
suggère que ce sont des scientifiques, bien plus que des journalistes, qui en
ont été les principaux moteurs. Sur le réchauffement, les tribunes ou les ouvrages
les plus trompeurs ont été publiés sous d’éminentes signatures issues des
sciences économiques, de la géologie, de la géographie, de la microbiologie, de
la physique des semi-conducteurs, des mathématiques, de la chimie… Forts de
leurs titres académiques, des scientifiques s’exprimant hors de leur champ de
compétence ont largement contribué à tromper le public et les décideurs sur
l’une des plus graves questions de notre temps.
En
France, le principal bastion climatosceptique n’était ni une sombre église
obscurantiste ni un mouvement d’homéopathes radicalisés : c’était l’Académie
des sciences »
Stéphane
Foucart aurait quand même pu rappeler le rôle du CEA et des climatologues
français dans le GIEC et dans l’établissement de la responsabilité des activités
humaines dans le réchauffement climatique : Claude Lorius, Jean Jouzel, Valérie
Masson-Delmotte…
Je
n’ai pas pu lire la tribune de l’Actualité Chimique à laquelle M. Foucart fait
allusion…puisqu’elle a été retirée sous un torrent de protestations éclairées (
?). Pour information, 25 chimistes membres de l’Académie des sciences, dont
deux Prix Nobel ( Jean-Marie Lehn, Jean- Pierre Sauvage) ont protesté contre ce
retrait.
Avant
(et afin) de parvenir à une vérité scientifique (positive), il est normal que
différentes hypothèses soient confrontées et que des débats aient lieu. Le
principe positiviste doit s’appliquer sans restriction : « Liberté, liberté
totale d’exposition, de discussion, d’appréciation ! »
Une
fois une connaissance positive établie, eh bien , la beauté de la science est
qu’elle n’a rien à craindre d’une critique, même mal fondée, absurde ou malhonnête. Celui qui l’émet prend
le risque du ridicule et de la marginalisation, voire de difficultés
professionnelles à moins qu’il n’ait de solides arguments, et cela est juste et
bon. Comme l’écrivent les Académiciens dans leur tribune : « C’est la pratique
quotidienne des chercheurs, celle des séminaires dans les équipes de recherche,
celle des conférences, celles des rapporteurs d’articles dans les journaux
scientifiques. Nous en connaissons les règles : celui qui se permet d’émettre
des doutes sur un travail sans argument ou avec des approximations évidentes
peut s’attirer les remarques acerbes de ses collègues, mais il peut répondre à
ses pairs, échanger avec eux. Par contre, tout argument mettant en évidence une
faille dans le raisonnement va permettre immédiatement de revoir une idée, un
concept, une expérience. C’est ainsi que la science avance depuis toujours. »
Donc,
là encore, aucun risque et que des
avantages au principe « Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion,
d’appréciation ! », surtout concernant une publication comme l’Actualité
Chimique ( sans les vexer, pas vraiment un media grand public !-NB je la lis
avec plaisir, et même j’y ai publié !)
Il
en irait tout autrement si un media grand public reprenait cet article de
l’Actualité Chimique et la présentait comme, non pas comme ce qu’il est, un
élément de débat, mais comme une opinion majoritaire de nature à remettre en
cause le rôle humain dans le réchauffement climatique, ou mieux et plus vendeur, comme une opinion
minoritaire empêchée d’expression et brimée par le lobby de je ne sais pas
quoi, tiens des éoliennes au hasard ! Là, le pouvoir spirituel devrait
intervenir !
Confrontée
au problème, la BBC a pris une position intéressante et controversée.
Contrairement à ce qui a été parfois annoncé, la BBC n’a pas « banni les
climatosceptiques de ses antennes » (ce que visiblement souhaiterait M. Foucart
). Son directeur de l’information, dans une instruction interne publiée début
septembre, n’ a pas écrit qu'il ne faut plus jamais leur donner la parole, mais
seulement qu'on n'est pas obligé, au nom d'un « équilibre trompeur », de les
inviter à chaque fois qu'il est question du climat. « De la même manière, vous
ne voudriez pas que quelqu'un nie que Manchester United a gagné 2-0 samedi
dernier. L'arbitre a parlé. »
Cette
attitude me semble parait assez équilibrée, appropriée et responsable. Elle
laisse tout de même la place à des critiques de l’arbitre ou de l’arbitrage, si
des éléments nouveaux et sérieux sont découverts. Si d'aventure un scientifique
révélait de nouvelles données ou de nouveaux modèles de prévision qui viennent
secouer le consensus actuel, ou certains
de ses éléments, sans doute pourrait-il s’exprimer. Et, bien plus, si un
nouveau consensus, modifié sur certains points ou plus radicalement émergeait,
la BBC agirait en conséquence.
Une
remarque de Stephane Osmont dans une tribune sur le blog du point : https://www.lepoint.fr/debats/osmont-climatosceptiques-contre-climatostresses-03-10-2018-2259784_2.php
:
«
Une fois qu'on a dit ça, une question se pose néanmoins : faut-il
réciproquement bannir des antennes de la BBC les climatostressés, ceux qui
exagèrent à dessein l'imminence et la gravité du péril climatique ? …Un certain
malaise finit par s'installer quand on comprend qu'eux aussi malmènent le «
consensus scientifique » en ne retenant que les plus flippants des multiples
scénarios des experts internationaux du GIEC. Une petite dose de doute
méthodique leur serait profitable. »
En
effet. Mais surtout , maintenant, pour être cohérente, la BBC devrait appliquer
le même traitement à ceux qui prétendent que le glyphosate est toxique sans
apporter de nouveaux arguments validés par la communauté scientifique. Non ? Ou
pour les anti-vaccins ? Ou ceux prétendent qu’il n’y a pas de solutions pour le
traitement des déchets nucléaires ? Oui qui parlent de fuites de tritium ?
Dominique Meda :
Combattre la fausse science ( Le Monde, 13 juillet 2019)
Extrait
: « La seule manière d’empêcher la production de « fausse science » est de
disposer d’institutions scientifiques puissantes, totalement indépendantes,
dotées d’important moyens de financement et de scientifiques indépendants et
bien payés, capables de répondre aux questions des gouvernements, des
parlementaires et des citoyens … Or, comme l’ont unanimement souligné les
lauréats du Prix Nobel présents à l’Elysée lors du débat organisé par la
Président de la République avec des intellectuels le 18 mars, l’attractivité
des carrières scientifiques est en France de plus en plus faible, et les moyens
destinés à la recherche, censés atteindre 3% du PIB , n’ont jamais dépassé 2.3%
depuis trente ans. La seule recherche publique atteint péniblement 0.8% et les
recrutements y sont en forte baisse »
O.K
pour la deuxième partie, même si le ratio public/privé n’est pas le plus
défavorable en France par rapport aux pays comparables… ; de toute façon, nous
sommes loin des promesses de l’agenda de Lisbonne, de l’Europe de la
connaissance et de ses 3% du PIB...
Mais
prétendre lutter contre la fausse science en établissant un corps de
scientifiques d’Etat, chargé de la pureté de la science, éloigné de toute
compromission, vivant dans une tour d’ivoire… cela me semble un peu baroque, et
loin des réalités de la science réelle. Et même dangereux !« Si l’Etat n’a pas une religion propre, il ne
doit pas davantage avoir une science à lui ».
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