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lundi 5 août 2019

Nucléaire et Canicule (2) : La disponibilité du nucléaire


Le marronnier du nucléaire par temps de canicule

Après un premier blog largement basé sur un article de M. Sylvestre Huet (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/le-nucleaire-et-la-canicule.html) et exposant comment la France, grâce à son nucléaire, protégeait le climat même en période de canicule (grâce au nucléaire, la France est l’un des pays les plus efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique, tandis que l’Allemagne, son Energiewende et ses quelques 33% de renouvelables qui ne sont jamais là quand on en a besoin, eh bien l’Allemagne, en abandonnant le nucléaire,  dégage 4 fois plus de CO2 par KWh et  se spécialise tout simplement dans ce qu’elle fait de mieux, le crime contre l’Humanité)…

Voici maintenant un retour sur un marronnier, la disponibilité du nucléaire par temps caniculaire. Exemple de titres lors de la canicule de mi-juillet 2019 :

La canicule donne un coup de chaud à l'option nucléaire – Libération
Comment la canicule met à mal les centrales nucléaires – Franceinfo
Canicule : EDF doit mettre à l'arrêt deux réacteurs nucléaires
Canicule : les centrales nucléaires en surchauffe ? – TF1
Canicule et refroidissement des centrales nucléaires : le pire est à venir, La Tribune
Canicule et chaleur : la menace nucléaire. EDF contraint de mettre à l'arrêt des réacteurs atomiques. (Coordination antinucléaire)

Et je vous passe les titres et communiqués des journaux et sites d’info antinucléaires…
Donc, déjà, une urgence, la plus utile, la plus indispensable : signez la tribune No Fake science sur le traitement de l’information scientifique par les media

La plupart des infos des infos qui suivent ont été récupérées sur les deux  fils twitter ci-joint (Tristan Kamin et buchebuche). Allez-y, consommez sans modération ….ils savent de quoi ils parlent…


Loin des propos alarmistes, la réalité !

Donc, la disponibilité du nucléaire : la troisième semaine de juillet 2019 a été marquée par une canicule importante sur toute l’Europe. En France, parmi les records de température, 40,1 °C à Rennes, 42,1 °C à Brive, 42,6 °C à Paris, 41,5 °C à Lille, où le dernier record datait de juillet 2018 avec 37,5 °C… Donc, du sérieux !

Mais du coup ... combien de réacteurs #nucléaires ont été touchés ? Combien de réacteurs étaient disponibles ? Combien ont produit ? Quelle puissance a t-on perdue ? A t-on frôlé un problème réseau ?
Déjà, en été comme la consommation d'électricité est plus faible, EDF y concentre les arrêts de réacteurs nucléaires pour entretien. A cette période, il y avait  16 tranches  sur 58 en arrêt estival, soit 44.6GW de dispo avec les 42 autres
Sur les réacteurs nucléaires restants, 13 tranches ont été impactées par la canicule et ont dû réduire leur puissance. Finalement, deux réacteurs, ceux de Golfech, sur la Garonne ont été complètement arrêtés. Et ça nous donne : au plus haut,  6 GW le 25 juillet vers 14h.

Pour fixer les idées, en comparant avec la puissance maximum disponible (sans suivi de charge ou réseau), et en comparant avec l'ensemble de la puissance du parc, l'impact est de l'ordre de 13,8% au plus haut !

Donc l'impact de la canicule sur la production nucléaire est pour le moins modéré ... négligeable non ... catastrophique, non plus ...

Maintenant, pourquoi diminue-t-on ou arrête-t-on certaines tranches nucléaires en cas de canicules ? Pas parce qu’il y a un risque ! Pas parce que le nucléaire est en surchauffe ! Pas parce que le cœur est en train de fondre comme un bâtonnet chocolaté ! Pas parce que les atomes ont soif ! Non, pour des raisons écologiques, pour protéger la faune des cours d’eau (cela concerne quasi-exclusivement les centrales en bord de fleuve). La réglementation impose qu’en aval des rivières où l’on puise l’eau pour le refroidissement des échangeurs de chaleur, l’eau ne dépasse pas un seuil qui est généralement de 28°C. Golfech est particulièrement bien réfrigéré avec ses deux tours, et induit un réchauffement de quelques 10èmes de degrés. Mais lorsque l’eau en amont devient supérieure à la valeur réglementaire de 28°C, la réglementation étant la réglementation, Golfech a dû fermer…

Cette fermeture, encore une fois, n’a rien à voir avec la sécurité de la centrale ; et d’ailleurs, si elle implique des risques de coupure de courant, et pire, d’effondrement du réseau, des dispenses peuvent être accordées.

A noter : 1) Ce type de réglementation n’existe pas dans la plupart des pays. 2) Lorsque l’eau atteint la température de 28°C, les perturbations éventuelles de la faune sont déjà largement existantes, et ce n’est pas quelques dixièmes de degré en plus qui changeront grand-chose. Au contraire, on renforce le problème du réchauffement global en se privant d’une source d’énergie particulièrement décarbonée ; ce n’est pas très logique.. 3) Ces contraintes existent aussi pour les centrales thermiques classiques qui doivent être refroidies…

 Ce qui m’amène au second point :

Est-ce que le nucléaire a été le seul touché par les conditions météo ?

Les graphes suivants créés par Tristan Kamin sur ses fils twitter  montrent l’utilisation des différentes énergies  par rapport à leur maximum possible  (Attention, à l’échelle : c’est pas la même pour chaque énergie

Le gaz : c’est quand on veut. La pilotabilité ultime… Mais  à 450 gCO2/kWh. Donc on essaie de le limiter au minimum

Hydraulique : de l'hydraulique au fil de l'eau, et plein de variations très rapides et fréquentes par les barrages, pour suivre de très près la demande. La petite hydraulique limitée par des débits faibles des cours d'eau, et la grande hydraulique (les barrages) est économisée l'été, parce qu'on en dépend l'hiver.

Et les ENR ? Alors là, on commence à rigoler.

Le solaire peut produire pas mal (enfin max 9000 contre 80.000 pour le nuc !) mais jamais très longtemps consécutivement, et jamais à son maximum car les cellules photovoltaïques aiment le soleil mais pas la chaleur... ! Et pas pendant les orages !

Et l éolien : Ben,  quasiment inexistant en cette saison !

















Merci à Tristan Kamin pour les graphes - voir son thread.

https://twitter.com/TristanKamin/status/1153620090375589888


Bilan des courses :

Photovoltaïque : 6031MW sur 8614 MW 30% absents
Eolien : 2095MW sur 15474 MW 86,5% absents
Nuc : 14% absent.

Le nuc s’en sort le mieux, haut la main.

Le nucléaire souffre de la chaleur, oui mais c'est limité. Pour les mêmes conditions, le solaire peine et l'éolien est aux abonnés absents.

On peut aussi rappeler les chiffres donnés par RTE pour la première journée de canicule du vendredi 28 juin.: nucléaire 68%, hydraulique 11%, solaire 10%, gaz 7%  , éolien 2%....

Clair, Claro, Klaar !

Pendant cette semaine, un peu particulière, mais qui risque de devenir plus commune,  forte consommation (clim) et faible production,  on a fait un peu  tourner les centrales à gaz, comme le montrent les graphiques pendant la semaine ;: on a d’ailleurs, pour de très courtes périodes, préférer importer de l’électricité gazeuse étrangère, pour cause de coût.

C'est malheureux, hein ? Parce que ça amplifie plutôt le problème du réchauffement !

Conclusion : même en période de canicule, le nucléaire constitue la meilleure solution. On était encore assez large pour éviter  des pannes électriques, parce qu’on aurait pu accorer des dispenses au nucléaire (c’est prévu !), et faire donner un peu le gaz.

Mais demain ? Si on est au bord de l’effondrement du réseau en hiver, et aussi en été, et s’il n’est plus possible de concentrer l’entretien des centrales sur l’été, et si, comme prévu, la consommation électrique augmente considérablement ( la Commission européenne prévoit d’ici à 2050 une augmentation de la consommation électrique en moyenne de 40 à 60 %, voire plus, pour se placer dans une trajectoire permettant de passer sous les 1,5 °C.)

Eh ben, il faut 4-6 EPR de plus ! Et il faut les commencer maintenant !

Pour le fun, un autre graphe tiré des tweet de M. Tristan Kamin. La comparaison sur une semaine caniculaire des productions nucléaires et éoliennes. (Attention l’échelle du nucléaire est environ 9 fois plus grande !)

Vous voyez un problème ?




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