Le marronnier du nucléaire par
temps de canicule
Après
un premier blog largement basé sur un article de M. Sylvestre Huet (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/le-nucleaire-et-la-canicule.html)
et exposant comment la France, grâce à son nucléaire, protégeait le climat même
en période de canicule (grâce au nucléaire, la France est l’un des pays les plus efficaces dans
la lutte contre le réchauffement climatique, tandis que l’Allemagne, son
Energiewende et ses quelques 33% de renouvelables qui ne sont jamais là quand
on en a besoin, eh bien l’Allemagne, en abandonnant le nucléaire, dégage 4 fois plus de CO2 par KWh et se spécialise tout simplement dans ce qu’elle
fait de mieux, le crime contre l’Humanité)…
Voici maintenant un
retour sur un marronnier, la disponibilité du nucléaire par temps caniculaire.
Exemple de titres lors de la canicule de mi-juillet 2019 :
La
canicule donne un coup de chaud à l'option nucléaire – Libération
Comment
la canicule met à mal les centrales nucléaires – Franceinfo
Canicule
: EDF doit mettre à l'arrêt deux réacteurs nucléaires
Canicule
: les centrales nucléaires en surchauffe ? – TF1
Canicule
et refroidissement des centrales nucléaires : le pire est à venir, La Tribune
Canicule
et chaleur : la menace nucléaire. EDF contraint de mettre à l'arrêt des
réacteurs atomiques. (Coordination antinucléaire)
Et
je vous passe les titres et communiqués des journaux et sites d’info
antinucléaires…
Donc,
déjà, une urgence, la plus utile, la plus indispensable : signez la
tribune No Fake science sur le traitement de l’information scientifique par les
media
La
plupart des infos des infos qui suivent ont été récupérées sur les deux fils twitter ci-joint (Tristan Kamin et
buchebuche). Allez-y, consommez sans modération ….ils savent de quoi ils
parlent…
Loin des propos alarmistes, la réalité !
Donc, la disponibilité du nucléaire : la troisième semaine de juillet 2019 a été marquée
par une canicule importante sur toute l’Europe. En France, parmi les records de
température, 40,1 °C à Rennes, 42,1 °C à Brive, 42,6 °C à Paris, 41,5 °C à
Lille, où le dernier record datait de juillet 2018 avec 37,5 °C… Donc, du
sérieux !
Mais
du coup ... combien de réacteurs #nucléaires ont été touchés ? Combien de
réacteurs étaient disponibles ? Combien ont produit ? Quelle puissance a t-on
perdue ? A t-on frôlé un problème réseau ?
Déjà,
en été comme la consommation d'électricité est plus faible, EDF y concentre les
arrêts de réacteurs nucléaires pour entretien. A cette période, il y avait 16 tranches
sur 58 en arrêt estival, soit 44.6GW de dispo avec les 42 autres
Sur
les réacteurs nucléaires restants, 13 tranches ont été impactées par la canicule
et ont dû réduire leur puissance. Finalement, deux réacteurs, ceux de Golfech,
sur la Garonne ont été complètement arrêtés. Et ça nous donne : au plus haut, 6 GW le 25 juillet vers 14h.
Pour
fixer les idées, en comparant avec la puissance maximum disponible (sans suivi
de charge ou réseau), et en comparant avec l'ensemble de la puissance du parc, l'impact est de l'ordre de 13,8% au plus
haut !
Donc
l'impact de la canicule sur la production nucléaire est pour le moins modéré
... négligeable non ... catastrophique, non plus ...
Maintenant, pourquoi diminue-t-on
ou arrête-t-on certaines tranches nucléaires en cas de canicules ? Pas
parce qu’il y a un risque !
Pas parce que le nucléaire est en surchauffe ! Pas parce que le cœur est
en train de fondre comme un bâtonnet chocolaté ! Pas parce que les atomes
ont soif ! Non, pour des raisons écologiques, pour protéger la faune des
cours d’eau (cela concerne quasi-exclusivement les centrales en bord de fleuve).
La réglementation impose qu’en aval des rivières où l’on puise l’eau pour le
refroidissement des échangeurs de chaleur, l’eau ne dépasse pas un seuil qui
est généralement de 28°C. Golfech est particulièrement bien réfrigéré avec ses
deux tours, et induit un réchauffement de quelques 10èmes de degrés. Mais
lorsque l’eau en amont devient supérieure à la valeur réglementaire de 28°C, la
réglementation étant la réglementation, Golfech a dû fermer…
Cette
fermeture, encore une fois, n’a rien à voir avec la sécurité de la
centrale ; et d’ailleurs, si elle implique des risques de coupure de
courant, et pire, d’effondrement du réseau, des dispenses peuvent être
accordées.
A
noter : 1) Ce type de réglementation n’existe pas dans la plupart des
pays. 2) Lorsque l’eau atteint la température de 28°C, les perturbations
éventuelles de la faune sont déjà largement existantes, et ce n’est pas
quelques dixièmes de degré en plus qui changeront grand-chose. Au contraire, on
renforce le problème du réchauffement global en se privant d’une source
d’énergie particulièrement décarbonée ; ce n’est pas très logique.. 3) Ces
contraintes existent aussi pour les centrales thermiques classiques qui doivent
être refroidies…
Ce qui m’amène au second point :
Est-ce que le nucléaire a été le
seul touché par les conditions météo ?
Les
graphes suivants créés par Tristan Kamin sur ses fils twitter montrent l’utilisation des différentes
énergies par rapport à leur maximum possible
(Attention, à l’échelle : c’est pas la même pour chaque énergie
Le
gaz : c’est quand on veut. La pilotabilité ultime… Mais à 450 gCO2/kWh. Donc on essaie de le limiter
au minimum
Hydraulique : de
l'hydraulique au fil de l'eau, et plein de variations très rapides et
fréquentes par les barrages, pour suivre de très près la demande. La petite
hydraulique limitée par des débits faibles des cours d'eau, et la grande hydraulique
(les barrages) est économisée l'été, parce qu'on en dépend l'hiver.
Et les ENR ?
Alors là, on commence à rigoler.
Le
solaire peut produire pas mal (enfin max 9000 contre 80.000 pour le nuc !)
mais jamais très longtemps consécutivement, et jamais à son maximum car les
cellules photovoltaïques aiment le soleil mais pas la chaleur... ! Et pas
pendant les orages !
Et l éolien :
Ben, quasiment inexistant en cette
saison !
Merci à Tristan Kamin pour les graphes - voir son thread.
https://twitter.com/TristanKamin/status/1153620090375589888
Bilan
des courses :
Photovoltaïque
: 6031MW sur 8614 MW ▶30%
absents
Eolien
: 2095MW sur 15474 MW ▶
86,5% absents
Nuc :
14% absent.
Le
nuc s’en sort le mieux, haut la main.
Le
nucléaire souffre de la chaleur, oui mais c'est limité. Pour les mêmes
conditions, le solaire peine et l'éolien est aux abonnés absents.
On peut aussi
rappeler les chiffres donnés par RTE pour la première journée de canicule du vendredi
28 juin.: nucléaire 68%, hydraulique 11%, solaire 10%, gaz 7% , éolien 2%....
Clair, Claro,
Klaar !
Pendant
cette semaine, un peu particulière, mais qui risque de devenir plus
commune, forte consommation (clim) et
faible production, on a fait un peu tourner les centrales à gaz, comme le montrent
les graphiques pendant la semaine ;: on a d’ailleurs, pour de très courtes
périodes, préférer importer de l’électricité gazeuse étrangère, pour cause de
coût.
C'est
malheureux, hein ? Parce que ça amplifie plutôt le problème du
réchauffement !
Conclusion :
même en période de canicule, le nucléaire constitue la meilleure solution. On
était encore assez large pour éviter des
pannes électriques, parce qu’on aurait pu accorer des dispenses au nucléaire
(c’est prévu !), et faire donner un peu le gaz.
Mais
demain ? Si on est au bord de l’effondrement du réseau en hiver, et aussi
en été, et s’il n’est plus possible de concentrer l’entretien des centrales sur
l’été, et si, comme prévu, la consommation électrique augmente
considérablement ( la Commission européenne prévoit d’ici à 2050 une
augmentation de la consommation électrique en moyenne de 40 à 60 %, voire plus,
pour se placer dans une trajectoire permettant de passer sous les 1,5 °C.)
Eh
ben, il faut 4-6 EPR de plus ! Et il faut les commencer maintenant !
Pour
le fun, un autre graphe tiré des tweet de M. Tristan Kamin. La comparaison sur
une semaine caniculaire des productions nucléaires et éoliennes. (Attention
l’échelle du nucléaire est environ 9 fois plus grande !)
Vous
voyez un problème ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.